mardi 31 août 2010

la patiente aux métastases non connue vient enfin de rentrer et j'ai dû lui annoncer qu'il y avait un truc sur la scintigraphie à voir avec son cancérologue pour éliminer tout problème éventuel. Je suis devenue très riche en circonvolutions pour tourner autour du pot, mais après tout je ne suis pas spécialiste et le sien lui expliquera exactement la situation avec les possibilités de traitement.

lundi 30 août 2010

Patient non joignable

J'ai laissé sur le blog  le message de l'habitant fou furieux de ma commune. Pourquoi le regarde-t-il? S'il veut connaitre la vie de ses voisins, c'est foutu pour ce blog, devoir de réserve. Evidemment je peux toujours parler du docteur Cravate et de sa cravate éternelle  mais je crois que tout le monde a compris que celui-ci ne me ressemble pas dans le choix de ses vêtements et ses cravates sont par trop classiques pour moi.

La vie de médecin c'est aussi ça: une patiente était venue me voir, pratiquement guérie de son cancer: "juste quelques rayons docteur, et après c'est fini". J'étais ravie pour elle, ai insisté sur la surveillance rapprochée, puis de plus en plus lâche les cinq prochaines années. Et je lui ai préparé un certificat pour la Sécu en ce sens " l'état de santé de madame xx lui permet un repos à la campagne de deux semaines". Il ne restait plus qu'un examen dont on attendait la conclusion sereinement, la scintigraphie osseuse.
Le lendemain j'ai ouvert le courrier et ai découvert la scintigraphie osseuse de la patiente qui avait pour conclusion " métastase osseuse".
J'ai appelé plusieurs fois, l'hôpital s'y est mis aussi, vainement: elle n'avait donné l'adresse de ses vacances ni de son portable à personne.
Il a fallu attendre deux semaines pour lui annoncer la nouvelle, et par là même saboter le bénéfice de ses vacances.

dimanche 29 août 2010

L'étonnante histoire d'Annie Bahl

L’étonnante histoire d’Annie Bahl – TOME 1 De Henry Vergne



C’est la vie d’Annie Bahl, une jeune femme pas comme les autres au vécu hors du commun. Psychopathe séduisante et attachante, elle vit de ses crimes qui ne sont qu’une recherche de « Mais que se passe-t-il donc après la mort ? »


Sa rencontre avec Jean d’Anger va être un tournant à 90 degrés dans son existence car ce jeune homme, pas comme les autres lui non plus, meurtrier non patenté, ne tue que pour se « protéger » d’une femme qui l’a fait horriblement souffrir étant enfant. C’est au cours d’une de « ses chasses » qu’il va tomber nez à nez avec Annie et cela ne se passe pas comme d’habitude. De « chasseur » il devient « chassé » et ce n’est absolument pas à son goût !


Annie et Jean ne savent pas que de leur rencontre fracassante dans une ruelle sordide, il en sortira quelque chose qu’aucun des deux n’aurait pu deviner.


C’est un livre à certains moments dur, violent, mais aussi plein de tendresse avec une pointe de sensualité, les bons et les méchants ont presque tous un côté attachant qui enchantera les lecteurs.

vendredi 27 août 2010

Proposition d'installation et cadeau!

J'ai reçu un SMS d'un confrère: " chère amie, le docteur XXX s'apprête à prendre sa retraite, il offre un chèque de 80 000 à 100 000 euros comme cadeau de bienvenu à son futur successeur". Ca laisse rêveur. Jusqu'à il y a peu, il fallait payer pour s'installer, maintenant on nous offre un cadeau très conséquent ( non, je n'ai pas mis de 0 en plus).
Ca n'augure rien de bon quant à l'avenir des médecins généralistes sur le terrain.
Allez, je vais lui faire un peu de pub: il travaille dans une structure très conviviale de 5 médecins avec un secrétariat sur place qui filtre les appels, range les examens etc. la ville en elle-même est une jolie petite ville de lointaine banlieue, un peu chic et calme. Je m'y serais installée si je n'étais déjà pas installée ailleurs.
Heureusement dans l'avenir les infirmières viendront nous donner un coup de main en prescrivant à leur tour, mais dans des catégories définies à l'avance.

jeudi 26 août 2010

lien arrêt maladie pour affection psychiatrique et suicide

Des chercheurs de l'Inserm ont découvert un lien entre arrêts maladies pour raisons psychiatriques et mortalité prématurée, notamment par suicides. Publiés dans la revue American Journal of Epidemiology mardi 24 août, ces travaux révèlent que les travailleurs absents pour raisons psychiatriques ont une mortalité plus importante et précoce que ceux qui n'ont pas eu d'arrêt maladie.

