samedi 27 février 2010

Primpéran: neuroleptique

Je suis toujours un peu irritée quand des parents donnent du primpéran à leur gamin avancé par la pharmacie ou donné par un médecin parce que :

Mises en garde spéciales

Seule la forme goutte buvable est adaptée au nourrisson et à l’enfant.

Primperan est un antagoniste de la dopamine. Il peut entraîner des effets indésirables neurologiques à

type de syndrome extrapyramidal en particulier chez l'enfant et l'adulte jeune et/ ou lorsque la

posologie maximale est dépassée. Il est donc recommandé de respecter la posologie déterminée par

le poids du patient et un intervalle d’au moins six heures entre les prises (voir rubriques 4.2 et 4.8).

Respecter un intervalle d’au moins six heures entre chaque prise, même en cas de vomissements et

de rejet partiel ou total de la dose.

Ces réactions surviennent, en général, en début de traitement, entre 1 à 3 heures après la dernière prise.

Elles peuvent apparaître après une seule administration. En cas d’apparition de ces symptômes extrapyramidaux,

il convient d’arrêter le métoclopramide. Ces effets sont, en général, complètement réversibles

après l'arrêt du traitement, mais peuvent nécessiter un traitement symptomatique (benzodiazépines chez

l’enfant, benzodiazépines et/ou antiparkinsoniens anticholinergiques chez l’adulte).

Un syndrome malin des neuroleptiques ayant été exceptionnellement décrit, la survenue d'une hyperthermie

inexpliquée ou associée à d'autres symptômes du syndrome malin (pâleur, troubles végétatifs, altération de la

conscience, rigidité musculaire) doit faire arrêter immédiatement le traitement.
...
D'autres molécules dont le motilium comportent moins d'effets secondaires. Le primpéran peut provoquer le syndrôme malin des neuroleptiques qui peut être mortel.
Alors ce matin un patient inconnu est venu avec son fiston qui avait eu sa dose de primpéran depuis quatre jours pour une gastro résistante.   Quand je lui ai fait part de ma méfiance concernant le primpéran il a répondu au départ:
" Mais je vous fais confiance docteur, c'est votre travail.
- Non, non, ne me faites pas confiance et lisez"
J'ai fait lire le Vidal au père en expliquant tous les mots difficiles. Il est resté si l'on peut dire sur le derrière, il avait perdu ses repères "vous vous êtes le grand chef, vous avez fait 8 ans de médecine, moi je ne sais rien et je vous crois sur parole". 
Le reverrai-je? Mais ç'est ça l'éducation des patients: lire les notices. D'ailleurs je le répète, mes patients les lisent maintenant trop bien et je dois me justifier souvent ( pourquoi je leur ai donné et le rapport bénéfice risque est positif). 
En urgence ou pour des vomissements graves il garde évidemment son utilité

jeudi 25 février 2010

Whisky bis

Un de mes patients m'explique pourquoi il n'a pas d'appétit:
" Vous comprenez docteur, depuis ma radiothérapie du pharynx je n'ai plus de salive,  je ne sens plus le goût des aliments. Alors je n'ai pas faim, je mange très peu et j'ai peur de maigrir.
- Vous n'avez absolument aucune sensation en mangeant?
- Non... ah si! Je peux avaler le whisky parce qu'il a une texture uniquement à lui. Et de plus je peux différencier le whisky bas de gamme du très bon."
Voilà, mes patients sont des gourmets comme je l'ai déjà écrit il y a peu de temps, radiothérapie ou non!
...
Pour passer du coq à l'âne un patient s'est plaint un peu bruyament car ma remplaçante ne lui aurait donné que deux jours d'arrêt de travail pour une gastro. J'ai calmé le jeu en expliquant que le temps où l'on arrêtait largement était révolu et l'on avait des comptes à rendre à la Sécu. Mais en partant avec deux jours de plus il bougonnait encore.

mercredi 24 février 2010

Tabac et fellation

Trouvé dans le blog de Bourdin et Co:

L'association des Droits des Non-Fumeurs, présidée par Gérard Audureau, lance aujourd'hui une campagne anti-tabac dont le but avoué est de choquer.

