jeudi 31 mars 2011

Une patient désespéré

Un patient, la cinquantaine un peu déprimé à cause d'une pathologie qui ne guérit pas et pour laquelle il a déjà consulté trois chirurgiens vient en compagnie de son adolescent:
" Docteur, rien ne va, avec la cinquantaine tout se barre en sucette, la santé...
- Monsieur, je vais être très triviale. Vous permettez que j'ose?"
Et je sors une boite d'échantillon de Viagra: "Vous avez besoin de ça?"
Il est reparti hilare "Non docteur, je n'en suis pas encore là".

Je suis sûre qu'il en rigole encore. N'empêche que son problème en devient un bien réel: un premier chirurgien a opéré sa cheville et a conclu après trois consultations "je ne peux plus rien pour vous". Le deuxième a dit que "l'opération était inutile, il aurait fallu en pratiquer une autre". Comme mon patient n'était pas très chaud pour repasser sur la table il a cherché un autre avis.
 Et le troisième, ami du premier a demandé: " mais pourquoi n'êtes-vous pas resté avec mon confère? Il vous aurait trouvé une solution!
- Parce qu'il a dit qu'il ne pouvait plus rien faire pour moi. Alors je viens chez vous".
Et comme mon patient n'a pas osé lui raconté qu'il avait pris un autre avis entre temps, il m'a mis en cause " c'est le docteur Vincent, mon généraliste qui m'a dit que l'opération aurait dû être comme çi et comme ça".
Comme ça, quand je le rencontrerai, j'aurai l'air bien à l'aise devant ce troisième chirurgien que j'estime!

Pour résumer, le patient sportif se retrouve avec une cheville complètement instable depuis six mois, ça coûte cher à la Sécu pour aucun résultat.

mercredi 30 mars 2011

L'adolescence

Mon Poilopat a treize ans et demi; c'est l'âge des remises en cause en tous genre: des parents, de l'éducation, du monde actuel, la découverte de l'autre sexe. A priori un tas d'aventures à vivre plus passionnantes les unes que les autres, mais très malheureusement bridées par les parents; c'est l'époque des grands secrets.

C'est l'âge aussi des premières tentatives de suicide: au doliprane ( on en prend quatre et l'on alerte tout le monde pour qu'il prenne acte: le chagrin d'amour est si important qu'il faut marquer le coup), au lexomil (C'est Poilopat qui me l'a raconté: les pharmacies parentales sont par trop accessibles),  à la pilule contraceptives (Vous pouvez toujours tenter, pas d'effet),  des scarifications, des fugues ( ça c'est une copine qui faisait tout pour attirer l'attention de ses parents et vivre des aventures uniques; elle a même fait la manche un jour, grimée en gitane), des cuites ( à cet âge cela finit aux urgences avec une consultation psy en prime: pourtant dans la tête de ce jeune ce n'était absolument pas une démarche suicidaire), des premières fumettes, des constructions de bombe artisanale ( même si ça explose dans un champ loin des maisons cela finit au commissariat), de la première pilule ( docteur, pouvez-vous la mettre sur l'ordonnance de ma copine s'il vous plait? Ma mère ne comprendrait pas).  

Et je conseille aux parents de serrer les dents et les fesses et surtout de rester en communication avec leur ado. Et je mets l'accent sur le fait que les valeurs d'aujourd'hui ne sont pas celle de demain. Et j'en profite pour ajouter devant l'ado que ce n'est pas parce qu'il considère que ses parents sont des vieux machins qu'ils ont forcément tort.

Passerai-je personnellement victorieusement le cap?


mardi 29 mars 2011

Le médicament dans la tourmente

Il y a quelques semaines, l'Afssaps publiait une liste de 77 médicaments sous surveillance. Inefficaces, inutiles ou dangereux, cette liste ne faisait pas la distinction entre eux et, loin de rendre les choses plus claires, elle jetait encore plus le trouble dans l'opinion, déjà inquiétée par le scandale du Mediator.

S'appuyant sur les analyses de la revue médicale indépendante Prescrire, l'UFC Que Choisir s'est penchée sur cette liste des 77 médicaments et a décortiqué chaque produit un par un. Il en ressort une hiérarchisation précise et surtout une liste de 31 médicaments inefficaces.

Parmi eux, huit devraient même être interdits à la vente selon l'association. « Pour ceux-là, l’heure n’est plus à la surveillance mais au retrait, note-t-elle. Pourtant leur balance bénéfices/risques défavorable est souvent connue depuis des années ».

Ces médiaments sont : l'Actos (utilisé pour traiter le diabète), l'Arcoxia (arthrose, rumathologie), l'Equanil (sevrage alcoolique), l'Hexaquine (crampes), le Nexen (douleur), le Valdoxan (dépression), le Vastarel (angine de poitrine, vertige, acouphène) et le Zyban (sevrage tabagique). « Plusieurs de ces médicaments sont d'ores et déjà interdit à l'étranger », continue le magazine.

Pour le Vastarel, le magasine explique ainsi que « la liste des effets indésirables est très longue » : « Syndromes parkinsoniens, troubles sanguins et cutanés, malaises, vertiges (...) Ce médicament sans intérêt démontré devrait être retiré du marché ». Concernant le Nexen, « les cas d’hépatite grave se sont accumulés depuis sa commercialisation il y a plus de 25 ans (en 1998 pour la France). Pour la revue Prescrire, il est inacceptable que ce médicament soit encore sur le marché ».

Outre ces huit qui devraient être bannis selon l'UFC, on retrouve parmi les 31 sous surveillance la pilule anti-obésité Alli, le Multaq ou encore le Champix
 
La bataille continue pour faire interdire certains médicaments.
Je suis personnellement tombée des nues concernant le vastarel: pendant plus de dix ans le laboratoire m'a chanté les vertus de celui-ci " sécurité d'emploi" "efficacité" "incontournable" etc. Maintenant j'en suis à tous les retirer des ordonnances, tentant de convaincre les patients que ce qui leur faisait du bien est en fait un médicament sujet à caution.
 
