dimanche 31 octobre 2010

télémédecine

27 octobre 2010

La CNIL a rendu le 3 juin son avis sur le projet de décret qui définit la télémédecine. Elle s’est notamment prononcée sur les modalités de réalisation des actes, les mesures de sécurité qui doivent être mises en œuvre et les modalités d’information et de recueil du consentement des personnes concernées. Le décret « télémédecine » a été publié le 21 octobre 2010.

La télémédecine, qu’est ce que c’est ?

La télémédecine peut être définie comme une pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication.

Il peut s’agir :

-d’une téléconsultation qui permet à un patient de requérir à distance l’avis d’un médecin,
-d’une télé-expertise qui permet à un professionnel médical de solliciter l’avis d’un ou de plusieurs professionnels médicaux (échanges entre médecins pour arrêter une thérapie),
-d’une télésurveillance médicale, c’est-à-dire, un acte de surveillance ou de suivi par un professionnel médical qui interprète les données de suivi (dialyse à domicile),
-d’une téléassistance médicale qui permet à un médecin d’assister à distance un autre un professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte de soins (ex. télé chirurgie),
-ou, de la réponse médicale donnée dans le cadre de la régulation médicale (permanence des soins et urgences) entre également dans le champ de la télémédecine.

Le dossier du patient, et la fiche d’observation détenus par le professionnel médical intervenant dans le cadre d’un acte de télémédecine, doivent mentionner : le compte-rendu de l’acte, les actes et prescriptions réalisés, l’identité des professionnels participant, la date et l’heure de l’acte et les éventuels incidents techniques.
http://www.medialibre.eu/4054/la-telemedecine-mieux-encadree

Tant que l'on prend la télémédecine pour une communication téléphonique améliorée, le concept ne me dérange pas. Si l'on y met une notion d'argent... depuis seize ans je dispense mes bons conseils au téléphone gratuitement " docteur, je suis en retard de deux jours qu'est-ce que je fais?" " docteur, je suis enceinte de deux mois et je saigne", " docteur je me suis méchament coupé sur la main, que me conseillez-vous?" etc. toute la journée. Je pense que je suis trop bonne poire: dorénavant les patients vous allez payer chaque conseil qui sortira de ma sage bouche.
D'autre part les conseils par téléphone ont leur limite: il faut être face à un patient, l'ausculter, le toucher, voir ses mimiques pour faire un diagnostic le plus sûr possible. La télémédecine, je le répète n'est qu'un téléphone amélioré: je suis d'ailleurs en réseau avec l'hospitalisation à domicile HAD concernant une patiente et ils m'envoient leurs conseils sur internet, il n'est évidemment pas question d'argent mais de coordonner les soins.
Quelqu'un pourra peut-être me donner la référence du film d'anticipation où le héro téléphone à une machine pour lui confier ses états d'âme et elle lui répond "qu'il est un bon garçon et qu'il ne pensait pas mal faire", et elle tient le même discours à chacun qui l'appelle.
Donc faire gaffe aux dérapages comme d'habitude.

vendredi 29 octobre 2010

Lapsus...

Nos politiques ne sont pas les seuls à faire des lapsus:
Un patient en me parlant de son cholestérol:  " docteur, il a bien baisé".  Dans ma famille l'on avait l'habitude d'employer la maxime "glissé mortel n'appuyez point", je l'ai relevé direct, d'autant plus que le patient avait un tout petit peu l'air géné: " C'est rigolo, un lapsus comme notre ancienne ministre et ses inflations". Ca a tout de suite détendu l'atmosphère!

jeudi 28 octobre 2010

Des poux!

Une patiente m'amène sa fille en consultation: " docteur, ma fille a son nez qui coule, elle se gratte en plus la tête.
- N'aurait-elle pas des poux?
- C'est ce qu'on a regardé avec le mari, mais on n'en trouve pas un. On a reçu un mot de l'école disant que notre classe était infestée alors on regarde. Je pense que c'est psychologique, qu'elle a développé une manie de se gratter.
- Je vais quand même regarder madame, je suis une obsédée des poux depuis que mon petit Ange en a attrapé à un an".
J'en ai trouvé! Plutôt des lentes, mais bizarrement pas au bon endroit, pas à 6 mm environ de la racine, environ à 5 cm. La maman était toute penaude mais elle ne savait pas que j'étais une très bonne chasseuse de poux, à défaut d'autre chose.
Par contre je lui ai conseillé les produits naturels, l'épouillage manuel, et la goutte de lavande au dessus des oreilles, réputée pour éloigner les poux. Car, parait-il des résistances se développent concernant les traitements anti-poux et je ne les conseille qu'en dernière intention, surtout chez les enfants aux longs cheveux.