Les chercheurs ont notamment signalé 6 fois plus de suicides chez les personnes absentes pour causes psychiatriques.

L'étude rapporte également une augmentation de 60% du risque de décès par cancer de l'oesophage, de la bouche, du pancréas, des voies urinaires et du poumon, et une hausse de 80% du risque de mortalité par maladies cardio-vasculaires chez les travailleurs absents en raison d'une pathologie psychiatrique telles que la dépression, les problèmes causés par l'alcool ou encore les troubles de l'anxiété.

Néanmoins, les chercheurs indiquent que certains symptômes du cancer tels que la fatigue et la perte de poids ont pu être interprétés comme des symptômes psychiatriques et générer un mauvais diagnostic de départ. Ainsi, le lien entre arrêts maladies pour raisons psychiatriques et mort prématurée serait finalement essentiellement significatif pour les décès par suicides.

"Nous ne pouvons conclure que l'arrêt de maladie pour raisons psychiatriques est la cause du décès par suicide. En revanche, ces données montrent que l'arrêt maladie peut être un marqueur important et fiable de l'état de santé des personnes", explique Maria Melchior, chargée de recherche à l'Inserm.

Les auteurs de l'étude estiment que les arrêts maladie signalés dans les bases de données médico-administratives pourraient permettre de renforcer le suivi médical des personnes en activité professionnelle et de mettre en place des programmes d'intervention destinés à réduire la mortalité prématurée, notamment par suicides.

Cette étude a été réalisée par des chercheurs de l'Inserm, entre 1993 et 2008, auprès de plus de 20.000 employés des entreprises Electricité de France et Gaz de France âgés de 35 à 50 ans.

Je dois être complètement parano, quelle molécule sortira-on qui sera la solution à ça? Quelle dérive sécuritaire va découler de ce constat? Cet article n'est pas à prendre à la légère, mais quelles conséquences aura-t-il?

mercredi 25 août 2010

Qui est le coupable?

Je suis allée il y a une dizaine de jours chez une personne âgée de 84 ans, toute maigre petite, ratatinée  et fripée. Elle avait une ordonnance  un peu du genre "soupe de sorcière" du blog de  Grange-Blanche . Ordonnance: statine (anticholestérol), antidépresseur (stablon), un antinauséeux et deux ou trois autres bricoles peu utiles à sa santé: chez les personnes âgées, il vaut mieux parfois garder des petits désagréments que d'avoir de grands effets secondaires.
Elle voulait retourner à l'hôpital d'où elle sortait  (avec tous les examens appropriés qui étaient revenus négatifs) "docteur, je me sens vraiment mal, j'ai mal partout, je ne mange rien, j'ai envie de vomir".  Là j'ai fait une prescription de complément alimentaire à boire: elle pesait 40 kilos toute mouillée.
Elle m'a rappelé hier: " docteur, je bois sans cesse, je ne garde pas l'eau, je veux retourner à l'hôpital".
Effectivement, elle avait un plis cutané. Le reste de l'examen était sans particularité.
" Madame, je ne comprends pas, l'hôpital ne vous a rien trouvé, il y a sûrement un effet secondaire... Je propose de vous arrêter tous les médicaments et on revoit ça dans deux jours".  Je lui ai conservé uniquement le motilium en cas de nausées, abandon de tous les autres traitements dans le doute, et ordre de manger plus salé.
Elle n'était pas contente la patiente, elle qui aurait tellement espéré un billet pour l'hôpital! Et en plus je ne lui rajoutais rien, au contraire. Elle doit trépigner et pester contre moi. Dommage pour elle, elle va subir ma présence de nouveau demain!
PS: pour les pusillanimes, ceux qui ont peur des sevrages sauvages des psychotropes, j'ai pu lui arrêter son stablon car elle ne le prenait que depuis deux semaines.

lundi 23 août 2010

Dieu est grand!

