jeudi 30 septembre 2010

Perte de confiance

La confiance de la population envers les vaccins a pris un sacré coup dans l'aile. Un de mes patients m'a demandé par télephone "que pensez-vous du vaccin anti-grippe nouveau avec H1N1?"
Et un autre a précisé l'angoisse que beaucoup ont:
" Docteur, nous avons apporté les vaccins. Pouvez-vous nous les faire?
- Oui.
- Mais nous sommes inquiets, il y a du H1N1 dedans.
- Oui, cela a été intégré cette année dans le nouveau vaccin.
- Mais cette affaire d'adjuvant?
- Il n'y en a pas. Celui-ci est fabriqué sur de l'oeuf.
- On vous fait totale confiance docteur".
N'empêche que quand je les ai vaccinés,  ils n'en menaient pas large.
En résumé, grâce aux pouvoirs publics mélangés à des médias dans tous les sens, les français pour la plupart pataugent dans la choucroute et font vaccin= adjuvant= risque de maladie, et le racourci: les vaccins peuvent donner des maladies.
Elle était belle l'opération de communication... qui s'est soldée en pratiquement une manoeuvre militaire avec les obligations de se vacciner pour certains et de vacciner  pour les autres. Le seul heureux de ma clientèle a été un "volontaire"  ( que l'on avait fortement incité) qui devait s'occuper d'un centre et qui a gagné 1200 euros. J'en suis très heureuse, mais que pour lui.

mercredi 29 septembre 2010

Cirage de pompes personnalisé

Il y a quelques temps un type que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, la voix enjouée m'appelle: "Docteur Vincent? C'est vous. Tout le monde pense du bien de vous, vous êtes tellement à l'écoute, tellement compétent. Vos patients ont de la chance d'avoir un médecin tel que vous.
- Bonjour monsieur, on se connait?
- Non, je ne vous connais que de réputation. Nous recherchons des médecins dans votre village pour développer un procédé révolutionnaire de médecine esthétique. Avez-vous de la place pour un deuxième divan dans votre cabinet?
- ... Oui, mais je ne suis pas interessée.
- Comment, vous ne voulez pas aider vos patients à se sentir mieux dans leur corps? Nous avons vraiment besoin d'un médecin dans votre village.
- OK, si vous avez tant besoin de moi que ça,  vous m'offrez ce fichu divan.
- Je ne comprends pas.
- Si, il faut me l'offrir, sinon rien. Au revoir monsieur".
Il faut en avoir du toupet pour me présenter sa méthode de cette façon!
Quand j'en ai parlé à mon compagnon en insistant sur le fait que j'étais incontournable dans le village, compétente etc. il a fait un geste équivalent à " je vous cire les pompes" mais un tout petit peu plus vulgaire. Devinez!

lundi 27 septembre 2010

perversion des valeurs

Je reçois un patient qui veut changer de médecin. Il souffre d'une grosse bronchite qui tend à s'estomper; mais j'ai voulu le connaitre un peu mieux.
" Vous fumez?
- Oui docteur
- Mais vous fumez des autres trucs?
- Ca m'arrive, peu souvent.
- Avec les copains?
- Oui le week-end.
- Et parfois en semaine?
- Oui, le soir vite fait pour m'endormir.
- Alors vous fumez tous les jours!"
Il n'avait aucune honte à m'avouer fumer de temps en temps, mais être accro, ça c'est tabou. Ce n'est pas le seul.

Pour parler de la drogue, je ne pense pas que les salles de shoot que la Bachelot veut nous instaurer soient une bonne solution: dans cette salle, non seulement l'on aura l'aval du gouvernement pour se shooter propre ( et en plus ils viennent de verser des subventions conséquentes pour ce projet) mais en plus on pourra se donner toutes les adresses, tous les petits trucs qui facilitent la vie du toxicomane.
On prend une voie dangereuse où les valeurs de la société vacillent.

Un livre très instructif est sorti " Droit du sexe" de maitre Caballero. On y apprend notamment que
" on a levé l'interdiction de la zoophilie mais remplacée par des mesures de lutte contre la cruauté infligée aux animaux. Il est donc interdit de sodomiser son chien... mais une femme peut tout à fait avoir un rapport vaginal avec son berger allemand, dont le consentement est alors présupposé" ( le quotidien du médecin)

Cela était une illustration de la perversion des valeurs de la société.

Confusion...

