vendredi 31 décembre 2010

Relations virtuelles

Une patient de vingt ans accompagné de son frère me dit:
" Je suis fatigué parce que je me suis couché tard hier.
- Ah bon, pourquoi?
- On est sur les réseaux sociaux.
- Mais pourquoi n'invitez-vous pas les copains au lieu de parler sur internet?
- Vous n'y pensez pas! Ils ficheraient du bordel dans toute la chambre!
- Alors là... vous connaissez " Démolition Man"? Stallone a une relation avec une femme,  absolument dément le truc: il met un casque, elle aussi et tout est complètement virtuel, il a des belles images, elle aussi et tout est fait!"
Le jeune homme percute rapidement, et j'en profite pour réenchainer un peu plus tard:
 " On peut aussi faire un réveillon virtuel!
- Ca non docteur!"
En ce qui me concerne le réveillon c'est tranquille en famille et pas du tout virtuel non plus.

jeudi 30 décembre 2010

Arrêt pour fermeture d'usine

Une patiente:
" Docteur, mon travail ferme une semaine alors la comptable m'a suggéré que vous m'arrêtiez pour que je n'y perde pas trop.
- Heu... Comment ça va?
- Un peu fatiguée et mal partout. Et puis je n'en peux plus de la neige, j'ai été bloquée près d'une heure sur une petite route.
- Je vais vous examiner".
Je dégaine pour super thermomètre à infra-rouge ( vraiment, c'est le meilleur que j'ai jamais eu, on ne touche pas le bébé, on fait un petit clic et ça prend la fièvre instantanément): 39.8!
"Mais vous avez la grippe madame!"
Comme ça, ça a donné une bonne conscience à tout le monde.

mardi 28 décembre 2010

Carton de pilules

Ce matin, après avoir triplé la longueur du trajet habituel pour cause de routes fermées,  j'arrive sur la place du village ( 2500 âmes environ): toutes les voitures y éxécutaient une petite danse aux mouvements aléatoires, causée par le verglas. Un peu plus loin les malheureux cantoniers conseillaient les conducteurs ( pour les meilleurs pas à effectuer?) , n'ayant ni sel, ni sable à leur disposition.
Et moi j'ai dû finir la route à pied, la voiture ayant refusé de faire un mètre de plus sur le faux plat qu'est la place.

Vendredi dernier, le jour du trajet en tracteur, nous n'avons pas eu de courrier (!). Mais un livreur avait décidé de faire résistance envers le temps: il est arrivé avec un carton: " docteur, mon patron m'a déconseillé de faire la tournée mais je me déplace alors tenez".  Quand il est parti je l'ai ouvert:  grâce à son contenu j'étais protégée pendant au moins deux ans d'avoir des bébés! Et oui, c'était un carton de pilules contraceptives et le livreur avait bravé les éléments pour  cette precieuse cargaison!

lundi 27 décembre 2010

J'aime les tracteurs

Ce matin je me suis réveillée en me disant " je suis une grande, je n'appellerai pas l'agriculteur pour qu'il m'emmène dans son grand tracteur bleu, je vais aller au travail dans ma 206 équipée de pneus neige à l'avant, et de toute façon je n'ai pas peur du trajet".
Ayant appliqué à ma façon la méthode Coué, je pars, je tourne la première à droite dans le champs, à peine j'entrevoie un tout petit talus de 5 cm qui barre la route et je m'engage.
Eh bien j'ai fait un kilomètre en voiture et 500 mètres à pied pour aller chercher secours auprès d'un autre agriculteur dans son beau tracteur rouge! Et les patients, comme à leur habitude ont été très patients car c'est leur condition.

C'est infernal ce temps, et c'est la patinoire dans toutes les rues d'Hotblood car il n'y a plus de sel. Un petit conseil de vieux d'antan: en mettant des chaussettes par-dessus  les chaussures on ne glisse plus.

dimanche 26 décembre 2010

Anaïs - La plus belle chose au monde - The Cheap Show Inyourface

Pôle emploi

Pas d'indigestion mais une petite entorse au poignet à cause d'avoir déblayé la neige pour enfin pouvoir démarrer.
Nous avons passé une journée fort instructive avec une cadre de pôle emploi à qui l'on demande sans cesse de faire du chiffre; chaque employé est parachuté avec seulement quelques jours de formation dans l'agence et doit gérer un portefeuille de trois cents chômeurs. Autant dire qu'il n'est pas vraiment efficace.
Pour être bien sûr que les chômeurs ne vont pas s'attarder dans l'agence pas un seul fauteuil n'est mis à leur disposition " mesdames, je veux de la fluidité" leur dit le chef  " une personne statique n'est pas fluide".
Pour pouvoir bénéficier du chômage il faut désormais savoir lire, écrire et comprendre, se servir d'un ordinateur; en effet il faut remplir l'équivalent de six pages de paperasse. Et ces dames à l'accueil ont l'interdiction de les aider: ce n'est pas leur boulot.
Et cette cadre est partie dans un stage intensif ou l'on a passé le temps à les comparer à des bernaches (une oie du Canada) " mesdames, vous devez être des bernaches dans le sillage du patron, le suivre à la trace".
Non, ma cousine n'a pas aimé qu'on la compare à une oie.
Je vous mets un lien pour connaire mieux Pôle emploi: http://www.lafusionpourlesnuls.com// alias " la fusion pour les nuls. bonne lecture!

vendredi 24 décembre 2010

Encore le tracteur

Joyeux Noël à tous! En véritable hyperactive je dois quitter la table régulièrement pour vaquer à d'autres occupations et c'était le moment du blog!
Le retour à la maison en tracteur sur la route bourrée de congères était un grand moment; j'ai même demandé à l'agriculteur si le tracteur ne risquait pas de verser. C'est un charmant monsieur qui m'a proposé de bénéficier de son tracteur matin et soir autant de temps qu'il faudra. Je ne voudrais pas abuser mais ma propre voiture est bloquée par une congère. Alors Noël c'est en famille et cloués à la maison plus de 48 heures.
PS: le chasse-neige dans ma rue qui devait déneiger ma voiture était en panne, le top des em. des.
Ca y est, je vais monter pour la première fois pour aller à ma consultation sur un tracteur et faire des belles photos de congères qui peuvent atteindre localement deux mètres de haut! C'est bien simple, le tracteur qui secourait son fils enlisé  a eu du mal à circuler.

jeudi 23 décembre 2010

Neige et stress

Je suis clouée au cabinet jusqu'à 20 heures à attendre le patient qui n'arrive pas, cause neige verglaçante une chose que je ne pensais pas exister dans nos contrées.

