dimanche 30 novembre 2014

trop c'est trop

58 patients lundi dernier, facilement 20 de trop.
J'appréhende demain. La médecine générale ce n'est plus du tout rigolo. 

Haro sur les somnifères


A partir du 1er décembre 2014, le taux de remboursement somnifères de la famille des benzodiazépines passe à 15%, contre 65% aujourd'hui.

Somnifères : le remboursement des benzodiazépines passe de 65% à 15% 

Les spécialités hypnotiques à base de loprazolam (Havlane®), estazolam (Nuctalon®), zopiclone (Imovane®), lormetazépam (Noctamide®), nitrazépam (Mogadon®), témazépam (Normison®), zolpidem (Stilnox®) et ne seront plus prises en charge qu'à 15% à compter du 1er décembre. Médicaments "princeps" et génériques sont concernés.
La décision a été publiée au Journal officiel le 14 novembre 2014.
La France compte 4 millions de consommateurs réguliers de ces somnifères (ou "hypnotiques"), ce qui fait du pays l'un des plus gros consommateurs d'Europe.
La commission de la transparence de la HAS avait réévalué fin juillet 2014 l'intérêt de ces médicaments. Le verdict de l'institution était particulièrement sévère : "face à l'effet faible des benzodiazépines sur le sommeil, [la commission] a positionné au plus bas niveau d'intérêt les benzodiazépines hypnotiques et produits apparentés."
Alors que leur durée de prescription est limitée à quatre semaines, leur consommation peut, en pratique, s'étendre sur des mois, voire des années. Or, ces médicaments exposent à des risques d'abus, de dépendance et de sevrage. Ils accroissent le risque d'accidents de la route, peuvent favoriser les chutes et perturber la mémoire chez le sujet âgé, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament.
La commission de la transparence, s'inscrivant "dans une démarche de prévention", a donc revu "à la baisse le service médical rendu" des molécules précitées prescrites "dans le cadre de la prise en charge des troubles sévères du sommeil".
"Sur une longue période, la faible efficacité de ces médicaments sur la durée du sommeil, leurs effets délétères et le mésusage constaté ont conduit la commission de la transparence à conclure à un intérêt thérapeutique limité de ces médicaments", précisait la HAS, plaidant pour le développement de l'usage et l'accès aux thérapies non médicamenteuses.

http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-somniferes-le-remboursement-des-benzodiazepines-passe-de--a--14984.asp?1=1


Encore un peu frileux tout ça, mais ça va dans le bon sens

jeudi 27 novembre 2014

une consultation inconfortable

Un patient me quitte, une autre prend sa suite: 
"Docteur, ça vous arrive souvent d'avoir des patients comme celui d'avant?
- Oui, pourquoi? 
- Eh bien il s'est installé à côté de moi et m'a tenu tout un discours durant dix minutes  sur les noirs qui étaient des fainéants, des pauvres types etc. Je suis bien placée pour savoir que non (son mari est noir). 
- Je suis désolée pour lui, il n'a pas été du tout futé. 
- Et puis je ne vous dis pas, il a traité de Belphégor la patiente qui va suivre. 
- Je n'ai pas entendu". 
Je suis dans mes petits souliers car ce n'est pas le style du cabinet, en général on s'y  côtoie sans agressivité. 
La patiente d'après, tout de noir vétue: 
" Il est bizarre le patient d'avant, il m'a fait un sourire en me disant des choses tout bas. Qu'a-t-il dit?
- Je ne sais pas trop, heu... 
- Mais si, ça n'avait pas l'air forcément sympathique. Qu'est-ce qu'il a dit?
- (je me ratatine un peu) Il vous a traité de Belphégor". 

Merci vilain monsieur de m'avoir mis dans une position délicate! Je vous mettrais bien enfermé dans une pièce avec toutes mes relations "différentes" selon vos critères! Mais si j'étais une de ces personnes, je vous répondrais tout simplement "je vous remercie de m'avoir donné votre point de vue. On est en république et on applique la liberté de s'exprimer, reconnue dans la constitution". Le conseil que j'ai donné à ma voilée. 

« 1 - Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations. »

dimanche 23 novembre 2014

un procès?

Je me sens bien dans mes baskets de médecin en général, le cabinet roule, plutôt bien huilé, quoique avec des délais d'attente de 45 mn. 

