jeudi 31 octobre 2013

Visite de la Sécu

Ce matin la dame de la Sécu est venu pour me parler de mes indicateurs, tous chiffrés: je sais combien se sont fait faire une mammographie, ce que  j'ai prescrit à des diabétiques, le nombre d'antidépresseurs que j'ai prescrits etc. et le nombre de patients sous benzodiazépines que j'ai ( stilnox, témesta, lexomil etc.)  

" Docteur, je vois que vous n'en prescrivez  pas beaucoup. Je vous donne le résultat d'un travail que nous avons effectué qui fait le lien entre benzodiazépines et démence. 
- Merci monsieur. Les médecin en prescrivent-ils moins?
- Il y a beaucoup de freins à la non-prescription. Nous avons retenu que les médecins entre autres baissaient les bras quand la personne en prenait depuis des années. Puis qu'ils n'étaient pas formés pour les techniques relaxantes non-médicamenteuses, ils sont  démunis. Et enfin qu'ils ont peur de perdre leur patientèle.
- Quoi?! Vous voulez dire que dans nos campagnes, alors qu'on manque de médecins, ils ont peur de perdre leurs patients! Ne me faites pas rire. Ou alors ceux qui le disent vraiment ne doivent pas se trouver bons.
- Et ça a été dur d'arrêter?
- Épouvantable, j'ai baissé mon chiffre d'affaire d'un cinquième, mais j'ai profité plus de ma famille, et surtout c'était une bataille journalière avec de l'angoisse pour convaincre les patients. Au derniers rebelles j'ai envoyé des lettres, deux ont arrêté, un m'a quittée, une autre est décédée ( de vieillesse).  Mais ça paie, maintenant tout le monde a compris".


 J'ai une maxime qui me satisfait et fait rire (jaune?) les patients: "si on ne les commence pas, on n'a pas à les continuer".   Mais je comprends que ce n'est pas du tout simple pour un médecin tout seul dans son coin de sevrer avec le minimum d'effets secondaires.
Et pour répondre au commentaire ci-dessous, elle demandait mon aide (!) pour savoir ce qu'elle pourrait dire aux médecins pour les inciter  à moins prescrire, du moins c'est ce que j'ai compris du discours. 

mercredi 30 octobre 2013

des ptits sous et encore et toujours

Deux « businessmen » viennent d’être condamnés par la Food and Drug Administration (FDA)américaine. Motif : la mise en vente de maillots de sport vantant les bienfaits d’un puissant médicament, l’Adderall, sans informer de ses effets indésirables pour la santé. Ce stimulant , bien connu des athlètes de haut niveau, appartient en effet à la classe des amphétamines. C’est  une substance psychotrope classée « stupéfiant » depuis 1967 en France.
« Une pilule d’Adderall pour vous sentir bien : les médecins le recommandent ». Voici – mot pour mot – le slogan d’une campagne publicitaire américaine récemment condamnée par la FDA, l’équivalent américain de l’ANSM. Aux Etats-Unis, la vente d’amphétamines sans ordonnance est prohibée depuis le pacte Controlled Substance Act datant de 1970.
Percutant… mais mensonger
Pour le compte du laboratoire Shire, producteur de l’Adderall, les deux hommes avaient vendu des maillots de sport sur lesquels ce slogan figurait en gros caractère. « Mais contrairement à ce que prévoit la loi en matière de publicité du médicament, le message ne prévenait pas des risques de dépendance physique et psychique liés à la prise de substances de la classe des amphétamines, dont fait partie l’Adderall », relate notre confrère New York Daily News.
Rappel à l’ordre
La FDA a « interpellé les deux hommes – et adressé un avertissement au laboratoire Shire – pour risque de mésusage et détournement de produits psychoactifs », précise le New York Daily News. « En 2008, un courrier d’avertissement avait déjà été adressé au laboratoire afin d’interdire la diffusion d’une vidéo qui vantait les bienfaits de l’Adderall sur internet pour les athlètes, sans prévenir de ses effets secondaires ».
Rappelons par ailleurs que l’amphétamine constitue le principe actif de la Ritaline®. Un médicament indiqué en France pour pallier les troubles déficitaires de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH). Sur les 135 000 à 169 000 enfants concernés dans l’Hexagone, 30% y ont recours. La Ritaline® est par ailleurs produite par le laboratoire… Shire.