Ce matin, lorsque j'ai pris la route et vu toutes les voitures sur le bas côté attendant les secours, mon taux d'adrénaline a encore monté d'un cran; toutes ces congères façonnées par le vent ne poussent pas à la quiétude de l'esprit. Mais un charmant agriculteur m'a promis de m'emmener au cabinet en tracteur demain si j'étais coincée. ( mon rêve de petite fille!)

Vers 14 heures une patiente m'appelle du village voisin:
" Docteur, on vous attend encore pour la vaccination du bébé.
- Je sais madame mais je ne viens pas.
- Comment non? Il va être en retard, il faut lui faire.
- Madame vous avez vu l'état des routes?
- Non, on n'est pas sortis"
Tombée du ciel la patiente, lorsque d'autres tombent dans le fossé.

Une autre patiente a trouvé un arguments choc pour faire tousser sa petite fille:
" Lola, on n'est pas resté enlisés dans la neige pour aller chez le médecin et que tu ne tousses pas!" Eh bien la petite Lola s'est mise à pleurer: trop de stress pour une si petite fille.

Et la planête qui se réchauffe...

mercredi 22 décembre 2010

médiator: Une alerte en 1998, des doutes dès 1995

L'affaire du Mediator a été évoquée en conseil des ministres mercredi 22 décembre. Le président Nicolas Sarkozy a demandé "la transparence la plus totale", a déclaré le porte-parole du gouvernement François Baroin à sa sortie. "Nous avons vis-à-vis de nos concitoyens un impératif de protection", a estimé le chef de l'Etat. "Notre pays a construit depuis vingt ans un système d'agence sanitaire qui participe à cette protection. S'il s'avère qu'il y a des failles dans ce système, notamment sur le champ de la pharmacovigilance, elles seront corrigées", a poursuivi Nicolas Sarkozy.

"Le président attend, à l'issue des travaux de l'Igas et de la mission parlementaire (qui vient d'être créée sur le sujet), des positions et des propositions claires, opérationnelles, pour resserrer les liens entre les différents acteurs de la chaîne sanitaire, pour sécuriser davantage le rôle des experts, pour améliorer les échanges d'informations entre les pays européens, sur la pharmacovigilance et renforcer naturellement l'information des patients", a ajouté le porte-parole du gouvernement.

"Les victimes se réjouissent que l'Etat se préoccupe au plus haut niveau de ce scandale et espèrent que cela va se traduire dans les faits, notamment en matière d'indemnisation", a réagi Charles-Joseph Oudin, l'avocat de 25 personnes victimes du Mediator.

Lundi, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a évoqué, dans un entretien au Figaro, "de fortes présomptions de défaillances graves dans le fonctionnement de notre système du médicament" à propos du maintien sur le marché du Mediator. Le ministre de la Santé va d'ailleurs proposer que "lorsqu'un médicament est retiré du marché dans un pays dans le monde, que ce soit à la demande du laboratoire ou des agences sanitaires, tous les autres pays en soient systématiquement informés".

Le 16 novembre, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) admettait le chiffre d'"au moins 500 décès" attribuables au Mediator, sur la base des calculs de Catherine Hill, épidémiologiste à l'Institut Gustave Roussy, confirmant ainsi une fourchette de 500 à 1.000 morts précédemment avancée. Selon Le Figaro, ce même 16 novembre, l'Afssaps n'avait pas mentionné une autre fourchette (1.000 à 2.000 morts).

Le quotidien indiquait d'autre part que dès 1998, trois professeurs de médecine de la Sécurité sociale avaient alerté la direction de l'Agence du médicament sur les risques de l'utilisation non autorisée du Mediator comme coupe-faim.

Des informations publiées ce mercredi par Mediapart font même état de doutes dans la communauté scientifique dès 1995, suite à une enquête menée par l'épidémiologue français Lucien Abenhaim. Le journal en ligne montre que dès cette date des médecins ont suspecté une possible association entre la prise de Mediator et la survenue d'une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).

Le PS a réagi lundi, assurant que les responsables socialistes en charge de la santé au sein du gouvernement Jospin en 1998, Martine Aubry et Bernard Kouchner, "n'ont pas été alertés de la dangerosité du médicament". "Il y a une alerte en 2003 lorsque l'Espagne retire ce médicament (de son marché), en 2005 l'OMS informe de cette décision de l'Espagne" a-t-il ajouté.

Une chose est sûre, ce nouveau scandale de santé publique embarrasse la classe politique déjà marquée par d'autres scandales (sang contaminé, hormone de croissance de cadavres contaminés, distilbène).