mardi 26 octobre 2010

Il me faut un scanner

Il y a quelques mois j'avais eu des soucis avec une patiente: elle avait reçu une prescription  d'hypocholestérolémiant  par un spécialiste (je n'étais pas au courant), et comme elle n'avait pas tout compris, elle m'avait demandé quoi faire avec son cholestérol, et j'ai fait une ordonnance similaire. Heureusement que la pharmacie m'a prévenue: j'ai rectifié le tir.
Aujourd'hui elle revient d'Etrangie où elle passe sa retraite. Elle y est tombée il y a trois jours. Elle vient me consulter en compagnie de sa fille:
" Docteur, ma maman est tombée il y a quelques jours et il lui faut un scanner cérébral. Elle a aussi mal au dos et   il lui faut aussi un scanner du dos.
-Vous n'avez pas vu le médecin le jour  même?  
- Non, mais elle a toujours mal.
- Mais madame, on ne fait pas des scanners     comme ça! Les irradiations! Quelques fois ce n'est pas utile, c'est pour ça qu'il faut consulter, moi ou un étranger, ce n'est pas un problème, mais un médecin c'est utile.
- Mais on a déjà pris les rendez-vous!"
Pendant l'échange avec la fille je regarde la mère qui répète sans cesse " moi mal là". Elle n'a pas l'air de comprendre ni parler le français. Bizarre, d'autant plus qu'elle parlait mieux il y a un an. 
Je lui demande au moment de l'examiner " Pouvez-vous vous asseoir sur le divan s'il vous plait?" Alors elle monte dessus, se met un moment dans la position du caniche, puis s'allonge sur le ventre, alors que le dossier était relevé! Je demandais à la fille " mais aidez-moi!" mais pudiquement celle-ci ne regardait pas dans la direction où sa mère était encore en combinaison et en difficulté.
Enfin elle s'est assise. Le bilan neurologique n'étant de surcroît pas très bon ( l'épreuve du doigt-nez) j'ai accepté de prescrire le scanner cérebral.   
Quand je lui ai demandé le nom du président français elle a répondu " le petit?" C'est bon, j'accepte.     
Il faut malgré tout éliminer l'hématome sous-dural (hémorragie dans l'espace méningé) ce qui n'est pas si rare après une chute.                                                       

lundi 25 octobre 2010

Ce soir un patient m'appelle: " Docteur, puis-je vous voir ce soir? J'ai fait une radio, je voudrais vous la montrer.
- Cela ne peut-il pas attendre monsieur, il est tard.
- Non docteur c'est urgent".
Bon, je vais le recevoir.
Je le reçois à 20h30. Le patient souffre de "bricoles". Il aurait peut-être  pu attendre demain matin.
Et il me fait la reflexion, tout candide, en repartant: " Mais vous finissez à quelle heure le soir? Vous consultez tard!"
Je n'ai pu m'empêcher de lui repondre que s'il n'était pas venu, je serais partie un quart d'heure plus tôt. C'est tout bêtement vrai et lapalissadesque!

Patients suspicieux

 Seuls 40% des patients à risque sont déjà vaccinés contre 80% d'habitude à la même époque.

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière ne connaît pas le succès traditionnel. Selon les chiffres que s'est procurés Europe 1, à peine 40% des patients à risque - les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants, et les personnes fragiles - sont déjà vaccinés contre 80% habituellement à la même période de l'année. En cause, la défiance contre la grippe H1N1 dont la souche a été intégrée au vaccin.

"Une grosse réticence vis-à-vis du vaccin H1N1"
"La plus grosse crainte, c'est que dans le vaccin de cette année, il y a à la fois la grippe saisonnière et la souche de la grippe H1N1", explique Grégoire Chouraki, pharmacien à Tourcoing. "On s'aperçoit que les gens sont favorables à un vaccin contre la grippe saisonnière mais ont une grosse réticence vis-à-vis du vaccin H1N1. Ils ont l'impression que l'an dernier ils se sont faits vacciner pour rien" et ne veulent pas recommencer cette année, analyse le pharmacien.

Pour Bruno Lina, le directeur du centre national de référence de la grippe, les patients sont devenus très méfiants. Ils ne croient plus en l'efficacité du vaccin et sont très réticents à se faire piquer. "Les médecins passent plus de temps que d'habitude à expliquer l'intérêt de cette vaccination", indique-t-il.

Beaucoup de patients viennent en consultation avec des idées reçues erronées sur le vaccin, notamment la dangerosité de la souche inactivée du H1N1, explique Bruno Lina. Face à ses idées, "les médecins sont démunis", s'alarme-t-il.

Certains spécialistes avaient prévenu l'an dernier du risque de tenir un discours trop alarmiste face au virus H1N1. Aujourd'hui, les patients ont plus peur du vaccin que de la grippe elle même. Le problème, dit Bruno Lina, c'est que pour des personnes à risques; ne pas se vacciner peut être dangereux. Chaque année, rappelle-t-il, la grippe saisonnière tue 2.000 à 3.500 personnes.

Je vis cela tous les jours ou presque dans mon cabinet: il faut que je dédramatise le vaccin tout en restant neutre afin de leur laisser le pouvoir de choix éclairé. Mes premières réticences envers le vaccin antigrippal datent de 2000, je venais de m'installer et j'ai pratiqué une injection à une personne âgée et le type est décédé trois jours après. Ce n'était peut-être qu'une coïncidence mais cela refroidit sérieusement. Je reste quand même neutre.

samedi 23 octobre 2010

Parents toxiques

Un ami m'a relaté cette histoire qui ne me plait pas du tout: sa mère est nourrice agréée et elle a hérité d'un enfant de deux ans doté d'une certaine réputation. Il a été viré déjà de quatre nourrices, intenable, soupçonné autiste.
Il se trouve que ses parents sont très particuliers: il leur arrive d'oublier l'enfant, ils reviennent le chercher régulièrement en retard et prennent des vacances en le laissant à la nourrice. D'autre part ils tiennent à savoir exactement par le menu  l'emploi du temps de l'enfant, ce qu'il a mangé, avec quoi il a joué, s'il est allé aux toilettes etc. Autant dire que les rapport avec la nouvelle nourrice se tendent de jour en jour.

Pour tenter de comprendre leur enfant si difficile ils l'ont emmené consulter un pédopsychiatre et le diagnostic est tombé: dépression grave.
Pauvre enfant! Les parents ne pourraient-ils pas se soigner à la place?

Cela me fait penser à un film, où un pédiatre en réponse à des parents angoissés d'avoir une fille pleine de tics ( et extrèmement dirigistes) dit:  " Foutez-lui la paix!  Laissez-la  manger du Nutella, le mercredi laissez-la se gaver de télé, de ce qu'elle veut, c'est son temps".