Il y a quelques temps un patient inconnu entre dans mon cabinet. Je suppose qu'au minimum il ne savait pas où il se trouvait car il s'est assis directement sur mon fauteuil en face de mon ordinateur.
Je ne me suis pas dégonflée et me suis assise pour ma part sur une chaise de patient, lui ai tendu ma carte vital et ai enchainé " Voilà, c'est pour une consultation".
Pauvre malheureux! Il n'a absolument rien compris pendant un instant, m'a regardé l'air absolument dans la purée et j'ai dû lui expliquer que c'était une blague et que s'il voulait bien quitter mon fauteuil nous pourrions commencer la consultation.

dimanche 26 septembre 2010

Salon de la biographie

Le salon de la biographie de Neuville-En-Ferrain auquel  j'ai été invitée hier est un endroit très convivial. Je commence enfin à quitter le rôle de "petite souris sous l'estrade" que je m'étais dévolue depuis de nombreuses années! Comme quoi, il faut savoir se lancer! En gros j'ai tout raconté de mon livre, tout sur la Sécu, du malaise de la médecine et tout et tout. Et un gros compliment que je journaliste m'a fait en fin de présentation " et en plus son livre est drôle!" 
Jusqu'à maintenant un des seuls livres médicaux que je trouvais drôle et dont je conseille la lecture est " médecin malgré moi" de Patrick de Funès. Quel bon moment; tous les incompétents et avides d'argent sont brocardés de la bonne façon.

Par ailleurs un  auteur présent m'a beaucoup touchée et interpellée avec son livre , c'est  le Syndrome du bocal de Claude Pinault.


Libella.fr
Jusque-là, tout allait bien pour Claude Pinault…


Une nuit, une otite violente le réveille.


Au matin, sa vie bascule.


En quelques heures, il se retrouve tétraplégique.


Enfermé à l’intérieur de son corps qui ne répond plus, prisonnier d’un « bocal », il apprend le nom de sa terrible maladie : le syndrome de Guillain-Barré. Une maladie rare qui affecte les nerfs périphériques et qui peut conduire à la mort.


Commence alors pour lui une longue descente aux enfers, faite d’humiliations et de désespoirs.


Avec une atteinte aussi grave, on lui pronostique qu’il ne pourra plus marcher ni bouger, juste souffrir. Devenu du jour au lendemain une simple poupée de chiffon manipulée par une multitude d’infi rmières, Claude Pinault s’acharne pourtant à vivre. Lui qui avait tant aimé le livre de Jean-Dominique Bauby, Le Scaphandre et le papillon, il engage un étonnant combat pour redevenir un « homme-debout ».


Il nous en livre aujourd’hui un témoignage saisissant. Une formidable revanche sur la vie, racontée avec un humour décapant et un style remarquable.

Capi

J'ai déjà dit qu'il ne me semble rien avoir gagné avec le CAPI ( un contrat de bonne pratiques mis en place avec la Sécu)? Les médecins qui ont gagné quelque argent sont ceux qui se sont rapprochés des objectifs fixés. Moi j'étais trop proche et alors il m'est difficile de " laver plus blanc que blanc".
Et les objectifs que je n'ai pas atteint, je refuse de les atteindre pour le bien et le libre-arbitre de mes patients (par exemple donner des hypocholestérolémiants aux diabétiques, je ne vois pas la valeur ajoutée sur la mortalité). Donc j'ai signé car je suis absolument d'accord que l'on fasse des économies, mais voilà, c'est tout.
Pour mémoire la moyenne touchée par les généralistes est d'environ 3500 euros. Tant mieux si cela contribue à améliorer leur pratique.

jeudi 23 septembre 2010

Certificat d'absence scolaire

Et me voilà de nouveau en pétard très régulièrement: des mamans qui pourraient très bien soigner leur enfant malade seules viennent encombrer la consultation pour des certificats d'absence scolaire demandé par leur maitresse.
Ce n'est pas leur faute évidemment mais septembre est toujours le moment de mettre les points sur les i: à celles qui insiste le plus je leur prépare leur fichu certificat en rappelant au passage les textes de loi ( les certificats d'absence scolaires sont obligatoires en cas de teigne, de tuberculose et de scarlatine, et surtout pas par exemple dans le cas de la grippe A).

Les mamans jouent le jeu et transmettent ce petit rappel aux maitresses. Tant mieux, il y aura plus de temps pour les vrais malades.

mercredi 22 septembre 2010

Anorexie et boulimie

J'ai vraiment la phobie de provoquer une anorexie ou une boulimie chez un patient; quand je vois des enfants rondelets ou trop maigres, je suis de plus en plus hésitante sur le fait de faire des reflexions et j'attends que les parents m'en parlent. J'ai voulu écrire tout ce qui suit car j'ai trois anorexiques en ce moment ( dont je ne connais pas bien les conditions familiales, et donc je ne parle pas forcément pour elles) et des tas de boulimiques.
Autour de moi j'ai des tas d'exemples d'adultes qui ont subi des régimes jeunes, dont les familles considéraient que manger était un acte grave, qu'il y avait des rêgles:
" Il faut toujours finir son assiette"
" si tu ne le manges pas maintenant je te le ressers ce soir et demain matin et ainsi de suite jusqu'à ce que tu plies"
" tu manges ce qu'on te donne"
" mon pédiatre a dit que mon bébé était un peu gros, je ne lui donne que les quantités prescrites mais il pleure toujours" ( ça, je l'ai entendu, à quoi j'ai répondu " quand vous avez faim vous allez au frigo". J'ajouterai que les relations mère-bébé ne peuvent que se dégrader avec ce genre de privation.)

