jeudi 31 juillet 2014

grivoiseries

Un patient sous antiparkinsonien: " Oh, docteur, vous êtes toujours très bien, vous êtes toute bronzée. Dites, vous êtes bronzée de partout?"

C'est que ça rend égrillard ces petites pilules-là! 
Cela provoque aussi un syndrome de jeu pathologique, mais heureusement ce patient libidineux n'a pas internet et ne conduit plus! 

mercredi 30 juillet 2014

Un peu gonflé et pas très bien élevé

Une de mes patientes tout d'un coup en vacances a souffert d'un hématome sous dural ( hématome entre les membranes du cerveau), comme ça, sans raison.
La famille est allée aux urgences d'un hôpital de banlieue: l'épouse a été transférée dans un lit en neurologie. quelques jours après je vois arriver le mari:
" Docteur, je suis ultra-inquiet, le neurologue ne fait rien hormis donner de la morphine à mon épouse qui souffre le martryre et n'est plus comme avant. Elle a maigri, ne sort plus de son lit etc."
Je connais la famille, elle n'appellerait pas au secours pour rien.
" Bon monsieur, je vous propose ceci, mais c'est gonflé et pas très bien élevé: vous signez le bon de sortie sans autorisation, une ambulance récupère votre épouse et vous filez tous à Saint-Anne".

Il l'ont fait; l'ambulance a joué le jeu, mais n'était pas rassurée tout le temps du transfert par l'état de la patiente. L'épouse a atterri aux soins intensifs et elle est maintenant correctement prise en charge.
Il parait que le neurologue du premier hôpital a démissionné dans la foulée. Sa première réaction  à l'annonce du départ de son patient a été un étonnement profond, et il a rédigé le bon de sortie ainsi: "sortie contre avis médical, retour à domicile", alors que les ambulanciers se trouvaient devant lui!

C'est qu'il faut se battre pour se soigner maintenant!

mardi 29 juillet 2014

retour de vacances

J'avais mis un panneau dans la salle d'attente "le docteur ne prend plus de nouveaux patients. Merci de votre compréhension. Les journées n'ont que 24 heures". 
Et bien un petit malin me l'a retirée! Pas les autres panneaux, non, ni les blagues que j'ai collées. C'était sûrement un patient désespéré qui voulait faire du forcing. 

Ce n'est pas comme ça que je voyais la médecine générale autrefois: mon premier remplacement, le médecin ne recevait que 13 patients par jour et j'imaginais qu'il fallait se battre vaillamment pour être le meilleur, le plus consciencieux et faire le maximum de pub tout en n'en faisant pas,  ou du moins en n'en ayant pas l'air ( interdit par le conseil de l'Ordre).  

Non, non, ce n'est pas ainsi que les choses se passent et mon téléphone est débranché dix heures sur 12, et un de mes confrères part en retraite, et les autres sont en vacances, et je craque pratiquement: à peine sortie de l'avion il a fallu partir en urgence au cabinet pour les patients que ma secrétaire avait inscrits! 



lundi 28 juillet 2014

Une très bonne nouvelle

La Haute Autorité de Santé recommande d’abaisser de 65 à 15% le remboursement de huit somnifères, dont le Stilnox, le Noctamide et l’Imovane.
Décourager la consommation de somnifères de la famille desbenzodiozépines en les déremboursant partiellement, c’est l’objectif de la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS).

La recommandation d’abaisser le remboursement de 65% à 15% fait suite à plusieurs signaux d’alarme des professionnels de santé et campagnes d’information que nous avons relayés ici pointant la faible efficacité à long terme de ces médicaments sur le sommeil et leurs nombreux effets secondaires. En vain: quatre millions de Français en consomment régulièrement, et souvent sur des durées bien supérieures aux quatre semaines recommandées.
Les benzodiazépines hypnotiques sont destinées aux troubles sévères du sommeil à court terme. Au-delà de 28 jours, l’efficacité est incertaine et les effets indésirables connus: troubles de la mémoire, baisse de la vigilance, troubles du comportement et risque accru de chutes, en particulier chez les personnes âgées, dont l’organisme retient longtemps les molécules, et qui consomment souvent en parallèle d’autres traitements pas toujours compatibles.  
Les huit spécialités pointées du doigt sont: l’estazolam (Nuctalon, Takeda), le loprazolam (Havlane, Sanofi), le lormétazépam (Noctamide, Bayer), le nitrazépam (Mogadon, Meda Pharma), le témazépam (Normison, Primius Lab), le zolpidem (Stilnox, Sanofi Aventis), le zopiclone (Imovane, Sanofi Aventis) et leurs génériques.    
La HAS recommande une prescription de la plus faible dose et sur une durée la plus courte possible, sans renouvellement automatique, et seulement en seconde intention, après échec des thérapies non médicamenteuses (hygiène de vie, relaxation, médecines douces…), notamment cognitivo-comportementales.
http://www.notretemps.com/sante/huit-somniferes-bientot-moins-rembourses,i64404

Je sais, je n'ai pas été très présente sur le blog ces 14 derniers jours, cause, le soleil de la Sicile! Mais je tenais à vous faire partager cette excellente nouvelle!


jeudi 10 juillet 2014

Lapsus

Un patient encore vert et très polisson  me raconte: " Docteur, je n'ai eu que deux rapports avec votre consœur...".
Non monsieur, on dit " j'ai consulté votre consoeur"!

mardi 8 juillet 2014

une handicapée... d'un médicament

Une patiente inconnue est venue " docteur, je n'en peux plus, j'ai mal à tous les muscles. Je suis fâchée contre mon médecin traitant qui m'a toujours soignée avec du doliprane, et le rhumatologue pense à une sclérose en plaque".
J'ai tout décortiqué, de son antitussif prescrit, déconseillé pour son asthme, à son somnifère que j'ai tenté d'accuser de tous les maux dont elle souffrait, au stress qu'elle avait ...
pour enfin me rendre compte qu'elle prenait un traitement contre le cholestérol connu pour créer rarement  des graves  problèmes musculaires avec élévation des enzymes musculaires, nommées CPK. Ce traitement est une statine: vasten, ou zocor, ou tahor, peu importe.
La pauvre vit un calvaire, ayant même dû abandonner l'espoir de trouver un travail, tant elle est handicapée.

