dimanche 30 septembre 2012

Double discours

En garde ce jour. Une infirmière m'appelle pour un patient hébergé en maison de retraite ( je dis hébergé, pas hospitalisé, ce qui fait toute la différence car une maison de retraite n'étant pas un hôpital, elle n'a pas à avoir un médecin coordonnateur, comme un hôtel n'en a pas, cf ancien post). Je vois le patient: épuisé, 88 ans, veuf depuis peu, tout jaune, des diarrhées, sous oxygène ( fibrose pulmonaire), des escarres qui ne sentent pas très bon, une insuffisance cardiaque, un diabète et qui se nourrit de plus en plus mal. Les morceaux n'arrivent pas à passer depuis peu. Il a aussi eu un cancer de la vessie il y a quelques années. Par contre il est capable de me citer le président et le premier ministre ( Manuel Wals, l'orthographe et la fonction un peu incertaines :))Je soupçonne un cancer de l'oesophage. Nous sortons, l'infirmière, une de ses amies et moi et je demande: " le patient veut-il à tout prix de l'acharnement thérapeutique ou non?" Et l'amie me répond " Non, il n'arrête pas de répéter qu'il en a marre, qu'il veut rejoindre son épouse". Je rentre dans la chambre et demande au patient: " Voulez-vous qu'on aille jusqu'au bout des investigations ou préférez-vous qu'on vous soulage uniquement? - Faites tout ce qu'il y a à faire docteur". Un double discours: pas évident. J'ai écrit les examens nécessaires, donné un fortifiant et le patient reconsultera son médecin traitant: il le connait depuis trente ans.

vendredi 28 septembre 2012

Pense à moi

J'adore

Exit le romantisme?

Un jeune adulte que je connais depuis longtemps maintenant se présente devant moi: " Docteur, je suis un peu géné mais il faut que je vous dise: je suis impuissant. - Que se passe-t-il? - Ben, quand je suis avec une fille je ne peux rien faire. - Vous les rencontrez où ces filles? - En boite. - Et je parie qu'elles veulent tout le premier soir. - Oui, elle voudrais tout tout de suite et ça me bloque. - Alors c'est tout à fait normal. Je parie que vous êtes un romantique, il faut passer un peu plus de temps pour se connaitre, et ensuite ça viendra tout seul." Il était heureux mon patient; mais avec les nouvelles moeurs certains hommes n'arrivent pas à suivre, ils ne veulent pas être " chassés comme une proie" . J'espère que mes conseils auront porté leurs fruits et qu'il me présentera une fille toute douce et toute timide.

mercredi 26 septembre 2012

Parler la langue des patients

Un patient gros insuffisant cardiaque et grand épicurien vient pour un renouvellement d'ordonnance; je vois qui se balade en dernière ligne stilnox ( benzodiazépine) prescrit par un médecin en vacances. " monsieur, vous savez bien que je ne vous le prescrirai pas. - Mais c'est que je dors bien avec. - Bon, je vais vous expliquer: c'est comme si vous vous trouvez toute la nuit au lit avec une femme absolument canon et le lendemain elle vous a piqué toutes vos économies". Ca c'est l'argument de choc! Il s'est mis à rire et a accepté mes plantes.

