vendredi 29 juin 2012

Médecin de la dernière chance

Il y a quelques jours un patient m'appelle: " Docteur, un de mes copains souffre le martyr depuis des années, ses médecins l'ont laissé tomber, je vous l'envoie, dés fois que vous puissiez faire quelque chose".
Bon. Ce n'est pas très confortable d'être le médecin de la dernière chance, je donne quand même un rendez-vous.
Et je le vois arriver le patient, tout raide, avec une douleur de cou épouvantable. Il est tombé d'un échafaudage il y a quelques années dans le cadre de son travail, il est donc en accident de travail, bien que son patron ait fait quelques pressions pour lui filer de l'argent " et on n'en parle plus".
Il a été opéré deux fois sans succès, au contraire  il est handicapé des deux membres supérieurs et de la colonne à présent; son kiné a déclaré forfait, son chirurgien lui a dit qu'il ne pouvait plus rien faire pour lui, son généraliste fait confiance au chirurgien,  il est sous rivotril ( benzodiazépines) et patchs de morphine  et donc il n'a plus qu'une envie actuellement c'est de se foutre en l'air malgré une famille unie.

Je l'ai écouté, lui ai conseillé de faire dénouer en douceur ce qui était possible par un kiné de mes connaissances et de voir pour porter plainte contre son patron ( l'échafaudage n'était pas aux normes d'après le patient).  

Il est ressorti gonflé à bloc; son copain vient de me raconter qu'il porte plainte contre son chirurgien car il estime qu'il a mal été opéré. C'est sûr que je n'ai jamais proposé cela car je ne connais pas assez le dossier pour m'avancer. 

jeudi 28 juin 2012

Fonctionnaire de la Sécu

Ce matin je reçois un appel:
" Bonjour, c'est la secrétaire du docteur M, médecin de la Sécu. Celui-ci souhaiterait vous rencontrer dans le cadre d'échanges confraternel.
- C'est obligatoire? Je viens de recevoir la dame de la Sécu aujourd'hui, je crois que c'est bon.
- Oui docteur.
- Mais s'il l'on refuse y aura-t-il des sanctions?
- En quelque sorte...
- Alors il est temps que je me déconventionne".
Elle l'a eu son rendez-vous. Mais je peux toujours être absente le jour dit avec juste un mot sur la porte " parti en urgence, veuillez revenir un autre jour".
Je crois que je vais faire un truc comme ça.

mercredi 27 juin 2012

Les médecins ces assistés?

Trouvé dans le quotidien du médecin:
" Il faut revenir à une permanence de soin obligatoire car le volontariat ne parche pas".
Patrice Blémont ose briser un abou politique en affirmant qu'il faut revenir à une obligation de permanence des sont pour la médecine ambulatoire... Les étudiants en médecine étant ceux qui coûtent le plus cher à  former de France, et les médecins libéraux vivant de la solidarité nationale, rémunéés par la CSG et les impôts, il apparaît logique à cet ancien directeur d'agence régionale d'hospitalisation qu'ils supportent les containtes et l'obligation de permanence des soins nuit et jour. ( ref: Permanence des soins et système sdes urgene en France" de Patrice Blémont et du docteur C Favier aux éditions Berger-Levrault)

Cherchez le malaise... Je savais que j'étais en quelque sorte un fonctionnaire de la Sécu avec les contraintes mais sans les avantages, mais là j'apprends que je vis de la solidarité nationale. Zavez pas une ptite pièce pour moi messieurs dames?
Moi je pense que si l'on pousse le raisonnement jusqu'au bout,  notre président monsieur Hollande vit de la solidarité nationale, pouah!!!