Mais tout ce remue-ménage ne saurait que faire baisser le coût de mes ordonnances, déjà plus  de fois moindre que celui des confrères; et je suis très fière de ça, moins de risque d'effets indésirables! Et pour les mauvaises langue qui déblatèrent sur le fait que je ne soigne pas efficacement ( qui ne sont de plus même pas mes propres patients) , c'est leur problème.
Chaque médecin une clientèle bien spécifique un peu à son image et je ne me plains de rien, merci les patients pour être là!

vendredi 25 mars 2011

journée calme

pas beaucoup de travail avec ce beau soleil; franchement je suis contente pour mes patients!

-Une urgence: un papy dont les jambes gonflent. Evidemment en l'examinant, j'entrevois des tas de scénarios catastrophe avant de me rendre compte que les urgences qu'il a fréquentées il y a peu, lui ont prescrit un anti-hypertenseur ( amlor) réputé pour faire gonfler les jambes!
- un nouvel épileptique;
- une lombalgique enceinte;
- un enrhumé;
- un cancer du pancréas: au fait, si un interne veut faire une thèse sur le cancer du pancréas je peux lui fournir de la matière première: nous sommes dans une région agricole fortement pesticidée et ma patiente est sûre qu'il y a un lien;
- un stressé au travail;
- un renouvellement pour la tension ( ceux-ci se font rares, je les prescris pour six mois);
- deux points de sutures sur un bras à faire; comme je ne suis pas fana de ces choses-là j'ai raconté au patient que j'en faisais si peu que j'avais dû réviser ma technique un soir en m'endormant. Il est resté stoique, affichant un petit sourire confiant tout le temps que je m'exécutais. Même pas réussi à le faire fuir :)
- un autre stressé au travail;
- sa fille de quinze ans qui n'y connaissait rien dans certaines choses de la vie. Réponse du père " ce sont des histoires de femme docteur; c'est tabou à la maison", à quoi j'ai répondu " monsieur, vous avez une fille toute mignonne, il faut qu'elle connaisse certaines choses pour ne pas avoir un bébé". Ca, c'était une incursion pendant ma consultation, dans le 19è siècle;
- une migraineuse;
- un enrhumé;
- un petit avec une otite;
- une petite nourrissonne qui pleurait toute la journée ( torticolis congénital);
- encore une otite chez un petit;
- un vaccin; le gamin de trois ans m'a fait un grand sourire ensuite et un gros bisou; je tiens à préciser que je n'offre pas de bonbon, ça fait mal aux dents;
- un renouvellement de pilule;
- un patient, monsieur Jolicoeur qui était d'excellente humeur aujourd'hui pour mon grand plaisir ( avant sa pile au coeur, ce n'était pas ça);
 et deux ou trois autres bricoles du même style.

Bref, journée calme, RAS.

jeudi 24 mars 2011

Je suis au chômage

Comme il fait un beau soleil les patients ne sont pas au rendez-vous; c'est une constante.
C'est ce qui m'a fait dire à une nouvelle patiente comme une boutade: " vous avez de la chance de venir aujourd'hui, l'on n'attend pas car je suis presque au chômage.
- Ah bon, me demande-t-elle avec sollicitude, courage! Au fait, ça fait longtemps que vous êtes installée?"

Toute gentille la patiente et un peu vexante... mais j'ai utilisé mon temps à ranger des examen en souffrance depuis quelques temps. Il est vrai que l'hiver a été rude côté pathologies.

mercredi 23 mars 2011

hypersexualité et parkinson


Atteint de Parkinson, un retraité assigne des médecins et des labos. Des prescriptions seraient à l’origine d’attouchements commis sur sa petite-fille.

L’assignation déposée auprès du tribunal de grande instance (TGI) du Mans vise les laboratoires Boehringer Ingelheim France et Novartis Pharma SAS, les fabricants des médicaments MaxPPPEffets secondaires a priori dissimulés, graves troubles du comportement garantis. C’est ce que dénonce un patient atteint de la maladie de Parkinson, et sa famille, tous domiciliés près du Mans (Sarthe), dont le traitement a, soutiennent-ils, développé des pulsions sexuelles susceptibles de l’avoir conduit à abuser de sa petite-fille. Convaincus d’avoir été victimes d’une négligence caractérisée pour défaut d’information, ils assignent deux laboratoires et trois médecins, coupables à leurs yeux d’avoir menti sur la marchandise. Leur avocat, Me Victor Gioia, réclame en outre la désignation d’un expert chargé d’établir si le comportement déviant du retraité a pu être stimulé par les effets secondaires des médicaments absorbés.

Richard Pareau, paisible retraité de 70 ans, est en quête, début février 2008, d’un traitement apte à atténuer la pathologie dont il souffre depuis seize ans. Son médecin traitant l’oriente vers un premier professeur afin de dresser un bilan.

Le clinicien le dirige vers une neurologue établie à Nantes (Loire-Atlantique) qui lui prescrit aussitôt une « bithérapie dopaminergique ». En clair, des médicaments, parmi lesquels du Sifrol, du Stalevo, du Requip et de l’Azilect.

Or, petit à petit, le patient subit une sorte de dédoublement de la personnalité. Geneviève Pareau, sa femme, 66 ans, est la première victime collatérale d’effets indésirables dont elle et ses enfants ignorent tout. Le retraité connaît tout à coup une sexualité débridée, qualifiée d’« hypersexualité ». Ce que confirment des courriers échangés entre ses médecins. Ereintée par les assauts répétés de son époux, mué en un jouvenceau jamais rassasié, l’épouse, gênée aux entournures, alerte la neurologue – sollicitée par France-Soir, cette dernière n’a pas souhaité s’exprimer, arguant du « secret médical ». La praticienne ne pipe mot de possibles contre-indications et maintient la solution médicamenteuse. Une absence de réaction que fustigent aujourd’hui la famille Pareau et Me Gioia. Selon eux, les molécules produisent des effets nocifs que la neurologue et ses deux autres confrères ne pouvaient à l’évidence méconnaître.