Des mesures contre le mésusage des benzodiazépines

Communiqué de presse La Haute Autorité de Santé lance une campagne d’information auprès des professionnels de santé visant à une utilisation raisonnée des benzodiazépines chez les personnes âgées. Il s’agit d’une première mesure d’un plan d’action coordonné avec la Direction générale de la santé contre le mésusage de ces produits et impliquant aussi l’ ANSM. La consommation des benzodiazépines reste à un niveau très élevé en France. Les mésusages sont fréquents et les résultats de récentes études scientifiques suggèrent que les effets secondaires de ces molécules pourraient être plus importants que ceux bien connus des médecins et des patients, toutes classes d’âge confondues. Devant ce constat, la Direction générale de la santé (DGS), la Haute autorité de santé (HAS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’engagent dans un plan d’action concerté visant à une consommation raisonnée et à une utilisation responsable des benzodiazépines. La HAS lance aujourd’hui une campagne d’information pour inciter à une réduction de la prescription des somnifères et à une meilleure prise en charge des troubles du sommeil chez les personnes âgées, largement concernées par le mésusage des benzodiazépines. En lien avec les professionnels de santé, la HAS a déjà diffusé une série de recommandations et d’outils d’aide à l’arrêt des benzodiazépines et à une meilleure prise en charge des troubles du sommeil. A ceux-ci, elle ajoute aujourd’hui de nouveaux documents qu’elle va diffuser aux professionnels grâce notamment à des partenariats avec le Conseil National de l’ordre des médecins (CNOM) et le Conseil National de l’ordre des Pharmaciens (CNOP). Elle va également intégrer ces documents, à destination du prescripteur et du patient, aux logiciels d'aide à la prescription d’ici la fin de l’année 2012. Enfin, la HAS initiera, dès les prochaines semaines, une série de réunions plénières avec les professionnels de santé afin de renforcer la diffusion de l’information et rechercher de nouvelles pistes d’amélioration des pratiques. L’ANSM va prendre des mesures pour limiter le mésusage et aboutir à une maîtrise de la consommation en termes de posologie mais aussi de durée de prescription et afin de limiter les risques. L’ANSM va par ailleurs porter ce sujet devant l’agence européenne du médicament pour aboutir à une expertise partagée sur le profil de sécurité de ces molécules tout en poursuivant le travail de surveillance continue opéré par les réseaux de 2/2 pharmacovigilance et d’addictovigilance de l’agence. Une nouvelle communication de l’ANSM relative au bon usage de ces molécules, à l’attention des professionnels de santé et des patients va également être engagée. Elle concernera, en particulier, la nécessité de bien évaluer l’intérêt de la première prescription, de limiter les posologies et la durée du traitement, de ne pas associer plusieurs benzodiazépines entre elles et de réévaluer régulièrement la pertinence du traitement. Le ministère de la Santé renforcera les actions de formation des médecins sur cette classe thérapeutique et favorisera la surveillance de la consommation de ces médicaments. Ce mésusage et les effets délétères déjà établis de ces médicaments justifient à eux seuls l’action concertée menée par la DGS, la HAS et l’ANSM pour sécuriser l’usage des benzodiazépines en France. Il s’agit également de ne pas laisser les professionnels de santé et les patients sans réponse à la veille de la publication d’une nouvelle étude1 ayant pour objet d’évaluer le lien entre la consommation de benzodiazépines et l’apparition d’une démence ou d’un déclin cognitif. En effet, les premiers résultats de cette étude prospective menée par le Professeur Bernard Bégaud vont à nouveau mettre en évidence qu’un traitement par benzodiazépines est associé statistiquement à une augmentation significative du risque de démence. Pour autant, comme toute étude épidémiologique, cette étude ne permettra toujours pas d’établir le lien de causalité2 entre benzodiazépines et démence Les résultats détaillés de cette étude qui seront rendus publics début octobre seront analysés par le groupe d’experts en pharmaco-épidémiologie de l’ANSM au même titre que dix autres études pharmaco-épidémiologiques déjà publiées dont cinq concluent à une association positive entre consommation de ces produits et apparition d’une démence ou d’un déclin cognitif, quatre sont négatives et une montre un effet protecteur