Dieu est grand! Allah...! ( je ne sais pas traduire)
Une de mes profondes déprimées qui a fait le tour des hôpitaux, y compris l'hôpital psy du coin sort de sa dépression profonde!
Il a fallu l'aide quotidienne et attentive de l'entourage, mes petites bricoles assorties d'un peu de calmant ponctuel pour qu'enfin je la trouve souriante et maquillée en face de moi, revenant de vacances et ayant quelques projets futurs, quoique timides.
Que c'est-il passé pour qu'un revirement à 180° se fasse, elle qui m'avait traité de grosse vache il y a deux moi en venant presque aux mains pour ne pas que je m'approche d'elle, cependant que tout le voisinage était à son balcon pour admirer le pauvre docteur tentant d'établir une communication avec une patiente transformée en chat sauvage agressif? Et j'avais des "fous le camp salope", et des "tire-toi" en veux-tu en voilà. En effet elle ne voulait absolument plus être hospitalisée nulle part, ne voulait plus prendre son neuroleptique " qui la mettait dans le cirage" selon elle ( qu'un hospitalier lui avait prescrit). Là on est au moins sûr que le secret médical est partagé par tout le quartier.
Quelquefois il faut savoir ne pas creuser et juste savourer le résultat; les explications viendront ensuite, quand elle aura complètement repris pied.

Pour la "grosse vache", ce n'est pas grave, il ne faut jamais croire quelqu'un en colère. Mais j'ai intensifié le régime malgré tout: ça ne peut pas faire de mal d'améliorer un peu ma silhouette.

samedi 21 août 2010

Kétamine, antidépresseur?

Je fais des bonds en lisant ça:

Par Claire Peltier, Futura-Sciences La kétamine pourrait devenir le nouvel antidépresseur efficace et surtout rapide. L’état dépressif serait amélioré chez des patients résistants aux autres traitements et ce en quelques heures seulement.

Trois millions de Français en souffrent. La dépression n’est donc pas une maladie à prendre à la légère, d'autant que beaucoup de cas ne seraient pas diagnostiqués. Il s’agit souvent d’un trouble causé ou aggravé par un ensemble de facteurs (psychologiques, génétiques, sociaux et biologiques) entraînant une sévérité de la maladie plus ou moins avancée. Il existe à l’heure actuelle des traitements psychothérapeutiques mais aussi médicamenteux qui ont pour but de régler les anomalies biologiques.

Les antidépresseurs agissent principalement sur les voies nerveuses, en favorisant le cheminement des informations nerveuses qui est en général affecté. Leur action est donc localisée au niveau des synapses, où ils améliorent le passage des neurotransmetteurs vers les neurones suivants. Pourtant, la majorité d’entre eux ont un mécanisme d’action très lent et les premiers effets ne se font ressentir qu’après plusieurs semaines ou mois de traitement. Ils doivent également être pris de façon très régulière et sur une longue durée pour que leurs effets soient optimaux.

Il n’est donc pas facile de traiter les dépressions, d’autant que près de 40% des patients ne répondent pas positivement aux traitements proposés. Des chercheurs de l’université de Yale aux Etats-Unis ont publié dans le journal Science leurs travaux sur une molécule prometteuse, déjà connue, mais dont l’usage a été détourné : la kétamine.

Cette molécule est habituellement utilisée en anesthésie, notamment sur les enfants et les patients dont on ne connaît pas le passif médical (les accidentés) puisqu’elle est efficace et sans danger. La kétamine n’est toutefois plus utilisée à grande échelle car ses effets psychotropes, recherchés par les usagers de la kétamine comme drogue, peuvent entraîner des visions proches des expériences de mort imminente.