L'illustration choisie pour cette campagne et créée gratuitement par l’agence BDDP & Fils, fait volontairement l'amalgame entre tabac, fellation, et soumission. Sous le visuel, un slogan : "Fumer, c’est être l’esclave du tabac".

Associations féministes et associations d'aide à l'enfance protestent déjà. Et le président de l'Office français de prévention du tabagisme, Bertrand Dautzenberg, la voit d'un mauvais œil : "Ça va choquer les adultes sans faire peur aux ados" a-t-il confié au Parisien.

Marco de La Fuente, chef de projet chez BDDP & Fils explique ce choix ce matin, toujours dans Le Parisien : "Le message c’est : Le tabac est une soumission. Or dans l’imaginaire collectif, la fellation est le symbole parfait de la soumission."

Gérard Audureau confirme : "La cigarette ne fait plus peur aux jeunes. Utiliser le sexe, c’est une manière d’attirer leur attention. Et s’il faut choquer, choquons!"

L'association Familles de France a d'ors et déjà annoncé qu'elle allait saisir l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité). Si celle-ci n'a pas de pouvoir de sanction, elle peut cependant conseiller l'arrêt de cette campagne. Pour l'interdire totalement, l'affaire devra être portée devant la justice.


Et vous ? Êtes-vous choqué par cette affiche ? Pensez-vous qu'elle peut être efficace dans la lutte anti-tabac ?


Source : Le Parisien

Quel esprit tordu a pu inventer cela? Cela aurait fait un patient parfait pour papa Freud.

mardi 23 février 2010

Moral en béton?

C'est fascinant comme certains patients subissent la crise de plein fouet et ne mangent pratiquement plus que des pâtes à la fin du mois alors que d'autres vont bien et leur compte en banque aussi;
-il y a celle qui est partie avec un petit pactole quand sa boite a coulé dans des conditions un peu suspectes ( pour être délocalisée bien entendu) et qui soudain se découvre un tas d'amis qui s'étaient fait oublier quand elle allait mal.
- Celle qui a trouvé un travail encore mieux payé dans la grande distribution et qui  baisse la voix pour en parler mais elle rayonne quand même de bonheur;
- celui qui a créé une agence immobilière en pleine crise et qui commence à embaucher du monde.
En particulier une patiente avait démissionné de son travail; je la voyais de plus en plus, deux fois par mois à la fin pour des problèmes multiples et variés. Elle s'est mise au chômage et la première boite qu'elle a appelé l'a accueillie à bras ouverts pratiquement! Et évidemment je ne la vois plus pour sa santé.
La méthode Coué peut sembler dépassée mais si on se dit chaque matin " je vaux quelque chose, je peux le faire, je peux trouver" cela donne beaucoup plus de chance.
Parce qu'à l'inverse certains patients ont des tas de qualités mais partent perdants... et ils le sont.

dimanche 21 février 2010

Conseils en pagaille

Depuis toutes ces années que j'exerce dans le village, j'en ai fait des recommandations:
- faire du sport par exemple; à certaines personnes je le recommande presque à chaque consultation et c'est devenue presque une blague entre nous. Pour celles-ci elles ont développé une véritable allergie à tout effort physique et chaque kilo en plus rend le souhait de plus en plus difficile à réaliser. Ce n'est pas faute d'être inventif: à tour de rôle je préconise musculation, natation, vélo, marche à pied pour les plus ronds et les plus cardiaques, kung fu ( celui à qui je l'ai proposé est dévenu un mordu de cette discipline! Au moins un!) etc.

- Manger du poisson trois fois par semaine pour les cardiaques et limiter les graisses; pour ça aussi c'est le parcours du combattant: difficile de changer ses habitudes. Et quand ils me disent  " docteur je fais attention", je n'ai qu'à regarder la composition des caddies de mes patients le samedi après-midi!

- Aller se présenter devant le patron avec une tasse de café pour lui quand celui-là devient difficile à vivre, s'asseoir et lui demander si ça va: je ne sais pas si beaucoup l'ont fait, il faut avoir du culot mais ça a fait rire tous ceux à qui je l'ai proposé, ça dédramatise. Ca leur fait prendre conscience que les patrons aussi peuvent avoir des problèmes.