lundi 24 septembre 2012

Impuissance sous médicaments

Un patient d'un autre docteur s'est retrouvé devant un urologue pour impuissance; il s'agit d'un cinquantenaire extrèmement actif, en forme hormis deux ou trois petits problèmes cardiaques qui lui font prendre des bétabloquants. L'urologue l'a examiné et a conclu " tout va bien chez vous, il faudrait penser à changer de partenaire, et si ce n'est pas possible, que votre femme vous excite plus". Heureux le type! je pensais que ce genre de discours n'existait plus, mais si. D'autant plus que je soupçonne un effet secondaire du bétabloquant ( médicament pour reposer le coeur), qui parfois peut mettre au repos autre chose. Alors le patient m'avoue que ça commence à lui monter à la tête, et je lui propose de revoir son cardiologue pour changer de traitement " et vous lui dites: docteur, ou je me tire une balle, ou vous me le changez". En plein dans le mille: le patient broie du noir et a commencé à avoir de vilaines pensées à ne pas savoir pourquoi ça ne fonctionne pas. Les simples petits bisous à sa douce il n'est pas encore prêt.

dimanche 23 septembre 2012

Debut d'Alzheimer?

Une copine pratiquant une médecine alternative m'envoie une patiente " attention, elle se gratte sans cesse, je pense que c'est psychosomatique, mais je préfère éliminer toute vraie pathologie. Elle vit seule et un peu parano". Je vais la voir (c'est à 20 km du cabinet, mais beaucoup près de mon domicile): elle m'accueille dans sa toute petite maison, me raconte qu'elle vit un enfer depuis deux ans, qu'elle est allée trois fois aux urgences sans résultat, qu'elle n'en dort pas tellement elle se gratte. Je l'éxamine, il y a effectivement des lésions de grattage, le reste est sans particularité. " Bon madame, on a déjà tenté le traitement contre la gale? - Non, mais depuis le temps on me l'aurait dit! Je suis pratiquement sûre que je ne l'ai pas. - Oui, mais dans la mesure où le traitement est rapide, quatre comprimés en une prise (selon le poids) , pourquoi ne pas tenter? Si ça ne marche pas je vous enverrai chez le dermatologue. En attendant vous devriez vous trouver un médecin traitant dans votre ville, je vous propose le docteur Feuille, excellent généraliste". Elle me remercie, on se quitte là. Le jour d'après je reçois un message sur mon portable " le traitement n'a pas marché, que fais-je?" Et le nom est incompréhensible, je laisse tomber, on rappellera. Trois jours après ma copine me téléphone: " Qu'est-ce que tu lui as dit? Elle est allée voir le docteur Feuille pour un prélèvement de peau et il lui a répondu qu'il ne faisait pas ça!" Pauvre dame, je ne lui donne pas un an (ou deux peut-être?) pour être mise sous curatelle et en maison de retraite. J'espère que l'avenir me donnera tort.

Maman en détresse

Une jeune accouchée ( dix jours) est venue pour me parler de bobos et d'autres suite à l'accouchement. Quand on n'a jamais accouché ou qu'on a eu un accouchement facile c'est difficile à concevoir qu'on ait en même temps: bouffées de chaleur, hémorroïdes, déchirure périnéale, constipation, engorgement mammaire ou fissures aux seins, lombalgies et je suis sûre que j'en oublie encore. Et il y a le fameux baby blues qui je pense découle en partie de la condition physique que l'on peut avoir après un accouchement. Et elle me dit " je pense que je suis une mauvaise mère, pourtant je fais tout ce qu'il faut, le nourris, le change, vérifie qu'il n'ait pas froid, pas chaud etc. Je suis toujours inquiète. - Lui parlez-vous? - Ben non! - Alors c'est la première chose à faire, devenir une vraie pipelette avec lui, même s'il ne comprend pas tout il sera heureux. Et il sera même capable de vous répondre à des questions simples " Ca va bébé? Heu. " Tentez! Lui avez-vous fait faire le tour du propriétaire quand il est arrivé? - Non. - Même chose, il va adorer ( c’est vrai qu'à 8 jours ce n'est pas trop visible)" J'espère qu'avec tous mes petits conseils elle va s'en sortir, car être une bonne mère ce n'est pas uniquement faire des gestes mécaniques, c'est échanger avec son bébé. Certains proposent aussi des massages pour améliorer les choses.