Pourquoi l'affaire du médiator fait-elle un tel tabac? Pourquoi alerte-t-on autant l'opinion publique concernant ce produit en particulier? Il ne me semble pas qu'Agréal ( neuroleptique contre les bouffées de chaleur) avait fait un tel tabac médiatique. Et ne parlons pas du Zyban qui continue à être sur le marché sans faire de vagues. Et je ne peux même pas faire de statistiques de morbidité-mortalité iatrogène ( en français: effets secondaires dûs aux médicaments) , n'ayant pas l'infrastructure nécessaire, comme l'a eu ma consoeur Irène Frachon. Je suis dans mon cabinet de campagne à me lamenter sur ce que je remarque ( par exemple un patient horriblement malade avec Singulair (utilisé pour l'asthme), chez qui il a été fait toute une batterie d'examens pour finir en beauté avec un tuyau dans le machin; on a fini par trouver le coupable et le stopper)
Ne serait-ce pas un peu de manipulation des masses? Je vais finir parano si ça continue.

mardi 21 décembre 2010

Le spécialiste est un âne

Un patient souffre d'une grave entorse à la cheville  causée par un faux pas à son travail ( qui n'est pas de tout repos). Comme il était fâché avec le diagnostic ( dans sa tête on doit guérir vite d'une entorse ou ce n'en est pas une) il m'a demandé de prendre un deuxième avis auprès d'un chirurgien.
Il m'a téléphoné " docteur, c'est bien ce que je pensais, les ligaments de la cheville ont été méchamment étirés et j'ai besoin de kiné intensive appropriée à mon état en plus de mon arrêt de travail".
Voilà un patient très content... à part que ce diagnostic veut dire la même chose que le premier! Je n'ai pas eu le coeur à lui faire un cours sur les entorses tellement il était content. (les ligaments étirés correspondent à une entorse stade 2, moyennement grave).

J'avais l'air fin aujourd'hui: j'ai pris un bébé de 11 mois sur mes genoux comme à mon habitude, l'ai laissé jouer un peu avec la souris, et je ne sais pas trop ce qui s'est passé, la barre des tâches se trouve maintenant contre le côté supérieur de l'écran; pas un seul patient m'a pu me la remettre en place et même un m'a fait remarqué " je n'osais pas vous le dire docteur, mais je trouvais ça bizarre". Qui a la solution?

lundi 20 décembre 2010

soirée instructive

il y a peu soirée soirée animée entre confrères; un délégué syndical, nous a promis la mort de la médecine générale à moyen terme,selon un plan du gouvernement selon lui. Et je ne trouve pas cette idée aberrante, tellement les contraintes deviennent présentes: celle de télétransmettre les feuilles de soin, les arrêts de travail, les demandes de 100%. Et l'on va aussi faire la chasse aux médecins gros prescripteurs d'arrêts de travail ( dont malheureusement moi, car j'ai plusieurs patients en arrêt maladie longue durée: le médecin de la Sécu a beau donner à chaque fois son accord, cela me plombe mon chiffre).


Pour ce confrère une solution: tous les médecins devraient se déconventionner en masse (appartenir au secteur 3, le secteur 1 comprenant le gros des médecins qui ont des honoraires à 22 euros, le secteur 2 pratique des honoraires libres) afin de ne plus dépendre de la Sécu. Pourquoi pas? Je pense même que les patients y trouveront leur compte, car les médecins devront donner le meilleur d'eux-mêmes pour avoir une clientèle qui se tient et des honoraires convenables.

Il parait que dans le 93 ( ou le 95?) un petit groupe de médecins pilotes a choisi cette option il y a deux mois; on va attendre un peu et envisager ce changement éventuellement.

dimanche 19 décembre 2010

Amphétamines cachées

Je viens d'apprendre que le Zyban, molécule pour arrêter de fumer est un dérivé amphétaminique... comme Médiator!
Pourquoi est-il encore en vente?
Un peu de lecture:

Il existe encore en France (2004) des médicaments apparentés à l'amphétamine qui sont commercialisés pour des usages divers.

Zyban® (bupropion alias amfébutamone)

Il a une autorisation de mise sur le marché pour le sevrage tabagique. Il a des effets indésirables de type amphétaminique (convulsions, HTA, palpitations, tachycardie, insomnies, crises d'angoisses, TS....) et des effets immunoallergiques nombreux. Le rapport de l'OFDT n°232 (septembre 2003) signale ce produit parmi les nouveaux identifiés sur la période 1998-2002 du fait de sa dangerosité potentielle.

Ritaline® (méthylphénidate)

Elle est utilisée pour ses effets psychostimulants dans la narcolepsie et les troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité chez l'enfant. (primo prescription réservée aux psychiatres hospitaliers).
Ce produit entraîne une accoutumance masquée et une dépendance physique.
En 2004 il est signalé des sniffeurs de Ritaline. (...)

Mediator® (benfluorex)

Il est (était) commercialisé comme traitement adjuvant (...) du diabète avec surcharge pondérale.

L'OMS le classe parmi les anorexigènes (parenté chimique avec les anorexigènes amphétaminiques). Ce produit figure d'ailleurs sur la liste des produits dopants au titre des stimulants.

On le retrouvait comme traitement à visée amaigrissante dans des ordonnances hors AMM.

Mécanisme d'action

Les amphétamines agissent principalement sur les voies dopaminergiques, sérotoninergiques et noradrénergiques. Sur le système dopaminergique, elles inhibent la recapture de la dopamine (comme la cocaïne), et provoquent de plus la libération massive de dopamine dans l'espace intersynaptique.

Les effets

La prise d'amphétamines entraîne euphorie, facilitation des rapport sociaux, désinhibition, logorrhée, hypervigilance, insomnie, hypermnésie, agitation motrice, tachycardie, hypertension artérielle, mydriase, anorexie, nausée. Cet effet dure quelques heures, la phase de "descente" est ensuite souvent difficile avec dysphorie et état dépressif.