- Ne plus fumer: j'espère en avoir fait arrêter certains. En tout cas pas une qui enceinte, me répondait:
" docteur je fume deux fois plus" ( et pas que du tabac). Je ne la vois plus mais il est certain que le malheureux bébé est arrivé avec un certain handicap dans la vie.

- Ne plus boire: ça c'est facile... pour un petit moment la plupart du temps. Peu décrochent mais beaucoup la mettent en veilleuse quelques semaines après un remontage de bretelle de leur médecin préféré.
Parfois je suis un peu désabusée pense que je parle dans le vide, et puis un patient arrive tout souriant devant moi " docteur, vous vous souvenez, vous m'aviez dit il y à quelques mois de prendre du recul à mon travail et de prendre du Dstress! J'en prends régulièrement et tout va bien, je l'ai même conseillé à d'autres".  
J'ai aussi des tas de conseils que je tire de mon escarcelle régulièrement pour avoir un enfant ou  pour ne pas en avoir et c'est sûr que de voir les patients à la va-vite car la salle d'attente est pleine serait très frustrant pour tout le monde.

samedi 20 février 2010

Je continue ou non?

Ma salle d'attente ne ressemblait plus à rien ce matin, des tas de personnes sans rendez-vous mais avec des problèmes urgents à traiter tout de suite. La deuxième personne ne m'avait pas prévenue qu'elle venait comme ça, et comme je n'ai pas de secrétaire je l'ai laissée rentrer sans faire attention.
Comme j'étais de très mauvaise humeur ( et qu'elle me laisse systématiquement  une ardoise) je lui ai fait comprendre que c'était avec des personnes qui avaient le même comportement qu'elle en permanence que je n'avais plus l'amour du métier et que parfois j'avais envie de dévisser!
Alors elle m'a demandé un peu inquiète " Vous allez partir docteur?" A quoi j'ai répondu " pas pour l'instant, quoique parfois j'y pense".
Ca va faire le tour du village, ça ne fera pas un pli!
La vérité c'est que je me pose beacoup de questions, que la pression est vraiment forte, même si les gardes ne sont plus obligatoires. Mon prédécesseur est partie au bout de dix ans, j'arrive à neuf ans et demi.
Si un remplaçant me lit, qu'il me contacte pour une collaboration régulière!

jeudi 18 février 2010

Alcool chic

Un jeune patient s'installe en face de moi; il souffre de, pourrait-on dire du syndrome hépatique du lundi matin et n'a pas pu aller travailler:
" Avez-vous profité correctement de votre week-end monsieur?
- Oui, mais je n'ai avalé que du très bon wisky, ça ne peut pas faire de mal!"
Comme ça on est rassuré. Il pratique le binge drinking chic!

Le binge drinking, anglicisme que l'on peut traduire par « hyperalcoolisation », « intoxication alcoolique aiguë », « alcoolisation paroxystique intermittente » ou bien par « alcoolisme périodique », est un mode de consommation excessif de grandes quantités de boissons alcoolisées sur une courte période de temps, par épisodes ponctuels ou répétés. Ce type de comportement d'alcoolisation massive où l'état d'ivresse est recherché rapidement, est considéré comme une addiction ou une dipsomanie, dès lors que la dépendance à l'alcool sous forme épisodique est établie.

En France, des reportages ont défini le binge drinking comme « biture express », « chaos éthylique » ou encore « alcool défonce » et ont tenté de cerner le phénomène en décrivant les comportements sociaux associés (fêtes d'étudiants, regroupements de jeunes avec beuveries sur la voie publique, etc.). Cette conduite à risque peut entraîner la mort via un coma éthylique. (Wikipédia)

J'éspère qu'il n'es tpas allé jusque là; il parait que cette conduite devient la mode.

mardi 16 février 2010

TS au stilnox?