Si j'avais 20 ans...

Un patient: " docteur , je suis amoureux de vous. Si j'avais vingt ans je vous ferais la cour. Mais vous ne craignez rien". ( La dernière fois qu'il m'avais fait cette déclaration, j'en avais profité pour lui demander " eh bien offrez-moi quelques pommes de votre jardin", ce qu'il avait fait: ces pommiers, quand je passais devant, me provoquaient avec toute l'abondance de pomme dessus) Explication: c'est un parkinson sous ces fameux antiparkinsoniens qui rendent amoureux et joueurs! Avant il n'avait pas ce petit oeil lubrique.

jeudi 20 septembre 2012

education d'un patient

Un patient assez jeune vient ce soir parce que sa copine a chopé des chlamydias ( maladie sexuellement transmissible) avant de le connaitre, et donc il a besoin d'un traitement aussi. Il rajoute qu'il souffre d'une maladie de Crohn. " Vous êtes intolérant au gluten?
 - qu'est-ce que c'est que ça? je suis très bien suivi par mon spécialiste, je ne vais jamais sur internet, ça me fait peur.
 - Oui, mais je peux vous donner mon avis de généraliste. Je propose à tous mes Crohn un traitement d'épreuve d'éviction du gluten: pas de pâtes, de blé, de pain pendant un mois. 
 - Je ne mange que des pâtes! ( je vais sur internet, lui montre un site expliquant qu'une intolérance au gluten peut induire le Crohn, maladie inflammatoire intestinale).
 - Pourquoi mon spécialiste ne m'a-t-il rien dit de tout ça?
 - Je ne sais pas. Je vous propose sinon de faire une prise de sang pour voir si vous êtes porteur sain de Chlamydias et vous donne un traitement quand même en attendant" Pauvre patient, je l'ai complètement désarçonné en lui expliquant que je voulais que mes patients soient acteurs plutôt que spectateurs de leur santé! Reviendra-t-il? Il est en recherche d'un nouveau médecin.
Un patient appelle ma secrétaire: " bonjour madame, il me faut un rendez-vous samedi. - Je peux vous proposer à 11 h. - Non, il me faudrait samedi à 18.30h car je fais les courses en début d'après midi, ensuite je vais au foot". Je ne veux pas savoir qui c'est, je risquerais de me fâcher.

mardi 18 septembre 2012

Navire à la dérive

En garde j'ai dû constaté un décès à l'hôpital du coin. Déjà je n'étais pas ravie: l'hôpital n'est pas tout prêt, un certificat de décès est un acte effectué à titre gracieux et surtout on était en fin de garde. J'ai passé la barrière du centre hospitalier qui s'est ouverte automatiquement, j'ai tourné au coin; pas une voiture, pas un pèlerin.
 Un peu plus loin les bâtiments avaient toutes les vitres cassées, les murs écornés, la végétation en friche, une atmosphère de désolation vaguement hostile. Enfin, un bâtiment tout gris et dont les murs sont remplis de mousse mais avec vitres non cassées: le CMP ( centre médico-psychologique) Ca ne doit pas remonter le moral aux patients tout ça.
 En continuant, même décor, puis une simple porte vitrée au bois écornés avec écrit: long séjour. je suis arrivée. Un couloir au lino usé, un autre " Y'a quelqu'un?" On me répond. "Je viens pour le mort", je réponds, un peu cavalier mais l'ambiance est si étrange. Et je suis arrivée dans le service; des mur couleurs roses et violet, musique, gentilles infirmières souriantes, un joli jardin auquel les patients peuvent accéder accompagnés ou non selon le degré de dépendance. Je dis bonjour à l'infirmière, une agréable connaissance qui me propose gaiement d'aller voir le macchabée: enfin un qui a réussi à se tirer de son corps souffrant, de ce navire à la dérive, pourquoi cela ne serait-ce pas joyeux? On retourne dans la salle de soins et elle m'explique: " plus personne ne s'occupe de l'hôpital, nous sommes pratiquement tous seuls ( les urgences ont fermé, les services de médecine aussi), ils ont économisé sur les agents de sécurité, et des squatteurs viennent le soir, se piquent, ont fait un barbecue il n'y a pas longtemps en plein air. Parfois on n'a plus de médecin, c'est pour cela qu'on vous a fait venir. Les policiers ne se déplacent plus que sur insistance expresse  les pompiers ne sont pas motivés non plus. Et on a peur quand on va aux vestiaires car ça ce pique derrière. Et puis je ne vous ai pas raconté: à chaque fois qu'il pleut il faut mettre des bassines dans le couloir car le toit fuit" J'admire le jardin et elle continue " ils vont tout abattre et faire les logements sociaux". Voilà un hôpital moribond. Et des gens ont encore le courage d'aller travailler là-dedans.