D'après les chercheurs américains, la kétamine pourrait bien devenir la molécule miracle anti-dépression. En effet, il y a une dizaine d’années, les chercheurs du Connecticut Mental Health Center avaient constaté des effets positifs de la kétamine sur des patients atteints de dépression sévère. Près de 70% des patients résistants aux autres traitements ont vu leur état s’améliorer en seulement quelques heures. L’administration de la kétamine, par intraveineuse sous assistance médicale, était cependant un frein à l’utilisation de la molécule, de même que ses effets psychotropes.

En testant la molécule sur des rats présentant un état dépressif, les scientifiques ont montré que la kétamine avait un effet positif sur leur comportement. L’analyse plus précise du cerveau des rats au niveau du cortex préfrontal, a permis de remarquer que la molécule permettait aussi la synaptogenèse, le mécanisme responsable du rétablissement de connexions synaptiques entre des neurones endommagés par le stress chronique. Une protéine centrale de la synaptogenèse nommée mTOR serait fortement et rapidement activée par la kétamine.

Ronald Duman, responsable de ces travaux conclut que la kétamine « est comme un médicament magique : une dose produit un effet rapide et dure pendant sept à dix jours ». La découverte de son mécanisme d’action devrait permettre de développer des molécules ayant un mode d’action plus précis (en ciblant peut-être les étapes suivantes), mais tout aussi efficace.

OK, je n'avais pas bien lu, ça marche si nous nous considérons comme des rats!
La dernière dépressive en date dans mon cabinet n'y ressemblait pas du tout; cette jeune femme a un compagnon infect qui ne jure que par "les mains dans la farine" pour les femmes, et pour qui le critère de réussite du deuxième sexe est la méticulosité dans le ménage.
Evidemment lorsqu'il est à la maison il a des choses bien plus importantes à faire, réparer sa voiture, téléphoner aux potes, regarder la télé. Et quand elle arrive il l'engueule parce que le linge n'est pas repassé.
L'horrible macho! Il a fallu que je fasse un arrêt de travail à cette jeune femme qui commençait à sombrer avec ordre de prendre des vacances loin de son tyran domestique... en espérant qu'elle prenne des bonnes décisions.
NB: les molécules chimiques ne vont pas y faire quoi que ce soit dans la guérison de cette femme.

mercredi 18 août 2010

Remboursement en fonction de l'efficacité?

Par lefigaro.fr
18/08/2010

Les mutuelles voudraient pouvoir rembourser les médicaments en fonction de leur efficacité thérapeutique et non plus seulement selon le barème fixé par la Sécu. Une expérimentation est en cours.

L'expérience est pour l'instant circonscrite à quelques pharmacies. Selon Le Parisien -Aujourd'hui en France, certains professionnels testent actuellement l'application d'un nouveau barème de remboursement des médicaments basé sur leur efficacité, définie par la Haute Autorité de la Santé. Cette expérimentation était réclamée par les mutuelles qui souhaitent faire du tri dans les remèdes et abandonner le barème fixé par la Sécurité sociale et ses vignettes blanches (65%), bleues (35%) et oranges (15%).

L'objectif est «à terme de généraliser cette expérimentation» pour plus tard «faire notre métier, arrêter de rembourser à l'aveugle», affirme Jean-Martin Cohen-Solal, directeur général de la Mutualité Française dans Le Parisien. Jusqu'à ce jour impossible, l'expérience a été spécialement autorisée par la Commission nationale informatique et liberté (Cnil). Pour l'appliquer, il faut en effet avoir accès aux informations sur le «service médical rendu» par chaque médicament. Classement établi par la Haute Autorité de santé (HAS).

Remboursements à la carte

Récemment, la HAS a publié une liste de 150 médicaments qui ne sont plus remboursés qu'à 15% par la Sécurité sociale car leur efficacité a été jugée insuffisante. Or si les mutuelles sont libres de compléter les remboursements de la sécurité sociale, il n'existe à ce jour que deux types de contrats qui prennent en charge soit tous les médicaments, soit aucun. « Nous voudrions pouvoir rembourser ou non un produit en fonction plutôt de son utilité médicale», explique Jean-Martin Cohen-Solal. Selon lui, le risque est de voir les tarifs des contrats augmenter de plus en plus si les mutuelles continuent à rembourser des remèdes dont l'efficacité n'est pas reconnue par la communauté médicale.