Une solution que je propose mais qui n'est pas toujours appliquée est que les parents fassent des courses intelligentes, c'est à dire qu'ils ne s'attardent pas au rayon biscuits, bonbon, charcuterie, plats préparés et qu'il y ait en permanence des fruits, noix, noisettes à portée de main, du chocolat noir ou à la rigueur au lait dans les placards, et du pain complet, plus des yaourts dans le frigo.  C'est à dire il m'est très difficile d'entendre d'une maman d'un gosse de 10 ans " mon gamin mange n'importe quoi" alors que c'est elle qui fait les courses.
Et pour les maman de bébés rondelets, il y a façon de les truander, c'est à dire de leur filer plus de protéines, de fibres que de gras et de sucre.

mardi 21 septembre 2010

bon pour la vaccination

J'ai reçu aujourd'hui le bon pour se faire vacciner! Je suis désolée, cela ne sera pas encore  pour cette année; j'ai eu une grippe horrible en 1995 qui a duré trois jours, juste le 31 décembre: je trépignais dans mon lit avec des douleurs musculaires intenses, complètement terrassée pendant que les autres s'amusaient à ma santé. Je n'en garde donc pas un très bon souvenir, mais je ne me ferai quand même pas vacciner.
J'ai un atout dans ma manche pour moi et tous ceux qui ne sont pas motivés par le fait de se faire vacciner: le délicieux chlorure de magnésium à prendre dés les premiers symptômes: on ne finit plus dans son lit mais dans les toilettes, parole de mon compagnon!
Donc, pour les autres, ceux ni intéressés par le vaccin, ni par le traitement ci-dessus, il reste l'homéopathie. Ca peut aider.

Association Bruno Maurice

J'ai été contacté par la présidente de l'association Bruno Maurice. Leur site: http://association.amh.pagesperso-orange.fr/index.htm

dans le livre que Janie Maurice a écrit " Bruno mon fils" se trouve un cri de rage envers le corps médical qui n'a pas su accompagner son petit garçon malade tout au long de sa maladie d'une façon humaine et courageuse. Car il en faut du courage pour pratiquer des soins parfois douloureux à un enfant. Je peux comprendre que certains ont tendance à chosifier le corps humain qui souffre, mais ce n'est pas la solution. L'enfant comme l'adulte ont besoin de compassion, de communication et d'affection, encore plus en état de souffrance.

Tout ceci me ramène encore au burn out dont souffre les médecins (maladie caractérisée par un ensemble de signes, de symptômes et de modifications du comportement en milieu professionnel wikipédia).
Et ces signes s'accompagnent aussi de prise de distance par rapport à l'être humain qui souffre en face de lui, de peur d'être entrainé soi-même dans... ? Un de mes confrères ne supportait pas que l'on prononce d'ailleurs le mot "patient" en face de lui quand il n'était pas au travail: le mot "patient" signifie pour lui travail harassant, obligation, problèmes. Pas une anecdote à raconter sur l'un d'eux, pas un bon mot, juste "horreur, horreur, un patient".

Une petite anecdote en passant: une patiente m'a lancé il y a quelques temps " Moi je deviens branchée fille. Et vous docteur, ça ne vous dit pas?" J'étais enceinte de quatre mois!

dimanche 19 septembre 2010

Festival de la biographie

Tout sur le festival de la biographie de Neuville-En-Ferrain:

Le festival de la biographie place les auteurs au cœur d’un week-end littéraire riche en échanges et en découvertes.
La 15ème édition est programmée le samedi 25 & dimanche 26 septembre 2010 au Centre Malraux.


L’objectif de cette manifestation littéraire est d’inviter un large public à rencontrer les auteurs et découvrir leurs ouvrages sur divers thèmes.

Au fil des années, le festival s’est distingué par son éclectisme. Divers sujets ont été abordés :

la musique avec Eve Ruggieri (1996), Jean-Claude Casadesus (1998) ;

les voyages avec les familles Delloy, Althabegoity et de la Rochefoucauld (2009) ;

les biographies de personnages historiques avec Max Gallo (1997), Irène Frain (1998), Jean-François Khan (2002), Yves Guena (2008) ;

l’autobiographie avec Claude Piéplu (1999), Françoise Laborde (2002) ;

les parcours atypiques avec Roger Hanin (2009) ;

les sujets de société avec Christiane Collange (2008)…

Ce week-end littéraire associe divers axes majeurs de la culture tout en abordant divers thèmes. La 14ème édition fut ponctuée en 2009 de forums-débats, séances de dédicaces, ateliers et achat de livres… afin de répondre aux attentes d’un public éclectique.