samedi 15 septembre 2012

Changements de médecin traitant

Un patient ce matin: " Ca y est docteur, je saute le pas, je change de médecin traitant.
- Pourquoi?
- Parce que c'est toujours compliqué d'avoir des rendez-vous, il faut toujours  que ça soit le patient qui subisse.
- oui; mais je me souviens en particulier d'une certaine liste noire qui vous avait choqué.
- Effectivement, il a affiché dans sa salle d'attente une liste de tous les patients qui n'ont pas honoré leur rendez-vous, qui sont arrivés en retard et autres choses."

Encore une fois il n'y a la plupart du temps rien de médical dans le fait que les patient changent de médecin traitant.
Ce matin aussi j'ai revu une femme que j'avais perdu de vue depuis 4 ans! Elle avait tout simplement changé de médecin traitant, en lui demandant la raison, rien de précis. Mais je reste bonne princesse d'autant plus qu'elle a choisi un médecin que j'estime, et me suis occupée d'elle.

jeudi 13 septembre 2012

Y'en a marre

Vous vous souvenez cette patiente harcelée au travail et qui s'était cassé le col du fémur; le médecin de la Sécu a voulu lui faire reprendre son travail et la mettre en invalidité catégorie 1? Elle y est retournée à son boulot ( train puis  métro puis marche à pied): seulement le médecin du travail qui avait eu vent de sa malheureuse histoire l'a happée avant qu'elle rentre dans son service, a discuté avec elle, puis a pris son téléphone pour m'appeler:
" Madame, il est absolument hors de question que la patiente reprenne son travail; elle a une dépression réactionnelle grave. Pourquoi le médecin de la Sécu la  fait-il reprendre?
- Je pense qu'ils ont eu des ordres pour faire reprendre tous les patients et donc ils ne font pas dans le détail.
- Mais c'est très dommageable ça. Je pense qu'il faut qu'elle demande un recours. Elle est incapable de reprendre son poste. Et en plus elle est presque en retraite. 
- Surtout avec sa patte folle. Ca sera fait, au revoir madame".

Non, je ne suis pas du tout en colère contre le f. médecin de la Sécu  mais y'en a marre.
 

Livre choc sur les médicaments : "50% sont inutiles, 5% très dangereux"