Complications

La toxicité générale des amphétamines est forte. Les complications de la prise d'amphétamine sont l'insomnie, les crises agressives, la psychose amphétaminique (délire paranoïaque aigu avec ou sans hallucinations), et les complications de l'injection intraveineuse le cas échéant. Les amphétamines sont toxiques chez la femme enceinte (avortements, hématomes rétroplacentaires) et le foetus (retard de croissance intra utérin, souffrance foetale chronique, mort foetale in utero).

Les amphétamines induisent une dépendance physique faible et une dépendance psychique moyenne. Chez le consommateur régulier, un syndrome de sevrage est possible: fatigue, insomnie ou hypersomnie, agitation psychomotrice, et surtout état dépressif. La neurotoxicité des amphétamines est forte. Les anorexigènes amphétaminiques ont été retirés de la vente suite à des effets indésirables graves : hypertension artérielle pulmonaire, atteintes valvulaires cardiaques et troubles neuropsychiatriques.

La neige et le fric

Nous avons dû aller dans une ville distante de 25 km; tout au long de la route la neige était l'invitée reine avec son cortège d'avatars: voitures dans les fossés, coincées en bas des montées, route invisible qui se confondait avec les champs et donc dangereuse, pour finir finalement avec de la pluie. Et pendant ce temps, dans la voiture équipée de deux pneus neige,  on  s'occupait en écoutant la radio où diffusait une pub qui disait à  peu près ces mots: "oh mon Dieu! Avec toute cette neige j'ai la peau toute sèche et qui tire, vite je dois trouver une solution!" J'avoue être partie d'un fou rire irrépressible (mais pas mon compagnon qui était directement passé au stade grognonnerie profonde depuis le matin)  ayant eu mon taux d'adrénaline au top tout le voyage et sentant ma tension monter en proportion!   Tout est fric, quel monde!

samedi 18 décembre 2010

révolution

J'étais de garde il y a quelques temps et je suis allée chez une patiente septuagénaire qui prenait un mélange infernal: efferalgan codéiné, atarax, rivotril, cordarone ( contre les palpitations) et d'autres petites bricoles.
" Madame, pourquoi l'efferalgan codéiné?
- Parce que j'ai des douleurs de partout, électriques, qui montent et descendent...
- c'est pour ça que vous prenez Rivotril ( benzodiazépine)?
- Oui, je me sens mal dans tout le corps.
- Et l'atarax?
- C'est pour calmer car le traitement me provoque un peu des hallucinations.
- Avez-vous vu les notices? Le rivotril peut faire perdre la mémoire. Au fait, où est-elle?
- Je l'ai jetée, mon docteur me dit que ce sont que des bêtises qu'il y a écrit, qu'il ne faut pas les lire.
- C'est bizarre je dis le contraire à mes patients.  Avez-vous fait des tests pour votre thyroïde? La cordarone peut provoquer des problèmes à ce niveau.
- Non docteur".
Je l'examine, j'ai un doute sur une grosse thyroïde, je regarde aussi le dos, contracté comme rarement j'en ai vu.  J'ai donc demandé tous les examens, envoyé chez le kiné, supplié de regarder les notices à l'avenir. Je ne sais pas si mon confrère va apprécier que j'ai fait la révolution.



Petit secrets d'adultes

Hier une famille, le père la mère et la gamine  " très en forme" ont  atterri dans mon cabinet; j'étais priée d'examiner tout le monde et de trouver le bon traitement pour chacun. La gamine était tellement bruyante que j'arrivais difficilement à en placer une. Elle remettait en question mes traitements tellement systématiquement que si j'avais été un confrère je me " serais bouffée les c.".
A un moment le père lui dit " Cunégonde tu sors.
- Mais non papa, je ne vois pas pourquoi.
- Tu sors je te dis ( et il montre la porte).
- Non, je peux entendre la consultation.
- Cun. t'es lourde, tu sors.
( J'interviens) tu sais Cunégonde on ne parle pas forcément de toi quand tu n'es pas là.
- C'est égal, je ne vois pas pourquoi il y aurait des secrets dans la maison, on peut tout se dire".
Enfin il sort et le mari commence:
- " Je voulais vous voir docteur car j'ai des petits problèmes avec madame, je le dis devant elle, je pense que c'est mon traitement. Il faudrait me trouver une solution".
Ca c'est effectivement un sujet à ne pas débattre devant les enfants; et Cunégonde doit être horriblement frustrée depuis cette consultation.

vendredi 17 décembre 2010

Les dix médicaments à retirer du marché

Suite à l'affaire du Mediator qui n'en finit pas d'apporter son lot de révélations, l'hebdomadaire L'Express a publié sa propre liste des médicaments à "retirer du marché" en raison des effets indésirables qu'ils provoqueraient.

Depuis quelques semaines déjà, la France est secouée par l'affaire dite du Mediator, ce médicament soupçonné d'être à l'origine de plus de 500 décès, en ayant engendré des complications chez les patients.
Aujourd'hui, L'Express a décidé de mettre en avant d'autres médicaments dont les bénéfices ne seraient pas suffisants par rapport aux effets indésirables constatés et publie ainsi une liste de dix produits qui devraient être retirés du marché. L'hebdomadaire explique : "Tous les produits pharmaceutiques ont des effets secondaires, mais, pour ceux-ci, les risques encourus sont trop importants". La liste a été dressée à partir des investigations de la revue médicale indépendante Prescrire, puis elle a été soumise au Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue, membre de l'Académie nationale de médecine.

L'Express souhaite ainsi que l'antidiabétique oral Actos soit retiré du marché en raison de la provocation d'un risque important concernant le cancer de la vessie.

L'Hexaquine, souvent prescrit pour lutter contre les crampes musculaires, est également remis en question par l'hebdomadaire et le Dr Bruno Toussaint, qui explique à l'AFP : "L'usage de la quinine, acceptable pour traiter un paludisme grave, est inadmissible pour des crampes en raison de risque mortel" de saignement.