Outre les médecins prescripteurs, l’assignation déposée auprès du tribunal de grande instance (TGI) du Mans vise les laboratoires Boehringer Ingelheim France et Novartis Pharma SAS, les fabricants des médicaments. Contactés, ils se prévalent, eux, « des notices » contenues dans les boîtes de médicaments.

Pis : la prolongation de la prescription accroît la sexualité démultipliée du retraité. Incapable de se dominer, il écume moult sites pornographiques. Fort d’une libido démesurée, il entame en décembre 2010 un échange d’e-mails salaces avec sa petite-fille, 11 ans. Le caractère sexuel des mots est sans équivoque. Décontenancée, la préadolescente tait cependant les messages graveleux. La famille ne soupçonne rien malgré les récriminations de la grand-mère assiégée par la fringale de son conjoint… Sa déviance sexuelle culmine lorsqu’il pratique, à Noël, des attouchements sur sa petite-fille.

La mère de l’enfant découvre le pot aux roses en parcourant son ordinateur. Un conseil de famille se réunit aussitôt. Les faits, graves, sont signalés à la justice. « Mes clients font bloc autour du grand-père. Ils ont décidé de ne rien cacher et d’assumer l’acte en se plaçant sous l’égide médicale », résume Me Gioia, expéditeur d’une lettre détaillant l’affaire, voilà une semaine, au procureur du Mans. Tandis que le TGI vient de recevoir l’assignation visant médecins et deux laboratoires, tenus par la famille Pareau pour responsables de la dérive du grand-père, dont l’épouse doit être entendue aujourd’hui par les gendarmes. A charge pour le parquet de poursuivre ou non les faits d’attouchements reprochés au septuagénaire.

Le deuxième incident en peu de temps concernant cette classe de médicaments.
Concernant les tentatives de suicide sous lexomil tout le monde est beaucoup plus discret, idem pour les antidépresseurs alors que cela n'est pas si rare.
 Pourtant cet effet collatéral des antiparkinsonniens doit être exceptionnel même si il faut que les patients s'attendent à décupler leur sexualité ou leur amour du jeu: une fois qu'ils sont prévenus ils peuvent ( ou leur famille) redresser la barre assez tôt pour éviter l'escalade.

 



mardi 22 mars 2011

Alcoolisme...

Les alcooliques, ce n'est pas facile à gérer, et j'ai beau avoir le culte du secret professionnel, à certains moment il y a des failles;
Je suis allée il y a quelques temps chez un alcoolique notoire: il était en train de dégringoler la pente de façon vertigineuse, enchainant arrêt de travail sur arrêt de travail, la femme n'en pouvait plus et le gamin non plus. Je suis entrée, ai apprécié l'état du ménage: malgré ma myopie  prononcée, je peux dire que ce n'était pas complètement propre ni rangé. le patient était avachi sur le canapé, la table pleine de détritus où il était impossible de poser mon ordonnancier sans le tâcher de machins suspects, une lampe était tombée, brisée le patient ayant tenté de s'y accrocher lors d'un faux pas . L'épouse était partie travailler.
Et là je posai mes questions au patient qui me répondit plus ou moins bien.
Par contre au bout de cinq minutes il me déclara: " docteur, j'ai envie de vous et bli et bla...."
Dans la journée même, son épouse épuisée nerveusement du climat familial était au courant de tout par le menu par mes soins. Peut-être cela l'a-t-il aidée à divorcer plus vite, mais la situation n'était plus tenable.

Parfois les enfants m'avertissent: " attention docteur mon père boit et pas qu'un peu". Un peu plus tard je pose des questions à l'intéressé qui me répond: " Boire? Absolument pas, c'est fini tout ça". Et à cause du secret professionnel je suis obligée d'accepter la réponse.

Et un autre, depuis onze ans que je le connais me répond systématiquement " docteur, j'ai arrêté de boire il y a quinze jours, plus une goutte d'alcool". Renseignements pris, c'est vrai car au moment où je le vois, la paie n'est pas encore tombée et le patient a fait la fête avec ses potes en début de moi;  et il vient souvent me voir en fin de mois!

lundi 21 mars 2011

Les médecins ont-ils le droit de prescrire hors AMM?

Mediator, quelles seraient les failles juridiques du système ?
Un principe de liberté de prescription du médecin quasi absolu, pleinement au coeur du problème

La question ici posée est celle du principe de libre prescription des médecins posée et garantie par l’article L. 162-2 du Code de la sécurité sociale. En application de ce principe de libre prescription des médecins, ces derniers ont donc juridiquement parfaitement le droit de prescrire un médicament hors autorisation de mise sur le marché.

La loi ne pose que quelques limites très peu nombreuses à la liberté de prescription des médecins, limites d’ordre économique ou d’ordre sanitaire motivées sur la dangerosité pour la santé de certains médicaments, ces derniers étant alors légalement soumis à des restrictions en matière de prescription. C’est ainsi le cas notamment des médicaments d’usage hospitalier (article R. 5143-5-4 du Code de la santé publique) ou de ceux nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement (art. R. 5121-77 du même code).
Le médecin n’est donc pas légalement tenu de prescrire dans le cadre des indications de l’AMM du médicament.
Il est tout de même fortement invité, notamment par le biais des très nombreuses indications de prescription susceptibles de l'aider dans sa prescription dénomées références médicales opposables (RMO) et qui peuvent, le cas échéant, revêtir une réelle valeur juridique jouant en défaveur du médecin lorsqu'un dommage survient et qu'il est démontré que le médecin ne les a pas suivies.
http://www.jureka.fr/sante/dossiers/mediator-comment-t-pu-en-arriver-la/les-medecins-ont-ils-le-droit-de-prescrire-un-medicament-hors-amm

Tout ce préambule pour dire qu'il n'est pas illégal de détourner un produit de son usage. Toutefois, devant le tout et n'importe quoi appliqué aux obèses, par exemple la prescription de diurétiques, d'amphétamines anorexigènes et d'extraits thyroïdiens, on a mis les pieds dans le plat en déclarant illégales de  telles prescription dangereuses pour la santé. Médiator est passé au travers car il n'avait pas l'indication coupe-faim.

dimanche 20 mars 2011

Guérison défendue

Madame, Monsieur,



Après le 30 avril 2011, de nombreux produits et compléments alimentaires à base de plantes vont devenir illégaux en France.
Pourquoi ? Parce qu'une nouvelle directive européenne, la THMPD (Traditional Herbal Medicinal Products Directive) va être transposée en droit français.