Fourguer la came coûte que coûte, au risque de commettre des erreurs, emporté par son enthousiasme de gagner des ptits sous.




mardi 29 octobre 2013

Ne pas se priver quand on prend du Sintrom

Je ne sais pas où les accompagnants et les pharmacies ( les infirmières peut-être?) viennent pêcher ça: ne pas manger de légumes verts quand on prend des anticoagulants genre sintrom, préviscan ou coumadine.  On arrive à des excès en tout genre: comme le pauvre gars qui fait pousser des tomates sous sa fenêtre et qui a uniquement le droit de les regarder, ou le patient qui envoie tout le régime aux orties en cachette et se sent affreusement coupable quand il croise le personnel soignant.

VOUS POUVEZ MANGER TOUT CE QUE VOUS VOULEZ!

Je vais expliquer:
Oui, le choux, les brocolis, le cresson, la salade verte, les épinards et tout ce qui est vert peut changer les valeurs "d'anticoagulation", le TP, L'INR, car ils apportent de la vitamine K qui aide à la coagulation  mais le tout est d'en manger régulièrement semaine après semaine. Si vous aimez la choucroute, il faut en manger toutes les semaines, y compris pour la salade et tout le rester.
Si vous partez en club, chez la belle-mère ou dans une famille nombreuse, la nourriture n'est pas la même et ça risque d'être le bazar. Alors il faut faire des tests sanguins régulièrement. Tout simplement.


Alors bon appétit!

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samedi 26 octobre 2013

Manque de bol

Il y a des types qui n'ont pas de chance: un patient avait dépassé le seuil fatidique de LDL (mauvais cholestérol) de 1.7g/l, peut-être juste après Noël. Quoi qu'il en soit son médecin traitant lui a prescrit des statines, le staltor ( anticholestérolémiant interdit depuis quelques années pour effets secondaires graves). Peu après il s'est mis à avoir mal dans tout le corps, notamment dans les muscles et une vilaine douleur au genou s'est réveillée: " il  vous faut une prothèse monsieur, l'arthrose est trop évoluée. 
Elle a été mise, mais mal, les douleurs persistaient toujours. Alors il a fallu déposer la prothèse et en mettre une autre. Manque de bol, celle-là appartenait à une série défectueuse, et il a fallu la redéposer.

Maintenant il est dans un lit d'hôpital ( un sexagénaire), à hurler de douleur, à recevoir antibiotiques sur antibiotiques et son épouse est au bord du divorce. Il clame à grands cris qu'on lui coupe la jambe pour ne plus sentir cette douleur intense.

De qui est-ce la faute? De la statine? Elle a uniquement réveillé la douleur. Du premier chirurgien? Il a reconnu la faute et a fait en sorte qu'elle soit réparée. Du labo commercialisant la dernière prothèse? Dossier compliqué, si un médecin de victime se penche sur ce cas, il ne faudrait pas que ce soit un jeunot dans la profession, il se ferait laminer. 

Mais un manque de bol comme ça c'est digne de La Chèvre.

mercredi 23 octobre 2013

Un patient entre et s'assoie: " Vous vous demandez bien pourquoi je viens vous voir, je ne peux pas me passer de vous.
- Je vous en remercie beaucoup.
- Et ça ne vous fait pas bizarre  de dire ça à quelqu'un qui va bientôt mourir?"
C'est comme ça qu'il m'a annoncé la récidive de son cancer ORL, une véritable cochonnerie.

J'ai enchaîné un peu plus tard parce que je savais qu'il avait besoin de parler autour de la mort: " Ave Caesar, morituri te salutant" ( Bonjour César, ceux qui vont mourir te saluent". 

Allez monsieur, le seul qui m'appelle par mon petit nom, lisez Anticancer et continuez de vous battre avec hargne!

mardi 22 octobre 2013

Encore un effet secondaire

Un de mes patients souffrait de sciatique importante. Il était si algique qu'il s'est retrouvé aux urgences qui ne lui ont trouvé qu'une petite hernie n'appuyant pas sur la moelle. Mais ça fait mal quand même. Alors quand il est revenu  je lui ai fait le cocktail traditionnel, décontractant ( coltramyl), anti-inflammatoire et antalgique. 
A la deuxième prise de coltramyl il a été prise de crise convulsive généralisée, deuxième retour à l'hôpital par le SAMU. Il paraît que cela serait la faute au coltramyl. Néanmoins les précautions d'emploi spécifie de faire gaffe en ce qui concerne les personne déjà épileptiques. 
Mais il paraît que cela peut révéler un état épileptique caché. On fait une batterie d'examens. 