Du côté des associations de patients, on pointe en revanche un tout autre risque. Christian Saout, du Collectif interassociatif sur la santé, estime que changer le barème des remboursements «c'est une avancée vers les couvertures maladie à plusieurs vitesses. Nous allons voir apparaître des contrats de plus en plus low-cost qui ne rembourseront que les médicaments à utilité élevée», regrette-t-il.


Moi j'aurais mon propre barême, qui est évidemment très personnel, mais qui je l'espère sera partagé par certains:
- Antibiotiques, magnésium, vitamines B ( pour les sevrages alcooliques en particulier), vitamine C, antiviraux, antihypertenseurs, antidiabétiques, protecteurs gastriques etc: remboursés.
- veinotoniques, aspégic, doliprane,: un peu remboursés.
- antidépresseurs et benzodiazépines, neuroleptiques etc. : plus remboursés.
Tout ceci sur la base " primum non nocere" qui traduit "d'abord ne pas nuire.
De plus mon but étant de réveiller les patients, qu'ils participent eux-mêmes au maintien de leur santé, il serait normal que les vitamines soient de nouveau remboursées.

J'ai par exemple une patiente qui a arrêté l'alcool avec son mari il y a quelques mois. les services sociaux s'étaient occupés de leur cas et ils ne peuvent reprendre leurs enfants qu'à cette condition. Alors ils vont au Alcooliques Anonymes pour se consolider dans leur décision. Et bien ils mériteraient bien quelques vitamines B, dont la B1 qui est anticauchemard ( l'alcool la brule). Et bien, pas remboursé, peu de moyens, alors tant pis! J'ai réussi à leur faire acheter de la levure de bière qui en contient un peu.

En conclusion je demande que les mutuelles réfléchissent par elles-même en toute indépendance ce qui devrait être mieux remboursé ou non.

mardi 17 août 2010

Bourrus de maris

Une patiente:
" Docteur, j'ai mon ulcère qui se réveille.
- Ah bon. Il s'est passé quelque chose?
- Peut-être la pizza que j'ai mangé".
Je l'éxamine, l'ulcère m'a l'air d'avoir évolué bien vite chez cette patiente que je connais bien.
" Et vous n'avez pas eu de stress ces temps-ci?
- Si docteur, nous avons fait un long voyage en voiture mon mari et moi, je tenais les cartes et mon mari n'a pas arrêté de grogner sur les autres conducteurs et sur moi qui ne savait pas lui indiquer bien l'itinéraire.  Je lui ai prédit qu'il allait me réveiller mon ulcère.
- Pour cette dernière chose, ce n'est pas un problème, vous lui offrez un GPS, super technologie, s'il a un problème de route il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même.
- D'accord pour ça, mais ça n'empêche qu'il râle.
- Vous n'avez pas vu mon compagnon! En permanence il grogne " t'as pas vu ce chauffard, il a bu ou quoi?" "Toi la mamie tu accélères" " encore des rosbifs, c'est normal que ça n'avance pas" " des africains, on croirait qu'ils conduisent une pirogue", "ah, ça, il fallait s'y attendre, des portugais!" " il l'a fait exprès, il traîne sur la file de gauche", " des bouchons, tiens c'est normal, il y a des flics"  tout le long du voyage! Et lorsque je conduis quand il a pris un petit verre entre amis il fait "chhhhh" à chaque rond-point en ce cramponant convulsivement à la poignée. Un grand moment je vous le dis.
Mais il faut les prendre comme ça, ils sont bourrus mais on sait ce qu'ils pensent! Vous n'allez pas vous mettre la rate au court-bouillon pour si peu!"

Elle en riait encore en quittant mon bureau! Je suis sûre qu'elle a fait un gros bisou à son bourru de mari quand elle est rentrée!

lundi 16 août 2010

Retour de congés

Une femme installée devant moi me déclare " docteur, je ne peux absolument plus me faire sodomiser, mon docteur me l'a défendu. D'ailleurs j'ai un certificat médical pour le prouver". Comme ça c'est clair.
Pour mon retour de ces quelques jours de vacances, ça m'a mise dans le bain d'office!