Le Nexen est également montré du doigt. L'anti-inflammatoire (arthrose, règles douloureuses) pourrait être à l'origine de troubles du foie graves pouvant nécessiter une greffe de foie.

A éviter également : le Zyban, prescrit pour arrêter de fumer et qui se trouve être une substance proche des coupes-faim amphétaminiques comme le Médiator.

Autre médicament remis en question par L'Express : le Vastarel prescrit en cas de vertiges ou d'angine de poitrine. Ainsi, ce médicament serait distribué depuis plus de 40 ans, mais ses avantages n'auraient pas été formellement établis tandis qu'il pourrait être à l'origine de l'apparition de la maladie de Parkinson.
http://www.maxisciences.com/m%E9dicament/les-dix-medicaments-a-retirer-du-marche_art11161.html

Ca en fait cinq. J'espère que le champix, utilisé pour arrêter de fumer soit dans la liste, et aussi le dogmatil, le petit frère de l'agréal ( neuroleptique contre les bouffées de chaleur). Et puis dans ma liste personnelle, le déroxat, le prozac etc. etc.

Médicalisation de la bonne santé

Une patiente m'appelle hier:
" Docteur, pouvez-vous voir mes deux enfants de 5 ans ce soir?
- Ca dépend, c'est pourquoi?
- Et bien ils ont 5 ans et la Sécu me demande de les faire examiner, c'est un bilan obligatoire.
- Madame, d'abord les seuls examens obligatoires sont à 8 jours, 9 mois et deux ans, ensuite vos enfants ont 60% de risque d'attraper la grippe dans mon cabinet, ensuite je n'ai absolument pas le temps. Mais j'aurais beaucoup de plaisir à voir vos morpions un de ces jours si besoin".
Je pense qu'elle n'a pas raccroché fâchée.
Ca m'ennuie absolument de médicaliser la bonne santé.

Je vois toujours des grippe carabinées comme rarement j'en ai vues.

jeudi 16 décembre 2010

Un beau rêve

Ce matin je finissais un rêve dans un état d'heureuse béatitude ( j'ai rêvé qu'il y avait deux médecins de plus sur Hotblood et que j'étais devenue beaucoup moins nécessaire) quand mon bébé est entré dans la chambre, m'a pris la main en disant d'autorité: " lève, lève, debout, chocolat!"  Tant pis, adieu ce tableau idyllique!  C'est d'autant plus dur que je suis le seul médecin du village pendant deux jours, le docteur Cravate étant parti en congé ( je pense encore à lui enduire son siège de consultation de glue à celui-là).

Des grippes et des grippes avec des petits gamins presque comateux à ma consultation depuis le début de la semaine. Ce qui est étrange c'est qu'il y a un an, lorsque le vaccin était proposé avec une logistique militaire je n'ai presque pas vu de vrais grippés avec des douleurs partout et de la fièvre dépassant parfois 40°.

mercredi 15 décembre 2010

Définition de l'hystérie

Je retranscris une description de l'hystérie faite par un médecin expérimenté au moyen-âge telle que je l'ai lue dans Maléficus de Emma Locatelli ( âmes sensibles: ne pas ouvrir ce livre)

:Il faut rechercher les causes de cette maladie dans la bile, le sang ou la pituite, qui tournent subitement, sans que l'on sache exactement pourquoi, en mélancolie et s'amassent soit dans la rate des hommes, soit dans le ventre des femmes.


Cet humeur mélancolique, ainsi amassé se gâte, se rôtit et pourrit insensiblement par fermentation. Il résulte de cette altération lente et néfaste une émission de vapeurs dans le reste du corps. Ces vapeurs s'engagent d'abord dans l'épine du dos puis passent dans les nerfs et, renversent le tempérament du cerveau. J'entends par là qu'elles mettent la malade hors de son bon sens en excitant son imagination et en créant des phantasmes ou des hallucinations.
Cette maladie ne s'accompagne pas de fièvre comme c'est le cas pour la frénésie; elle est sans fièvre mais n'en suscite pas moins de fâcheux désordre dans
le timbre; elle peut être continuelle et sans relâche ou bien, comme c'est le cas pour la femme Inguélaère, observer des intervalles de répit qui laissent la malade en pleine santé. J'explique cela par le fait que l'humeur gâté, qui croupit toujours dans la matrice, n'a pas eu le temps de venir s'attacher définitivement à la substance du cerveau et de le corrompre.

J'ai trouvé ça excellent et ai voulu le faire partager à mes lecteurs. Mais en poussant le raisonnement, les médecins dans 500 ans ne vont-ils pas rire à nos dépends? La fameuse médecine basée sur les preuves, terme qu'un confrère m'a balancé parce que j'osais aller plus loin dans le raisonnement sur les causes des maladies virales! Que je proposais ceci: on vit en harmonie avec nos virus et nos microbes, et le jour où l'on est fatigué ou stressé  ceux-ci nous font la guerre. Et que le remède est peut-être de les combattre en urgence, mais de retrouver un bon terrain d'entente rapidement.
Et à l'appui de ça des tas de gens en bonne santé se baladent avec du staphylocoque doré dans le nez sans en être le moins du monde importunés.
La théorie des microbes c'est bien mais cela ne résoud pas tout.
Des patients me demandent " comment faites-vous docteur pour ne pas tomber malade?" Effectivement avec tout ce que je rencontre ( y compris une rougeole il y a un mois), il y aurait de quoi être souffrant chaque semaine.

mardi 14 décembre 2010

Tendinite mal placée

De retour à 21 heures 20, la médecine générale n'est pas de tout repos avec cette épidémie de grippe qui débute. Il y a un an j'en avais vu bien moins.