En tout cas la nounou est tranquille avec moi: la seule chose qui m'intéresse est le sourire de mon enfant quand je le dépose et que je le reprends de chez Tata. Et très accessoirement le temps de sommeil.

La thérapie génique au secours des dépressions graves

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé (...) Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé porte le Soleil noir de la Mélancolie", soupire Gérard de Nerval dans son poème El Desdichado ("le déshérité"). En écho, Baudelaire, dans son Spleen, décrit les affres de "l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis", où "l'Angoisse, atroce, despotique (...) plante son drapeau noir".

 Les poètes et les peintres, dont les états cafardeux ont maintes fois inspiré la veine créative, jugeraient sans doute que l'étude américano-suédoise publiée dans l'édition du 20 octobre de la revue Science Translational Medecine manque furieusement de romantisme. Ce travail laisse entrevoir - de façon encore très préliminaire - la possibilité d'une thérapie génique des dépressions sévères.

Cette stratégie curative, consistant à remplacer des gènes défectueux, ou à introduire des gènes correcteurs dans certaines cellules, est expérimentée depuis peu chez des malades parkinsoniens. Mais elle est inédite pour la dépression. L'enjeu est énorme, puisque cette pathologie est en passe de devenir la deuxième cause d'invalidité après les maladies cardio-vasculaires, selon l'Organisation mondiale de la santé. Et qu'elle résiste, chez près d'un patient sur trois, à l'arsenal des médicaments antidépresseurs.

L'expérience, conduite par Brian Alexander (Weill Cornell Medical College de New York), a pris comme cobayes six jeunes souris mâles. Elle a d'abord inactivé à l'aide d'un virus, dans une minuscule région de leur cerveau appelée noyau accumbens, le gène p11, qui gouverne la synthèse de la protéine du même nom. Celle-ci est connue pour réguler le signal transmis aux cellules cérébrales par la sérotonine, un neuromédiateur impliqué dans l'humeur, le sommeil et la mémoire.

Les chercheurs ont alors observé les mouvements des rongeurs, lorsqu'ils les suspendaient par la queue, ou qu'ils les plongeaient dans une bassine d'eau dont ils ne pouvaient s'échapper. Ils ont constaté que les animaux renonçaient plus vite à se débattre ou à nager, une résignation classiquement observée dans les modèles animaux de dépression. Signe corroboré par leur moindre appétence pour une boisson sucrée, rappelant l'anhédonie (insensibilité au plaisir) des personnes dépressives.

L'équipe a ensuite procédé à l'expérience inverse, en réintroduisant dans leur cerveau, par le truchement d'un autre virus, le bon gène, afin de restaurer l'expression de la protéine. Les animaux ont retrouvé une agitation normale, en même temps que leur goût pour le sucre.

Parallèlement, les chercheurs ont passé au scalpel les tissus cérébraux de 34 cadavres d'humains, dont la moitié avait souffert de dépression et les autres non. Et ils ont découvert, dans le noyau accumbens des premiers, un niveau plus faible de la protéine p11.

Ils en concluent que, chez l'homme comme chez la souris, le noyau accumbens et le gène p11 jouent un rôle-clé dans la dépression. Et qu'une thérapie génique pourrait être envisagée pour "des patients présentant une dépression majeure, et réfractaires aux autres traitements antidépresseurs".

"Il s'agit d'un travail sérieux et novateur, qui apporte des éléments importants sur la physiopathologie de la dépression", commente Stéphane Jamain, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm, équipe de psychiatrie génétique, hôpital Henri-Mondor de Créteil). Mais, ajoute-t-il, "cela ne signifie pas qu'il va révolutionner la psychiatrie".

"Le recours à la thérapie génique pour traiter des troubles psychiatriques complexes reste un domaine inexploré", estiment eux aussi, dans une mise en perspective publiée dans la même revue, trois chercheurs de la firme pharmaceutique américaine Johnson & Johnson. A leurs yeux, "même si nous nous engageons sur une nouvelle voie prometteuse, un grand nombre de questions cliniques et réglementaires doivent être résolues avant que de telles thérapies puissent être mises en oeuvre ".

Entre la réaction d'un rongeur pendu par la queue et le comportement humain, il existe un fossé vertigineux. Même si les tests de la pendaison et de la nage forcée font partie de la batterie des protocoles standards utilisés avant l'éventuelle mise sur le marché d'un antidépresseur.

Dans le cas précis, l'extrapolation du modèle animal à l'homme semble d'autant plus hasardeuse que la thérapie génique a été effectuée sur des souris âgées de onze semaines seulement. Ce qui, transposé à l'homme, reviendrait à un traitement précoce, de post-adolescents, potentiellement avant l'apparition des premiers symptômes.

En outre, l'observation, post mortem, d'une carence de la protéine p11 dans le cerveau des sujets dépressifs pose l'éternelle question de la poule et de l'oeuf. Comme il en va pour d'autres troubles psychiatriques, comme la schizophrénie ou l'autisme, il est impossible de déterminer si les anomalies cérébrales repérées sont la cause ou, au contraire, la conséquence de ces affections.

L'étude se focalise de surcroît sur un gène particulier, alors que la dépression, pour autant qu'elle puisse s'expliquer par des causes génétiques, implique vraisemblablement de nombreux gènes.

Il reste à démontrer que celui dont les chercheurs ont mis en évidence l'action joue un rôle plus déterminant que les autres. Cela, pour l'ensemble des manifestations dépressives, et non pas seulement pour un type spécifique de dépression.

Enfin, et peut-être surtout, ce travail propose une approche strictement biologique d'un trouble du comportement, dont les praticiens considèrent qu'il est la résultante d'un faisceau complexe où se mêlent des facteurs personnels, sociaux et environnementaux, associant traumatismes, stress et conditions de vie.