Une autre patiente: " docteur, j'ai une question un peu indiscrète, mais que risque-t-on à faire une pipe?"
La réponse: " pas le Sida s'il n'y a pas de contact avec du sang, mais la syphilis peut-être ( ça commence par des plaies creusantes et peut finir par la folie. Ramenée par Christophe Colomb d'Amérique), de l'herpès, des champignons etc."
La patiente a été au courant de tout; mais c'était plutôt pour une amie qu'elle s'inquiétait qui a une vie très légère.
Mais je pense que, plus que les maladies, c'est autre chose que l'on perd de moins physique. Mais parler d'un plan un peu plus spirituel n'est plus dans l'air du temps.
Sinon un autre patient m'a éclairée sur l'inversion des pôles qui se passerait en 2012 et qu'il fallait se préparer. Quelqu'un en sait-il plus là-dessus?

Et évidemment j'ai eu un coup de fil très classique en ces périodes de vacances: " docteur, mon dentiste m'a prescrit un antibiotique. Je ne suis pas votre patient, mais pensez-vous qu'il soit compatible avec un somnifère le stilnox?
- Oui monsieur, mais sans, ç'est mieux.
- Je ne peux pas l'arrêter, ça fait 15 ans!
- OK,  c'est compatible.
- Et avec le tranxène?
- Ah! Ca aussi?
- Oui ça fait aussi 15 ans.
- C'est compatible, mais vous savez ce que je pense".
 En gros, pour ce patient, il ne prend plus tranxène ( tranquillisant) et stilnox pour se soigner, mais pour ne pas être en manque!!!
Et ne croyez pas que c'est une exception! Quand la Sécu se décidera-t-elle à dérembourser?


samedi 7 août 2010

Taillable et corvéable à merci?

Parfois les patients m'appellent en gardes à des heures indûes pour des raisons très personnelles et importantes de leur point de vue:
En particulier j'ai eu celle-ci ce jour: " j'ai appelé mon médecin depuis une semaine, il ne répondait pas. Alors j'ai été obligée de vous téléphoner ce jour. Et je vous ai appelé à 19 heures car avant c'était mon anniversaire et je recevais du monde".
Il y a quelques années je suis tombée sur cette raison: " je sais, il est trois heures du matin mais je vais travailler dans une demi-heure et je voulais que mon fils soit examiné ( pour de l'acnée juvénile) avant de partir". Celle-là je ne l'ai pas digérée, je pense qu'elle me restera toujours en travers.
Et un jour à quatre heures du matin, un quadragénaire m'appelle " docteur, j'ai une douleur intense à la gorge, c'est épouvantable, il faut que vous veniez tout de suite". Et en me déplaçant j'ai constaté une petite pharyngite ( inflammation du pharynx).
Et je continue à être toujours gentille, corvéable et courtoise. Seulement il ne faut pas s'étonner du trou de la Sécu, tout le monde est un peu coupable, le gouvernement, les labos, les patients, les médecins, il faut balayer devant notre porte chacun.

Au fait dans mes deux consultations d'urgence d'aujourd'hui, les motifs cachés et principaux étaient " je n'ai plus de témesta"  et " j'ai besoin de rivotril ( même famille)". Comme me l'a fait remarqué mon ami, j'y suis allée, j'ai demandé 62 euros et les patients n'ont même pas eu ce qu'ils voulaient en échange!

vendredi 6 août 2010

Diabète et régime

j'interroge une diabétique de longue date sur ses habitudes alimentaires, ce que je fais assez régulièrement avec mes diabétiques qui en général, soit me disent " oh docteur, je fais très attention" ou carrément " docteur, cela me gonfle de faire attention, je veux bien vivre et ne pas me prendre la tête avec le régime, quitte à prendre des cachets".
Je commence ce jour de cette façon:
" Madame, faites-vous de petits écarts?
- Non docteur.
- Même pas de tous petits?
- C'est à dire que, enfin, il y a des pots de départ en ce moment le mardi, alors il faut bien que j'y participe un peu.
- Rien d'autre?
- ... bin... rarement on fait la fête le week-end lors d'anniversaire, alors je  ne peux pas manger différemment des autres.
- Pas d'autre péché à m'avouer?
- Quand je prépare le repas de temps en temps je mange du pain avec de la moutarde et du camenbert.
- OK. Il y a autre chose?
- A la cantine au travail on nous sert parfois des frites et des pommes de terre sautées".