Centre Malraux
rue Fernand Lecroart - 59960 Neuville-en-Ferrain
Tél. : 03 20 11 67 11 - Fax : 03 20 11 67 20

J'y serai!

samedi 18 septembre 2010

Mon dentiste!

Je suis allée chez le dentiste hier pour une petite carie. Le dentiste est égal à lui-même, compétent, rapide, le geste sûr.
Par contre autrefois il n'en allait pas du tout pareil: je bénéficiais des soins d'un professeur de l'école dentaire un peu personnalisés pour être exact. A l'époque l'anesthésie était très peu pratiquée car jugée dangereuse. Alors ce dentiste avait une méthode bien à lui pour que je ( et sans doute d'autres patientes) puisse endurer les soins parfois douloureux.
Je m'installais dans le siège de torture, il approchait sa roulette et la séance commençait: tout en maniant délicatement son instrument il ne cessait de prononcer "mon trésor, je t'adore", " mon amour", "attends, je vais te l'enfoncer un peu plus", " ne bouge plus, oh comme je t'aime" et ainsi de suite jusqu'à la carie soignée.
Un peu jeune et naïve j'en fis part à mon père, respectable juge de cour d'assise correctement cravaté: " Papa, le dentiste ne vous dit-il jamais de choses bizarres, genre " tu es une bonne fille"? ( Je n'osais pas en dire plus, n'étant pas absolument tombée de la dernière pluie malgré tout et je passais prudemment sous silence les autres expression).
" Ah non ma chérie, à moi il ne me dit jamais rien de tout ça".
J'ai fait par à mon dentiste actuel de ces méthodes de soins peu orthodoxes: " moi je ne fais pas cela" m'a-t-il répondu.

vendredi 17 septembre 2010

Les ragots...

Le docteur Cravate a une bien belle cravate dont il peut être fier. Il y a vingt ans cependant, un de mes patients lui a envoyé un beau jet de pipi dessus quand le docteur voulait le peser, ce dont celui-ci a été fort désappointé.
A propos de lui, des lecteurs comprenant tout de travers ce que j'ai écris dans mon livre ont été très fâchés contre moi: j'aurais parlé d'une de ses liaisons! En fait je relatais les propos d'une personne pas très recommendable.   Pour tout dire là-dessus, comme j'entendais depuis un certain temps certaines choses peu charitables concernant le docteur  de la part de certaines personnes oisives, je suis allée raconter les ragots entendus à son épouse. Et elle a répondu par ses mots en riant: " ne t'en fais pas, ça fait vingt ans que ça dure, des commères bien intentionnées n'arrêtent pas de me raconter les faits et gestes de mon mari toute la journée et j'y suis habituée". Voilà, tout est dit. Il est vrai que lorsque l'on est un personnage en vue, il y toujours un risque que n'importe quoi soit colporté.

mercredi 15 septembre 2010

Centres de désintoxication de l'extrème

Lu dans le Panorama du médecin du 14/09/2010

Chine, les centres de désintoxication de l'extrême.
Face à une "consommation" de jeux vidéo toujours plus grande, des centres de désintoxication fleurissent aux quatres coins du monde. La Chaine, avec ses 400 millions d'internautes, n'est pas en reste. Environ 200 associations -camps de réhabilitation- pour internautres en dérive ont été créées depuis quelques années. Au programme de ces cliniques chinoises: sport, suivi psychologique agrémentés d'une discipline militaire de fer avec immersion totale. Et jusqu'à une interdiction récente du ministère de la Santé, les électrochocs étaient de rigueur pour le sevrage des internautes. Mais cette prescription n'empêche pas l'usage de méthodes musclées: un garçon de 15 ans est décédé l'année dernière sous les coups de deux instructeurs. La révolte prend part du côté des jeunes: en juin dernier, quatorze d'entre eux se sont enfuis après avoir ligoté sur son lit l'un des instructeurs, avant d'être rattrapés et ramenés au camp.

Les mélanges psychiatrie-repression ne sont pas rares, en voilà encore un exemple.

mardi 14 septembre 2010

Délit de sale gueule?

