mardi 31 mai 2011

Les mineurs vulnérables en psychiatrie

Hasard du calendrier, c’est le jour même où l’Assemblée nationale a définitivement adopté un texte de loi controversé, largement décrié par les syndicats de psychiatres, que l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a rendu public son rapport, ce mardi. 200 pages qui accablent les hôpitaux psychiatriques avec, en point d’orgue, la situation des mineurs. Vulnérables parmi les vulnérables, ils comptent notamment parmi les premières victimes d’agressions sexuelles.

En 2009, l’Observatoire national des violences en milieu hospitalier (ONVH) a ainsi recensé 23 agressions sexuelles et quatre viols. Des agressions qui résultent souvent d’un «défaut de surveillance ou d’organisation du service» et facilitées, selon l’Igas, par la mixité au sein d’unités fermées, d’autant plus forte lorsque l’accès aux toilettes et salles de douche est commun. Aussi l’organisme recommande-t-il d’éviter la mixité forcée et de permettre aux adolescents de fermer leur chambre aux autres malades, sans interdire pour autant l’accès aux personnels soignants, à l’aide d’un système de badges, comme dans les hôtels. Enfin, il préconise également d’éviter à tout prix d’accueillir des enfants et des jeunes ados dans les services où sont hospitalisés des adultes.

«Omerta» sur les viols

À ce traumatisme, s’ajoute une autre souffrance: le déni. Le rapport cite ainsi le cas, en périphérie parisienne, d’un enfant de 12 ans violé en 2008 par un autre jeune patient. Suite à la plainte déposée par sa famille, l’équipe médicale aurait décidé de mettre fin à l’hospitalisation de la victime pour «manque de confiance». Des traitements dégradants sont également évoqués tels que celui, en Guyane, d’un jeune autiste de 11 ans, victime lui aussi d’agressions sexuelles et enfermé dans une cage grillagée censée le protéger des autres malades. Un cas qui fait bondir M’Hamed Sajidi, président de Vaincre l’autisme. «C’est pour l’enfant une totale régression que l’on mettra des années à rattraper», explique-t-il avant de dénoncer de manière plus générale une «omerta» quant aux viols, les médecins et le personnel craignant pour la réputation de la structure.

Chef d’un secteur de pédopsychiatrie en Alsace, Edmond Perrier qualifie les faits rapportés par l’Igas d’ «hyperexceptionnels». «C’est inconcevable que des jeunes enfants se retrouvent avec des adultes.» S’il ne nie pas l’existence d’agressions sexuelles, qui ne sont «pas propres, à l’institution psychiatrique, loin de là», il confirme en revanche «qu’à chaque accusation, une plainte a été déposée et le plaignant soutenu».

Lui perçoit davantage à travers ce rapport «une instrumentalisation de la psychiatrie», en relation directe avec «un climat sécuritaire». «On jette le doute sur la profession. En partant de cas particuliers, de faits divers, on joue sur les peurs. Or, termine-t-il, n’oublions pas que les premières victimes de la violence, ce sont les malades eux-mêmes et leurs familles».

Une de mes jeunes patientes anorexique toute mignonette m'a raconté son  séjour en psychiatrie: " j'ai vu des choses que je n'aurais pas dû voir: un autre patient se masturbant devant moi. Quand je rencontrais le psychiatre cinq minutes par semaine, la seule chose qu'il savait dire était " si tu ne manges pas, tu retournes dans ta cellule d'isolement".  Dans celle-ci  justement je n'avais rien,  hormis quelques livres. La lumière du soleil ne venait pas jusqu'à moi car un cache avait été mis. Un jour je n'ai pas voulu rentre dedans car je devenais claustrophobe: on m'a plaquée par terre et fait une injection. J'en avais tellement marre que j'ai fini par remanger pour sortir. Mais parents prenaient des nouvelles mais les infirmières  répondaient toujours à ma question concernant leurs appels: " vos parents n'appellent jamais". J'ai utilisé de subterfuges en faisant télephoner les amis d'une copine qui bénéficiait d'une surveillance minime, et enfin j'ai pu avoir de leurs nouvelles par personne interposée. Ils ne l'ont jamais su".

J'imagine que les menaces prodiguées généreusement par le psy se voulaient thérapeutique... Tout le monde ne se plaint pas, ma patiente est en train de se reconstruire mais sa confiance dans les médecins est émoussée. C'était bien que le rapport de l'Igas mette les pieds dans le plat.
http://www.20minutes.fr/article/733964/psychiatrie-mineurs-vulnerables-parmi-vulnerables




champix déremboursé!