En dépit de toutes ces réserves, les résultats rapportés ont le mérite d'établir l'importance d'une zone très localisée du cerveau dans les états dépressifs. De l'établir, ou de la confirmer, puisque des essais de stimulation profonde du noyau accumbens, par des électrodes, ont déjà été menés pour des cas de dépression sévère résistant aux médicaments.

En outre, note Stéphane Jamain, qu'ils débouchent ou non sur une future thérapie génique, ils offrent un espoir aux dépressifs. Ils suggèrent, en effet, que cette pathologie, même dans l'hypothèse où elle serait inscrite dans les gènes, "peut être corrigée a posteriori, en compensant un déficit de neurotransmetteur".

L'étude est cosignée par treize biologistes, dont le patron, Michael Kaplit, professeur associé au Weill Cornell Medical College, est aussi cofondateur et consultant de la société américaine de biotechnologies Neurologix Inc. Cette société, cotée en Bourse, a acquis la licence d'un brevet déposé par l'université Cornell, sur la thérapie génique avec le gène p11. Les intérêts financiers en jeu expliquent, peut-être, s'agissant des perspectives thérapeutiques, le raccourci un peu rapide fait entre des souris et des hommes.

Pierre Le Hir-- Le Monde le 23/10/2010

On parie que l'on arrivera dans une impasse?  Je ne veux pas être oiseau de mauvais augure mais faire du tout biologique ne me semble pas être très judicieux: combien de gens s'améliorent dans un nouvel environnement et/ou avec une écoute empathique et attentive?  Freud l'avait compris et, au lieu d'avancer dans ses recherches, on est passé à complètement autre chose qui n'est pas exempt d'effets secondaires.
Et d'abord maltraiter les rats de cette façon n'est pas très digne de l'être humain.

jeudi 21 octobre 2010

10 ans!

dix ans je j'exerce dans Hotblool; le premier jour est encore gravé dans ma mémoire: afflux de patients comme jamais ( on était en pleine épidémie de rhino), sept visites à faire en deux heures et les patients complètement désarçonnés par le changement brutal de médecin. Mon prédécesseur n'avait prévenu que ses patients les plus fidèles, certains par lettres, d'autres en se déplaçant.
C'est bien simple, il y avait une telle pression que j'en ai maigri de 7 kg en trois mois! Certains  patients venaient en consultation avec pour objectif principal de me jauger et j'avais l'impression de passer un examen de passage à chaque fois. Et j'ai eu vent d'un patient qui était rentré chez lui en disant à son épouse " vec le nouveau docteur ç'est pas ça".  Mais il ne m'a pas quitté et j'ai en prime parfois des légumes de son jardin.

Mais le temps a passé et bizarrement trois ans après, j'ai eu une étincelle si l'on peut dire: je conduisais dans Hotblood et je me suis soudain trouvée enfin dans les meubles où même les patients les plus fidèles du docteur Cravate m'avaient accepté dans leur environnement à défaut de me consulter.
Mon prédecesseur a été pleuré longtemps "ah  qu'il était bien le docteur Bouclette!" mais elle a véritablement pris une retraite très anticipée puisque qu'elle s'est arrêtée à 38 ans! Je n'ai jamais compris pourquoi. Et quand je lui ai demandé de me remplacer elle a répondu par un Non très catégorique.

J'ai dépassé de un mois son temps et ne ne suis pas encore prête à la prendre ma retraite; je voudrais juste un peu plus de médecins motivés pour s'installer dans nos campagnes.

mercredi 20 octobre 2010

amende pour ne pas télétransmettre et pour télétransmettre

A partir de janvier 2011 les médecins seront priés de télétransmettre au moins 75% de leur feuilles de soin sous peine de payer 50 centimes chacune si elle est papier; y compris pour les arrêts de travail et les demandes de 100%.
Or chaque médecin doit avoir sa propre carte professionnelle de santé ( CPS) et quand il se fait remplacer il laisse sa CPS au remplaçant  qui assure les consultations ( et qui n'a pas de CPS).
Ce matin mon remplaçant me dit tout affolé: " Dr, je ne vais plus pouvoir télétransmettre, un confrère remplaçant s'est servi ( comme il se doit) de la CPS du médecin remplacé et il va au tribunal et encourre une amende de 80 000 euros. Alors depuis aujourd'hui je ne fais plus que des feuilles de soins papier et encore moins d'arrêts de travail en ligne".
Ca c'est la France! Et avec ces bêtises, comme je me fais beaucoup remplacer, je vais peut-être passer en dessous du seuil des 75 pour cent et payer!

Pour les profanes qui n'ont pas tout compris je résume: comme créer un carré à partir d'un cercle qui a les mêmes propriétés que celui-ci? Pile tu gagne, face je perds.
Une dame de la Sécu pourrait-elle me répondre?

mardi 19 octobre 2010

Avoir 50 ans

Les années passent, et la pub, la Sécu nous aide à en prendre vraiment conscience: mon compagnon vient de recevoir le Catalogue de l'Homme Moderne avec dedans un ensemble complet de jeux de société ( ç'est fou ce que l'on n'a rien à faire le soir  après le bébé, la compta, le repas, le courrier) un téléphone à grosse touche spécial presbyte!
Du côté santé  mes patientes me déclarent: " docteur, je vais avoir 50 ans, je suppose que je vais recevoir l'invitation pour la mammographie". Et je leur rappelle gentiment qu'elles vont aussi recevoir le "test du caca", c'est à dire l'hémocult pour repérer le sang dans les selles marqueur éventuel d'un cancer du colon.
Un jalon que je ne manque jamais est de prescrire aux messieurs le test pour la prostate ( PSA) ) à cinquante ans pile, "monsieur vous avez 50 ans, on fait la prostate".
J'appréhende le moment où l'on m'enverra systématiquement le catalogue Daxon ou Damart. Pour l'instant je reçois des offres Pampers et c'est très bien comme ça.