Il y a quelques jours une consoeur m'appelle: " Dis, j'ai vu un de tes patients et ne lui ai pas donné d'arrêt de travail pour sa pathologie. je lui ai assuré que ce n'était pas grave et il a fini en réa durant une semaine. Tu crois qu'ils sont procéduriers?" La crainte d'un procès de plus en plus courant.  Alors je l'ai assurée de mon soutien. 

Et il y a trois jours une patiente vient: " docteur, mon beau-père s'est retrouvé à l'hôpital avec un de vos cachets contre le diabète. Ca fait deux erreurs, il en a vraiment marre. Moi je ne change pas de médecin". Ce qui s'est passé: ce patient a souffert d'une bronchite asthmatiforme aiguë pour laquelle j'ai eu l'excellente idée de prescrire de la cortisone. Trois jours après il développe un diabète! Ce n'est pas une blague. Alors, suivant les recommandations  de nos sociétés savantes, je lui prescris du Glugophage. Et je ne sais pas ce qui s'est passé, mais ça s'est mal passé.  
Alors je me sens la conscience tranquille car j'ai prescrit tout comme il fallait, mais aurais-je pu éviter la cortisone, aurais-je dû prescrire un autre anti-diabétique? Comment savoir? Je ne suis pas Dieu le père. 

Et évidemment les internes de l'hôpital ne se sont pas privés pour fustiger ce sale généraliste de province qui n'a pas su éviter les problèmes. Elle est belle la confraternité! On m'avait prévenu en cours: il existe plutôt de l'anti-confraternité et ça fait le lit des procès.

S'il vous plait, les internes qui me lisez, ne tapez pas sur les vieux, un jours on vous tapera dessus à votre tour et  ça ne sera pas forcément votre fête. 

Au fait, qui veut encore devenir généraliste installé? 


vendredi 21 novembre 2014

Une capitaine de police se suicide à Bastia dans son commissariat

Une capitaine de la police judiciaire s'est donné la mort ce jeudi matin dans son bureau, à Bastia. Agée d'une cinquantaine d'années et mère de deux enfants, elle s'est tiré une balle dans la tête avec l'arme de service d'un de ses collègues, dans les locaux du commissariat en Corse. 
L'information, révélée par Le Parisien et France 3 Corse, a depuis été confirmée de source policière. 
En poste à Bastia depuis plusieurs années, elle travaillait au service documentation de la police judiciaire. Dans ses fonctions, elle ne portait pas d'arme, mais est parvenue dans la matinée à s'emparer du pistolet d'un collègue. Une enquête a été ouverte. 

48 suicides de policier en 2014

Il s'agit du 48e suicides de policier cette année, soit huit de plus que l'année dernière. Le surmenage, les problèmes d'effectifs et d'équipement et la "politique du chiffre" sont souvent dénoncés par les syndicats de policiers pour expliquer les gestes de leurs collègues désespérés. 
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait indiqué en septembre qu'une réunion serait consacrée à cette question en 2015. 



 http://www.lexpress.fr/actualite/societe/fait-divers/une-policiere-se-donne-la-mort-a-bastia-dans-son-commissariat_1624134.html#H1JSQe8v4piztqeb.99


Je ne suis pas surprise, dans ma patientèle il y a une policière surmenée depuis deux ou trois ans. J'ai du l'arrêter car elle démarrait un sérieux burn-out... et lui ai refusé les anti-dépresseurs qu'elle avait l'habitude de consommer à chaque "coup de Trafalgar".   Eh bien, elle est revenu il y a trois jours en me déclarant: " docteur, vous m'avez refusé les anti-dépresseurs, et ça me fait une nouvelle impression, c'est même positif, je commence à remettre en question mon poste et pense à de nouvelles possibilités d'évolution de carrière". 

Les policiers sont de bons consommateurs de psychotropes et ça ne les aide pas. 
De plus je lui ai demandé si elle avait de la formation continue, du débriefing, du coaching: rien du tout, elle ne connaissait même pas la CIVI, commissation d'indemnisation des victimes d'infractions, oh combien utile quand on recueille des plaintes de victimes: la procédure est extrèmement rapide, et sert uniquement à l'indemnisation, on peut faire une demande en pénal dans le même temps. 

C'est quand même hallucinant: le moindre conducteur RATP a sa formation continue, mais pas les forces de l'ordre!




samedi 15 novembre 2014

drogue: hôpital psy contre centre alternatif.