Cette directive impose aux produits thérapeutiques à base de plantes de passer par une procédure d'agrément simplifiée par rapport aux médicaments normaux, mais néanmoins extrêmement lourde pour des petits producteurs qui n'ont pas les moyens financiers, ni les bataillons d'avocats des grands groupes pharmaceutiques.
Cette directive, qui date de 2004, a déjà été partiellement transposée dans notre droit en 2008, en imposant cette procédure aux nouveaux produits entrant sur le marché européen.

La Médecine traditionnelle Chinoise (MTC) et l'Ayurveda (médecine indienne), ont été particulièrement touchés. Les patients et citoyens européens ont été privés de centaines de produits, qui auraient pu potentiellement soigner leurs maladies, sans qu'ils s'en aperçoivent.

Mais cette directive épargnait jusqu'à présent les produits qui étaient déjà commercialisés depuis longtemps sur notre continent, en particulier évidemment les plantes européennes bien connues.

Or, à partir du 30 avril, tous les produits à base de plantes, et portant des allégations thérapeutiques, même reconnues depuis des centaines ou des milliers d'années, vont devoir passer par cette procédure. On estime que cela coûtera aux fabricants entre 100 000 et 150 000 euros de faire agréer un seul produit.

Sans aucun doute, des centaines, voire des milliers de plantes vont disparaître des rayons des distributeurs. Et pour quel bénéfice ? A qui profite le « crime » ?
Toujours est-il que les multinationales pharmaceutiques peuvent se frotter les mains.
C'est pourquoi des patients et des citoyens se sont organisés pour résister et nous avons lancé une pétition que vous pouvez signer en cliquant en bas de cette page.

En Angleterre, c'est l'Alliance for Natural Health (ANH) qui mène le combat. Au niveau européen, une fondation a été créée la European Benefyt Foundation, pour la défense de la Médecine Traditionnelle Chinoise.

En France, de nombreux sites Internet et groupes de militants ont diffusé l'information. Pour notre part, nous avons créé un Collectif pour la Défense de la Médecine Naturelle.

Nous voulons simplement défendre notre droit de nous soigner autrement. Au départ, nous avions créé une vidéo, qui a beaucoup circulé sur Internet.

Mais nous avons décidé de la retirer parce que nous nous sommes aperçus que certains critiquaient notre action, au motif que la directive THMPD n'aurait pas des effets aussi radicaux que nous le disions.

Ont-ils raison ? Nous ne le pensons pas. On peut toujours discuter les détails juridiques de cette directive, et chercher à imaginer comment les administrations des différents pays européens décideront de l'appliquer.

Mais il faut bien être conscient d'une chose : il s'agit incontestablement d'une arme de plus, dans la main de nos gouvernements, pour restreindre notre liberté de choisir nos thérapies.
Aujourd'hui, les thérapeutes alternatifs, la médecine naturelle, font déjà l'objet de soupçons exagérés de la part des autorités sanitaires, selon nous.

S'il existe des charlatans, cela ne justifie pas les persécutions que subissent de nombreux producteurs de plantes et de compléments alimentaires. Toute cette vigilance profiterait plus au bien collectif si elle servait à mieux vérifier ce qui se trouve dans les médicaments issus de la pétrochimie, dont les effets secondaires sont, pour le coup, incontestables et parfois gravissimes.

Faut-il rappeler l'affaire du Vioxx, de l'Avandia, du Médiator, et, aujourd'hui, du Buflomédil ?

•Nous pensons que la directive THMPD impose une procédure administrative trop lourde et trop coûteuse pour de nombreux traitements naturels qui existent depuis longtemps, et qui ne sont pas dangereux.
•L'argument de notre « sécurité » nous semble être une fois de plus utilisé pour justifier des atteintes à nos droits humains fondamentaux.
•Nous ne voulons pas de cette nouvelle restriction de notre liberté à nous soigner autrement.
C'est pourquoi nous vous encourageons à signer notre pétition vous aussi.
Bien entendu, nous vous encourageons à faire toutes les recherches nécessaires sur Internet concernant cette affaire, afin de vous faire votre propre opinion, sans vous arrêter aux personnes qui affirment un peu vite qu'il n'y a pas de danger !!

A notre avis, il est plus que jamais urgent de signer notre pétition.
Ainsi qu'il est spécifié, vos coordonnées resteront strictement confidentielles et ne seront jamais communiquées.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l'expression de nos salutations distinguées.

Le Collectif pour la Défense de la Médecine Naturelle
 
Si  vous êes pour la liberté de se soigner comme vous l'entendez, vous pouvez signer, et même c'est urgent!

vendredi 18 mars 2011

Pauvre visiteuse?

Une visiteuse médicale, maquillée comme pour le bal du quatorze juillet,  vient par hasard dans mon cabinet: "oh docteur, je suis heureuse que vous puissiez me recevoir! Je n'ai vu qu'un médecin depuis ce matin". Elle  a effectivement l'air ravie, moi un peu moins car elle n'avait pas rendez-vous, mais j'ai pitié et peut-être que je vais apprendre quelque chose: les labos se font rares en ce moment.
Et elle démarre: " Isilox, excellent antibiotique, grand spectre d'action, très bon, très bon, très bon ( je fais un bref résumé).
- Vous savez qu'en ces temps difficiles pour le monde de la médecine il ne faut pas oublier certaines choses?
- Quoi docteur?
- Les effets secondaires! Pour connaitre bien les produits et bien les manipuler il faut les connaitre! Un médicament efficace a son corollaire: les effets secondaires.
- J'allais oublier: ne pas le donner avec la cordarone ( pour le rythme cardiaque) car cela peut se contrarier. et puis il peut donner moins de problème de tendons que d'autres de la même classe thérapeutique.
- J'ai confiance en ce produit, mais il peut avoir des tas d'effets indésirables qu'il faut connaitre, n'est-ce pas que c'est important?"
Je ne suis pas sûre qu'elle revienne, la pauvre; elle a oublié tout ça:

Ce médicament peut, dans de rares cas, provoquer une hépatite ou des réactions cutanées potentiellement graves. Vous devez arrêter votre traitement et prendre en urgence un avis médical en cas d'apparition d'un des symptômes suivants : éruption de boutons ou de cloques, jaunisse avec selles décolorées et urines foncées, fatigue rapide inexpliquée, démangeaisons diffuses et importantes.