samedi 16 octobre 2010

stress, stress

Stressant  ce matin, et stressés les patients: les pompes à essence sont vides dans le coin. Déjà je me préparais dans la tête des scénarios catrastrophe avec comme solution faire du vélo ou faire mes visites en stop! Ma secrétaire téléphonique m'a rapporté qu'un de ses médecins avait rempli un jerrican d'essence comme provision et qu'un autre refusait toutes les visites.
Mais en fait je suis juste allée jusqu'à une ville voisine et la pompe marchait... enfin le diésel était vide.
Quel climat! Cela me fait penser à la grosse grève de 1995 où je me suis cloitrée 5 semaines tout en apprenant à taper à la machine (pour écrire ma thèse sans l'aide d'une secrétaire) et accessoirement entraînée à la sténo, avant de me rendre compte que cette dernière chose ne servait plus à rien.

Ma patiente à l'ordonnance absolument démente ( un neuroleptique, deux antidépresseurs, un somnifère, du temesta, un antiépileptique et de l'atarax) continue de diminuer laborieusement ses traitements avec l'aide d'un gérontologue et un petit peu de la mienne: le neuroleptique, un antidépresseur et le somnifère (ça c'est moi) arrêtés, elle recommence à sourire et à prendre plaisir à certaines choses, même si son mental est encore très fragile. Je crains juste que la décrue du temesta ( 7.5 milligrammes par jour) se passe difficilement, elle en prend depuis si longtemps!

vendredi 15 octobre 2010

Morose consultation

La consultation était sous le signe de la morosité: le syndicaliste qui déprime, le facteur qui a eu peur d'un chien et en a fait une entorse ( comme les tournée changent tous les jours ils ne peuvent plus avoir les réflexes concernant ce danger aboyant et mordeur), les chômeurs malades, les ouvriers cassés de partout etc.
Y a-t-il quelqu'un heureux de son sort en ce moment? Il parait que c'est pire ailleurs, mais je veux revoir des patients heureux!
J'ai même dû en virer un shooté au rivotril (benzodiazépines) qui doit faire le tour des cabinets; juste avant lui les patients m'avaient fait la remarque " il est bizarre docteur, il tremble, parle tout seul. Bon courage". Munie de ces bon conseils par deux fois prodigués je me suis adressée à lui tout haut dans la salle d'attente:
" Vous n'avez pas rendez-vous?
- Non, mais je dois me faire renouveller des médicaments. ( Je regarde dans le sac)
- Je ne prescris pas tout cela, au revoir monsieur".
Il n'a pas eu le temps de faire un pas dans mon cabinet. Ne le connaissant absolument pas, je ne me serais pas sentie très fière en face de lui.

jeudi 14 octobre 2010

Effets délétères de la politique vaccinale

Pourquoi les patients quittent parfois leur médecin?
-Une des raisons est qu'un mauvais diagnostic a été porté selon eux ( je me fais toute petite et réponds que je ne suis pas à l'abris),
- une autre est que le médecin n'est jamais là ( il a aussi sa vie de famille madame, je réponds),
- ou qu'il ne se déplace pas ( après un infarctus, il y a des circonstances atténuantes),
- ou qu'il ne supporte pas les retards et le clame bruyament aux patients quand ils ont le malheur d'avoir cinq petites minutes,
- que les patients déménagent " vous comprenez, nous sommes partis à trois kilomètres, vous êtes plus proche" ( et mes patients qui viennent de 25 km?)
- qu'il est trop expéditif,
- qu'il prescrit du prozac et du lexomil au bout de cinq minutes de consultation pour stress.
Mais j'ai entendu une petite raison qui m'a fait pensé à tout le mal qu'avait procuré la campagne anti-grippe A menée de façon para-militaire: " mon médecin ne me serre plus la main depuis un an". Et maintenant on a établi de façon sûre que le virus se transmet par voie aérienne, alors rangez vos gel hydro-alcoolique!

Un patient se plaint d'être vieux:
" Monsieur, tant que vous avez vos deux bras et vos deux jambes, vous n'êtes pas trop malheureux!
- Mais la cinquième docteur, elle n'est jamais au garde-à-vous. Au fait docteur, je voudrais bien une prescription de ce truc pour aider. Mon épouse n'a pas à être au courant.
- OK, je ne veux rien savoir. Alors je vous fais une lettre pour le cardiologue qui pourra vous dire si oui ou non vous pouvez prendre du viagra".
Et j'ai écrit la lettre " Cher confrère, je vous adresse monsieur Poivre, d'un certain âge, sportif, actif et qui souhaiterait continuer à l'être".  Si l'épouse la lit, comprendra-t-elle quelque chose? Et le cardiologue? Je n'ai, vu les circonstances pas pu être plus explicite.

mercredi 13 octobre 2010

médiator meurtrier

Le Mediator, médicament des laboratoires Servier, retiré du marché et réservé à l'origine aux diabétiques en surcharge pondérale puis prescrit aux patients désireux de perdre du poids, serait responsable de 500 à 1 000 décès en France, selon Le Figaro. Cette estimation ressort d'une étude confidentielle de la Caisse nationale de l'assurance maladie (CNAM), selon le quotidien.

A la fin août, le député (PS) Gérard Bapt, rapporteur spécial de la mission santé pour la Commission des finances, avait donné au Monde une estimation équivalente. Ces chiffres avaient par ailleurs été confirmés par d'autres travaux réalisés au centre hospitalier de Brest, qui indiquaient que le risque de complications graves liées à ce médicament serait de l'ordre de 0,5 cas pour 1 000. Celles-ci surviendraient pour des traitements d'au moins quelques mois. "Il aura fallu l'obstination d'un praticien hospitalier, le docteur Irène Frachon, et des équipes du CHU de Brest, pour que la responsabilité du Mediator dans la survenue de cas d'hypertensions artérielles pulmonaires [HTAP] et de valvulopathies soit enfin reconnue", notait le député.