Un patiente:
" Docteur, pouvez-vous faire une hospitalisation sur demande d'un tiers pour mon frère?
... Je n'en fait pas. Qu'est-ce qui s'est passé?
- Il est à Toulon, SDF, drogué au dernier degré, j'ai peur qu'il ne passe pas l'hiver".
Ce sont des bon arguments. Néanmoins je refuse car:
- je n'ai pas vu le patient depuis des années, ne sachant pratiquement plus à quoi il ressemble;
- il n'a pas l'air dangereux, si ce n'est déjà pour lui:
- l'hôpital psy n'est pas une solution pour un toxicomane, d'ailleurs ils ont une maxime: " tout plutôt que l'hôpital psy". Ces patients ont besoin de sevrage, pas de boulotter cachetons sur cachetons, puisqu'ils souffrent déjà d'addiction.

Je regrette Le Patriarche, qui a dû fermer ses portes pour mauvaise gestion ( ce qu'ils disent). Qu'est-ce que c'était? Une solution de sevrage alternative. Le toxico, il suffisait que quelqu'un contacte le Patriarche pour lui, ou qu'il le fasse et qu'il dise "oui, je veux me sevrer" solennellement. Et ensuite ils l'emmenaient quelques mois à la campagne, pour se sevrer avec des plantes, des massages, et des coachs musclés, car les crises de manque ne sont pas faciles à gérer. Et on lui retirait ses papiers pour plus de sûreté.
Il  apprenait un métier sur place, parfois finissait sa thèse de médecine, et enfin retournait à la vie quotidienne.
50% de réussite, un très bon score. Puis il y a eu des rumeurs de secte etc.  et maintenant il ne reste qu'une solution alternative, le centre de Bucy-le-Long créé par Kate Berry-(Birkin).
Un de mes patients en est revenu, sevré et aucun autre cachet de substitution. Il a eu des discussions de groupe quotidiennes, a "avoué tous ses péchés" sur quelques centaines de pages, se sent plus propre. Pari réussi pour lui!
Comme quoi on peut s'en sortir sans Subutex et autre drogue qui addictionne. 

mardi 11 novembre 2014

Un candidat au suicide?

C'est en train de devenir d'une banalité affligeante et désespérante: un homme de 58 ans  est s'est présenté hier:
" Docteur, je ne vais pas bien, je n'ai pas le moral. 
- Que se passe-t-il? 
- Au bout de 26 ans de carrière, le directeur m'a dit qu'il n'avait plus besoin de moi. Il allait prendre un prestataire de service pour tous les petits services que je rendais ( plomberie, électricité, poubelles, pannes en tous genres... malheureusement pas un boulot dans la production)." 
Je le regarde et ai un gros doute:
" Monsieur, vous n'avez pas de mauvaises pensées, dites?
- .... h.....h"
Quatre fois en 20 minutes que je lui ai demandé. Il m'a répondu à la fin "non" mais je n'y ai pas cru. 
Que faire avec lui? Il est fini, c'est comme ça qu'il se sent, il a été lourdé pour des questions économiques. Si je lui file un antidépresseur, ça lui donnera le courage de passer à l'acte, les benzodiazépines ne sont pas utiles, il est de plus trop  calme. 
Alerter sa famille? Il n'a pas dit oui" à la question du suicide. Je ne lui ai donné qu'une semaine d'arrêt avec sûrement nouvelle consultation très bientôt en espérant désamorcer la situation. 

Fichue crise, et on nous balade avec des Mariage pour tous, des Nabila, du voile intégrale et des ragots de cours d'écoles au plus haut du gouvernement. Certains ont visiblement d'autres priorités. 

mercredi 5 novembre 2014

Médecin de recours, utile?


Quand j'ai parlé du rôle médecin de recours à un avocat, il m'a répondu:
" Ca ne sert à rien, les médecins d'assurance font déjà le travail pour faire indemniser les victimes (d'accidents de la route, de violence, d'accident de travail avec faute inexcusable) et les experts sont nommés par les cours d'appel et d'assise".
C'est vrai tout ça, et les médecins de compagnie d'assurance ont une formation solide. Mais la victime a besoin de se faire représenter pour une meilleure reconnaissance de son préjudice. Selon qu'elle est représentée ou non, l'indemnisation  peut être multipliée, donc ça vaut le coup.
De plus, être devant un médecin inconnu, qui tranchera si  vous serez indemnisé peu ou prou, qui a des allures de juge pour le grand public, c'est très déstabilisant et la victime peut perdre parfois ses moyens.
Alors si Maître, le médecin de recours a toute sa place.