Les antibiotiques de la famille des quinolones peuvent provoquer des lésions des tendons, parfois graves : toute douleur évoquant une tendinite doit vous conduire à arrêter immédiatement le traitement et à consulter rapidement votre médecin.

Les quinolones peuvent également être responsables de réactions de photosensibilisation : une exposition aux rayons ultraviolets (soleil, lampe à bronzer) peut provoquer des coups de soleil intenses. N'omettez pas de signaler à votre médecin vos projets de vacances au soleil pendant la durée du traitement.

Des précautions sont nécessaires en cas de myasthénie, d'insuffisance rénale, de déficit en G6PD ou d'antécédent de convulsions.

Conducteur : ce médicament peut provoquer des troubles nerveux susceptibles d'altérer la vigilance.
http://www.eurekasante.fr/medicaments/vidal-famille/medicament-gp761-IZILOX.html
ca fait vingt ans qu'elle est dans le métier, et si elle ne se rend pas compte que les choses changent c'est mal barré pour elle.

mercredi 16 mars 2011

Mediator: comment réformer le système du médicament


Le Pr Philippe Even, explique les huit principes érigés pour réformer le système du médicament français.

(...)
Le document de 85 pages comprend deux volets: un audit et des propositions. Pour leur audit, les deux professeurs ont entendu une quinzaine de personnes issues de la Haute autorité de santé, de l'Agence sanitaire des produits de santé (Afssaps), de l'industrie du médicament... "Le constat, explique le Pr Even, c'est que les 3000 experts français ne sont pas des experts. Leur niveau moyen est médiocre et pas à la hauteur de la mission confiée: l'évaluation de la toxicité des médicaments que prennent 65 millions de Français..."

Les propositions de réforme des deux professeurs, fidèles au rapport de l'Igas, s'articulent autour de huit grands principes.

1 - L'éthique. Le rapport préconise de privilégier les malades d'aujourd'hui et de demain aux industriels. Cette considération passe nécessairement par un "mariage public/privé". "Il faut une coopération effective entre la recherche d'Etat et la recherche privée, qui finance les études", détaille Philippe Even.
C'est vraiment bien de remettre le patient au coeur des préocupations, ce qui est lamentable est qu'il faille resituer la place du patient dans le soin. Enfin c'est dit.

2 - Fonctionnalisme. Derrière ce terme barbare, un concept simple: l'adaptation des structures aux missions. Pour éviter la paralysie des institutions, "la règle à appliquer c'est: une agence pour une mission", détaille le coauteur du rapport.
En décortiquant les différents rapports sortis ces dernière années, j'ai déjà fait la remarque qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits.  Autre point que je trouve fondamental c'est que quelqu'un prenne la responsabilité de quelque chose, au lieu de faire des réunions en tout genre, si bien que la responsabilité se trouve diluée. Et si je convoquais le docteur Cravatte et le remplaçant pour prendre collégialement une décision pour faire opérer un de mes patients par exemple? Quelle perte de temps!

3 - Médicalisation. Dans le système actuel, les postes à responsabilités sont rarement occupés par des personnes ayant une formation médicale. "La direction des agences doit impérativement être confiée à des médecins qui connaissent les problèmes techniques et les médicaments sur lesquels ils sont amenés à statuer."
C'est un minimum. 

4 - Compétences. Le rapport prône l'amélioration des compétences des médecins généralistes et des experts des agences de santé. Les médecins de terrain devraient, selon les deux professeurs, suivre une formation thérapeutique au cours de leur formation initiale. Puis une formation continue, tout au long de leur carrière, "pour se tenir au courant des nouveaux traitements". "Dans le système actuel, soit les médecins ne sont pas informés, soit ils sont informés par les laboratoires", déplore le Pr Even.
Qu'elle est choquante la phrase en gras! J'ai appris le tricot peut-être pendant mes études? Ou peut-être étais-je occupée à prendre des cafés agréablement avec tout beau mâle croisé sur le chemin?

"Quant aux 3000 experts incompétents, ils pourraient être remplacés par une vingtaine ou une quarantaine d'experts de très haut niveau, détachés temporairement des universités et recrutés et rémunérés à la hauteur de leur mission", tranche le coauteur du rapport. Pour mesurer la valeur de nos experts, le Pr Philippe Even a analysé l'intérêt de la communauté scientifique pour leurs travaux. "Il est nulle", conclut-il sans appel.

5 - Indépendance. Souvent mise en cause, l'indépendance des experts médicaux doit être garantie. Pour recenser les conflits d'intérêts, les professeurs proposent que les experts fassent des "déclarations" sur les montants perçus et sur les conditions dans lesquelles ces sommes sont attribuées - à titre personne ou pour aider le fonctionnement du laboratoire. La réforme du médicament prévoit également "d'écarter ou de sanctionner, sur le modèle du système américain, les experts rémunérés à titre personnel".

6 - Exigence. A l'égard des industries pharmaceutiques et de leurs études cliniques. "Ces dernières ne sont pas toujours de qualité, déplore le Pr Even. Elle mérite une attention très vive et très particulière."