Je vais chez une patiente nonagénaire de temps en temps. Sans être inconvenant on peut dire qu'elle a une grosse gamelle à défaut d'avoir 20 ans. Et elle ne se porte pas si mal, est autonome.
" Docteur, si vous pouviez me donner quelque chose cette fois ci pour rejoindre mon mari?
- Je n'ai pas le droit madame, dommage pour vous.
- Vous voyez docteur, votre remplaçant a été plus sympathique que vous!
- Ah bon? ( elle va chercher une boite de médicaments)
- Oui, il m'a donné des somnifères et si je veux, je peux les prendre d'un coup.
- ( Je prends la boite et compte les stilnox) 8! Ca ne fera pas assez pour se suicider. Trouvez autre chose!
- Tant pis.
- ( Je titille un peu, autant aller jusqu'au bout). Au fait avez-vous tout organisé pour la suite?
- (elle fait un geste vers son meuble) Oh, j'ai un papier dans un tiroir, mes héritiers sauront quoi faire".
Voilà, tout le monde peut être rassuré. Juste qu'elle va finir centenaire car La-Haut on n'est pas pressé de la recevoir.
Et à la fin "Voilà madame, je vais téléphoner à votre pharmacien pour vous fournir de l'arsenic.
- Merci docteur!"
A part ça j'adore cette patiente qui n'a pas la langue dans sa poche!

lundi 15 février 2010

Maitre mot: rentabilité

Les infirmières libérales à la campagne font des tas de choses pour les patients qui n'ont pas toujours à voir avec leur mission; j'ai laissée celle du village en train de remettre en marche de poêle à charbon pour une de mes patientes âgées. Puis elle ira lui chercher ses médicaments dans l'après-midi et elle lui conserve même un double des clés au cas où!  Et s'il le faut elle appellera aussi l'ambulance au cas où la bronchite de sa protégée s'aggrave. C'est vraiment une assistance à la vie et je ne suis pas sûre qu'elle soit payée à sa juste mesure.
...
Idem pour les facteurs qui donnaient jusqu'à présent de multiples services à domicile: vente de timbre, dépose des recommandés quand les gens ne sont pas là et qu'ils l'ont demandé, et bien d'autres encore, ce qui éviter aux personnes âgées de se déplacer. Mais en ce qui concerne les facteurs, la poste fait tout pour que ces petits avantages appréciables cessent car la maitre-mot est Rentabilité et les facteurs qui font ce travail pour le plaisir d'aider les gens finissent pas être dégoutés.
Comme le dit mon compagnon, plusieurs secteurs d'activité ne devraient pas être rentables, c'est à dire que l'on ne devrait pas gagner d'argent dessus: l'éducation, la poste, la santé, certains transports en commun.
La société ne va pas dans ce sens...

dimanche 14 février 2010

transsexuels

Depuis le 12 février 2010, le transsexualisme n’est plus considéré comme une maladie mentale en France, premier pays développé à le sortir de la liste des affections psychiatriques par un décret.

Selon le site medico-chirurgical francais du transsexualisme, « le transsexualisme est une maladie authentique, qui est infiniment pénible pour la personne qui en est atteinte, et qui justifie donc une prise en charge médicale ». Les responsables de ce site médical déplorent les « idées complètement fausses » qui circulent au sujet du transsexualisme « trop souvent présenté de façon sensationnelle, spectaculaire, voyeuriste, ou même franchement pornographique, en confondant grossièrement tous les troubles de l’identité de genre, ou ceux de la sexualité, ou bien en laissant croire de façon démagogique que toutes les transformations physiques sont possibles à partir du moment où elles sont souhaitées. »

La Cour de Cassation en Assemblée plénière a décidé en 92 que « lorsqu’à la suite d’un traitement médico-chirurgical subi dans un but thérapeutique, une personne présentant le syndrome de transsexualisme ne possède plus tous les caractères de son sexe d’origine et a pris une apparence physique la rapprochant de l’autre sexe, auquel correspond son comportement social, le principe du respect dû à la vie privée justifie que son état civil indique désormais le sexe dont elle a l’apparence ».

Au terme d’une évolution jurisprudentielle difficile, la Cour Suprême s’est efforcée d’apporter à un problème humain et social complexe, une solution pragmatique tenant compte tout à la fois des souffrances du transsexuel, des exigences de l’ordre public et de l’évolution jurisprudentielle Européenne. Mais elle ne s’est pas prononcée sur la réalité du sexe. Il n’est donc pas fait état de conversion ni de changement de sexe, mais de « rapprochement sexuel » et de respect de la vie privée.