Pratiquement une heure de retard en permanence aujourd'hui! Des tas d'urgences, c'est à dire d'enfants fièvreux, d'adultes gastro-entéritiques, des chiques... et aussi des patientes se balançant des noms d'oiseau entre elles, un peu excédées par le retard pris et...
Toute une famille entre dans mon cabinet. Le père me fait remarquer un peu rigolard, un peu géné car en général il n'est pas commère pour deux sous:  " Docteur, le type que vous allez voir après, il est pas net, il sent la bibinne".
Passe le type,  chez qui je ne sens rien du tout. Bon, peut-être le patient précédent s'est-il trompé.
Puis une jeune dame accompagnée de ses jolies petites filles lui succède et me lance: "docteur, votre patient il est trop bizarre, il a regardé mes filles avec un regard que je n'aime pas en se mettant un peu la main sur  les machins. Puis il est allé aux toilettes et quand il est revenu, on a vu une grosse tâche sur son pantalon au mauvais endroit".
En l'écoutant j'avais pratiquement envie de porter plainte contre le patient. Mais j'hésite encore et ai peur de confondre  avec le délit de sale gueule. Mais c'est génant et je vais ouvrir l'oeil et le bon. Il ne faudrait pas qu'il y ait de nouveau du bazar dans HotBlood comme il y en a eu depuis dix ans.

lundi 13 septembre 2010

Gain de temps, perte d'argent

Depuis quelques années ou plus je ne me souviens plus, les médecins généralistes doivent remplir des protocoles ALD, c'est à dire en français, doivent demander à la Sécu via un imprimer qu'un de leur patient passe à 100%. Les maladies qui peuvent en bénéficier sont en majorité les diabètes, les maladies cardiovasculaires, les cancers et l'asthme. Mais il faut déjà avoir quelques critères de gravité, ou plutôt de "sériosité" pour y prétendre. En général je remplis le protocole en quatre minutes chrono si j'ai un dossier de patient qui se tient; et j'en profite pour me rafraîchir la mémoire concernant la pathologie du patient.

Or je vois  ce jour sur ma messagerie et lit une pub: 

 Aide aux ALD, les tarifs changent !

LE SEUL logiciel depuis 4 ans pour le remplissage assisté des protocoles de soins en ALD

Profitez des tarifs actuels 129.00 € HT avant l'augmentation au 15 Octobre 2010 (159.00 € HT)
Le logiciel permet :

De remplir rapidement (moins de 3 minutes) le protocole de soins pour toutes les demandes (en liste, hors liste, polypathologies, non exonérantes)
De vérifier si une pathologie est inscrite à la liste par des sélections simples à l’aide de menus déroulants (300 pathologies en liste référencées)
De définir le caractère invalidant dans une demande de polypathologie invalidante:
D’être sûr que la demande est complète au niveau administratif :
D’être sûr que la demande est complète au niveau des critères d’attribution;
De savoir si la demande remplit les critères d’exonération pour la pathologie demandée;
D’avoir accès à une liste de prestations type par pathologie;
D’éditer un protocole propre lisible par le patient et les autres professionnels de santé;
De sauvegarder le protocole informatiquement et de le modifier ultérieurement ;
Le protocole de soins utilisé est celui conforme de l'Assurance Maladie tel que téléchargeable sur le site www.ameli.fr


Le logiciel apporte des avantages à tous les acteurs des ALD, médecins, patients et Caisses : lisibilité de la demande, simplification, gain de temps, réduction des délais, des échanges et des coûts.

C'est vrai, le logiciel me fait gagner une minute par protocole! Et je dois faire deux protocoles par mois. En conclusion, mathématiquement je gagne deux minutes, je perds 129 euros ( un prix d'ami qui ne va pas durer!)

Dans la même veine une société m'avait proposé de m'inscrire dans un répertoire de médecins sur internet pour booster ma clientèle, pour environ 100 euros par mois. Je ne sais pas si grand monde y va, mais les 100 euros ils sont vraiment dans la poche de la société, qui est parfois domiciliée en Espagne, parfois ailleurs, on appelle ça une société itinérante! Elle doit déménager après un trop grand nombre de plaintes.

vendredi 10 septembre 2010

Envoi d'arrêts de travail en ligne

Hier j'ai effectué mon premier arrêt de travail en ligne! Officiellement on doit demander au patient s'il est d'accord, ce qui me semble un tantinet hyppocrite, étant donné qu'à partir de janvier 2010 si on ne les téletransmet pas, on écope d'une petite amende à chaque fois. Alors messieurs les patients je ne vous demanderai plus votre avis, même si je coche la case " le patient est d'accord pour  télétransmettre l'avis d'arrêt de travail".
Mais hier j'ai fait très fort: après m'être exercée sur une carte vitale oubliée sans cocher la case "envoi en ligne", j'ai pris la carte d'une autre patiente sans cliquer à nouveau " lire la carte" et j'ai envoyé le tout, ce qui a eu pour conclusion que le patient d'avant bénéficie d'un arrêt de travail sans le savoir!  Si la Sécu me fait une réflexion je hurle! Et en plus ce n'est pas bien grave, le patient d'avant est déjà en accident de travail, arrêté lui-même depuis quelques mois. Na!