Moi qui suis fière d'avoir très peu d'effets secondaires ce n'était pas au programme. Mais comme l'a dit un confrère: "regarde tout le bénéfice que tu as eu avec Coltramyl pour tes patients depuis 19 ans, cela t'aidera à relativiser. 
Point de vue pas bête. 

lundi 21 octobre 2013

Pense-bêtes

J'aime bien lire les petits pense-bêtes que les patients amènent au cabinet, celui-ci était trognon:
 " parler de bronchite,
 doliprane,
 bouillons-cubes".
Oh, excusez-moi docteur, il était aussi pour les courses!

samedi 19 octobre 2013

Valium en tout et pour tout.

Ce matin un type que ne ne connais pas ni d’Ève ni d'Adam,  absolument aviné  entre dans mon cabine les jambes écartées afin de tenir un équilibre assez précaire. 
" Bonjour, je suis à la CMU, voilà les papiers. J'ai de nouveau des problèmes avec l'alcool.
- Que puis-je faire pour vous?
- Ben, à l'hôpital à chaque fois que j'ai des problèmes avec ça, on me donne du Valium ( benzodiazépine).
- Je suis désolée, je ne prescris pas ça. Quand on en prend on peut mettre 40 ans à se sevrer, c'est non". 

Pour lui, le sevrage se résume à uniquement du Valium? Choquant, d'autant plus que pour le sevrer l'hospitaliser aurait été plus indiquée, tellement il paraissait atteint; vérifier le foie, les artères etc.  Bonne hydratation, vitamine B à forte dose, calmants sous surveillance médicale et infirmière... mais non, Valium médicament miracle.


mardi 15 octobre 2013

Mon monde idéal

En écoutant un type du FN hier déblatérer contre les roms en situation irrégulière, je me suis prise à imaginer un monde heureux où, quand les caravanes de roms et de gitans arriveraient dans un village, ils seraient accueillis chaleureusement par la population locale. Elle leur trouverait en urgence un terrain pour se poser; les enfants curieux tourneraient autour du campement pour trouver des autres enfants de leur âge. 
Les gitans devant tant de gentillesse proposeraient spontanément de réaliser des petits travaux, rempaillage et réparations en toux genre. 
Le soir tout le monde se retrouverait autour  du grand feu, on danserait jusque tard dans la nuit, puis pour les noctambules on raconterait des histoires d'amour ou d'horreur. 
Le maire se déplacerait pour proposer quelques jours d'école aux enfants désœuvrés. On s'enrichirait de nos différences et quand les caravanes seraient reparties on aurait engrangé des tas de souvenirs joyeux. et on se serait dit au revoir pour mieux se retrouver plus tard. Quelques ados romantiques  laisseraient échapper une larme  en pensant au beau ténébreux resté si peu de temps. 

Ce qu'on fait en ce moment c'est monter les populations les unes contre les autres et ça me désole. Pourquoi ne pas faire des réunion roms-élus, qu'on mette carte sur table et ne pas finir par faire la paix et accepter les modes de vie itinérants?

Un aléa thérapeutiqe

Une de mes patientes jolie et avenante s'est fait poser un anneau gastrique il y a quelques années. Il s'en est suivi une baisse appréciable de poids. Mais ce n'est pas le propos.

Il y a un mois elle souffrait de lombalgies intenses, et je lui ai prescrit des antiinflammatoires sur 7 jours, pas du Voltarène qui peut avoir de sérieux effets secondaires mais du nabucox dispersible réputé pour attaquer moins l'estomac sur sept jours, avec des séances de kiné et un arrêt de travail. 
Au bout de 4 jours elle s'est retrouvée à l'hôpital à cracher abondamment du sang, et on lui a donné rendez-vous pour retirer son anneau en urgence. 
Pourquoi? Parce qu'elle ne supportait plus son anneau depuis plus d'un an, elle avait déjà demandé qu'on le retire. Elle crachait un peu de sang de temps en temps et souffrait de brulures oesophagienne. 