Xavier Bertrand annonce la fin du remboursement



A l'occasion de la Journée Mondiale sans tabac, le ministre de la santé Xavier Bertrand, sans attendre les conclusions à venir de l'Afssaps, a annoncé sur France 2 que le Champix ® ne fera plus partie des médicaments remboursés pour arrêter de fumer : "il y a des questions qui sont posées sur le Champix, donc j'ai décidé qu'il ne serait plus pris en charge par l'assurance-maladie", selon les propos du ministre relayés par le site 20minutes.fr. "Il n'a pas apporté la preuve d'une efficacité supplémentaire. Dans ces cas-là, ce qu'on remboursera, ce sera les patchs et notamment les gommes", a-t-il ajouté.

Si cette décision est mise en application, ce qui est probable, comment réagiront les tabacologues et médecins généralistes, sachant que ce médicament ne sera plus du tout remboursé ? Il est probable qu'ils réorienteront leurs prescriptions éventuelles vers les substituts nicotiniques, voire vers le Zyban ®, même si le rapport bénéfices-risques de ce médicament est également contesté : il s'agit en effet d'un médicament "amphétaminique dont les effets indésirables sont disproportionnés par rapport à son efficacité incertaine et au mieux très modeste dans l'aide au sevrage tabagique", toujours selon la revue Prescrire. Il fait d'ailleurs également partie de la liste des médicaments sous surveillance renforcée de l'Afssaps.
http://news.doctissimo.fr/tabac-le-champix-medicament-conteste-et-bientot-derembourse_article7988.html

C'était la bonne nouvelle du jour! Avec combien de patients je me suis battue pour ne pas le prescrire! Et quelle réputation j'avais dans le village " le docteur Vincent ne veut pas soigner". J'essaie de les soigner aux petits oignons mes patients, et aussi en sachant dire " non", ce que malheureusement nous n'avons pas appris en fac.

Au fait, le patient qui prenait des somnifères, un antialzheimer, des benzodiazépines à forte dose, et chez qui j'ai tout arrêté un peu vite: il va bien! Il s'est plaint pendant la consultation de dormir mal puis a conclu: " de toute façon ce n'est pas la peine que je prenne un médicament qui me rende dépendant".

dimanche 29 mai 2011

Un de mes jeunes patients, après avoir traversé une phase très rondelette pour laquelle il se faisait suivre par un homéopathe s'est à maigrir sans raison;  mois après mois la balance affichait des chiffres décroissants, de 90 kg à 48 kg. De plus il avait des malaises s'accompagnant  de douleurs abdominales. La Bérézina.
 Alors je l'ai envoyé chez moult spécialistes, fait hospitalisé une fois ou deux. Et le jeune homme s'est mis à aller un peu mieux avec la médecine chinoise ( qui coûte les yeux de la tête et non reconnue en France. Et il a loupé son année d'étude.
Et tout ce temps j'ai soupçonné des allergies, une intolérance au lait, au gluten, une anorexie non dépistée etc.

Quand je l'interrogeais sur son alimentation au début: " docteur, je maigris pourtant je mange des pizzas, des pâtes...
- Ne pourriez-vous pas faire un mois sans pain, ni pizza, ni pâtes, ni gâteaux pour tester l'allergie au gluten?
- Non docteur, j'aime trop ça".
Toutes les deux ou trois consultation je remettais ça sans succès.

Il est revenu la semaine dernière: " au fait docteur, vous aviez raison pour le gluten, mais ce n'est qu'une petite allergie".  Mais une toute petite qui lui a provoqué un echec scolaire.

Et hier j'ai vu un adorable bambin de deux ans chez qui j'avais arrêté le gluten pendant un mois  pour douleurs abdominales et stagnation de la courbe de poids. Il est allé mieux progressivement. Voyant que son enfant allait bien, la maman ne s'est plus soucié du gluten: le premier jour de la réintroduction des plaques sont apparues sur tout le corps. A la prise de sang: allergie historique. Ca mérite un détour chez le spécialiste

jeudi 26 mai 2011

étude hypergay

Bientôt à l'hôpital Saint Louis démarre une étude très sérieuse: l'étude hypergay.
Le but: déterminer si les antiviraux sont efficaces en prévention d'un rapport non protégé.
Elle se déroulera sur plusieurs années. Les volontaires homosexuels sains devront prendre un antiretroviral une heure avant chaque  rapport à risque.... enfin pour ceux allergiques physiquement ou intellectuellement au préservatif.