En France, la reconnaissance de la mutation sexuelle comporte deux aspects : la modification de la mention du sexe et le changement de prénoms. Le changement d’état civil est une procédure uniquement basée sur la jurisprudence, laquelle est constante depuis le fameux cas de Coccinelle . Pour aboutir à cela, les transsexuels doivent nécessairement avoir subi une ablation de leurs attributs sexuels natifs ou la création d’organes artificiels. Ils doivent d’abord suivre un protocole de suivi psychiatrique, effectuer des test psychiatriques afin d’écarter la présence de pathologie mentale. Un « staff » de programme « transgender » composé d’un psychiatre spécialiste, d’un psychiatre de proximité, d’un endocrinologue et du chirurgien suit le ou la patient(e) jusqu’à l’opération de ré-assignation . Au moins deux années de suivi médical sont obligatoires avant l’opération.

Le programme de ré-assignation est actuellement pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Le changement de prénom peut-être demandé au juge des affaires familiales avant l’opération lorsque l’apparence physique se rapproche du futur genre sexuel. Les patients opérés en France ont seulement besoin d’un certificat médical établi par le chirurgien pour obtenir leur changement complet d’état civil. Les choses sont plus complexes pour ceux opérés à l’étranger, puisqu’ils sont soumis à un examen effectué par un médecin légiste.

Il convient de souligner que le droit français ne pose aucune incompatibilité quant au mariage des transsexuels si leur sexe, après la modification, est différent de celui du conjoint.


Le changement de prénoms accompagne la modification de la mention concernant le sexe. Il peut également être autorisé sans cette modification.

Au terme de ce parcours médico-juridique le transsexuel ayant obtenu le changement de son état civil peut exercer tous les droits attachés à son nouveau sexe. Cette affirmation ne fait pas de difficultés pour l’exercice des droits civiques, civils, sociaux ou professionnels.

Pr. M. Le Gueut-Develay, CHU de Rennes, Service de Médecine Légale, 2 rue Henri Le Guilloux, 35033 Rennes Cedex
...
La chose qui me choque là-dedans, n'est pas que le transsexualisme soit une maladie mentale ou non, c'est que d'autorité on décide si les transsexuels sont des malades mentaux ou non! J'ai horreur que l'on mette les gens dans des cases; c'est pour cela que dans mon cabinet il n'existe pas d'hystériques, de névroses, de phobiques... pour les anorexiques et les boulimiques c'est différent, les comportements sont évidents par eux-mêmes même si selon certains internautes l'origine est multifactorielle mais là on fait du hors-sujet.

samedi 13 février 2010

délire administratif

Je ne sais pas si j'ai déjà parlé du délire administratif dans les maisons de retraite mais c'est grave; sous prétexte de se couvrir en cas d'erreur et parce que certaines familles seraient procédurières il a été créé un classeur pour chaque catégorie de fait dans la maison.
D'abord il y existe  un classeur pour chaque patiente avec des fiches d'identité, médicales, psychologique, environnementales ( qui s'occupe de la vieille dame);
un classeur pour l'équipe de nuit,
un classeur des médicaments,
un relevé précis de chaque goutte donnée et de chaque traitement pris et à quelle heure ( de préférence avec les minutes),
un classeur pour les aide-soignantes qui notent tous les cacas avec précision et les colères éventuelles ainsi que tous les petits faits des pensionnaires. ( moi, franchement si j'étais en maison de retraite je me sentirais un peu mal à être scrutée ainsi) ... et d'autres classeurs que je n'ai pas eu le temps d'ouvrir.
L'infirmière ( toute jeunette, donc qui n'a rien connu d'autre) a reconnu que c'était un peu beaucoup mais qu'ils n'avaient pas le choix. Mais tout cela laisse moins de temps pour vraiment prendre soin des pensionnaires et en vingt ans ( j'ai remplacé des aides-soignantes au début de mes études) la seule amélioration apportée dans les maisons de retraite est la tenue des dossiers!