Ne vais-je pas un de ces jours changer de métier pour retirer cette étiquette peu glorieuse? j'avais pensé passer en mode déconventionné, mais je n'oserais pas si des confrères de la région ne s'y mettent pas non plus.

lundi 25 juin 2012

intimité et médecin traitant

Je ne crois pas que j'avais raconté celle-là:
Un jour mon associée ( qui ne l'est pas encore), reçoit dans son cabinet un type bien habillé, tout à fait avenant, grand mince etc. qui se plaint de souffrir d'hémorroïdes.
Bien entendu le premier devoir d'un médecin est de faire un bon diagnostic, ce qu'elle a fait avec un peu de gène, car après tout, elle a beau être médecin c'est toujours une consultation un peu délicate que celle qui concerne  cette zone-là.
Elle écrit l'ordonnance, passe la carte Vital, et alors il lui dit: " Docteur, maintenant que nous sommes devenus un peu intimes, je vous demanderais si cela ne vous ennuie pas d'être mon médecin traitant". Demande aussitôt exaucée.

dimanche 24 juin 2012

Une demande abusive

Ma nouvelle associée, en tant que nouvelle dans le pays  a le  privilège des demandes farfelues: elle m'a appelé un peu en panique car une maman voulait hospitaliser sa fille en HDT ( hospitalisation sur demande d'un tier en psychiatrie) et qu'il fallait un médecin pour remplir le formulaire. Le hic est premièrement qu'elle ne l'a jamais vu et que deux psychiatres ont déjà refusé cette demande visiblement un peu abusive.

Et une autre maman surmenée, complètement survolée,  genre qui voudrait finir les phrases avant même  de les commencer,  qui a profité d'une consultation chez elle pour demander  un antidepresseur ( que je lui refusais depuis douze ans!) pour supporter sa vie: elle s'ennuie à mourir car elle ne trouve pas de travail et que les mômes grandissent et sont plus indépendants.


jeudi 21 juin 2012

Entre Dave, le lexomil et Diane

Aujourd'hui des questions et problèmes multiples et variées:
" Docteur, j'ai appris que Dave avait souffert de gonorrhée, qu'est-ce que c'est?" ( une maladie sexuellement transmissible madame.)  Et le mari de pester dans sa barbe car il en a marre des ragots de France soir ( ce n'est pas grave monsieur, j'étais une fan de Dave, sa vie m'intéresse aussi)

" Je m'excuse d'être en tenue de travail et dégoutant docteur, je viens pour mon arrêt ( véridique: je lui ai fait un arrêt pour harcèlement au travail, alors il s'occupe autrement. Dans le même genre il y a le maçon portugais au chômage qui peste car il perd sa journée de travail au noir pour se pointer à pôle emploi avec sa voiture de chantier)"

" Docteur, je voudrais du lexomil car financièrement ce n'est pas drôle ( et l'histoire ne l'est pas non plus, le type se démène mais: pas de boulot)"

" Docteur, est-ce que la maladie de Hodgkin ( cancer au niveau des ganglions) est transmissible? J'ai lu sur internet que dans certains cas, avec le Sida... ( voilà ce que fait internet parfois, un foutu mélange de données qui font un mélimélo dans la tête des patients et c'est là qu'on a le sentiment de servir à quelque chose en dénouant les fils).

" Docteur je voulais vous voir car je ne voulais pas consulter mon médecin aujourd'hui, il me demande systématiquement " que voulez-vous" et j'ai plutôt besoin qu'on m'écoute ( et qu'on me fasse une demande de cure thermale, mon médecin n'étant pas tellement chaud)"

" Docteur, j'ai besoin de mon antibiotique pour mon acnée:
- non mademoiselle, les beaux jours arrivent, ce n'est pas compatible avec le soleil. Mais préférez-vous du zinc ou Diane ( une pilule antiacné)?
- Non non, je l'oublierais sans cesse.
- Et si vous rencontrez un copain en vacances, vous y avez pensé?
- OK, je la prends sur l'ordonnance, avec du zinc ( antiacné aussi)".
L'art d'éveiller l'intérêt.