Une de mes charmantes patiente me faisait systématiquement un chèque de " vingt euros" avec le chiffre 22 en haut à droite. Je le  lui ai rappelé aujourd'hui et voilà ce qu'elle a écrit: " vingt deux zéros". Et une autre " vinght deux euros". C'est la phonétique qui compte non?

Une personne vient avec son fils de 15 ans. Ce jeune garçon a écopé d'un blâme et d'une heure de colle pour avoir dit une grossièreté épouvantable dans la cours du collège.
" Qu'a-t-il dit madame?
(maman)- Je ne sais pas bien. Allez, dis-le!
(fiston)   - Je n'ose pas
(Moi)     - Tu peux bien le dire; c'est " fils de P?, " bordel de m?"
( lui avec une petite voix) - Non, c'est " J'ai une tendinite à la bite"
Après avoir rit un coup ( et m'être demandé si la punition n'avait pas été un peu exagérée)  je lui explique que son expression ne veut rien dire, une tendinite se trouvant sur un tendon et qu'il n'y a rien qui ressemble à ça de ce côté-là.

samedi 11 décembre 2010

Salles de shoot

Pour reparler des salles de shoot:
17-10-2010

Le débat sur les salles de consommation de drogue débute demain au conseil de Paris. La Ville penche pour l'expérimentation. L'UMP dénonce une incitation à consommer.
En mai 2009, rue de Belleville (XXe), un collectif d’associations avait installé une fausse salle de consommation pour faire connaître le dispositif au public.

Partisans et opposants aux salles de consommation "à moindre risque" pour les toxicomanes vont enfin pouvoir confronter leurs arguments, demain au conseil de Paris. Sur ce sujet très sensible, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s'est prononcé fin septembre en faveur de l'ouverture "d'au moins un centre" dans la capitale. La Ville a pris position après avoir financé un séminaire d'élus de tous bords qui ont rencontré des spécialistes et visité ces centres à Bilbao et à Genève.

"La quasi-totalité des élus ont constaté qu'ils avaient une utilité sanitaire, sociale, ainsi qu'en terme de sécurité publique, explique Jean-Marie Le Guen, adjoint PS à la santé. Maintenant, nous allons réfléchir à la mise en œuvre d'une telle structure. Rien ne se fera sans la collaboration intense de la préfecture de police". En juin, l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) s'était dit favorable à l'expérimentation. Ces salles, que l'on trouve déjà dans six pays européens, permettraient une réduction notable des overdoses mortelles.

A l'UMP, les "salles de shoot" n'ont pas convaincu. "Notre mission n'est pas d'accompagner les usagers de drogue dans leur consommation, mais de les aider à en sortir, juge le député-maire UMP du XVe, Philippe Goujon, qui participe à une mission d'information parlementaire sur le sujet. Il n'est pas vrai de dire qu'à l'étranger, les salles de consommation ont fait leur preuve dans la lutte contre la transmission du VIH et des hépatites chez les toxicomanes". L'élu prône un renforcement des "équipes mobiles" existantes pour aller à la rencontre des usagers. La droite part divisée. Les élus centristes déposeront leur propre vœu mardi, demandant l'expérimentation, sous réserve qu'elle soit d'une durée limitée de trois ans.

C'est génant pour plusieurs raisons:
- les "usagers" pourront tranquillement se refiler leurs recettes, leurs meilleurs plans tout en se livrant à leur activité illicite;
- il parait que les policiers auront interdiction de rôder autour de ces endroits;
- l'hôpital Fernand Vidal avait déjà tenté de sevrer les toxicomanes avec de la méthadone: les "usagers" venaient chaque jour boire leur dose censée les sevrer de l'héroïne et cela n'a pas été une réussite complète ( ce qui est un parfait euphémisme, on pourrait appliquer la maxime "drogué tu seras avec la méthadone, drogué tu resteras).
- Depuis des dizaines d'années on essaie de sevrer les toxicomanes de multiples façons, les seules qui ont eu des succès sont celles où l'on sevre des drogues sans les  remplacer par d'autres. Malheureusement cela est le fait d'associations qui n'ont pas toujours les fonds nécessaires pour faire marcher efficacement ces centres. 
J'ai juste peur que l'argent utilisé pour lutter contre la toxicomanie aille dans des structures qui encadrent légalement les toxicomanes, et non qui les sèvrent.
J'en aurais tant et tant à dire, ayant fait une thèse sur la toxicomanie... mais si vous avez des questions...









vendredi 10 décembre 2010

Chlorure de magnésium

Ce que j'ai du mal à faire accepter mon chlorure de magnésium! Comme le remarque mon compagnon " ça te sort du lit pour t'emmener aux toilettes". C'est excellent pour la grippe;  une de mes connaissance en prend un petit verre chaque matin depuis des années pour se maintenir en forme. Un autre de mes patients en prend à chaque début d'angine et un autre a combattu le chikunguya avec.
Il faut dire que ce n'est pas très bon et que ce fait est plus un facteur d'arrêt que l'effet purge. Ca a une odeur d'eau hépar à la puissance 10.
Pour arriver à le faire accepter je tente l'humour: "vous allez prendre un litre de délicieux chlorure de magnésium", l'efficacité: "cela peut vous remettre debout en 24 heures", l'aspect financier "allez, ce n'est qu'un euro vingt", l'aspect pratique " vous êtes constipé, tant mieux! Ca marche du tonnerre", les concessions:
"vous le mettez au frigo et vous rajoutez du sirop, ça devrait aller".

Et après ça s il y a encore des refractaires, c'est qu'ils n'y mettent vraiment pas de la bonne volonté. 

jeudi 9 décembre 2010

Docteur, vous ne partez pas dites!

Rythme infernal depuis lundi, et Hotblood qui va créer de nouveau logements! Mon deuxième cabinet est prêt pour qui voudra s'installer avec moi, il ne reste que les odeurs de peinture un tout petit peu inconfortables.