De plus, à la rigueur que tout soit noté scrupuleusement aux urgences ou dans un service de soin, pourquoi pas, mais là nous parlons de l'avant dernière demeure des gens, que par définition je ne peut pas appeler patients dans ce type d'établissement.

En ce qui me concerne, idéalement je devrais garder des doubles de chaque certificat que je rédige par exemple; infaisable ou alors les journées devraient faire au moins 26 heures. Je serais d'ailleurs curieuse de connaitre le pourcentage de médecins applicant cette règle.

Mais bon, peut-être que les papiers sont finalement très utiles et que je suis une mauvaise langue et qu'il est extrèmement nécessaire d'avoir mis en place une organisation extrèmement lourde concernant la vaccination H1N1.

jeudi 11 février 2010

Effet de mode

Juste une pensée comme ça: depuis que les hormones contre la ménopause ne sont plus conseillées ( rapport bénéfice-risque négatif)  et donc plus à la mode très peu de patientes se plaignent de bouffées de chaleurs ou de troubles de l'humeur autour de la cinquantaine. Comme si cette maladie, "les  troubles dûs à la ménopause" n'existait plus. Fabuleux! tout au plus dans une consultation sur cinquante  dans cette  tranche d'âge  une patiente en fait-elle mention...
Je me souviens quand j'étais très jeune on ne faisait pas de publicité pour la dépression, et alors très peu de personnes étaient déprimées, pareil pour les insomnies. Il n'y avait que les dépression réelles et les vraies insomnies qui étaient traitées (avec des médicaments ayant des tas d'effets secondaires comme les amphétamines et les barbituriques).

A l'adolescence un jour je discutais avec une copine lorsqu'elle me dit soudain " je suis stressée, tellement que le médecin a dû me mettre sous Valium". Et à l'époque je ne savais pas du tout ce que c'était, mais  pour ma copine cela la confortait dans le fait que son trouble était Tellement Important! C'est à elle que cela donnait de l'importance, et même si je ne connaissais pas le produit j'avais un peu pitié d'elle qui avait besoin de ça pour qu'on la prenne un peu en considération.

En gros prendre des médicaments actuellement répond pour certains à un effet de mode et ce n'est pas comme ça que je vois le soin aux patients.
Et répondre au malaise général en distribuant des pilules de toutes les couleurs au lieu d'accorder un peu d'écoute et d'empathie ne me semble pas la solution.

mardi 9 février 2010

Dédicaces

Les patients qui m'ont parlé de mon livre n'ont pas été fâchés de se reconnaître pour quelques uns dans certaines anecdotes; de toute façon j'avais changé la description et parfois le sexe du patient. Et j'ai fait des dédicaces! Il faut quand même être sérieux: tout cela quand les patients ne se plaignaient que de petites bricoles ou lors de renouvellement d'une pilule contraceptive.
En tout cas je respire car certains auraient pu en prendre ombrage. Tout de même l'un d'eux m'a lancé:
"qu'est-ce que vous lui en avez mis au docteur Cravate!" Alors là, ce n'est pas ma faute si sa cravate est toujours d'excellente qualité, son costume de bonne facture et ses manières de bon aloi!
Notons que je n'ai rien dit sur ses qualités de médecin, que cela soit élogieux ou non car se serait extrêmement déplacé et non confraternel: le travail de médecin ne repose pas sur une science exacte et chacun soigne en son âme et conscience en tenant compte des dernières données de la science. Et les patients se dispatchent selon leur préférence et selon leur conception du bon médecin, ce qui est une notion subjective comme je l'ai signalé autrefois. 