Et une femme mûre qui sentait l'alcool, qui avait une trogne d'alcoolique mais avec  qui je n'ai jamais osé aborder le sujet; elle a l'air toujours bien dans sa peau et elle ne me laisse aucune brêche dans laquelle je pourrais m'engouffrer. Peut-être qu'à la prochaine consultation de contraception je me laisserai aller à parler du tabac incompatible avec la pilule oestroprogestative  et d'autres  petites choses anodines qui aident à bien oublier ( quoi?) mais qui sont autant de facteurs de risques de maladies cardiovasculaires.

dimanche 17 juin 2012

L’insomnie, un problème causé par la peur du noir

 

        Une étude canadienne publiée sur l’insomnie, dans le cadre d’une conférence internationale sur le sommeil, met en valeur le lien entre l’insomnie et l’angoisse, liée à la peur du noir, chez l’adulte, le sommeil étant un élément crucial à la santé
A l’occasion de la 26ème conférence annuelle des spécialistes du sommeil, Associated Professional Sleep Societies, ses chercheurs canadiens ont mené une étude sur l’insomnie et observé un groupe d’étudiants. Ils ont basé leur étude sur leur réponse occulaire à des bruits dans une pièce, de jour ou dans le noir.

Une anxiété découverte chez les sujets à problèmes
Les étudiants qui ont avoué craindre le noir réagissaient fortement aux moindres bruits provoqués par les tests par une agitation anormale, tandis que ceux qui ne présentaient pas de craintes particulières, ni de problèmes de sommeil, s’habituaient beaucoup plus rapidement aux bruits et restaient plus calmes.

La peur de ne pas dormir
Cette anxiété prendrait la forme, chez ces sujets, d’une phobie de ne pas parvenir à s’endormir : « Nous supposons que les personnes souffrant de troubles du sommeil sont plus tendues dans l’obscurité parce qu’elles associent le coucher à une incapacité à dormir. Nous nous demandons à présent combien de personnes souffrent d’une phobie latente », rapporte Taryn Moss, chercheur. Ainsi, il est conseillé de se rassurer avant le coucher grâce à certains rituels. L’insomniaque peut s’entourer d’objets rassurants, prendre une tisane ou un bain chaud juste avant le coucher.

Le manque de sommeil est dangereux pour la santé
Bien dormir est très important pour la santé et représente tout sauf une perte de temps. Le manque de sommeil a de nombreuses conséquences néfastes sur la santé. Il est responsable de fatigue, somnolence, d’irritabilité, de problèmes de mémoire et de concentration. Il accentue également les problèmes déjà présents chez un sujet comme certaines douleurs ou des migraines. Il est encore responsable d’absentéisme, d’accidents de travail ou de la route.
Une personne adulte a besoin de 7 à 9 heures de sommeil par jour pour être en forme physiquement et psychologiquement.
http://mcetv.fr/mon-mag/1606-linsomnie-serait-causee-par-la-peur-du-noir

Je sens que je vais proposer une veilleuse à mes patients insomniaques. leur problème en général est une insomnie chronique pour laquelle occasionnellement  ils ont pris des somnifères, mais, à peine les arrêtent-il que l'insomnie reprend de plus belle. Leur insomnie n'a rien à voir avec celle causée par les soucis et le stress.

Médicaments et personnes âgées, vers un grand ménage


L’Académie nationale de médecine se penche en ce moment, sur les ordonnances « à rallonge » des personnes âgées. Elle émet plusieurs recommandations visant à optimiser la prescription des médicaments au sein de cette population si particulière, sur le plan médical. L’enjeu est à la fois de limiter la surconsommation médicamenteuse, et les risques d’interactions médicamenteuses inhérents à ce que l’on appelle la ‘poly-médication’.