Je ne vais plus oser lui poser des questions, que me dira-t-elle la prochaine fois? Qu'elle avale des pots de Nutella en cachette?
J'en ai conclu qu'elle ne faisait pas de régime. Dommage pour elle, elle en est déjà au laser dans les yeux pour décollement de rétine.

jeudi 5 août 2010

Révolution dans un village

Un de mes confrère doit aimer les challenges: il s'est installé dans un village où un de ses confrères prescrivait des antidépresseurs à 80% de sa clientèle, des neuroleptiques à gogo et des tas d'autres molécules incompatibles entre elles. C'est bien simple, il avait tellement exagéré qu'il est interdit d'exercice à vie.  Et mes confrères traditionnels sautent en l'air quand ils tombent par hasard sur ses prescriptions.
Quand un de ses patients souffrait de quelque chose, il ne retirait jamais rien de son ordonnance, mais il rajoutait jusqu'à 80 médicaments par ordonnance.
Alors mon confrère nouvel installé arrête à tout va, fait du ménage, conseille, encourage ceux qui jouent le jeu de diminuer, dénoue avec art les douleurs avec ses doigts (il a eu un diplome d'ostéo)..., rassure les familles dont les parents sont comme des zombies bavant à cause de tous les neuroleptiques ingurgités "votre père ne souffre pas d'Alzheimer, mais d'effets secondaires dûs aux neuroleptiques, on va les arrêter graduellement et vous le retrouverez".
Je devrais lui proposer d'écrire un blog, sûrement qu'il y aurait beaucoup à dire. Mais il est souriant  et détendu alors que le village est en plein émoi d'un changement aussi radical de façon de soigner. C'est sûr que la pharmacie aura un gros manque à gagner qui n'était pas prévu aussi brutalement, elle n'a qu'à se recycler dans les produits naturels!

mardi 3 août 2010

Circonvolutions

J'ai déjà évoqué dans un autre blog les circonvolutions que les patients utilisaient pour expliquer que leur instrument personnel était en panne. Celle-ci n'est pas mal non plus:
" Docteur, vous pourriez me lâcher dans un pensionnat de jeunes filles, il n'y aurait aucun dégat". Il se trouve que c'est celui qui se plaignait il y a quelques années d'une faiblesse à ce niveau-là: " et mes copines docteur, qu'est-ce que je vais bien faire avec? Elles vont se lasser". Les problèmes de coeur ont réglé le problème malheureusement pour lui.
...
Et un autre à qui je proposais de refaire sa vie m'a répondu avec une mauvaise foi avérée: " qu'est-ce que vous allez chercher là docteur! Une bonne femme! Que des problèmes. Laissez-moi donc avec mon charmant médecin (vous) et mes gentilles infirmières". Il est vrai qu'avec son traitement il ne doit plus se passer beaucoup d'évènements de ce côté-là. Pourtant ça a été un grand séducteur, même qu'il ne connait pas le nombre des enfants qu'il a dans tous les coins de France!