Quand j'ai entendu le titre mon premier geste a été de sourire, puis de réflechir: on va donner un antirétroviral  à des personnes saines, avec tous les effets secondaires que cela peut engendrer. Limite limite.

lundi 23 mai 2011

Sincère ou pas?

Un visiteur médical entre " Bonjour, je viens vous présenter mon dernier antidépresseur, le Relèvevit.
- Bien, qu'avec vous à me dire?
- Le Relevit est plus efficace qu'un autre, cette étude Z le prouve mais je ne peux que vous la montrer, pas vous la laisser". Il me montre quelques pages indigestes et quelques courbes sur lesquelles je me précipite: on y voit le profil de douze antidepresseur sur trois mois, je n'en connais pas quelques uns  ( le nom est en DCI: dénomination commune internationale) car le visiteur a écrit le nom commercial des autres.
" Et ça, cela correspond à quoi?
- Je ne sais pas, j'ai marqué certains.
- Je vais regarder sur internet... vous savez que cette molécule-là  n'est pas commercialisée en France?
- Ah.
- Et le zyban? Vous l'avez mis?
- C'est un antidepresseur docteur".  Je ne vais pas ajouter qu'il est supposé faire arrêter de fumer, pas contre la déprime, je ne veux pas être casse-pied à ce point.  N'empêche, c'est génant.
Je le chipote jusqu'au dernier, il ne  connait pas les noms commerciaux  et je dois chercher tout dans le Vidal.  Je lui propose de les noter parce que " si cela se trouve il tombera sur un médecin comme moi qui l'embêtera autant".
Puis  il ajoute:
" De toute façon ce n'est pas important, vous prescrivez le Relèvevit le plus souvent!
- Je suis désolée, je n'ai jamais initié un traitement antidépresseur".
Et là commence la conversation habituelle "et vous faites quoi? " " Vous savez bien que la dépression peut toucher les classes très favorisées comme les pauvres"....

Je lui explique le coaching appliqué à la dépression : " s'il existait une personne qui puisse à la fois jouer le psychologue, l'assistante sociale, le juriste, le médiateur  et un peu le curé éventuellement , bref une personne qui prend soin de la personne en souffrance, beaucoup de choses se règleraient et il y aurait moins de recours à la chimie".
Et sa réponse " mais c'est un médecin qu'ils veulent".
La raison est qu'on leur a appris à consulter le médecin pour le moindre bobo de la vie; cela s'appelle la médicalisation des émotions.

En fin de présentation il finit: " J'avoue docteur que je ne crois aucunement en l'efficacité de ces produits mais que c'est mon travail. Il fallait donc que je vous dire que le Rélèvevit se décline en dix et vingt mg".
Est-il sincère ou juste vendeur? S'il lit mon blog j'attends sa réponse.

dimanche 22 mai 2011

Il y une habitude bien de chez nous, c'est celle de crier "oh mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu" devant un scandale  qui couvait depuis des années. Il parait que DSK était connu à Sarcelles pour avoir une vie sexuelle agitée ( parole de patient),  et tout le monde se la fermait.
En fait j'avais décidé de ne pas évoquer ce sujet avant que la justice ait statué.

Mais c'est la même chose pour le Médiator: depuis trente ans il est prescrit comme coupe-faim, des patients se refilent l'adresse des prescripteurs en espérant perdre leurs rondeurs. ( A ce propos ma question première à ces dames bien en chair " cela gène-t-il votre mari", et elles répondent invariablement " il s'en fout mais moi non").

Et parlons aussi du prozac: le chauffeur de lady Di en prenait le jour J. Ce médicament est déshinibant et peut favoriser certaines compulsions fâcheuses. Et qu'en est-il de la conduite automobile sous benzodiazépines? Dans quelques années on criera Au Scandale, tout le monde le savait  "sans vraiment le savoir".
Un peu comme une femme trompée depuis des années, qui s'en doute, mais qui prend la mouche lorsqu'elle lit un SMS peu équivoque sur le portable de son mari.