Qui sont les personnes âgées ? Quelle question pensez-vous ! Eh bien vous avez tort, car il peut y avoir au moins 2 définitions de la personne âgée. Pour l’Académie en effet, cette catégorie de patients recouvre aussi bien « les sujets de 75 ans et plus (en bon état général) et ceux de plus de 65 ans atteints de plusieurs pathologies ». Au total, c’est une énorme population qui rassemble en France, près de 17 millions de personnes.
« Les personnes âgées ont une sensibilité accrue aux accidents médicamenteux », expliquent les Académiciens. Ils font également référence à la « surconsommation » pharmaceutique, particulièrement commune chez les patients souffrant de plusieurs pathologies. Ils déplorent enfin que les nouvelles thérapeutiques soient « insuffisamment évaluées » auprès de patients représentatifs de cette population. Une carence que l’on retrouve d’ailleurs, par un étrange phénomène de superposition, chez les enfants.
Des recommandations ciblées. Les préconisations formulées par l’Académie sont particulièrement orientées vers les pouvoirs publics et les institutions concernées. Elle demande notamment :
- Que les référentiels de bon usage des médicaments chez la personne âgée soient enseignés aux étudiants de troisième cycle de médecine et de pharmacie ;
- L’élaboration d’une liste de médicaments « potentiellement inadaptés aux personnes âgées » ;
- Que les essais thérapeutiques incluent autant que possible un effectif significatif de personnes âgées ;
- Que les notices soient rédigées « de manière plus claire, plus concrète mais aussi plus informative » ;
- La mise en place de « nouvelles formes galéniques adaptées » à cette population.
A l’attention des médecins, l’Académie insiste sur l’importance, « avant toute reconduction d’ordonnance, de réévaluer l’utilité de chaque médicament et éventuellement de déprescrire (sic) ceux qui seraient sans bénéfice réel pour le patient ». En d’autres termes, elle se montre favorable à une approche encore plus personnalisée. Au même titre d’ailleurs que certains diabétologues, qui se sont récemment insurgés contre « l’empilement » des médicaments.

Je suis très heureuse que cet article soit publié. Néammoins je trouve dommage qu'il faille un article pour nous redire notre boulot de médecin.

samedi 16 juin 2012

Comment convaincre les patients?

Persuader les patients de faire un régime est parfois pratiquement impossible: les habitudes alimentaires sont parfois prises depuis la petite enfance et c'est extrèmement difficile de changer à moins de faire un travail sur soi et de vraiment comprendre le bien-fondé du changement alimentaire.

Une première chose que je dis comme premier  conseil:  " vous oubliez les régimes meurt-de faim".
Si quelqu'un me parle du régime Ducan, je mets en garde: " attention, le régime Ducan ce n'est pas que de la viande, ou on le fait à la lettre ou on s'en passe". Malheureusement je crois qu'il a été compris de travers par pas mal de gens et donc il fatigue les reins.
Un de mes confrères, quand il entend  une femme qui se plaint d'être trop grosse répond: " vous mangez moins, et des salades". Et j'ai déjà récupérer une patiente dans un état pitoyable car elle se goinfrait depuis quinze jours que de salade verte!

Le plus dur à convaincre d'après mon expérience est de faire un régime sans gluten comme un test durant un mois: une patiente me consultait car elle avait des troubles digestifs récurrent et je lui avais proposé ce test qui allait peut-être aboutir à un diagnostic d'intolérance au gluten. Elle ne l'a pas fait car a préféré consulter plusieurs gastro. Enfin l'un d'eux a fait le même diagnostic que moi et dépuis elle va bien et elle a maigri.

Une autre patiente jeune qui commençait un psoriasis  sévère n'avait pas vu la necessité d'un régime sans gluten, même à l'essai. Là-dessus elle téléphone à un membre de sa famille qui souffre de la même pathologie et lui vante les vertues du régime sans gluten; vendu! Depuis elle a diminué tous ses immunosuppresseurs ( car on en était arrivé à ce point).