7 - Responsabilité. D'après le rapport, les compte-rendus de séance sont "peu fidèles" et "de nombreux membres ignorent presque tout du dossier sur lequel ils votent, et même de la pathologie en cause". Pour endiguer ce phénomène, le rapport prône que les décisions prises soient "motivées" et que les experts soient "responsables", c'est-à-dire qu'ils signent leurs décisions. "Il n'y a pas de qualité sans responsabilité de ceux qui prennent les décisions", conclut Philippe Even.
allez lecteurs, apprenez que les décideurs n'y connaissent souvent rien! Et le médecin qui veut faire une médecine réfléchie doit piocher dans d'autres sources que celles qu'il a ( dictionnaire vidal, recommandations de la HAS) et que c'est parfois en contradiction avec le bon sens. 

8 - Réactivité. La commission de pharmacovigilance agit selon une procédure "extraordinairement lente", déplorent les professeurs. "La France est toujours à la traîne pour retirer un médicament du marché, comme ce fut le cas pour le buflomédil, le Mediator, l'hormone de croissance..." Philippe Even préconise donc de raccourcir le circuit pour éviter que les démarches au sein des agences prennent des mois, voire des années.
Mais messieur, pour racourcir le circuit, encore faudrait-il que la pharmacovigilance soit accessible facilement par chaque généraliste! Et je refourgue mon portail de pharmacovigilance sur l'ordinateur de tous les médecins


Ces recommandations mises à plat, la réforme du système du médicament aura-t-elle lieu? Le Pr Even, "conseiller amical" du ministre de la Santé, garde bon espoir. La détermination de Nicolas Sarkozy et de son ministre de tutelle, Xavier Bertrand, le laisse penser qu'un changement en profondeur est possible.


http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/mediator-comment-reformer-le-systeme-du-medicament_972857.html

lundi 14 mars 2011

Braquage

http://www.jaddo.fr/

Une consoeur blogueuse s'est fait braquer. Toute vaillante et combative qu'elle est, elle n'a rien pu faire, hormis le relater. Et ça, ça réveille un tas de souvenirs que je n'ai pas trop plaisir à me rappeler, mais c'est la réalité actuelle.
Par exemple j'ai travaillé  en Plaine-Saint-Denis pendant quatre mois chez deux consoeurs très chouettes, compétentes mais qui ont  malheureusement l'habitude de se faire braquer "tous les quatre matins". Pourquoi ne changent-elles pas de région? Je les ai remplacées jusqu'au moment où je me suis rendu compte que se faire cambrioler ou braquer était dans le "normal" et le quotidien de ces consoeurs; un jour ( pour la deuxièe fois en quatre mois) je suis arrivée, tout avait été fracturé et elles m'ont demandé si je n'avais rien laissé ouvert. Non mesdames, les voleurs rivalisent d'imagination parfois.
Durant ces quatre mois j'ai aussi été témoin d'une tentative de vol de voiture: j'ai planté mes pleins phares sur eux, toute impulsive que j'étais, les types se sont sauvés et la voiture n'a pas été ouverte ce laps de temps.
Une autre fois la secrétaire s'est fait voler sa voiture presque sous ses yeux.
Je n'étais pas faite pour vivre dans la peur permanente alors j'ai cherché à remplacer à la campagne, cette expérience m'ayant servi de leçon.
Et si l'on me dit que tout le monde doit pouvoir accéder à un médecin, OK c'est vrai. Moi je ne peux pas.

Et j'en suis toute désolée pour Jaddo et ses couettes.

samedi 12 mars 2011

Encore un jeune patient qui m'appelle pour une ordonnance de champix: un autre médecin lui a prescrit pour six semaines et il me demande six semaines supplémentaire. J'ai refusé devant un tel rapport bénéfice-risque négatif. Il était au courant, mais parfois les gens aiment jouer avec le feu. A quand son retrait? Idem pour le zyban mais on ne me le demande plus.

GSK est le fabricant du Zyban, Pfizer du Champix, deux médicaments pour arrêter de fumer, présents sur la liste des 77 médicaments sous surveillance.


Le Zyban est une amphétamine. Son nom chimique est le bupropion mais avant 2000, son véritable nom était amfebutamone. Ce « médicament » a été commercialisé dans le sevrage tabagique, mais c’est également un antidépresseur aux Etats-Unis. Plus intéressant, le laboratoire Orexigen a cherché à le commercialiser en tant que coupe-faim, en association avec un anti-addictif. Les autorités de santé américaines viennent de refuser l’Autorisation de Mise sur le Marché, demandant de creuser davantage la sécurité cardiovasculaire… L’histoire se répète.


Le Champix (commercialisé aux Etats-Unis sous le nom de Chantix) a eu le triste privilège seulement 1 an après sa mise sur le marché d’être le médicament ayant totalisé le plus d’effets indésirables sérieux aux Etats-Unis .
http://www.lepost.fr/article/2011/02/24/2416458_affaire-mediator-le-depute-gerard-bapt-lave-blanc-mais-pas-encore-plus-blanc.html

C'était les dernière nouvelles du front.


jeudi 10 mars 2011

Impuissance post-chirurgicale

Un malheureux patient s'est réveillé il y a quelques mois avec une crise de priapisme (Le priapisme (du grec πριαπισμός, érection) est une situation pénible et potentiellement dangereuse dans laquelle le pénis après l'érection ne retrouve pas sa flaccidité normale au bout de quatre heures, même en l'absence de toute stimulation physique ou psychologique.
Le priapisme est une urgence médicale et a besoin d'être traité par un médecin qualifié.) wikipédia

Il est donc allé aux urgences, on l'a opéré de ce qui coinçait et suite à cela il ne pouvait plus avoir d'érection. "Heureusement"  le chirurgien l'a mis sous valium, ce qui l'a à moitié endormi... et son érection totalement pour le coup.
J'avais sauté en l'air à ce moment comme à mon accoutumé et le patient l'avait arrêté, mais tout ne repartait pas. Alors le chirurgien lui a donné une injection à pratiquer au bon endroit au moment où il en ressent le besoin de façon à ce que la chose puisse s'ériger normalement.