Et ainsi va la vie. Mais j'aurais fait mon livre et mon petit blog pour apporter ma contribution.

jeudi 19 mai 2011

Neuroleptique d'obéissance

Je suis allée chez un patient que je vais être amené à voir épisodiquement; il se tenait couché en chien de fusil sous une ample couverture. J'ai pensé à un enfant ou un éventuellement un  chien caché dessous , mais son épouse m'a détrompée: " il ne fait que 37 kg docteur, il est là". Et un peu plus tard : " je vous ai appelée car il dort toujours".
Ca c'était pour l'anecdote. Ce qui m'a mise en pétard est ceci: il est rentré à l'hôpital avec un traitement antiépileptique, deux antidépresseurs, un anti-alzheimer et un antiépileptique, il en est ressorti avec un autre traitement pour l'Alzheimer, de la morphine, et un neuroleptique. A la rigueur peut-être les médecins avaient-ils des bonnes raisons à eux de transformer le traitement, mais je suis tombée sur la lettre envoyée au médecin traitant et y ai lu mot pour mot:  " devant le refus catégorique du patient de prendre ses comprimés, du risperdal ( neuroleptique) en goutte a été introduit, et actuellement il n'y a plus de problème de prise médicamenteuse".  Heureusement l'épouse du patient n'a jamais su se servir du flacon compte-goutte et il n'en prenait plus depuis trois jours! Idem pour la morphine, le timbre était tellement petit qu'il a dû  glisser et tomber par terre.

Mamie ne veut pas prendre ses cachets? Neuroleptiques! Tellement simple.

mercredi 18 mai 2011

plus de remplaçant!

Je n'ai plus de remplaçant! Ca va pleurer dans les chaumières de Stroumpfville car il était extrèmement apprécié. Seulement il avait une voiture puissante dont il aimait faire vrombrir le moteur en tout lieu et le radar a juste fait son travail. Il m'a appelé en me prévenant de sa suspension de permis imminente.
" Mais tu peux peut-être acheter une voiture sans permis?
- J'aurais l'air de quoi?" m'a-t-il répondu en se marrant à moitié, mais plutôt jaune.
Je n'ai pas osé lui lancer ma blague concernant les hommes et les petites voitures ( le contraire des hommes qui ont une grosse voiture et une petite...) , c'est déjà assez difficile à digérer pour un homme amoureux de sensations fortes  liées à la conduite automobile sportive. Mais si ça se trouve il va lire mon blog :)

mardi 17 mai 2011

Elève du docteur Knock

Mes patients sont tous mignons: l'un d'eux m'a parlé de son nerf culinaire  (nerf cubital, au niveau du coude) qui le faisait tellement souffrir, l'autre avait des problèmes de hernie natale ( hiatale) qui lui provoquait des remontées acides.

Une de mes patientes toute jeune est allée se faire faire une radio des poumons pour une bronchite et les yeux dans les yeux le radiologue lui a commenté les clichés: " Tout va bien; vous pouvez continuer de fumer tranquille en attendant le cancer. Bah, je rigole! En tout cas votre colonne est foutue, elle est pleine d'arthrose".  Il serait digne des enseignements du docteur Knock,  lui qui prétend " tout bien portant est un malade qui s'ignore".

lundi 16 mai 2011

Ma Dalton

Je pense que je n'avais pas raconté cette anecdote: une de mes patientes presque nonagénaire, marchant avec difficulté avec sa canne, était en train d'ouvrir sa grille lorsque deux individus se sont introduits dans son jardin en courant et en criant: "il y a une inondation dans le chantier d'à côté, il faut couper l'eau.
- Attendez messieurs, je me déplace difficilement."
Et pendant qu'elle se dirigeait vers son robinet, l'un d'eux a pénétré dans la maison sans y être invité, alors que l'autre restait auprès d'elle. Elle a voulu voir ce qu'il trafiquait, puis comme il avait ouvert les placards elle a tenté de prendre sa montre alarme (normalement c'est pour alerter les voisins en cas de chute ou autre bricole non prévue). Ils se sont plantés en face d'elle, lui interdisant d'y accéder. Mais ma patiente avait de la ressource: elle appuyé sur le gros bouton rouge de la base qui a émis une sirène, et là tout le monde a décampé. bilan: une montre alarme cassée et c'est tout!
Mais seulement maintenant elle se promène avec un pistolet alarme sur elle, avec un autre caché dans la pièce, celui-là vrai pour le coup, mais sans balles. je l'ai surnommée " Ma  Dalton".
N'a-t-elle pas de la ressource ma patiente?! Ou est-ce ses 40 ans de gardienne d'immeuble à Paris qui l'ont rôdée?

dimanche 15 mai 2011

exit docteur Cravate , vive doc Sancravat!