Quand demandera-t-on aux patients de lire systématiquement les notices? 
Une charmante nouvelle patiente, elle m'avait consultée il y a quelques années en urgence et elle est revenue, car son médecin arrive à retraite:
" Je me souviens de vous, j'ai eu envie de revenir. Et je pense qu'il est temps d'officialiser notre relation". Ça a du panache non?

Les revenants

Une revenante: " vous savez, c'est par hasard que j'ai changé de médecin. Mais je reviens vers vous..."
Une autre: " vous vous rappelez, j'étais venue chez vous il y a quelques années..." alors que je me souvenais fort bien de cette patiente qui avait eu une histoire pas banale et qui m'avait quittée pour ma consœur.

J'aurai préféré un patient honnête comme ceci:
" Docteur, j'ai misé sur le mauvais cheval, j'ai perdu, je reviens vers vous", ou  avec un sourire espiègle:
" faute de grives on mange des merles", ou encore méfiante,
" l'autre docteur était trop jeune femme, je me méfiais pour mon mari, on reste chez vous"

bref un truc comme "moi monsieur, si j'avais un tel nez il faudrait sur le champ que je me l'amputasse". Allez patients, faites un effort " Cyranesque" , je publie! 

dimanche 6 juillet 2014

Remontage de bretelles injustifié

J'ai zappé la visite du médecin de la Sécu: 
" Docteur, vos paramètres sont bons, les génériques, les glycémies... par contre au sujet des benzodiazépines à demi-vie longue  il faut continuer l'effort.
- Comment? Je n'en prescris plus! 
- Je ne sais pas, je vois sur votre profil qu'il y a en a encore un peu". 

Comment se fait-ce? C'est vrai que dans ma patientèle j'ai une anorexique, une déprimée et deux ou trois autres qui ont décidé de voir un psy. Et comme je suis le médecin traitant les prescriptions du psy se reportent sur mon profil. C'est du n'importe quoi et comme tout en France, mais je ne vais pas épiloguer. 

On a un système genre dinosaure en voie de disparition qui va finir par imploser. 
En attendant je vais écrire une lettre au médecin chef de la Sécu. Et voilà un article sur les benzo:

Les tranquillisants

Les tranquillisants (ou anxiolytiques) ne font pas de cadeau, surtout quand ils font partie de la famille des benzodiazépines. Certes, ils calment l’anxiété, mais si on poursuit le traitement trop longtemps, ils aggravent les apnées du sommeil, augmentent le risque d’AVC, d’accidents cardiaques, sans compter les pertes de mémoire voire un état de démence. Si bien que la Haute Autorité de santé est ferme : une prescription ne doit pas durer plus de 12 semaines, le temps de passer un cap difficile. On ne doit jamais s’en servir pour dormir non plus, surtout au long cours.
http://www.femmeactuelle.fr/sante/sante-pratique/medicaments-arreter-03293


vendredi 4 juillet 2014

Plus de nouveaux patient

Des patientes inconnues, une grand-mère et sa fille:
" bon, je crois que nous allons vous prendre comme médecin, n'est-ce pas maman?
- Oui, sans problème".

J'ai retenu une envie de hurler:  JE NE VEUX PAS DE NOUVEAU PATIENT! C'est placardé rose et vert sur blanc dans la salle d'attente. C'est sûr que sur la Côte d'Azur ils doivent se battre à qui va cirer le mieux les pompes,  s'occuper le plus professionnellement des patients inconnus afin de récolter la précieuse signature qui va leur faire gagner 5 euros pour chacun par an, mais surtout pas dans le coin. 

Alors j'ai répondu "je ne suis pas en dépression mais pas loin, je ne peux plus prendre personne". Même que ça serait Patrick Bruel en personne que je ferais la même réponse. Pas possible, je ne sais plus signer mon nom.

mercredi 2 juillet 2014

Gros dépensiers

"23 % de médecins qui prescrivent plus de 300 euros de médicaments" par an par patient, c'est le Figaro qui le dit. Dans ma région c'est 208 euros par patient par an par médecin, et moi c'est 88 euros!
Rassurez-vous j'ai tout un tas de défauts, je ne suis pas vertueuse dans tous les domaines. 

Mais un truc pour gaspiller moins et procurer moins d'effets secondaires à mes patients, c'est de donner les statines ( contre le cholestérol),  à dose filée: un type sortant d'un infarctus aura sa statine, qu'il ait 0.4 g/l de mauvais cholestérol, ou 1.8 g/l. Alors il m'arrive de lui en prescrire un jour sur deux, sur trois, voire le dimanche uniquement tout en contrôlant bien évidemment les valeurs. Conclusion: crampes en moins et économies en plus. 
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/07/01/20002-20140701ARTFIG00320-l-assurance-maladie-veut-s-attaquer-aux-ordonnances-des-medecins.php

le médecin de la Sécu vient ce jour me faire la morale, voir si je reste un bon petit soldat. Si c'est croustillant, je le relate!