dimanche 7 février 2010

Héritage familial

Une de mes jeunes patientes à mon grand désespoir prenait du prozac qu'elle se faisait prescrire par un psychiatre. Le pire c'est que je n'en connaissais pas la raison et depuis des années elle avançait comme argument " j'ai des TOCs". Son psy est parti en retraite et donc elle se retrouve sans prozac depuis un mois ( pas d'effet de sevrage génant heureusement).
Et elle a bien voulu se confier pour la première fois: " docteur, j'ai toujours envie de manger, je pense  à la nourriture toute la journée, que cela soit avec ou sans mon antidépresseur; il me faut une solution"
Je connais ce problème d'être toujours tenté par le frigo:
- cela peut être une compensation suite à un manque affectif. Bien, une fois qu'on a dit cela, on fait quoi?
- Cela peut être un manque de magnésium ou d'autre nutriments et alors le corps tente de les récuperer en mangeant deux fois plus (par exemple, quand enceinte on dévore tout ce qu'il est possible).
- Et cela peut être aussi car on a été "étouffé" si l'on peut dire à la maison avec des parents très  à cheval sur la nourriture " ne mange pas cela", " ne mange pas entre les repas" " tu mangeras ce que je te dis" " tu n'as pas mangé cela, je te le resservirai ce soir encore" etc.
Il y a des mères parfois tellement mal dans leur peau qu'elles tentent de contrôler jusqu'à l'estomac de leur enfant et cela peut évoluer malheureusement en anorexie ou en boulimie.
Donc parfois les patients souffrant de cela devraient regarder dans leur entourage, qui a tenté de mettre du contrôle dans leur assiette, en plus cela les extravertit et ils arrêtent de se culpabiliser.
En observant tous ces comportements j'ai tellement appliqué la méthode contraire à mon petit Poilopat (ce que tu veux, quand tu veux, tu n'oublies quand même pas les légumes et les fruits) que parfois il oubliait de manger, il n'a jamais fait gaffe à l'heure des repas et quand je suis en retard sur la préparation du repas il prend un yaourt et remonte jouer! Et il est tout mince! D'ailleurs j'ai une petite anecdote: à 18 mois, forte de mes principes, je l'avais laissé dévorer du chocolat jusqu'à plus faim: il n'a presque rien mangé pendant les trois jours suivant et il n'aime pas le chocolat.
ll y a sûrement un juste milieu mais suivre ces patients anorexiques ou boulimiques a eu vraiment cette influence sur moi.
Mais la nourriture ne devrait absolument pas être le pivot de la vie comme chez certaines personnes en institution chez qui la vie tourne autour des repas et uniquement cela.
 

vendredi 5 février 2010

Sauvetage d'un couple

Un couple entre dans mon cabinet bras dessus bras dessous:  "docteur, il nous faut plus d'arrêt de travail, un long, on n'en a pas eu assez" me dit l'épouse avec un grand sourire. Un peu d'incompréhension, puis je remets l'histoire: ce couple était il y a encore deux semaines sacrément si l'on peut dire à la dérive, chacun reprochant des choses à l'autre.
Mais quand il a fallu voir un avocat, le mari m'a confié " je ne peux vivre ni sans elle, ni avec elle, je sens que je vais faire une bêtise". Et je l'ai cru car je le connais, il va toujours au bout des choses.
Alors je les ai convoqués tous les deux pour une conversation à trois et il en a découlé qu'ils avaient des tas de choses à se communiquer, la vie de famille et des tas d'autres contraintes empêchant le couple de s'échanger tout ce qu'ils avaient à dire.
Alors j'ai fait un arrêt de travail à tous les deux, dix jours et ils sont partis pénards en vacances sans les enfants et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et ça, c'est mieux que l'hospitalisation, le mari ayant été à deux doigt d'aller en psy.
Et un arrêt de travail a suffi, c'était une boutade!

jeudi 4 février 2010

chasse au remplaçant

Une de mes patientes "docteur je voudrais une boite d'orgasme". Heureusement que je savais qu'elle prenait de l'ogast!
...
Un de  mes anciens remplaçants s'est installé dans la région! Je vais contribuer à lui faire une clientèle rapidement cela ne fera pas un pli. D'autant plus que j'ai un très bon souvenir de lui, ce qui est rare pour un remplaçant. J'espérais un moment qu'il s'installe avec moi mais la vie a fait que...
Au fait, un des buts minimes du livre que j'ai écrit était qu'un remplaçant soit assez intéressé par ma prose pour  qu'il ait une envie irrépressible de me remplacer et collaborer avec moi dans le futur. Pour l'instant je n'ai pas de candidat et c'est dommage; je me trouve avec une remplaçante qui ne rêve que de PMI et qui me lâchera sûrement un jour. 


mercredi 3 février 2010

Je ne sais plus que penser

( sur destination santé) Publié en 1998 dans le Lancet, l’article qui avait dénoncé à tort l’existence d’un lien entre le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) et l’apparition de cas d’autisme ou de rectocolite hémorragique revient subitement à la Une de l’actualité. Fait rarissime, la revue scientifique s’est « rétractée » hier. L’étude en question a même été retirée de ses archives. Explications.