Et une petite dernière de 11 ans: j'exhorte là mère à démarrer un régime sans gluten car la gamine est rondelette, toujours des maux de ventre  et surtout une polyarthrite que la médecine se révèle impuissante à guérir, tout ça depuis quelques années. J'ai espoir d'être entendue un jour car il y va de sa santé.

vendredi 15 juin 2012

Qui croire???

Ce matin j'ai reçu un labo, courtois, sympathique agréable qui m'a présenté un hypouricémiant, l'Adénuric ( médicament qui baisse le taux d'acide urique dans le sang, et de là diminue les crises de goutte). Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, une visite que j'estimais m'avoir apporté quelque chose, car j'avais trouvé son discours exhaustif.

A  heures j'ouvre le courrier, dont un de la pharmacovigilance: " Attention, de grave cas d'allergies avec Adénuric nous ont été signalés, le prescrire avec précaution".

Alors quoi faire: lire avec attention tous  les courriesr de la pharmacovigilance? Ecouter la parole du gentil visiteur médical et ne pas faire attention à toutes ces menteries que je lis dans mon courrier et dans le magazine Prescrire?

Dilemme.

mercredi 13 juin 2012

Encore toute seule!

Ma pauvre collaboratrice est à l'hôpital: à peine installée, déjà malade. Et bien je ne pensais pas que je me retrouverais aussi seule! C'est sympa d'avoir une présence, de la vie dans le cabinet d'à côté; on ne sait plus quel patient doit voir qui ( ce qui est suprenant c'est que les patient non plus ne savent pas, étant donné que c'est une ancienne remplaçante)  c'est la foire mais bon enfant.
Ca ne me donne presque plus envie de m'investir pour la future maison médicale qui devait voir le jour en début 2013, et maintenant en 2014, l'Arlésienne quoi.
Allez, elle va revenir bientôt et mon sentiment de solitude morose  va disparaitre.

Avec le docteur Cravate ce n'était pas le même genre d'association; j'étais associée avec un vrai stakhanoviste, un courant d'air toujours à virevolter entre ses maisons de retraite, ses patients, ses coups de fil multiples et ses cafés multiples tout au long de la journée.  Je me sentais toute seule car aucune conversation de plus de cinq minutes ne pouvait avoir lieu. Je lui exposais un problème médical auquel je me trouvais confronté, la réponse venait dans la minute, point. 
Alors on s'est quittés. Comme il l'avait l'habitude de dire: " les patients quittent leur médecin car ils estiment qu'il ne leur apporte plus ce dont ils ont besoin". Moi il ne m'apportait pas un sentiment de "ensembles"

lundi 11 juin 2012

Début de consultation mouvementé

Début de consultation à 9 heures; arrive une famille: " Docteur, nous avions rendez-vous à 10h30 mais nous avons préféré venir avant. Notre petite de deux ans tousse sans cesse depuis hier soir".
Je l'éxamine, bronchiolite. A cet âge c'est moins grave, juste que la fréquence respiratoire est de 60 par minute, énorme. Elle se laisse examiner et la maman est toute contente " C'est la première fois qu'elle se laisse faire".  Elle n'arrive pas pourtant à avaler la cortisone que je lui ai préparée pour calmer le jeu.
Je propose un passage aux urgences. La maman est d'accord. Puis  regardant le bébé de plus près, je propose le Samu: la gamine s'épuise, ses lèvres deviennent bleues. La maman est moins d'accord ( elle avait un autre nourrisson de 8 jours dans un couffin à côté d'elle), tant pis, j'ai appelé.
Entre temps la petite  s'est mise à somnoler dans les bras de sa mère: " Vous voyez docteur, elle s'endort tranquillement". Non, non, on la réveille chère madame, elle fait des pauses respiratoires, mauvais ça. J'ai déjà eu un arrêt respiratoire puis cardiaque chez un bambin il y a quelques années dans mon cabinet on ne recommence pas! On la stimule et la garde en position assise.