Bernard Debré, député UMP de Paris, et Philippe Even, directeur de l'Institut Necker, affirme dans un livre que des milliers de médicaments remboursés par la sécurité sociale seraient inefficaces, voire même dangereux.
Deux médecins ont passé au crible 4.000 médicaments dans "un livre choc" dont le Nouvel Observateur, en kiosque jeudi, révèle les bonnes feuilles. Et leur conclusion est sans appel : Bernard Debré, député UMP de Paris, et Philippe Even, directeur de l'Institut Necker, affirment que des milliers de médicaments remboursés par la sécurité sociale seraient inefficaces, voire même dangereux. Le Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux est "un livre d'information, pas d'opinion", assure le Pr Even dans une interview au Nouvel Observateur.
L'ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris lance néanmoins une nouvelle charge contre l'industrie pharmaceutique, qualifiée de "la plus lucrative, la plus cynique, la moins éthique de toutes les industries". Selon le Pr Even, pour régler le problème du manque d'argent dans le domaine de la santé et du déficit de l'assurance maladie, "il suffit de retirer du marché les médicaments dangereux, inutiles ou inefficaces". Le livre recense ainsi, selon l'hebdomadaire, "50% de médicaments inutiles, 20% de mal tolérés, 5% de potentiellement très dangereux, mais, incroyable paradoxe, 75% sont remboursés". Le Pr Even s'en prend tout particulièrement aux statines, les médicaments contre le cholestérol, "avalés par 3 à 5 millions de Français", qui coûtent "à la France 2 milliards d'euros par an" et qu'il juge "complètement inutiles".
Le Nouvel Observateur a mis par ailleurs en ligne "la liste noire des médicaments dangereux", qui comprend des médicaments cardiovasculaires, des anti-inflammatoires, des pilules contraceptives, etc. L'industrie pharmaceutique (Leem) a dénoncé de son côté "amalgames et approximations" dans cet "énième réquisitoire de Bernard Debré et Philippe Even". Ce livre "contribue à alarmer inutilement les malades et risque de les conduire à arrêter de leur propre chef des traitements pourtant adaptés aux maladies dont ils souffrent", a déclaré le Leem, la fédération professionnelle des industriels du médicament, mercredi soir dans un communiqué. Bernard Debré et Philippe Even s'étaient vu confier par l'ancien président Nicolas Sarkozy une mission suite à l'affaire du Mediator et lui avaient remis en mars 2011 un rapport au vitriol sur la réforme du système du médicament. Les deux professeurs estimaient notamment que l'affaire du Mediator était "beaucoup plus qu'un accident isolé".
 
Dans mon livre j'avais pointé du doigt aussi certains médicaments; seulement je ne possédais pas la situation globale française, juste ce qui se passe dans mon cabinet jour après jour.
Mais dés que je veux arrêter une statine à un cardiaque qui a un LDL cholestérol ( le mauvais) à 0.5, je me fais incendier par le cardiologue qui s'en occupe. Et c'est ainsi pour des tas de médicaments: les spécialistes tiennent à ce que leur ordonnance ne change pas alors même que les patients me rapportent des effets secondaires. Alors je change en me demandant si je fait avoir un autre coup de fil furibard.
Au sujet des pilules contraceptives je viens d'alerter une de  mes patientes qui travaille à la PMI que Jasmine, Jasminelle, Yaz ont beaucoup plus de risques d'embolies et de phlébites que les autres; la PMI prescrivait à tour de bras cette molécule ( drospirénone).
Et ne parlons pas des neuroleptiques: une de mes charmantes jeunes patientes en a pris pendant un an pour dépression, elle en a gardé des mouvements anormaux de la bouche. Dommage
 
Etc. Etc.
Bref ce nouveau  livre est bienvenu

lundi 10 septembre 2012

TDAH

Après les consultations du matin j'ouvre Impact médecine, tombe sur un article du docteur Le Heuzey, la grande spécialiste de l'hyperactivité et de la Ritaline. Ca me fatigue de lire toujours les mêmes arguments, à savoir que la Ritaline est incontournable dans certains cas d'hyperactivité etc. mais je lis quand même:
" La reconnaissance du TDAH permet d'éviter l'échec scolaire" en titre.
Je persiste pour voir à la fin
"Quand au traitement pharmacologique, il n'y en a qu'un en France, le méthylphénidate, décliné sous différentes formes galéniques aux durées d'actions variables. Ce médicament a une efficacité importante, mais ses effets secondaires ne sont pas anodins et il ne peut être utilisé qu'à partir de 6 ans."
Et dessous:
" Liens d'intérêts: Le Dr Le Heuzey déclare ne pas avoir de liens d'intérêt avec ce sujet".
 