Cette décision fait suite à un récent communiqué du General Medical Council britannique –l’équivalent du Conseil national de l’Ordre des médecins- stipulant que l’auteur, le Pr Andrew Wakefield, avait agi de façon « malhonnête et « irresponsable ».

« Il apparaît clair, sans aucune ambigüité que les déclarations faites dans cette étude sont totalement fausses. Je me sens trompé », a déclaré dans les colonnes du Guardian, Richard Horton, le Rédacteur en chef du Lancet. Maintes fois contredit, ce travail, réalisé rappelons-le sur 12 personnes seulement, avait fait grand bruit, y compris en France. Il avait surtout entraîné une chute de la couverture vaccinale au Royaume-Uni. Entre 1998 et 1993, elle est ainsi passée de 92% à 78,9%...

En mars 2004, le Lancet avait déjà publié un éditorial de rétractation partielle. Il n’avait pas fait grand bruit. Douze ans après la publication de l’étude au parfum de scandale, cette rétraction ferme et définitive devrait mettre un terme à la polémique.


Source : The Lancet, 2 février 2010, DOI :10.1016/So140-6736(10)60175-4 – The Guardian, 2 février 2010 – Telegraph, 2 février 2010
...
Voilà ce qui illustre bien mon propos d'hier: on nous fait avaler noir un jour, blanc un autre. En conclusion pendant des années je me suis sentie parfois coupable en vaccinant, et je scrutais les contre-indications éventuelles alors que l'autisme n'est pas prouvé!
Encore plus les médecins doivent prescrire en leur âme et conscience et ne pas aller dans le sens du vent qui tourne.

lundi 1 février 2010

avant de dormir

j'ai lu sur internet un article du docteur Dupagne qui expliquait que c'était bientôt la fin de la médecine telle qu'elle était actuellement.
http://knol.google.com/k/la-bulle-m%C3%A9dicale#
Il est sûr que l'on ne peut pas continuer comme cela:
 Le médecin n'est plus respecté comme autrefois, il est là pour donner des arrêts scolaires ( alors que ce n'est pas légal), des arrêts de cantine ( uniquement pour que les parents n'y perdent pas), des absence de nounou ( de plus en plus fréquent et honteux), des papier de justification d'arrêt pour l'employeur quand le patient est absent une à trois journées de son travail  (plus, c'est la Sécu qui prend en charge).
Ce qu'il y a de positif dans le déremboursement de certains médicaments, c'est que les patients ne viennent plus pour se faire prescrire un collutoire ou des veinotoniques ( chiche, on dérembourse le stilnox? Fini la manne tous les 28 jours de certains patients!)
Comment cela a-t-il pu en arriver là?
On a le cerveau complètement formaté qui ne sait plus que prescrire des médicaments selon " la médecine basée sur les preuves", celles qui sont soufflées parfois par les labos. Et les scandales sont légion, des molécules disparaissent peu après avoir été mises sur le marché pour effets secondaires graves.
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Et moi qui pense être un cerveau à peu près libre, je ressens de l'anxiété à la pensée que je suis aussi formatée sans le savoir sur beaucoup de sujets, que la vérité est peut-être ailleurs et qu'au milieu de ces mensonges que l'on nous distille il est extrèmement ardu de différencier le bon grain de l'ivraie.
Je n'ai même pas forcément envie de me tourner vers une autre médecine parallèle car certaines, pour tirer la couverture à elles, améliorent les résultats. J'ai, dans ma petite expérience, compris de toute façon que une médecine ne convient pas à tous les patients, l'homéopathie ne m'a jamais été bénéfique par exemple, mais à mes enfants, si.
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Bon, après tout cela  je vais appliquer "nuit porte conseil" et repartir du bon pied demain.