Las! Rien de rien, même avec l'injection de course.
Nous en avons parlé avec son épouse, venue seule,  très sérieusement:
" Mais enfin, il ne dit rien à son médecin?
- Non docteur, il ne lui raconte pas grand chose.
- Je pensais que, entre homme ça pipelettait?
- Non, il y a des sujets dont il ne parle pas, même avec moi"

Il y a d'énormes tabous concernant cette chose si naturelle qu'est l'amour entre deux êtres.  En tout cas chez moi ça cause et parfois j'entends plus que je ne m'y attendais; mais à qui les patients vont en parler s'ils ne peuvent même pas se confier au médecin?




mardi 8 mars 2011

Pauvre patiente délaissée!

Une patiente âgé m'a appelé hier pour un rendez-vous ce jour. Fatiguée et surmenée je lui ai répondu que je n'avait pas le temps mais que mon remplaçant était charmant. Devant son "vous ne voulez pas me soigner?" déséspérée, j'ai accepté de la recevoir ce jour.
Elle entre et commence "Alors docteur, vous ne vouliez pas voir la petite Jeanne?" Elle avait une tête si malheureuse que je n'ai pu m'empêcher de lui planter un baiser sur les deux joues. Elle continue " Vous savez bien docteur que dés que je change de médecin,  les traitements ne marchent pas. Il fallait que je vous voie.
- Mais madame, je ne peux pas vous prendre dans mes bagages en vacances!" Elle a eu l'air rassuré lorsqu'elle a su que ce n'était qu'au mois d'août.
 Pauvre patiente, j'ai osé lui faire ça! Elle qui m'offre un bonbon à chaque fin de consultation! Cependant elle a ajouté cette fois  Et vous ne le méritez pas cette fois!"  Ca a mérité un autre bisou sur les joues de cette sympathique presque nonagénaire.

dimanche 6 mars 2011

Noctran

 Il serait responsable de «chutes» et de «troubles neurologiques et psychiatriques» sur les personnes âgées, principales consommatrices...

La commission d’AMM (autorisation de mise sur le marché) de l’Afssaps a fait connaître vendredi son avis concernant le Noctran, un médicament utilisé contre les troubles du sommeil, rapporte L'Express.fr citant l'AFP.

D’après le communiqué publié sur le site de l’Afssaps, la commission, réunie jeudi, a en effet «reconsidéré le bénéfice/risque du médicament et a voté contre son maintien sur le marché».

Le Noctran, commercialisé uniquement en France depuis 1988 contient une association de trois principes actifs «qui n’a pas montré d’intérêt». En outre, celle-ci présente des risques accrus en raison d’une «importante utilisation chronique du Noctran» alors que la durée du traitement ne devrait pas dépasser quatre semaines.

La commission note que le médicament est souvent utilisé en «surdosage volontaire». Il provoquerait aussi des «chutes», problématiques pour cette tranche d’âge. Les personnes âgées seront les premières concernées si le retrait a lieu. Elles sont les principales consommatrices de ce médicament.

Une décision attendue courant mars
Le Noctran fait partie de la liste des 77 médicaments faisant l’objet d’une surveillance renforcée, publiée en janvier. La liste mentionnait déjà une possibilité de retrait.

En attendant je conseille  à tous ceux qui en prennent de commencer leur sevrage avec l'aide de leur médecin.
... J'avais oublié qu'il y avait un neuroleptique dans la composition, ce qui rend d'autant plus necessaire son interdiction: dans un simple trouble du sommeil c'est un peu exagéré.

jeudi 3 mars 2011

Savoir arrêter son traitement

Une revenante: "Bonjour docteur, j'étais pendant un an et demi avec un autre médecin mais je préfère revenir vous voir et faire des kilomètres en plus. Le médecin que je voyais est en quelque sorte un  "monsieur 23 euros" qui est complètement désabusé et en qui je n'ai plus confiance.  En particulier je suis allée le voir car j'étais stressée et il m'a consulté trois minutes, fait une ordonnance de déroxat, ce que je sais que vous n'aimez pas.
- Vous l'avez pris?
- Je ne vous cache pas que je l'ai pris une semaine, puis je me suis sentie comme des contractures de partout, stressée et l'ai arrêté.
- Et ensuite?
- Je suis retournée le voir pour ma fille et il m'a dit "Vous n'êtes pas revenue pour le renouvellement de votre déroxat?" " Non docteur je ne le prends pas, je n'ai pas confiance". "Mais vous avez confiance en moi?" "Ca n'a rien à voir, c'est le médicament, je ne suis pas bien avec". "Alors ce n'est pas la peine de me revoir si vous ne prenez pas votre traitement, au revoir".

Si j'ai pu,  ne serait-ce que faire réfléchir les patients concernant les médicaments qu'on leur prescrit je suis absolument ravie. Mon livre et ce blog ont cette ambition. Et j'aurais bien mérité cette article que l'on a fait sur moi dans l'express: "la généraliste rebelle".

mercredi 2 mars 2011

Ces pilules qui font du mal à la Sécu

Détournés de leur utilisation première, de nombreux médicaments sont prescrits de manière abusive. Une pratique qui, en plus d'être parfois dangereuse, coûte cher à l'Assurance-maladie.

"Les firmes ont tendance à encourager les médecins à prescrire en dehors de l'AMM ou des recommandations pour élargir leur marché", Bruno Toussaint, de Prescrire.

Médiator
128 millions d'euros remboursés entre 2004 et 2009 pour cet antidiabétique de Servier.
20 % de gaspillage, lié à des prescriptions comme coupe-faim injustifiées.

Parmi les patients traités avec le Mediator, 20 % au moins, selon l'Inspection générale des affaires sociales, n'auraient jamais dû avaler ces comprimés. Ils n'étaient pas diabétiques, mais voulaient perdre du poids, et le produit leur a été prescrit pour ses propriétés anorexigènes. Or sa vente n'était pas autorisée pour cette indication... "La prescription de médicaments en dehors du périmètre de leur autorisation de mise sur le marché (AMM) tient presque du sport national", déplore Jean-Marc Aubert, consultant chez Jalma et ancien directeur délégué de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam).
ACOMPLIA
25 millions d'euros remboursés entre 2007 et 2009 pour ce médicament amaigrissant réservé aux diabétiques fabriqué par Sanofi-Aventis.
Un tiers de gaspillage, du fait de la prescription à des non-diabétiques.