le docteur Cravate a tombé la sienne! Désormaix il se nommera doc Sancravat. Il faut croire que certaines bricoles dont on est victime peuvent changer une personne. Comme m'a dit un patient qui a fait un infarctus il y a dix ans: " je vois maintenant les choses avec plus de recul, je prends mon temps et mets plus l'accent sur les priorités. Le même patient a, grâce à sa philosophie réussi à ne pas tomber à l'annonce d'un cancer il y a quatre ans. Chance: le cancer était parfaitement opérable et il ne reste aucune séquelle. Mais il n'empêche: il doit se faire suivre régulièrement depuis tout en travaillant et avec une vie de famille.


mardi 10 mai 2011

crise du médicament

Plus de 3 Français sur 4 (77%) estiment que le Mediator n’est pas un cas "exceptionnel et limité à ce médicament", mais une "défaillance globale du système", selon un sondage TNS Sofres pour la Mutualité française publié mardi. Ce chiffre "est en hausse de 8 points par rapport à une précédente étude réalisée au mois de janvier 2011", relève la Mutualité française dans un communiqué.

"Les résultats de ce sondage montrent que l’inquiétude des Français envers la sécurité des médicaments, qui s’est accrue pendant l’affaire du Mediator, est désormais profondément ancrée dans l’opinion", estime-t-elle. Deux personnes interrogées sur 3 (63%) ne font pas confiance à la capacité des pouvoirs publics à éviter des affaires similaires à celle du Mediator.

Plus de 8 Français sur 10 (84%) pensent que les patients ne sont pas suffisamment informés et plus d’1 sur 2 (54%) estime qu’il en est de même pour les autorités politiques. 87% des personnes interrogées sont par ailleurs favorables à l’idée de réduire l’influence des laboratoires pharmaceutiques sur les professionnels de santé.

Presque aucun de mes patients n'a été surpris de cette crise du médicament, et pour cause: régulièrement une partie de la consultation est consacrée à chercher les effets secondaires. Ils ont l'habitude et cela leur fait changer parfois de médicament ( pour la tension, le diabète ou autre), parfois ils sont amenés à reconsulter leur spécialiste, ou nous estimons le patient et moi que les effets secondaires sont moindres que les bénéfices. C'est qu'on réflechit chez moi :)

lundi 9 mai 2011

Modèle Minnesota

Aujourd'hui je voudrais faire un peu de pub pour un centre qui se bat autant qu'il peut pour continuer à fonctionner; c'est un centre de post-cure pour toutes les addictions qui sort du modèle accepté et reconnu ( médoc, hospitalisations, groupes de parole, médocs, suivi psychiatrique pour suivre celui de Minnesota:
Les résultats ne sont pas mauvais du tout, néammoins ça dérange: le prix de journée est de moins de 30 euros alors que l'on dépense tellement à filer autant de médocs et on utilise un personnel hautement qualifié, ce qui coûte cher.
Alors en France, il n'y a que deux centres fonctionnant sur ce système, l'un d'eux ayant acquis le statut de centre expérimental.

Je ne serais pas plus virulente que ça,  car certains de mes patients ont réussi à se guérir de leur alcoolisme... en prenant en échange des antidépresseurs et des anxiolytiques ( garantis moins gouteux et gouleyant).

Le modèle Minnesota:

Le modèle Minnesota approche la problématique de l'addiction comportementale en tant que maladie, dont les symptômes sont la perte de contrôle, la dépendance psychique et physique. L'aspect primordial du traitement est centrée sur les mécanismes de la dépendance, et non la cause ou la pathologie sous-jacente  souligne l'importance de déterminer des priorités lors du traitement de l’addiction, et considère que l'abstinence constitue la base fondamentale pour la continuation du traitement. Comme dans la psychoanalyse, la dénégation et la résistance sont mises à jour, sans toutefois en rechercher les causes (au contraire de l'analyse). Après un certain temps d'ailleurs, l'attitude vis-à-vis du produit d’addiction ou du comportement addictif acquiert une autonomie fonctionnelle .

 
Dans la mesure où elle est approchée comme une maladie chronique, des buts thérapeutiques sont assignés à la problématique de la dépendance, en termes de réhabilitation (ou rétablissement) bien plus que de guérison. La relation patient-accompagnant  est un rapport de collaboration, qui vise un changement de style de vie. En vue du but à long terme à atteindre - apprendre à vivre avec la dépendance - la famille et l'entourage du patient sont associés au traitement. Cette problématique chronique implique également une vigilance à vie et le maintien de l'abstinence.