En attendant les secours je sens une odeur de tabac chez les parents: " vous fumez?
- Oui, un peu, mais pas dans la même pièce que les enfants. Et puis aussi on ne vous a pas dit, on refait les travaux, peut-être qu'elle ne supporte pas la poussière de plâtre et de la peinture".

Voilà, tout a été dit. J'espère qu'ils ont compris ce qu'était une bronchiolite et les méfaits d'une atmosphère pleine de particules diverses et variées. Le samu est arrivé: ça fait tout bizarre de ne pas les voir sortir un brancard mais au contraire qu'un ambulancier prenne le bébé simplement dans ses bras.

vendredi 8 juin 2012

Un ragot en chasse un autre

Ah la vie en province...
Je suis allée prendre un café chez un patient qui souhaitait m'entretenir de quelque chose de particulier le concernant. Ca n'a pas été désagréable du tout de faire une pause dans la journée, surtout en écoutant de la musique classique et dégustant du far breton fait maison. Et nous avons causé. Le secret médical courant même si le patient ne me donne pas 33 euros  mais un délicieux gâteau à la place, je ne peux en dévoiler davantage.

Il est revenu me voir ce jour: " Vous savez docteur, je ne vous avais pas menti sur les voisins curieux: la femme vous surveillait sur son palier.  Le jour d'après que vous soyez venue elle m'a posé des tas de question sur votre présence et le temps que vous étiez restée, et si vous quittiez votre cabinet bientôt. Je lui ai répondu que non, au contraire vous aviez désormais une associée, et qu'il était normal que vous veniez chez moi car vous étiez une copine".

Et maintenant j'attends que l'information fasse le tour du village.Et le patient a été soft, il aurait pu en dire davantage.  On m'avait bien mariée avec un ami chasseur et colporté des tas d'autres ragots fort intéressants. Et à chaque fois que je suis momentanément dans la ligne de mire, je me dis que, un ragot en chassant un autre, l'attention va bien se déplacer ailleurs un de ces jours.

jeudi 7 juin 2012

Pas besoin de viagra

Un octogénaire m'appelle à son domicile, celui à la carafe remplie de ce qui ressemble  à du jus de pomme); il marche mal, son épouse est alzheimer ou autre chose ( elle fait des dépressions depuis 40 ans)  donc ils ne peuvent pas se déplacer. Il commence ainsi:
- Je vous ai fait venir car j'ai trop de sensualité.
- Que se passe-t-il monsieur?
- Et bien j'embête trop mon épouse et je ne peux pas à cause de mon coeur. ( la pauvre déambule dans la maison sans avoir l'air de comprendre réellement se qui se passe).
- C'est vrai qu'il vous embête madame? ( silence de l'épouse)
- Elle ne répondra pas docteur, elle est comme ça.
- Bien, nous allons voir ce que vous prenez. Quoi, du déroxat! Dans certains cas cela peut mettre très en forme. Mais vous savez, il y a aussi la tendresse dans la vie.
- Peut-être. Mais c'est au point où une aide-soignante a dit à mon épouse de ne pas se laisser faire.
- Mais une petite question, quel était votre rythme de croisière quand vous étiez jeune? Une fois par jour, plus?
- Oui, parfois plus.
- ( Et j'ajoute sur le ton de la blague devant l'épouse juste en face de moi) Et avec madame j'espère?
- Oui, madame et d'autres".
Et là il n'avait pas l'air de blaguer du tout.

mardi 5 juin 2012

Lapsus

Une patiente au téléphone: " docteur, la Sécu m'a dit que vous incluiez les samedis et dimanche dans son arrêt de travail, sinon il va perdre ses journées de continence" ( à la place de carence). Dommage de porter des couches à 33 ans effectivement.