Et quand elle est revenue elle m'a dit avec un sourire: " mais je ne vous en veux pas docteur, ça devait arriver. Je n'ai pas eu de chance voilà tout". 
OK, mais effet secondaire de l'anneau plus effet secondaire de l'anti-inflammatoire il y a de quoi se poser des question sur le chemin que prend la médecine, de plus en plus interventionniste pour les obèses et de plus en plus chimique. 
J'ai déja écrit qu'il fallait que le médecin généraliste se transforme en "agent de la circulation", qu'il soit au fait de toutes les médecins alternatives, sans forcément les pratiquer, mais qu'il puisse appliquer le premier point du serment d'Hippocrate " primum non nocere"?  Et bien c'est chose faite.

dimanche 13 octobre 2013

Le dangereux succès des somnifères


Mis à jour le 11.10.13 

Selon la Caisse d'assurance-maladie du Languedoc-Roussillon, les habitants de la région consomment trop de benzodiazépines. Sur 2 721 médecins, plus de 90 % prescrivent des médicaments anti-anxiété ou des somnifères à plus de vingt de leurs patients. Les Languedociens utiliseraient jusqu'à dix fois plus de boîtes que les Franciliens, ou trois fois plus que les Bretons. « C'est difficile de l'expliquer, note Dominique Chollet, la directrice du service médical régional. La région n'est pas riche, les personnes sont en difficultés sociales. » Pour prévenir des risques liés aux benzodiazépines, l'assurance-maladie lance une campagne auprès des médecins et des patients. La surconsommation peut entraîner des troubles du comportement et de mémoire, et des dérèglements du système nerveux. N. B.
Donc difficultés sociales rimeraient avec absorption de benzodiazépines? D'où c'est qu'on est parti chercher le fait que les benzodiazépines aideraient pour résoudre les difficultés familiales et pour trouver un travail? Le type sous stilnox n'a pas forcément les idées bien claires le matin pour démarrer, la femme sous Témesta a plus de mal à se défendre quand le mari lui pête la tête contre l'évier, mais c'est remboursé au contraire de l'alcool, ce qui induit que l'état trouve que c'est thérapeutique, vu que c'est remboursé. Compris?
Aujourd'hui j'ai voulu parler bien la France, désolée pour les écarts de langage. Mais la coupe est pleine et qu'on arrête, ou de rembourser les benzos, ou qu'on rembourse l'alcool, puisque ce dernier provoque une détente appréciable. Mon compagnon fera oui-oui de la tête, car le rhum c'est sacré, deux fois par semaine :)... et en plus ça a meilleur goût que les cachetons.

mardi 8 octobre 2013

androfix, le pied?

Mon compagnon d'âge mûr, 52 ans dans quatre jours vient de recevoir une superpub qu'ils ont dû penser envoyer à point nommé: 

Une équipe de spécialistes vient de mettre au point le plus PUISSANT traitement contre les troubles de l’érection ! ANDRO FIX Actions immédiates : Érection réellement ferme... 10 minutes après la prise d’une gélule Stimulation du désir sexuel immédiate Actions à long terme : Amélioration progressive et durable de la fonction érectile Amélioration constante de la libido Augmentation importante du plaisir et du désir sexuel Aucun effet secondaire quel que soit l’état de santé du patient. La liste est longue, comme celle des excellentes surprises qui vous attendent ! Découvrez en exclusivité mondiale la vérité sur cette formule révolutionnaire… Et recevez, GRATUITEMENT, votre lot de gélules Androfix.

ANDRO FIX

Intriguée, j'ai fureté sur tout le site: il paraît qu'il n'y a pas mois de six composants et sept principes actifs, mais lesquels sont-ils? 
Moi j'ai une petite idée: un sixième de Viagra, de Lévitra et de Cialis, agrémenté d'un zeste de priligy une pincée de Yohimbine et pour faire bonne mesure du ginseng et du kola, les derniers évidemment sans effet secondaire.  Et pourquoi pas un peu d'amphet? Vu que c'est interdit, pourquoi ne pas le recycler?  A l'instar du plomb qui se balade entre l'Europe et la Chine qui le recycle et nous le renvoie dans les rouges à lèvre par exemple.

PS: et on a pensé  à la bonne femme qui n'en peut plus que son mari reste au garde-à-vous quotidiennement et qui n'est pas forcément disponible? Sales machos va!