jeudi 9 septembre 2010

Thésauriser les psychotropes

Une journée difficile; une patiente est venue pour un arrêt de travail. Elle est en dépression et le médecin de la Sécu a voulu absolument qu'elle aille voir un psychiatre au CMP (centre médico-psychologique), ou ses arrêts de travail ne seraient plus pris en compte. Il lui aurait lancé texto " si vous n'y allez pas il y aura des représailles".
Alors elle y est allée et en est ressortie il y a trois mois avec un antidépresseur  , un somnifère et un calmant ( atarax 100) . Je pointe du doigt chacun et lui demande " le prenez-vous?" et elle me répond:
" Pas l'atarax 100, parfois le somnifère". Et j'insiste sur l'antidépresseur: " et ça?" et elle un peu évasive: " non, non".
Plus loin dans la conversation je lui demande si elle n'aurait pas des mauvaises pensées: " si docteur, des tas, mais l'idée de ma famille me retient. Si elle n'était pas là je le ferais".
Et pendant que l'on était en train de parler de choses et d'autres elle m'a fait remarqer qu'il suffisait de garder ses médicaments sans les avaler pendant quelques mois, puis de les prendre d'un coup, c'était facile.
Et je lui ai dit au revoir.

Dans l'après-midi une quadra me demande son petit somnifère sans lequel elle ne dort pas.
" Madame, vous ne vous souvenez pas que nous avons déjà eu cette conversation il y a quatre ans et que je vous ai dit non?
- Non, je ne me souviens pas. Mais mon homéopathe me le prescrit bien lui.
- Vous savez que cette classe de médicaments peut provoquer une dépendance et des pertes de mémoire? J'avais d'ailleurs insisté dessus il y a quatre ans.
- Non, docteur, je ne me souviens pas.
- Et savez-vous que des gens se servent de ces produits pour se suicider? Ils thésaurisent pendant quelques temps puis les avalent tout d'un coup... Zut, ma patiente de ce matin, c'est ce qu'elle doit faire!"

Je sens que je vais surveiller la patiente n°1 comme du lait sur le feu, peut-être la faire revenir chaque semaine. C'est si simple le geste d'avaler des cachets par rapport à d'autres tentatives de suicide.

mercredi 8 septembre 2010

pub grand public

Ce qui risque rapidement de nous tomber sur le coin du paletot, c'est la publicité pour des médicaments vendus sur ordonnance, auprès du grand public, comme au USA, ou autrefois quand le genre de pub ci-dessus fleurissait (pub pour les vertus du radium, qui est cancérigène!). Sous couvert "d'information au public", les médias pourront nous vanter les vertus du prozac et d'autres traitements comme le champix ( pour arrêter de fumer) qui n'apporte rien de nouveau selon le magazine Prescrire. Les labos vont se faire des machins en or et les médecins seront complètement dépassés, ne pouvant plus totalement prescrire en leur âme et conscience mais sous la pression de leur patients: " docteur  j'ai vu que Machin peut me faire du bien, j'en voudrais". Je ne dis pas que les médecins sont faibles et se faire avoir tout de suite, mais quand c'est tout au long de la journée que l'on dit "non" parce qu'on pense que le traitement n'apportera rien au patient en face de nous, on finit par avoir l'impression de se battre contre des moulins à vent, et là, où le médecin finit par plier, ou il change de travail car il n'a pas fait médecine pour se faire dicter ses prescriptions.
L'heure est grave, et j'espère que la loi ne passera pas.
Lire là-dessus ce que pense le magazine Prescrire: http://www.prescrire.org/fr/3/31/46477/0/NewsDetails.aspx

lundi 6 septembre 2010

“DSM-5″ : le livre qui rend fou

Un livre peut rendre fou. A moins qu’il ne soit pas en vente libre. Disons : restreinte aux professionnels, ce qui n’empêche pas quiconque de se le procurer. Mais il est d’un abord si rébarbatif que bien peu s’y risqueraient. Tant mieux car il causerait bien des dégâts. Il porte le doux titre de DSM-5 (à paraître en français aux éditions Masson) et il est sous-titré de manière tout aussi poétique Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.
Quand on y pénètre, on ne sent déjà pas très bien, sinon qu’irait-on y faire ? Quand on en ressort, on en est malade tant cette bible des psychiatres américains, qui tend à s’imposer et à servir de critère un peu partout dans le monde, élargit considérablement le spectre de la maladie mentale. Jugez-en plutôt par l’édition à venir (en mai 2013) telle que l’auteur, The American Pyschiatric Association, l’annonce déjà sur son site. C’est un document de travail, un work in progress nécessairement provisoire et incomplet, mais il confirme une tendance à l’oeuvre depuis des années qu’il s’agisse, outre les cas les plus graves (schizophrénie, autisme…) des troubles liés à l’enfance (des adolescents qui se mettent en colère au moins trois fois par semaine s’y retrouvent), de comportements consécutifs à des addictions au jeu, à l’internet (à ce compte-là, que de malades sur la “République des livres” !), aux drogues dures et douces, à l’alcool, au café, au tabac et autres substances (avec en prime un intéressant débat sémantique sur le passage de le dependance à l’addiction) ; les troubles sexuels, qu’il s’agisse du frotteurisme, de l’éjaculation précoce… ; à la boulimie et sa cousine l’anorexie etc