Enfin un article un peu plus neutre! Je pense et j'espère que l'on n'arrivera pas au excès d'outre Atlantique concernant la prescription de cet amphétaminique.

dimanche 9 septembre 2012

Cigarettes génériquées

Avec un patient on était en train de refaire le monde, de pester contre l'obligation d'utiliser des génériques, même que je dois marquer maintenant en toute lettre et manuscrit  la mention non substituable" sur tout ce que je ne veux pas que la pharmacie générique.

Et j'ai eu une très bonne idée: " pourquoi ne substiturions-nous pas les cigarettes? Plus aucune marque! Le gouvernement va faire un grand pas en obligeant les fabriquants à faire des paquets blancs, on peut aller plus loin et faire payer 5 euros de plus celui qui veut sa marque préférée non?

Je suis sûre que je vais ravir les fumeurs gourmets avec ma bonne idée, par contre le chômeur qui fume pour se déstresser va s'en ficher.

vendredi 7 septembre 2012

Un sourire éclatant

J'avais déjà parlé d'une patiente dont la place n'était manifestement plus en atelier protégé car elle était sortie de sa dépression. Je l'avais arrêté en lui demandant de voir le  médecin du travail, ce qu'il pourrait faire pour elle.
Et bien la solution est tout simple et elle me l'a annoncé aujourd'hui: elle ne relève plus de la cotorep depuis le 31 août 2012 donc elle n'a plus le droit de bénéficier de l'atelier protégé! Et celui-ci n'a plus qu'à la licencier. Comme quoi, sa situation s'arrange et son sourire est de plus en plus éclatant. Et zut pour le médecin de la Sécu qui voulait qu'elle retourne au CMP, prendre des médicaments et se faire suivre  pour " supporter sa condition".

Encore un exemple que les médecin de la Sécu et nous les installés nous devrions plus communiquer.

jeudi 6 septembre 2012

Petit cadeau

Mon ancien remplaçant est venu me faire un petit coucou, et il m'a demandé de certifier qu'il m'avait bien remplacé: en effet la région lui offre 1500 euros pour le remercier d'avoir remplacé en campagne un certain temps!
Sympa mais pas incitatif sur le long cours.
Enfin on lui offre, il ne va pas les refuser.

lundi 3 septembre 2012

perte de temps

Je suis toujours en pétard contre le médecin de la Sécu: un de mes patients mentionné il y a quelques temps a été contrôlé: il avait eu une vilaine entorse de genou au ski et n'avait dû son salut, c'est à dire pas de fracture,  qu'à une musculature exceptionnelle ( grand sportif).
Donc le-dit médecin l'a pris dans son bureau, s'est contenté de mesurer les deux mollets, et comme ils étaient de même grosseur et sans s'énquérir du genre de travail du patient, lui a déclaré : " je vous fais reprendre au 4 septembre". Ca fait quatre mois que mon patient fait des séances de rééducation intensive, comme il dit " ce n'est pas de la gnognote, j'en ressors tout endolori".

Seulement le médecin du travail ne le veut pas sur les chantiers avant qu'il ne soit complètement guéri avec scanner et IRM à l'appui: " on va éviter le sur-accident".

Alors le patient vient voir le docteur Vincent: je l'éxamine, trouve que le genou souffrant a du mal à se mobiliser et est encore douloureux. Et sur les chantiers cela peut faire la différence.

Que faire: j'ai conseillé de contester, de demander l'avis d'un expert mandaté par la Sécu pour trancher: que de perte de temps et d'argent pour une décision prise hâtivement!

J'ai lu les propositions des 24 bloggueurs médecins: je proposerais moi qu'au sein de leur Must il puisse y a voir des échanges avec des médecins de la Sécu, non pour se faire taper sur les doigts mais pour régler des problèmes en quelques minutes au lieu de quelques semaines. On ne devrait pas se considérer en guerre mais comme des  rouages différents appartenant à la même machine de santé. 
C'était ma contribution!  