lundi 2 août 2010

Sécurisons tout et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes

Comment veut-on que les patients aillent bien si l'on ne leur offre que du bâton et non la carotte?
 On empêche de plus en plus à mes patients de travailler car on est dans une zone qui délocalise à tout va, et après l'on s'étonnera que les cabinets médicaux soient remplis mais pas la supérette, ni le café, ni le square.
Qu'est-ce que je réponds quand la caissière de la supérette me dit "c'est très calme"? Systématiquement " pas chez moi". Pourtant je voudrais bien avoir le temps d'aller à la piscine, de faire des risettes au Petit Ange, travailler moins pour gagner moins, pour voir le sourire renaitre sur le visage de mes patients!
Et moi ce qui me mine, ce sont les menacesde démantèlement des camps de Roms, les interdictions du voile ( qui fleurissent dans mon coin par provocation), l'état d'esprit qui s'installe insidieusement:
" Nous allons mal, la France va mal, démantelons les camps de Roms, peut-être que ..., sécurisons tout et on sera protégé, facilitons l'hospitalisation sous contrainte qui pourra se faire avec l'accord d'un seul psy et nous vivrons enfin sans risque, retirons la nationalité française au délinquants et on sera peinards dans notre beau pays etc."
Qu'est-ce que l'on va encore inventer pour sécuriser?
Au sujet des malades mentaux, les professionnels ne cessent de clamer en haut qu'une qu'une infime minorité deviennent des criminels avérés. Mais on pense sûrement là-haut que cela rassurera le bon peuple de faciliter leur internement. Il ne faut cependant pas oublier que ces malades mentaux sont des personnes en souffrances, mais avant tout des citoyens et qu'ils ont des droits. Je me réfère à cette lamentable histoire:

Il y a quelques jours, Coumba Tall a cassé des verres dans son appartement. Un mélange de maladresse et de nervosité. « Ce geste de ma mère, comme ses cauchemars, montre qu’elle reste traumatisée par ce qu’ils lui ont fait. elle voit d’ailleurs un psychologue », explique Amadou, l’un des fils de cette femme de 52 ans, victime d’une douloureuse et stupéfiante méprise le 29 juin à Rouen (Seine-Maritime).



A la suite d’une erreur de saisie informatique, cette patiente, qui quittait le centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen, a été orientée à tort vers un établissement psychiatrique. Plus grave, les ambulanciers d’une petite société privée l’ont brutalisée au cours du transport alors qu’elle tentait d’expliquer qu’il s’agissait d’un malentendu.


Le 29 juin, cette femme de ménage, en arrêt maladie à cause d’une tendinite, éprouve brutalement des difficultés respiratoires. « Ma mère est arrivée aux urgences du CHU à midi, relate Amadou. Ils lui ont fait des examens, fixé un rendez-vous avec un pneumologue puis l’ont laissée sortir. Ma sœur est partie la chercher en voiture. » En arrivant, la fille ne trouve pas sa mère dans la salle d’attente des urgences. Elle restera sans nouvelles pendant près de deux heures, loin d’imaginer que sa mère a été conduite en psychiatrie. « Deux ambulanciers sont arrivés aux urgences et ont apostrophé ma mère en lui disant qu’ils la cherchaient partout depuis une demi-heure, relate Amadou. Très insistants, ils lui ont demandé de monter à l’arrière de l’ambulance, en expliquant qu’ils la ramenaient chez elle. »


Coumba n’a aucune raison de se méfier. En chemin, elle s’aperçoit que le véhicule ne prend pas le bon trajet. La quinquagénaire proteste. « Ils lui ont dit Ta gueule, tais-toi, poursuit le fils. Ma mère a pris peur et s’est levée. Un ambulancier est passé à l’arrière et a plaqué maman au sol, un genou sur le cou, une contention totalement inappropriée et douloureuse. Elle en porte encore des traces. »


Ce n’est qu’à l’arrivée à l’hôpital psychiatrique que tout le monde s’est rendu compte de la méprise. « C’est inadmissible, nous avons porté plainte pour violences en réunion », insiste Amadou Tall, dont la mère a dû être hospitalisée après le traumatisme et consulte, depuis, un psychologue.


S’il reconnaît une « erreur », le CHU tient à se démarquer du comportement brutal des ambulanciers. « Il y a eu une faute grave, l’ambulancier a été mis à pied et est convoqué aujourd’hui pour un entretien préalable de licenciement », indique la directrice de la société d’ambulance, effondrée par un tel dérapage. « Ce n’est pas ma conception de notre métier », soupire-t-elle, préoccupée aussi par les menaces qu’elle reçoit depuis la révélation de cette histoire.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/conduite-par-erreur-en-psychiatrie-et-molestee-28-07-2010-1014440.php

les malades mentaux ne sont pas des sous-hommes!