Passionnant et épuisant. D’autant qu’à ce stade, le site est un forum de discussion, avec différents niveaux d’évaluation, pour une nouvelle version en développement. Mais comme le relève justement Anna Lietti dans le dossier très complet qu’elle a consacré à la question dans Le Temps de Genève, on observe des chassés-croisés d’une édition à l’autre qui doivent davantage à l’air du temps et au lobbying qu’à des considérations scientifiques. Ainsi les homosexuels (mais oui, ils y étaient !) ont réussi à en sortir, les asexuels devraient également y parvenir bientôt, au moment où les hypersexuels s’y installent. On n’est plus dans la nomenclature mais dans une dérive du diagnostic, avec l’établissement de critères qui standardisent les symptômes et nivellent la singularité du sujet. C’est notamment le cas pour le dépistage de troubles psychotiques chez des enfants qui “pourraient” les développer à l’âge adulte. 60 pathologies en 1952, près de 300 quarante ans plus tard, et davantage encore dans la prochaine édition.
Qui a intérêt à médicaliser ainsi les émotions sinon les laboratoires pharmaceutiques dont on sait qu’ils peuvent aussi inventer des nouvelles maladies pour coller à de nouveaux médicaments dans une démarche qui relève davantage du marketing que de la médecine ? Deux livres s’en sont faits l’écho Aimez-vous le DSM ? de Stuart Kirk et Herb Kutchins (Les empêcheurs de penser en rond, 1998) et plus récemment Comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions de Christopher Lane (Flammarion, 2009). Mais il manque toujours une section au DSM-5 : celle où l’on expliquerait la pathologie de ceux qui dévorent compulsivement un livre tel que le DSM. Car si avant, les néophytes se plongeaient dans le Vidal pour s’y trouver, désormais c’est plutôt de ce côté-là que l’époque les pousse à se perdre et à augmenter leur angoisse de vivre. On imagine les dégâts sur un dépressif. A ceux-là, il faut d’urgence prescrire la lecture des Oeuvres complètes de Samuel Beckett, ne fût-ce que pour y retrouver la page où il est écrit :”On naît tous fous, quelques uns le demeurent”.
http://passouline.blog.lemonde.fr/2010/02/25/dsm-5-le-livre-qui-rend-fou/#xtor=RSS-32280322

Je me pencherai sur ce livre, mais je ne le conseille à aucun de mes lecteur! Chacun pourra j'en suis sûre se retrouver dedans et le corollaire obligé sera la prise d'un petit médicament pour contrer ce vilain travers, n'est-ce pas mesdames les hypersexuels et les messieurs toujours en pétard!




dimanche 5 septembre 2010

Indemnités journalières

Alerte du Cnom sur les risques de la suppression des indemnités journalières après seul contrôle patronal des arrêts de travail
03/09/2010

Le Conseil national de l’Ordre des médecins rappelle ses réserves suite à la parution du décret d’application de la loi de financement de la sécurité sociale le 26 août 2010.

Désormais le service médical de l’assurance maladie peut demander la suspension du versement des indemnités journalières de l’assurance maladie sur la seule base d’un contrôle effectué par un médecin mandaté par l’employeur. L’examen de l’assuré par le médecin-conseil ne serait plus obligatoire, il se bornerait alors à valider l’avis du médecin contrôleur patronal… Le salarié examiné par le seul médecin contrôleur mandaté par l’employeur mais qui ne dispose d’aucun dossier médical perdrait les indemnités journalières complémentaires mais aussi les indemnités journalières de l’assurance maladie sans que le médecin-conseil l’ait nécessairement examiné lui-même.

Les praticiens conseils sauront veiller au respect de l’article 69 du code de déontologie médicale applicable à toutes les formes d’exercice : L'exercice de la médecine est personnel ; chaque médecin est responsable de ses décisions et de ses actes.

Le CNOM lors des concertations liminaires n’a obtenu qu’une seule concession : la nécessité d’un nouvel examen de la situation de l’assuré lorsque le médecin contrôleur patronal a été dans l’impossibilité de procéder à l’examen de l’assuré (absence du domicile par exemple). Dans les autres cas l’assuré devra saisir dans les 10 jours le service médical qui disposera de 4 jours pour rendre sa décision (décret 2010-957 du 24 aout 2010).