Pour faire rire les patients, j'ai collé un dessin humoristique où l'on voit Bachelot tout de rose vétue,  tout sourires proposant " venez vous à mon pot de départ, il en reste!" et à côté d'elle se trouve une seringue grandeur magnum dans un seau à champagne marquée dessus " vaccin H1N1". J'ai trouvé ça drôle mais j'ai eu deux ou trois fois la demande " Dites docteur, vous n'allez pas nous quitter?"
Ah, non, moi je ne m'habille pas en rose avec rouge à lèvres assorti! Et je  ne pars pas, 45 ans, ce n'est pas le bon âge. Et en plus je n'ai pas de stock de vaccin inutilisé, n'en ayant pas commandé.

samedi 4 décembre 2010

Une désespérée

Un couple s'asseoit en face de moi, tout jeune. La jeune fille a, au bas mot, 35 kg à perdre. Elle a essayé des tas de régimes, de se réfrener car elle a un solide coup de fourchette (mais ne mange pas entre les repas), est friande de gnoccis et de pâtes, perd ses cheveux, est toujours fatiguée, souffre d'asthme et a des problèmes de transit. Rien que ça: pour un si jeune âge cela fait bien beaucoup.


Pour glaner tous ces renseignements je lui ai posé un tas de questions en tous sens, le seul interrogatoire que je sache faire ( idéalement il devrait y avoir un ordre car quand je demande à la suite " perdez-vous vos cheveux" et " mangez-vous beaucoup de pâtes", cela peut déconcerter un nouveau patient).

Elle était toute surprise la patiente, son compagnon aussi car j'ai abordé le versant " maigrir intelligent" et non " vous êtes trop grosse, arrêtez les sucreries et les gâteaux". Elle avait une telle detresse en m'avouant qu'elle continuait à grossir sans comprendre que je n'ai pas eu le coeur de l'enfoncer d'avantage. " Docteur, on ne nous avait jamais dit qu'il me manquait peut-être quelque chose dans mon alimentation, ou qu'un aliment pouvait m'être nocif".

Et ensuite j'ai abordé les causes possibles, quatre d'abord tirées du livre " maigrir avec la micronutrition " du docteur Chos ( c'est votre faute si vous n'avez pas lu le livre; pour les feignants il y a un résumé sur doctissimo), puis la cinquième qui ne me parait pas aberrante: l'intolérance au gluten.

Et en conclusion j'ai ajouté " madame, vous n'êtes pas venue pour rien, je vous laisse repartir avec tout plein de lecture, dont des sites de cuisine sans gluten. Et dans trois jours vous commencez le régime sans gluten pour un mois à titre diagnostic: si vous maigrissez, c'est gagné!"

Suite au prochain numéro avec une prise de sang pour éliminer un problème thyroïdien éventuel.
http://www.doctissimo.fr/html/nutrition/dossiers/regimes/articles/14231-micronutrition-perdre-poids.htm

Les projets de E Hubert

Chargée d'une mission sur l'attractivité de la médecine de proximité, aujourd'hui en pleine crise, Elisabeth Hubert a remis ses propositions, vendredi 26 novembre, à Nicolas Sarkozy. Elle appelle à une refonte de la rémunération des médecins.


Pour les inciter à choisir l'exercice libéral, qu'ils boudent désormais – seuls 8,9 % des nouveaux diplômés s'installent en cabinet, contre la moitié dans les années 1980 –, celle qui fut ministre de la santé dans le premier gouvernement Juppé propose de mieux prendre en compte la valeur ajoutée du médecin, en modulant les tarifs de consultation selon la difficulté du cas rencontré.

L'idée serait ainsi de mieux rémunérer une analyse d'un cas complexe avec recherche d'antécédents, qu'un simple acte technique, grâce à la création de quatre ou cinq tarifs différents. Le prix de la consultation pourrait ainsi s'échelonner de 11 à 60 ou 70 euros. Actuellement, elle est facturée 22 euros, et devrait passer à 23 euros au 1er janvier 2011, comme l'avait promis Nicolas Sarkozy aux médecins au printemps.

Si Mme Hubert reconnaît que des risques d'abus existent, elle estime néanmoins que les contrôles de l'assurance-maladie permettraient d'y faire face. L'ex-députée de Loire-Atlantique plaide également pour instaurer un forfait pour rémunérer la coopération entre médecins sur les cas compliqués. Mais elle juge que l'acte doit rester la base de la rémunération des médecins.

Pour faire face aux déserts médicaux qui s'accroissent, l'ancienne députée de Loire-Atlantique estime qu'il faut agir sur le long terme, et que la solution réside dans la fluidité du système : regroupement des médecins, partage des activités avec les infirmières, etc. (...)

Ca va être une sacré pagaille si c'est accepté! Si quelqu'un me demande mon avis, je propose d'être payé à la capitation, c'est à dire au nombre de patients que l'on a. Et je propose aussi que les enfants aient leur médecin traitant avec un accès direct au pédiatre. Par exemple je vois quatre fois en moyenne chaque patient par an, chaque patient me payant 22 fois 4, ce qui fait 88 euros par patient et par an. Et je propose aussi que les patients n'avancent plus d'argent.

Plus de paperasse, plus de comptable ( même si elle est très charmante), plus de soirée à calculer, le rêve! Et pour les médecins vraiments bons et performants, plus de temps libre pour partir à la pêche ou ecrire un autre livre!