Et il est remboursé la plupart du temps par les assurances. 

mardi 4 novembre 2014

Omerta

L’anesthésiste mise en cause dans le décès d’une jeune femme venue accoucher à l’hôpital d’Orthez (Pyrénées-Atlantiques) a été mise en examen et placée en détention provisoire ce jeudi. Elle souffre d’un problème d’alcool. L'erreur médicale est envisagée.

http://www.metronews.fr/info/deces-a-la-maternite-d-orthez-pyrenees-atlantiques-l-anesthesiste-placee-en-detention-provisoire/mnjb!6fBENserVMo1U/

Tout le monde pousse des hauts cris. Mais déjà quand j'étais jeune étudiante des histoires circulaient concernant l'alcoolisme d'un prof ou d'un autre qui aurait été poussé hors des salles d'opérations pour alcoolisme chronique et finissait sa carrière comme professeur et en participant à des articles de revue, des séminaires. Mais les erreurs médicales se réglaient "entre confrères", un autre médecin dans la salle d'opération finissait le travail en toute discrétion. 
On se tenait les coudes. 

On peut être choqué par mes propos mais c'était la réalité vraie, celle que pudiquement je n'ai pas abordée en 9 ans de blog. 

Ce qui m'a rappelé tout cela c'est une infirmière qui travaillait dans un bloc connu de Paris: le chirurgien était arrivé rond comme une queue de pelle et l'interne a dû finir le travail aidé un peu plus tard par un autre chirurgien. 
Mais "c'est comme ça, on n'y peut rien, c'est un professeur, je ne suis qu'une infirmière". Et tout le reste du bloc pratique l'omerta et puis basta. 
On s'arrange juste pour que ce chirurgien ne pratique plus d'interventions à risque, ou d'intervention tout court. 

Tout ça pour dire que l'alcoolisme de cet anesthésiste n'est pas un cas isolé. 

dimanche 2 novembre 2014

De l'utilité du médecin de recours

Un exemple: une de mes patientes s'est cassé la figure à ski. bilan: une cheville explosée, un an et demi de rééducation. Maintenant qu'elle est consolidée, elle demande une reconnaissance MDPH (maison départementale des personnes handicapées). 
Elle souffre encore de douleurs et ne peut pas pratiquer tous les sports, course à pied, roller etc. le médecin expert lui a dit: " vous êtes secrétaire donc vous n'avez pas besoin de reconnaissance travailleur handicapé, de plus les souffrances ne sont pas reconnues pour l'évaluation de vos préjudices". 

En quoi le le travail joue-t-il sur la reconnaissance RQTH (reconnaissance qualité travailleur handicapé)?  D'autant  plus qu'il va bientôt y avoir un plan social ( comme c'est joliment dit) dans son entreprise.
De plus les douleurs entrent réellement dans la définition du déficit fonctionnel permanent. 

Alors on va se battre, contre-expertise et tout et tout, et surtout une  victime reconnue et heureuse. 


samedi 1 novembre 2014

Les seniors doivent-ils boire du lait avec modération ?

Une étude relève un plus haut risque de fractures et de décès chez
 les personnes âgées buvant beaucoup de lait.
Le lait de vache est présentée comme une source privilégiée de calcium,
 essentiel à la solidité des os. Or une étude suédoise de grande ampleur
 établit un lien entre une forte consommation de lait chez les seniors et
 un risque accru de fractures et de mortalité.
Cette étude publiée dans une revue de référence, le British Medical Journal,
 s'appuie sur le suivi de plus de 60.000 femmes et 45.000 hommes. Les
 chercheurs de l'université d'Uppsala ont croisé la quantité de lait, de
 yaourt et de fromage consommée quotidiennement par ces personnes avec
 l'évolution de leur état de santé.
Il en ressort que les femmes consommant au moins trois grands verres de lait
 par jour ont un risque relatif de décès de 90 % plus élevé et un risque de
 fracture
 de la hanche de 60 % plus élevé par rapport à celles qui boivent moins d'un 
verre par jour. Pour les hommes, le lien statistique entre une grande quantité 
de lait consommé et risque de décès est également observé mais de manière
 beaucoup moins prononcée, tandis qu'aucun lien n'est observé pour les fractures.
Et c'est la preuve que l'on dit en matière de santé tout et son contraire. Une chatte n'y retrouverait
 pas ses petits. 
Et le livre du professeur Henry Joyeux "changez d'alimentation" me parait tout à fait plein de bon
 sens et facile à appliquer. 
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