En cas de nouvelle prescription d’arrêt de travail à la suite d’une décision de suspension des indemnités journalières, celle-ci ne prend effet qu’après l’avis du service médical. Le Cnom désapprouve cette disposition singulière, susceptible de porter atteinte à la santé du salarié malade qui devra poursuivre son activité dans l’attente de l’avis du médecin- conseil.

Le Cnom tient à souligner que cette disposition prévue jette une suspicion inacceptable sur la justification médicale de l’arrêt de travail qui est présumé avoir été prescrit par simple complaisance.
( voir texte sur le site du conseil national de l'ordre des médecins)
 
Travailleurs, serrez les fesses! Parce que parfois les médecins vérificateurs ce n'est pas ça et cela peut infirmer la parole du médecin prescripteur. Le double contrôle employeur-médecin de la Sécu était rassurant.

vendredi 3 septembre 2010

Un bébé n'est pas une pièce de rechange

La communication est un art difficile: une de mes patientes est tombée enceinte et comme ce n'était pas prévu, son premier réflexe a été de consulter une gynécologue pour faire le point,  prendre une décision éventuelle et connaitre les modalités de l'IVG si on la pratiquait. La gynéco a répondu en ces termes: " vous venez le matin, vous prenez un comprimé, vous rentrez chez vous, vous pourrez retravailler le lendemain, cela fera comme des règles un peu plus abondantes". Pas d'interrogation sur les motivations du couple, pas de demande de questions éventuelles. On aurait parlé d'une réparation de voiture, cela aurait été le même genre de discours.

 Alors quand le couple est sorti, le mari a suggéré à son épouse "on peut le garder si tu veux", un revirement de 180°. Un bébé n'est pas une pièce de rechange et ils l'ont bien compris comme ça.

D'un autre côté je peux comprendre la gynéco qui a pensé que la patiente consulterait une psychologue juste avant l'IVG et donc cela la déchargeait du facteur humain de l'affaire.

mercredi 1 septembre 2010

Coupeurs de feu

Les « coupeurs de feu », qui sont-ils?

Ils sont plus de 6000 en France ! Les coupeurs de feu sont répartis dans toute la France (surtout dans les campagnes) et dans beaucoup d'autres pays (notamment la Suisse et la Belgique où ils sont réputés).

Que font-ils ?
Les coupeurs de feu appelés aussi barreurs de feu ou faiseurs de rêve ont pour don de stopper la douleur et les « dommages » causés lors d'une brûlure !
Initié par un proche ou un ancêtre le « coupeur de feu » possède ce don jusqu'à ce qu'il se sente trop faible pour l'exercer. Dans ce cas il lui faudra alors à son tour choisir un successeur en lui livrant « le secret » !
Plusieurs millions de français ont recours à ces méthodes, nous avons donc pu rassembler quelques témoignages pour savoir comment une « séance » se passe en général:

- La brûlure doit être récente, plus le « soin » est immédiat mieux c'est car le coupeur de feu stoppe la brûlure il ne la guérit pas !!C'est à dire qu'il ne pourra pas faire disparaître une cloque il peut par contre stopper le feu et donc empêcher la venue de celle-ci.

-Le barreur de feu positionne ses mains au dessus de la brûlure et « marmonne » quelque chose : le secret. L'imposition des mains ne dure guère plus de quelques minutes. Il n'y a pas de contact entre la brûlure et les mains.
Il y a aussi des coupeurs de feu qui exercent leur don par téléphone ! Il suffit de dire son nom et l'endroit de la brûlure...
Et nombreux disent que la douleur disparaît instantanément après ceci ou au bout de quelques minutes !! De la magie, un miracle ? Les barreurs de feu ne savent pas plus que leurs patients comment cela fonctionne.

Cet article est intéressant, mais il fait passer l'acte de couper le feu pour du vaudou!!! Que l'on y croit ou pas, on peut toujours tenter, certains le font gratuitement. Une patiente m'a raconté que son grand-père retirait tous les bobos de sa famille, rien qu'en approchant ses mains, genre brûlure, piqûre d'insecte. Et un journaliste m'a confié que quand sa fille avait la migraine, il mettait les mains sur sa tête et le mal de tête disparaissait. Mais quant à marmonner quelque chose, faut pas pousser.

Pour les récalcitrants, ce que je peux tout à fait comprendre car on vit dans un univers pragmatique et cartésien, il suffit de se souvenir que le corps marche à l'électricité, le coeur a des influx électriques, et il y a des tas de choses que l'on ignore encore en médecine. Sinon on serait aussi faciles à réparer qu'une Renault.