Pour moi la Sécu a vécu, elle s'enfonce dans son trou, il faudrait faire quelque chose de réellement innovant.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/26/vers-une-remuneration-graduee-des-medecins_1445225_3224.html

le caducée ne sert à rien

Il n'y a pas lontemps, dans une petite ville voisine, je me suis garée Minirambo dans les bras, ai mis mon caducée en guise de disque... et me suis fait remonter les bretelles par la fliquette de service qui était en train de verbaliser: " Eh! Le caducée ne suffit pas, il faut mettre le disque!" Et en plus je la connais depuis dix ans.


Peu après je me gare dans un petit village où il n'y a aucun souci de stationnement en face d'un patient très âgé, je monte le voir et j'entends un bruit dans la rue: un flic! Alors je redescents et il m'accueille ainsi d'un air très supérieur:

" Madame, vous préférez payer 38 euros pour le bateau, pour le trottoir ou pour le défaut d'assurance?
- Mais enfin monsieur, vous me connaissez, je vois un patient. En plus j'ai mon caducée.
- Il est où?
- Sur le tableau de bord.

- Ah bon? Car il faut que je me penche pour le trouver?

- Oui monsieur, j'ai déjà travaillé dans des quartiers chauds et je ne veux pas qu'on soupçonne la trace d'un caducée dans ma voiture. Je vais me pousser".

Je n'ai pas eu mes 38 euro, mais limite et suis remontée dans un état de rage chez le patient, marmonnant certaines grossièretés que je n'ose retranscrire.

Les médecins ne sont plus des notables, le temps est fini et l'on se demande bien à quoi cela sert d'avoir un caducée.

Régimes...

Aujourd'hui on tape allègrement dans tous les médias sur les régimes. Pourquoi? Est-ce politique? Cela annonce-t-il l'arrivée d'un nouveau médicament coupe-faim miracle? Veut-on grossir les effectifs de ceux qui se sont fait mettre un anneau ou by-passé l'estomac?


Ce que je deviens suspicieuse! Pourtant je ne suis installée que depuis dix ans, une petite jeune dans le canton... jusque dans un mois où un, carrément sorti des couches va poser sa plaque. Tant mieux, du sang neuf.

En ce qui concerne ces régimes, cela m'ennuie fortement que l'on crie " haro sur le baudet". Les différents régimes, lorsqu'ils sont faits avec sérieux, donc Dukan, ne méritent pas que l'on tire dessus ainsi et ils ont rendu d'énormes services à certains de mes patients.

Moi-même ai une grande expérience de l'un d'eux, les weight watchers: ma mère nous a cuisiné tous les plats compatibles avec ce régime pendant 15 ans! C'est que l'on n'était pas gros à la maison. Pour améliorer un peu l'ordinaire on avait droit à du pain et du beurre... et des fruits à gogo. Et la maxime favorite de mon père était: "on ne vit pas pour manger mais l'on mange pour vivre", répétée autant de fois que possible tout au long des années pour bien nous l'enfoncer dans le crâne. Peut-être est-ce pour cela que je me suis un peu lâchée pour atteindre un jour un poids honorable de 85 kg?


Le régime idéal ne comprendrait pas de frustration, car c'est ce facteur qui provoque la montée en puissance des kilos, sitôt la surveillance relâchée.

Et je pense que dans la micronutrition on peut trouver de quoi maigrir sans trop souffrir.

Effet secondaire du cannabis?

Heureusement ce n'est pas le bureau des pleurs chez moi concernant le médiator; trop peu de personnes en ont pris. Mais c'est la cohue, la faute aux virus de saison.

Un patient est venu lui pour un tout autre problème: il avait fait un bilan de santé de la Sécu et on lui avait trouvé un taux de globules blancs trop élevé (14 000) avec une prédominances de neutrophiles ( une branche de ces globules blancs).
Et, forte d'une petite expérience là-dedans je lui demande:
" Vous fumez?
- Oui docteur".
Et je lui trouve les références qui montre qu'il a plus de chance de faire cette petite complication du tabac (surtout s'il inhale la fumée) qu'un cancer débutant. Et j'en profite pour ajouter qu'il a moins de défenses immunitaires en fumant. Mais je le vois qui se tortille sur la chaise.
" En fait docteur, je fume du cannabis.
- Beaucoup?
- Plusieurs par jour, mais pratiquement pas de tabac".
Et là je n'ai aucune expérience mais je suppose que l'effet est le même.

Il a quand même eu droit à sa consultation chez l'hématologue , d'abord ça le rassure, ensuite cela fait taire certaines mauvaises langues qui auraient dit de moi que je ne soignais pas mes patients de façon conventionnelle.

vendredi 3 décembre 2010

Cachets, cachets...

Un de mes patients, très engagé dans la toxicomanie, prônant l'abstinence plutôt que la substitution, va consulter un spécialiste pour une douleur qui ne passe pas malgré des tas de traitements, et à laquelle on n'arrive pas à trouver une solution satisfaisante. Il en profite pour lui parler de son combat, de ses idées, que l'on peut être aussi dépendant de médicaments. Le spécialiste prend l'air très intéressé " oui, oui monsieur, je suis d'accord".... pour finir par lui prescrire du rivotril! ( anxiolytique de la famille des benzodiazépines qui présente entre autre comme effet secondaire la dépendance à ce traitement!). Evidemment il ne l'a pas pris et complètement dégouté m'a demandé si j'avais une autre solution à lui proposer.
" Monsieur, lui ai-je répondu, ce spécialiste vous l'a prescrit parce qu'en médecine conventionnelle il n'a plus d'autre solution à vous proposer. Pourquoi pas la reflexothérapie plantaire qui pourra vous détendre et calmer éventuellement cette douleur?"
Il n'était pas contre, quoiqu'il est plutôt massages thaïlandais traditionnels, qui lui ont fait un effet du tonnerre autrefois.
Juste une petite idée: nos successeurs dans trois cent ans, ne vont-ils pas se moquer de notre médecine, exactement comme on s'amuse de la médecine de Molière?