COMPLICATIONS CARDIAQUES

Commercialisé notamment comme antidiabétique depuis 1976 en France par le groupe Servier sous l'appellation de Mediator, le benfluorex fait partie de la famille des fenfluramines, substances à effet coupe-faim. En 1997, les fenfluramines, rendues responsables aux Etats-Unis d'atteintes des valves cardiaques et d'HTAP, ont été définitivement proscrites, ainsi qu'en Europe. Mais le Mediator a échappé à cette interdiction.

A la suite d'une saisine de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), les médecins de la CNAM ont analysé des patients ayant pris du Mediator. Il s'agissait d'évaluer le nombre d'hospitalisations et de morts potentiellement liées à ce médicament. L'Afssaps a commandé cette étude après que plusieurs malades ont porté plainte contre Servier en raison de complications cardiaques. L'Agence du médicament avait été critiquée par les plaignants et leurs avocats pour avoir tardé à retirer cette molécule du marché. Lors du retrait, à la fin novembre 2009, environ 200 000 patients étaient traités par benfluorex (Mediator et génériques).

Et moi qui le dénigrais consciencieusement mais dans mon coin sur mon blog très perso! Je félicite ma consoeur qui a colligé tous les cas d'effets secondaires et qui a sorti un livre avec les conclusions!
Ceci me fait penser à une de mes patientes qui a atteint un poids très honorable  (130 kg) malgré une prise d'isoméride pendant 7 ans, une autre amphétamine aujourd'hui interdite. Il faudra que je pense à l'envoyer chez le cardiologue.

psychotropes et enfants

http://www.dailymotion.com/video/xev34a_les-enfants-et-les-psychotropes-1-3_news
http://www.dailymotion.com/video/xev3cp_les-enfants-et-les-psychotropes-2-3_news
http://www.dailymotion.com/video/xev3hk_les-enfants-et-les-psychotropes-3-3_news
Bonnes vidéos!

Le marché des psychotropes devrait être interdit pour les enfants, que sera leur avenir?

mardi 12 octobre 2010

Une casse-pied

Une de mes patientes très âgée est très, très  pressée de rejoindre son défunt mari et le clame haut et fort en permanence.
Ce jour je vais chez elle:
" Bonjour madame. Que puis-je pour vous?
- Deux ou trois choses... Il y a mon vaccin pour la grippe aussi.
- Vous m'étonnez. Vous voulez vraiment le faire avec tout votre souhait d'en finir?
- Oui. Car j'ai appris que des personnes pouvaient mourir de la vaccination, alors je le fais.
- Mais on peut mourir aussi de la grippe! C'est efficace.
- Je le fais quand même".

Un peu plus tard:
" Docteur, il est peut-être temps que je change de médecin, car vous me connaissez trop bien et ne prenez pas assez soin de moi.
- A propos de quoi?
- Je gonfle! Je suis sûre que c'est l'urée, vous ne me l'avez pas dosée".

Puis,
" J'ai combien de tension? Car je n'ai pas pris mon traitement depuis trois jours.
- 16/10.
- Tant mieux! Je partirai plus vite."
Et à la fin:
" je parie que vous n'avez pas beaucoup de patientes aussi casse-pied!
- C'est vrai, mais cela prouve que tous vos neurones marchent impeccablement".

On peut dire qu'elle a de la repartie la nonagénaire; pour sûr qu'elle ne s'est pas fait que des amis dans la vie. Mais cela doit être épouvantable de vivre aussi longtemps alors que tous ses copains de classe ont déjà passé l'arme à gauche: d'ailleurs on les recense à chaque consultation en ce moment.

dimanche 10 octobre 2010

Pas de viagra féminin

"Viagra féminin": Boehringer Ingelheim jette l'éponge



(AFP) – Il y a 1 jour
BERLIN — Le groupe pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim a annoncé qu'il abandonnait le développement de son médicament censé doper la libido féminine, après l'avis négatif rendu en juin par le comité consultatif indépendant de l'Agence américaine des médicaments.

"La réponse des autorités ainsi que la complexité et l'ampleur des questions supplémentaires auxquelles il faudrait répondre pour éventuellement obtenir une autorisation de mise sur le marché pour le flibanserin ont amené la compagnie à décider de se concentrer sur d'autres produits en développement", écrit la société dans un communiqué publié sur son site internet en anglais.

"La décision n'a pas été facile à prendre (...) Nous restons convaincus des effets positifs en terme de ratio risques/bénéfices pour les femmes souffrant de +trouble hypoactif du désir sexuel+ avec le flibanserin", ajoute Andreas Barner, président du conseil d'administration, cité dans le communiqué.

Mi-juin, le comité consultatif indépendant de l'Agence américaine des médicaments (FDA) s'était prononcé contre la commercialisation du flibanserin.

Des essais cliniques effectuée par des médecins de la FDA n'avaient pas prouvé "une amélioration significative du désir sexuel".

En outre, cette molécule présentait un risque d'effets secondaires comme la dépression et des étourdissements.

A ce jour, la commercialisation du flibanserin, dont le nom commercial est le Girosa, n'a été approuvée nulle part dans le monde.

Boehringer Ingelheim misait beaucoup sur cette molécule pour traîter les femmes pré-ménopausées disant souffrir de manque d'appétit sexuel, un segment encore vierge malgré le succès phénoménal côté masculin du Viagra depuis sa commercialisation en 1998, puis de Cialis et Levitra par la suite.

Le marché du "Viagra féminin" pourrait atteindre deux milliards de dollars.