Annoncer un cancer

Je suis allée chez un patient en visite il y a quelques temps: j'avais détecté une  masse volumineuse au niveau de la rate ( ou rein?). Il m'a rappelé une fois le scanner fait, dans un fichu état: au fond de son lit et dans un état d’amaigrissement conséquent: " Docteur, voilà le scanner.
- OK, voyons cela. Et bien, il va falloir prendre ça en charge rapidement, c'est un cancer du rein.
- Je m'en doutais...
- Vous voulez vous battre?
- ... Oui"

Je le revois en consultation hier: "Je reviens de l'hôpital, on m'a fait tous les examens, et je vais peut-être être opéré.  Mais je ne supportais plus d'être hospitalisé: à chaque fois qu'un interne ou un médecin entrait dans ma chambre il me demandait avec un air horriblement compatissant "Qu'est-ce qu'on vous a dit exactement?" J'ai bondi, et ai répondu " Bon sang, vous n'avez même pas le courage de me dire que j'ai un cancer! Il n'y a que mon médecin traitant qui a osé le faire!"

Je sais que la question se pose depuis des lustre, annoncer la mauvaise nouvelle ou pas selon la psychologie du patient, mais il m'a semblé tout naturel de lui dire à lui sans fioritures. Et pour ce patient ça a marché, il pète la forme, si je peux dire, car effectivement il y a quelques petites métastase et ce n'est pas du gâteau. Mais il va se battre. 


lundi 7 octobre 2013

Un certain pourcentage d'erreurs?

Un patient m'a raconté qu'un de mes confrères avait fait une erreur de diagnostic sur son épouse il y a quelques années. Ils ont changé de médecin mais n'ont pas porté plainte. Or ce confrère, était un jour allé en visite chez leurs voisins, et pris de remords je pense, avait sonné à leur porte pour s'excuser: " Je suis désolé d'avoir loupé le diagnostic de votre épouse. Excusez-moi. Mais voyez-vous, on a droit à un certain pourcentage d'erreurs..." 
Je pense que la dernière phrase était de trop. Mais mes patients n'ont toujours pas porté plainte; je suis heureuse de les soigner.

vendredi 4 octobre 2013

Priligy anti-précipitation

Une visiteuse médicale m'a prise par surprise: elle avait rendez-vous avant  avec mon associée qui lui a soutenu que je serais très heureuse de sa présentation de Priligy ( antidépresseur d'action rapide pour la relever et prendre le temps de viser sans précipitation. N'ai-je pas bien résumé?)  Coquine mon associée. 

C'est sûr qu'ils sont sympa tous ces visiteurs, et de plus elle m'a décortiqué les effets secondaires possibles (très peu avec cette galénique, sauf quelques nausées)  mais elle a passé sous silence l'appréciation du magazine Prescrire.

L'efficacité limitée de la dapoxétine dans l'éjaculation précoce n'est pas suffisante pour justifier ses effets indésirables.


La dapoxétine est le premier médicament autorisé en France pour certains hommes qui se plaignent d'une insatisfaction sexuelle en raison d'un délai d'éjaculation ressenti comme trop court. La dapoxétine est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine (IRS), comme les antidépresseurs de type fluoxétine (Prozac°).
Dans l'éjaculation précoce, la balance bénéfices-risques de la dapoxétine est défavorable. La prise de dapoxétine par le partenaire masculin avant l'acte sexuel apporte peu de progrès notable. Dans les essais cliniques, environ 1 homme sur 3 et 1  femme sur 5 ont ressenti une amélioration ne serait-ce que légère, au-delà de l'effet placebo.
Par contre la dapoxétine expose aux effets indésirables des IRS, dont des troubles digestifs et neuropsychiques, des syndromes sérotoninergiques (agitations, sudation, etc.) parfois graves, etc. S'y ajoutent des syncopes et des hypotensions orthostatiques. Certains effets indésirables sont mal cernés, notamment des troubles sexuels, des troubles de l'humeur, un risque de blessures accidentelles (auto- ou hétéro-agressivité).
La dapoxétine expose à de nombreuses interactions médicamenteuses. Le risque d'hypotension orthostatique est majoré en cas d'association avec des vasodilatateurs. En raison du risque de syndrome sérotoninergique, l'association de la dapoxétine est à éviter avec des antidépresseurs, IRS ou inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), ou avec d'autres substances à effets sérotoninergiques. L'alcool augmente le risque de syncope.
Les autorités de santé de l'Union européenne auraient mieux fait de refuser l'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la dapoxétine dans l'éjaculation prématurée, comme cela a été le cas de la Food and Drug Administration (FDA) étatsunienne. En cas d'éjaculation prématurée, mieux vaut proposer une prise en charge psychocomportementale, éventuellement en couple.
©Prescrire 1er mai 2013