Lutter contre les déserts médicaux

Déserts médicaux : 24 médecins twittos publient leurs idées sur le web

Un groupe de 24 médecins publient simultanément sur leurs blogs des propositions pour lutter contre les déserts médicaux, en faisant la promotion de leur opération non syndicale "#PrivésDeDéserts" via Twitter, pour faire le buzz.
Ces médecins twittos espèrent lancer le débat et attirer l'attention de la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
"Hey @MarisolTouraine si tu cherches des conseillers, c'est par là : http://drfoulard.fr/?p=365 #PrivésDeDéserts", lance lundi "Dr Foulard".
"Médecine Générale 2.0 en France, c'est parti : http://www.atoute.org/n/Medecine-Generale-2-0.html...poke @MarisolTouraine", twitte par sa part @DDupagne.
Pour attirer les médecins dans les "déserts médicaux", ils prônent "incitation plutôt que coercition", avec même une idée de "salaires aux enchères".
Ils suggèrent, en autres, la création de "Maisons Universitaires de Santé" ("MUst") qui constituent l'équivalent du CHU pour la médecine de ville.
Autre idée, la création du métier de la santé, agent de gestion et d'interfaçage ("AGI"), pour assurer toute l'activité administrative de ces maisons universitaires.
Une initiative, selon eux, qui permettrait de décharger les médecins généralistes isolés d'une paperasse envahissante, et de reclasser les visiteurs médicaux "après l'interdiction de cette activité".
Parmi leurs idées, détaillées sur les blogs, figurent également des "chèques-emploi médecin", financés à parts égales par les médecins volontaires et par les caisses, pour payer les prestataires de services (AGI, secrétaires, personnel d'entretien).
Il s'agit, selon eux, non pas d'augmentations d'honoraires, mais de réallocations des ressources pour rendre son attractivité à l'exercice libéral.
Parmi les signataires twittos : Jaddo, Christian Lehmann, le Dr Dominique Dupagne, Fluorette, Dr Foulard, AliceRedSparrow, et farfadoc (http://farfadoc.wordpress.com/).
La précédente initiative de certains d'entre eux était une pétition (bit.ly/Q9vnUD) contre les chemises d'hôpital ne respectant pas la dignité des patients, toujours en cours.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120903.AFP7538/deserts-medicaux-24-medecins-twittos-publient-leurs-idees-sur-le-web.html

Des idées à creuser...

samedi 1 septembre 2012

Un patient plein de bon sens

Un patient un peu aviné mais surtout très polisson s'est présenté à mon associée ( alors qu'il avait rendez-vous avec moi): " Je vous aurais bien demandé de me voir car vous me plaisez bien, mais il se trouve que j'ai rendez-vous avec le docteur Vincent.
- Vous souffrez de quoi?
- Une douleur. Dommage, le haut comme le bas me plaisaient bien. Allez, je vais aller discuter de sexe avec l'autre médecin".
La pauvre: elle était toute embarrassée en me prévenant de sa venue!

Un peu plus tard je propose une prise de sang:
" A domicile?
- Oui, j'ai la meilleure mutuelle de France, la CMU".

Je suis extrèmement choquée, pas par la franchise du patient que je connais bien et que j'apprécie, même si parfois il faut un peu cadrer, mais par la justesse de son propos: maintenant les mutuelles coûtent horriblement cher, grèvent un budget parfois serré et ne remboursent pas tout. Je comprends que certains patients ne soient pas pressés d'avoir un revenu régulier: on en profite pour se refaire les dents, se faire offrir des lunettes avec monture de marque, se faire retirer des grains de beauté qui auraient pu attendre etc.
 
Je ne remets pas en cause les soins gratuits pour les nécessiteux, je suis capable de faire aussi des actes gratuits, mais le business que cela engendre.