dimanche 3 juin 2012

P. d'informatique!

J'ai passé une semaine difficile informatiquement: la Sécu nous a envoyé une nouvelle carte professionnelle de santé ( CPS), il a fallu tout reparamétrer. On dirait qu'ils n'ont que ça à faire d'asticoter leurs médecins avec les nouveaux machins technologiques.
Donc:
- impossible de télétransmettre, même avec la meilleur volonté du monde car je n'y connais goutte en informatique; 
- impossible de transmettre des arrêts de travail à la Sécu dématérialisés aussi.
Heureusement que mon rythme de travail est moindre, et que celui de ma collaboratrice monte en proportion: ça fera toujours cela que les impôts ne me prendront pas et mon petit garçon est ravi que sa maman soit plus présente pour lui raconter de belles histoires.
Alors merci d'augmenter les impôts, cela va m'inciter  à lever le pied! (désolée pour ceux qui n'ont pas le choix de travailler moins pour payer moins).

samedi 2 juin 2012

Séance de psychothérapie

Une de mes patientes a éprouvé le besoin de voir un psychologue. Pour la petite histoire elle est tombé sur un type marié qui lui avait promis monts et merveilles (" mais je ne peux pas quitter ma femme pour l'instant, tu comprends elle est fragile, et de toute façon nous n'avons plus de rapports"). Elle était tombé sous le charme, jusqu'au moment où elle s'est rendu compte qu'il la cocufiait elle-même, l'amante! Bref, ce septuagénaire est apparemment très en forme.
Elle a consulté plusieurs fois le psychologue qu'elle avait trouvé dans les pages jaune; à chaque rendez-vous il lui demandait de s'allonger pour parler plus librement. Et un jour machinalement elle a retiré sa montre ( je pense qu'elle a eu le réflexe " je me couche, je retire mes bijoux", autant dire qu'elle n'était pas vraiment là).
La fois suivante au début de la séance, elle lui a demandé s'il l'avait retrouvée. Il n'a pas répondu. Alors tout son monologue a dérivé sur la perte de sa montre, une bonne partie de l'heure. Puis elle s'est relevée, elle a payé, et  il a sorti sa fameuse montre d'un tiroir.
Leur partenariat s'est fini ainsi.
Mais elle va bien, elle s'est fait une raison car la vie continue.

vendredi 1 juin 2012

Médecin conseil-furie

Ce matin un coup de fil:
" docteur Vincent?
- Oui c'est moi;
- Ici c'est le médecin de la Sécu. Vous avez fait une demande d'affection longue durée (ALD)  pour madame Mode qui se trouve en face de moi. 
- Oui peut-être. 
- Sachez que vous avez marqué Polyarthrose, donc cela ne rentre pas dans le champs des ALD. Il est donc inutile de faire cela. 
( Je furette dans le dossier de madame Mode): effectivement, il y a marqué polyarthrose, mais comme elle est vue par un grand spécialiste parisien  qui lui a prescrit des sels d'Or et qu'elle est très handicapée, je pensais qu'elle avait une chance, que cela pouvait s'assimiler à de la polyarthrite. 
- Non docteur, c'est vraiment du temps perdu, ce n'était pas la peine de me déranger pour ça  etc.
- Bon, je me fait engueuler?! Je peux le comprendre.
- Oui docteur, vous me faites convoquer une patiente pour une affection qui ne mérite pas d'ALD, c'est absolument inutile bla-bla...
- Et maintenant j'ai un remontage de bretelles en règle! Au revoir." Et raccroché au nez de cette furie.

Je suis restée très polie, mais lui réserve un chien de ma chienne. ne pourrait-on pas rester courtois entre confrères surtout pour une pathologie limite?
Un peu plus tard madame Mode m'a appelée et m'a dit: " Vous savez docteur, je lui ai dit son fait au médecin, lui ai fait comprendre qu'on n'engueulait pas mon docteur, d'autant plus que c'était votre associée qui avait rempli l'imprimé". J'avais oublié! Associée, viens un peu dans mon bureau pour un bon remontage de bretelles!