Selon plusieurs études médicales, au moins 40% des femmes souffriraient à différents degrés d'hypoactivité sexuelle.

Le flibanserin, initialement un antidépresseur, réduit le niveau de sérotonine qui peut éteindre le désir sexuel et dope la teneur sanguine en dopamine et norépinéphrine, des substances stimulant la libido, selon le laboratoire.

Voilà ce que j'appelle une conduite responsable! Vérifier objectivement les bénéfices et les risques. C'est sûr que cela rapportera moins au labo immédiatement, mais ce genre de conduite paie dans la durée car ils seront plus crédibles.

samedi 9 octobre 2010

TV : “VITAL DÉSIR”, UN FILM SUR LE DISTILBÈNE

 Le Distilbène s’appelle ici Distalmide puisque « Vital désir » est une fiction. Mais, en racontant le combat de Florence pour avoir un enfant, il s’agit bien d’évoquer les ravages d’un médicament prescrit pour prévenir les fausses couches qui ne fut interdit en France qu’en 1977. Un scandale lorsqu’on sait que, six ans avant, les Etats-Unis l’avaient retiré de la vente car, en plus de se révéler inefficace, il provoquait des cancers et des malformations de l’utérus chez les filles des femmes qui en avaient pris. Florence est l’une de ces filles au terrible héritage. Evelyne Pisier, la scénariste, s’est entourée, entre autres, de Muriel Flis-Trèves psychiatre de renom qui travaille avec le Pr Frydman, spécialiste de la procréation médicalement assistée. Autant dire que « Vital désir », téléfilm sensible, est aussi nourri du désir d’informer et de dénoncer.

*« Vital désir », samedi 9 octobre, à 20 h 35 sur France 3


Il ne faut pas penser que les scandales  vont s'arrêter sauf si les labos pharmaceutiques pensent plus au bien-être du patient avant tout, et sait changer le cap quand le vent tourne. En gros, prennent en considération tous les effets secondaires qui remontent et surtout les études avant autorisations de mise sur le marché devraient être on ne peut plus rigoureuses.


vendredi 8 octobre 2010

Appel contre les soins sécuritaires

Signez l’appel en ligne !


Les politiques sociales et sanitaires, les lois récentes et à venir transforment nos représentations: les soins y deviennent un marché concurrentiel et la « folie » y est représentée comme un état forcément dangereux.


Il est douloureux pour nous, et pourtant fondamental dans la période que nous vivons, d’avoir à rappeler que ce qu’on appelle un « fou », est d’abord un homme !


Après la loi « HPST » qui organise la concurrence entre public et privé lucratif pour les missions de service public, vient le « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge », qui est l’application attendue du discours du président de la République du 2 décembre 2008.


Ce projet fait du « soin sans consentement » le modèle du soin psychique. Il maintient l’exception française en Europe d’une loi spécifique pour le traitement sous contrainte en psychiatrie, sans qu’un juge intervienne dans l’autorisation de cette privation de liberté. En posant le principe d’un soin sous contrainte imposable tant à l’hôpital qu’au domicile du patient, il y ajoute l’atteinte à la vie privée. Ainsi, les patients, fichés et contraints, se verraient enfermés dans une véritable trappe psychiatrique : considérés à vie comme des malades mentaux potentiellement dangereux.


L’entrée dans le soin est annoncée de fait comme une garde à vue psychiatrique de 72 heures, durant laquelle toute action de traitement contraint serait autorisée. C’est plus encore qu’un régime de liberté surveillée, puisque pouvant autoriser toute intrusion dans l’intimité et le corps du patient.






Nous sommes également opposés à des soins sans consentement en « ambulatoire ». Ce serait la partie immergée d’une psychiatrie sécuritaire, autoritaire et paternaliste. Pour les professionnels comme pour les usagers ce serait accepter que l’obligation de moyens pour l’Etat en vue d’une psychiatrie d’accueil et de soin, soit au contraire celle de l’organisation d’un nouveau « grand renfermement » actualisé. Depuis décembre 2008, l’État a trouvé l’argent pour construire 4 unités pour malades difficiles, pour installer ou rénover des chambres d’isolement et installer la vidéosurveillance ! N’oublions pas qu’une telle disposition entre aussi dans le cadre de la nouvelle gouvernance : cela coûterait moins cher et cela pourrait donner lieu au développement de services à but lucratif.






Au vu de l’application de fichiers dans d’autres domaines (que nous dénonçons), ce projet contient la perspective d’un fichage national généralisé de toute personne bénéficiant de soins spécialisés. Cette disposition adhère à l’amalgame entre « folie » et « dangerosité », amalgame que nous condamnons. Toutes les études sur le sujet en démontrent la fausseté. En insistant sur la figure de l’aliéné, le pouvoir justifie sa politique de la peur et la société de surveillance qu’il met en place. Tel est le véritable sens du « soin sans consentement » prévu dans ce texte


Citoyens, élus, usagers, professionnels, nous devons tenir bon.


Le soin psychique ne concerne pas que des « états aigus », des « troubles du comportement », auxquels la réponse unique serait simplement médicale, médicamenteuse et normalisatrice. Le soin psychique demande des approches complexes, des disponibilités d’accueil, d’écoute, d’accompagnement, d’hospitalité, des pratiques de négociation avec le patient et son entourage, avec des intervenants souvent nombreux, en difficulté, et aux intérêts différents. Cela implique que la « personne présentant des troubles psychiques » soit pensée et vécue comme un corps, une subjectivité singulière, une personne, un individu social, et un sujet de droit. Une telle fondation éthique a pu et peut toujours s’illustrer dans des pratiques concrètes. L’État se doit de les favoriser.