La théorie du Modèle Minnesota est que la dépendance est une maladie physique, mentale et spirituelle. Ce point de vue holistique débouche sur une approche multidisciplinaire. A côté des problèmes physiques et psychiques, le Modèle Minnesota souligne également une dimension spirituelle, sans s’inscrire dans une philosophie religieuse particulière. Cette dimension aborde au contraire la question du sens comme composante essentielle de la lutte contre la dépendance. L'expérience extrême ou l'expérience émotionnelle forte sont centrales à cet égard, comme on l’a vu précédemment avec Maslow (1970). Dans le cadre de la problématique de la dépendance, la question de la dimension existentielle de l'existence (c'est-à-dire la confrontation avec les vulnérabilités et les limitations) et de la problématique du sens (goal setting) se fait jour.




vendredi 6 mai 2011

Le chasseur, le lapin et la procéation

 
Un nouveau patient bien mal en point et son épouse sont en recherche d'un nouveau médecin:
" Nous avons confiance en notre ancien médecin que nous avons gardé  ans. Malheureusement il est parti en retraite et nous voudrions vous prendre."
Le traitement me parait bien lourd et le patient pas stabilisé du tout. Il est encore jeune et son épouse a 39 ans. Il me fait le récit de tous ses malheurs puis enchaîne sur les enfants:
" Nous aurions voulu avoir un enfant mais le ciel ne l'a pas voulu.
- Avez-vous cherché s'il y avait un problème éventuel?
- Mon épouse oui, mais quand j'ai demandé si je pouvais faire des examens moi-même mon médecin m'a répondu: "Ce n'est pas la peine monsieur, tous les hommes possèdent le même nombre de spermatozoïdes. Un couple c'est comme un chasseur et un lapin: quand celui-ci se réfugie dans son terrier le chasseur ne peut pas le tuer, quand il ne lui montre pas sa tête c'est difficile aussi, par contre dés qu'il sort du terrier il faut savoir tirer""
Le prochain examen que ce sympathique, quoique dans un état pitoyable, recevra,  sera un spermogramme.

mercredi 4 mai 2011

Grrrr

Je croise une patiente à la boulangerie: " dites docteur, mon gynéco est parti en vacances. pourriez-vous me dépanner d'une boite d'évista?
- Non madame, il y a trop d'effets secondaires.
- ( elle se recule en levant le bras, l'air faussement apeuré) Je m'y attendais, j'étais sûre que vous ne voudriez pas mais je tentais ma chance.
- Madame vous n'avez qu'à lire la notice, il y a des risques accrus de phlébites.
- Mais je n'ai pas de phlébite docteur. Puis c'est mon gynéco qui me l'a prescrit.
- Vous savez qu'il y a d'autres traitements efficaces?"

Les patients font ce qu'ils veulent mais qu'ils ne me demandent pas de cautionner. Il se trouve que j'ai assisté à une soirée médicale concernant Evista et que cela ne m'a pas convaincue du tout. (En gros j'ai mangé à leur santé et ils n'ont pas eu de retour sur les ventes).  Selon le magazine Prescrire en plus, il parait que cela ne serait pas mieux qu'un traitement hormonal pour la ménopause ( que je prescris au compte-goutte).

dimanche 1 mai 2011

De la terre dans son cabinet!

Un de mes patients travaillant sur des chantiers est allé voir un grand ponte dans un CHU en consultation privée il y a quelques mois pour un problème assez sérieux. Celui-là lui avait promis qu'il le reconvoquerait pour un traitement approprié à sa pathologie. Les mois ont passé et le patient ne voyait rien venir. Son épouse a alors pris les choses en mains et m'a demandé de lui écrire une lettre, chose que j'ai faite.
Le grand ponte l'a convoqué suite à cela et mon patient a eu un deuxième rendez-vous par la suite; il a profité de sa pause-repas pour quitter son chantier. Autant dire qu'il n'était pas complètement impeccable .  la  fois suivante  il l'a reçu dans le couloir en coup de vent en lui expliquant: " vous m'avez mis de la terre la dernière fois dans mon cabinet alors vous ne pouvez pas entrer" et il lui a promis encore une fois qu'il le ferait convoquer.

A ce jour aucun coup de fil de la part de la secrétaire,  avec un grand-de-chez-grand qui traite le problème de mon patient par dessus la jambe. Et comme parfois je me retrouve avec un patient assez grave complètement démunie.