Et elle m'a refilé tous les tuyaux pour traquer l'éjaculation précoce: " Docteur, à l'occasion d'un renouvellement d'un patient chronique, vous lui demandez l'air de rien si tout va bien de ce côté: en effet les médicaments pour le cœur  ce n'est pas formidable parfois pour l'érection. Il ne vous répondra sûrement rien. Par contre à la prochaine consultation il pourra vous en parler de lui-même " au fait, j'ai réfléchi....". et c'est gagné".

Le prix, environ 5  euros je crois le comprimé pour un effet de  quelques heures, non remboursé. 
Par contre, durant toute la présentation, pas un mot de psychologie masculine ou féminine!!! On serait des rats ou des chiens  cela serait la même présentation. 
La gentille visiteuse va-t-elle me revoir si elle lit mon blog? Elle était prévenue que je suis très critique avec les nouveautés, surtout dans ce domaine. Mais je peux assurer à sa hiérarchie qu'elle a fait son travail à merveille avec une petite invitation en prime dans un restaurant gastronomique, miam. 
Les pâtes avec mon MiniRambo c'est très bon aussi.

mercredi 2 octobre 2013

Proposition pour la Sécu

Une nouvelle patiente " Je viens d'arriver à Stroumpfville, et me suis renseignée sur un médecin possible. On m'a répondu: " Il y a un très bon médecin que je te conseille qui est très compétent, le docteur Cravate, il y a aussi le docteur Vincent, par contre elle prescrit moins".  Alors j'ai eu envie de vous connaître". 

Est-on moins bon médecin parce qu'on prescrit moins? Qu'est-ce que ces âneries? Pitié, si quelqu'un de la Sécu lit ce blog, ce n'est pas la première fois que j'entends ces absurdités. Et je propose une grande campagne de pub de l'assurance maladie: 
" Vous n'êtes pas mieux soignés car vous prenez plus de médicaments, mais les médicaments spécialement  indiqués pour votre pathologie. Et plus de trois médicaments= attention, il peut y avoir des interactions fâcheuses, parlez-en à votre médecin". 






mardi 1 octobre 2013

La Légende de Shalimar - GUERLAIN


Si mon fils pouvait avoir des cheveux aussi long que ceux du jeune Willy Cartier, je serais une maman heureuse :)

Tiers payant, mon grain de sel

Je lis dans le Quotidien du Médecin et autres canards que le fait de pratiquer le tiers payant risque de dévaloriser l'acte médical. Çà peut se comprendre.

Néanmoins 
-si l'on éduque les patients à ne pas venir pour n'importe quoi,
- si les pouvoirs publics créaient des slogans comme " sauvons notre système de santé, n'allez pas chez le médecin pour rien ( et ne regardez pas les émissions de vulgarisation médicale qui peuvent vous rendre anxieux quant à votre santé);
- si l'on touche chaque patient avec examen clinique le plus complet possible selon la pathologie (je mets un bémol pour la prostate, j'envoie direct chez l'urologue, par contre j’examine quand j'ai le temps consciencieusement un patient qui vient pour un petit bouton à la noix, si je pouvais faire la prostate aussi pendant qu'on y est, il se demandera ce qu'il est venu faire pour subir un tel examen);
- si on signe les formulaires de médecin traitant en spécifiant: "à condition que vous ne soyez pas trop malade, je n'ai pas le temps";
- si les infirmières voient élargir leurs prescriptions ainsi que les kinés si bien que l'acte médical reprend toute sa valeur;
- si les médecins apprennent à dire NON et reçoivent des formations pour cela genre " gestion du stress, savoir que nous avons la connaissance et ne pas faillir"; 

je pense que les médecins seraient heureux d'aller au travail et l'idée de recevoir de l'argent physiquement n'aurait plus autant de valeur. 
Ca me fait penser à ma psychanalyste il y a 32 ans ( déjà) qui me disait " le fait de donner de l'argent est thérapeutique". Bof.