On comprendra alors notre appel pour une mobilisation publique contre un tel projet de « condamnation au soin », et contre le projet politique qu’il promeut. Si une obligation de soin peut s’imposer, elle doit être cadrée de manière à assurer l’articulation du droit à des soins garantissant la préservation de l’intégrité de la personne et de ses droits, et de droits de recours effectifs. La mise en œuvre d’une telle obligation ne peut se dérouler que pour une durée limitée sous le contrôle de la justice dans un lieu de soins spécialisé agréé et assurant des soins 24h / 24. Nous soutenons qu’il est possible pour l’essentiel d’aménager des espaces et des temps d’accueil, de traitement actif de la demande des tiers, de négociation et d’élaboration avec une personne présentant un état psychique pouvant éventuellement conduire à un traitement contraint.


Il faut en finir avec l’exception psychiatrique ; le droit commun doit s’appliquer. Il faut en finir avec le pouvoir du Préfet, qui a toujours signifié loi de police et mesure de sûreté. Il faut une mesure de protection de la personne, qui relève alors de recommandations médicales et d’une obligation de prendre soin pour les services psychiatriques dans le respect de la dignité de la personne et de sa parole, autant que d’une autorisation et d’un contrôle par l’instance d’un juge judiciaire.




Ce projet de loi est un leurre démagogique à l’égard des familles, des voisins, de l’ordre public. Voté, il aurait des conséquences lourdes pour les libertés individuelles, les droits collectifs et le soin psychique. Nous demandons instamment aux parlementaires de repousser un tel projet. Nous invitons professionnels, élus, usagers, citoyens à débattre partout et à faire valoir l’alternative esquissée ici pour répondre à la situation.
http://www.maiscestunhomme.org/

a tous ceux qui veulent signer. L'heure est grave pour les libertés

mercredi 6 octobre 2010

Une patiente qui va bien

La patiente dont le psychiatre a allege le traitement de facon drastique en lui introduisant un betabloquant [ un antihypertenseur et ralentisseur du coeur] va toujours extremement bien. et elle est toute rigolote Quand je pense que des ribambelles de psy se sont penches sur son cas alors qu'elle se suicidait regulierement... En fait elle avait un probleme plutot physique et personne ne s'en etait rendu compte, et meme pas moi. ca m'apprendra a chercher mieux.

[non, je ne fais aucune faute, je suis juste sur un clavier anglais]

J'avais des tas de choses a dire sur la mepronizine mais je n'aurai pas les textes exacts ce jour: le laboratoire le commercialisant propose a l'AFFAPS de:
  - changer les conditionnement des boites de 30 a 5comprimes;     
 - de le prescrire sur 5 jours maximum;
 - d'eviter de le prescrire au personnes agees.
Pourquoi?
Ce produit contenant un derive de barbiturique est bourre d'effets secondaires [ comme le  noctran  mais le labo le commercialisant ne nous a pas ecrit le meme genre de lettre] et   a premiere vue le labo est devore de scrupules sur le fait de continuer a le commercialiser.
J'aurais prefere pour ma part un arret de commercialisation pur et simple mais c'est deja un tres grand pas.                                                            

dimanche 3 octobre 2010

Parfois la psy déraille

Une de mes copines lorsqu'elle était nouvellement en couple, portait des rondeurs respectables. Beaucoup de régimes avaient été tentés ( dont sans doute les amphétamines, extraits thyroïdien et diurétiques, cocktail non interdit à l'époque) et on lui avait conseillé de se faire " psychothérapée" pour éliminer tout blocage psychique éventuel qui empêcherait l'ammaigrissement.
Elle est donc allée voir un éminent psychanalyste parisien à 300 francs la séances, une fois par semaine pendant six mois.
Tout au long de ses séances elle a entendu de sa part des remarques étranges dont je ne livre qu'un échantillonnage:
" Si vous aimiez réellement votre mari vous vous mettriez à maigrir"
" Ayez un enfant, ça réglera les problèmes"
Et comme elle parlait parfois de la famille de son compagnon qui était un peu encombrante:
" Ca vous arrange d'avoir trouvé une famille comme ça, ça permet d'occulter vos propres problèmes".
Elle a stoppé les séances au bout de quelques mois, le porte- monnaie ne sufffisant plus et elle ne trouvant pas d'amélioration à son état.

Cette histoire m'a fait pensé à un livre que j'ai lu " Sans visage et sans nom" de Clémentine Séverin, une jeune femme qui n'avait pas forcément besoin d'une psychothérapie qu'on lui a conseillé dans le cadre de ses études d'assistante sociale et qui est descendue presque aux enfers.


vendredi 1 octobre 2010

Effets secondaires du Champix

Le Champix, la panacée selon certains pour arrêter de fumer a récolté de mises en garde supplémentaires:" Des modifications du comportement ou pensées anormale, de l'anxiété, une psychose, des sautes d'humeur, un comportement agressifs (...) dans de nombreux cas rapportés depuis la commercialisation, la résolution des symptômes a été observée après l'arrêt du champix, cependant dans certains cas, les symptômes ont persisté après l'arrêt.   ( lu sur Prescrire)
J'aime à penser que j'y ai contribué puisque j'avais fait remonté un cas extrèmement grave à la pharmacovigilance: trois mois en hôpital psychiatrique chez une patiente de 50 ans.
Hier encore une personne me confiait qu'après avoir arrêté de fumer, elle était en pleine depression et qu'elle s'était remise à fumer.
Et je lui ai demandé " Avez-vous pris un truc pour l'arrêt?
- Oui, du Champix. Ca me fait réellement déprimer de ne plus fumer.
- Et combien de temps après l'arrêt avez-vous ressenti des idées noires?
- Environ deux mois.
- Alors c'est le Champix madame".
Je suis sûre que mes confrères sont tombés sur des cas analogues. Le principe " D'abord ne pas nuire, primum non nocere" est vraiment mis à mal avec cette molécule.