Parfois, cela peut se justifier, pour les patients souffrant de maladies rares ou pour les enfants : les laboratoires demandent rarement une autorisation pour ces publics restreints et considérés comme trop peu rentables. Mais la majorité de ces prescriptions est tout simplement injustifiée. En théorie, elles ne devraient pas être prises en charge par l'Assurance-maladie. En pratique, les médecins "oublient" souvent de noter sur leur ordonnance que le produit, dans ce cas, n'est pas remboursable. Un vrai gaspillage qui vient creuser un peu plus le trou de la Sécu. Rien qu'au titre de ces ordonnances abusives, le seul Mediator a généré plus de 25 millions d'euros de dépenses inutiles entre 2004 et 2009.

Hormones thyroïdiennes ou diurétiques pour maigrir...

CREON
65 millions d'euros remboursés entre 2005 et 2009 pour ce traitement de maladies pancréatiques du laboratoire Abbott.
50 % de gaspillage, lié à des prescriptions pour "améliorer la digestion".

Aucune donnée ne permet d'évaluer l'ampleur de ces dérives, ni le manque à gagner pour l'Assurance-maladie. Mais quelques rares études aident à cerner l'ampleur du phénomène. Prenons les antidépresseurs : "Environ un tiers des prescriptions sont liées à des dépressions courtes ou légères. Or il n'existe aucune preuve scientifique de l'efficacité de ces produits dans ces situations", soupire Jean-Marc Aubert. Ces molécules ont coûté 540 millions d'euros à la Sécu en 2009 - dont 178 millions sans doute en pure perte...

"Les deux domaines les plus concernés par ce détournement d'utilisation sont le blanchiment de la peau, avec les pommades à base de corticoïdes, et la perte de poids", constate André Deseur, de l'ordre des médecins. Amenée à sanctionner les médecins indélicats, cette instance juge régulièrement des dossiers de prescriptions injustifiées de diurétiques ou d'hormones thyroïdiennes - des molécules à l'effet amaigrissant, même s'il est souvent provisoire. Dans le même ordre d'idée, la Haute Autorité de santé (HAS) a enquêté sur le Creon, destiné à soigner les maladies du pancréas. Résultat : ce médicament est administré plus d'une fois sur deux en dehors de l'AMM, pour "faciliter la digestion". Gaspillage : 32 millions d'euros entre 2005 et 2009.

STATINES
1 milliard d'euros remboursé en 2009 pour ces molécules anticholestérol.
Les deux tiers des traitements instaurés l'ont été sans suivre les recommandations (régime préalable...) en 2003. La situation s'améliore, mais des progrès restent possibles.

Des médecins pas assez formés à la pharmacopée

"Les abus peuvent aussi concerner des prescriptions respectant l'AMM mais pas le périmètre de remboursement fixé par les pouvoirs publics", ajoute Gilles Bouvenot, de la HAS. Exemple célèbre : l'Acomplia, la pilule amaigrissante de Sanofi, retirée du marché en 2009. Elle ne devait être remboursée que pour les diabétiques en surpoids. "En réalité, un tiers des patients ne prenaient pas d'antidiabétiques en même temps", raconte Gilles Bouvenot. La plupart ne souffraient donc probablement pas de diabète, ce qui représente pour la Sécu des dépenses indues de 8 millions d'euros entre 2007 et 2009. Et il y a aussi tous les comprimés prescrits sans respecter les "recommandations de bonnes pratiques", comme les antibiotiques en cas d'infection virale. Ou les molécules anticholestérol, dont les statines, remboursées à hauteur de plus de 1 milliard d'euros par an. En 2003, les experts de la Sécu ont démontré que les deux tiers de ces traitements étaient instaurés en dehors de tout risque cardio-vasculaire avéré et sans régime préalable, contrairement aux recommandations. La situation se serait améliorée depuis, même s'il reste, selon la Cnam, "des marges de progrès".

ANTIDÉPRESSEURS
540 millions d'euros remboursés en 2009 pour ces produits réservés aux dépressions graves.
Un tiers de gaspillage, lié à des prescriptions pour des épisodes dépressifs courts ou légers.

Que trouve-t-on à l'origine de ces abus ? La pression des patients et la trop faible formation des médecins à la pharmacopée. Le lobbying des laboratoires, aussi. "Les firmes ont tendance à encourager les médecins à prescrire en dehors de l'AMM ou des recommandations pour élargir leur marché", constate Bruno Toussaint, de Prescrire, qui réclamait de longue date le retrait du Mediator. La revue a piloté pendant quinze ans un observatoire de la visite médicale, dont elle pointait les dérives. Il n'a pas été réédité depuis 2006, mais le sujet reste d'actualité. Pour preuve : en France, des publicités sont régulièrement retirées pour "extension abusive d'indication". Et, aux Etats-Unis, AstraZeneca a été condamné à verser plus de 500 millions d'euros pour avoir promu un traitement contre les troubles bipolaires et la schizophrénie dans de nombreuses autres pathologies (Alzheimer, angoisse, dépression...). Un avertissement pour les labos français

Article un peu long mais édifiant! Le pire est que cette situation se sait depuis des lustres mais on laisse aller. Ce n'est pas pour rien que j'ai hurlé contre les pratiques du labo commercialisant Accomplia dans mon livre! Concernant les crèmes pour blanchir la peau ( corticoïdes), j'ai été laxiste un petit peu, ne refusant pas de les renouveler à des noires de la Plaine Saint Denis ; elles avaient toutes une bonne explication pour me les demander " eczéma chronique docteur".
Et les antidépresseurs! Je  pense qu'ils n'ont pas vraiment leur  place en médecine générale.

 Mais la pression des labos, le beau visuel et on se laisse convaincre. 
Alors on pourrait modifier le titre: "ces pilules qui font du mal aux patients".