vendredi 30 novembre 2012

Vive une école des parents!

Hier une nouvelle patiente complètement défaite accompagnée de son adorable petite puce de deux ans,  complètement bouleversée est venue se plaindre qu'elle dormait peu et mal. j'ai cru qu'elle me demandait un somnifère jusqu'au moment où j'ai compris " on m'a dit qu'on pouvait lui donner du phénergan (antiallergique et somnifère) pour qu'elle dorme et qu'enfin je me repose". Il a fallu que je bataille dur pour lui dire NON. 

Et un peu plus tard une maman toute pimpante dans ses vêtements style Gavroche consulte en compagnie de son petit polisson touche-à-tout et me demande de l'homéopathie pour le calmer un peu afin qu'il s'endorme plus facilement, " ça marche docteur". 

Comme quoi la perception des caprices et terreurs des enfants change complètement d'une maman à l'autre.

Il devrait exister une école des parents


jeudi 29 novembre 2012

Je ne sais pas bien pourquoi j'ai choisi la médecine générale. Ma mère ne jurait que par le pédiatre qui se trouvait à un patté de maisons de notre domicile, mon père consultait un rhumatologue, un gastro-entérologue  un urologue et " je ne vais chez le généraliste que pour les petites choses, l'ordonnance des vitamines par exemple que je lui dicte de me prescrire. Le docteur CP est un brave type, mais je compte sur les spécialistes pour me diagnostiquer et me soigner."

Et me revoilà à la place du brave docteur CP, c'est à dire à avoir le mauvais rôle en face de certains individus convaincus que la médecine spécialisée, y'a que ça de vrai. 
Ce qu'il y a de vrai, c'est qu'une clinique super au top a été construite pas loin de notre cabinet et qu'il faut la rentabiliser et que c'est 60 euros toutes les dix minutes, et que le pouvoir d'achat de mes patients diminuant je devrai me rabattre sur les hôpitaux du coin, donc refaire tout mon carnet d'adresses.

Médicaments anti-rhume : attention à votre coeur


Médicaments anti-rhume : attention à votre coeur

Les médicaments anti-rhume renfermant un vasoconstricteur et disponibles sans ordonnance seraient potentiellement dangereux pour le cœur et les vaisseaux. Particulièrement chez les hypertendus, les malades souffrant d’une affection cardiovasculaire et/ou cérébrovasculaire. L’information, publiée dans le Bulletin d’information de Pharmacologie du CHU de Toulouse, n’est pas nouvelle. En décembre 2011, l’ANSM avait rapporté des cas d’effets indésirables cardiaques. Pour le Pr Jean-Paul Giroud, membre de l’Académie nationale de médecine et spécialiste en pharmacologie clinique, « le risque cardiovasculaire existe avec les traitements contenant de la pseudoéphédrine, de la phenylephrine ou tout autre vasoconstricteur, mais il reste faible ». A ses yeux, l’essentiel n’est pas là ! « Il est aujourd’hui primordial de sensibiliser et d’informer le public à la bonne utilisation des médicaments d’automédication ».

Les médicaments administrés par voie orale contre le rhume, ont un effet vasoconstricteur qui augmenterait le risque d’infarctus du myocarde. « Cette information doit être connue du public. IL appartient aux autorités sanitaires et aux professionnels de santé d’informer et de sensibiliser » le public, explique le Pr Giroud. Il poursuit : « ces médicaments sont par exemple formellement contre-indiqués aux patients souffrant d’hypertension artérielle. Encore faut-il que tous les acteurs diffusent cette information, avant que le patient n’achète son traitement. C’est en amont que les messages doivent passer, car en plus, le public dans sa majorité ne lit pas complètement les notices des médicaments ».
Jean-Paul Giroud tient également à rappeler que « tout médicament, avec ordonnance ou sans, remboursable ou pas peut entraîner des incidents voire des accidents. L’aspirine peut provoquer des problèmes graves chez les patients présentant des troubles de l’estomac ainsi que de nombreuses interactions médicamenteuses. Le paracétamol peut causer une toxicité sérieuse si l’on dépasse la dose recommandée ». Les exemples sont nombreux. Et comme l’ajoute l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM), « demandez toujours conseil à votre pharmacien, lorsque vous recourez à l’automédication ». Respectez scrupuleusement les modalités de prise. Et surtout discutez avec votre médecin. Il saura vous indiquer en fonction de votre état de santé les médicaments d’automédication les plus adaptés.
Rappelons enfin qu’un rhume guérit spontanément. La plupart du temps, les symptômes vont disparaitre au bout d’une semaine. Vous êtes concerné ? Dans un Questions/réponses destiné aux patients, l’ANSM recommande :
- d’humidifier la muqueuse nasale avec des solutions de lavage adaptées (sérum physiologique, sprays d’eau thermale ou d’eau de mer) ;
- d’éviter de fumer ou de respirer la fumée des autres ;
- de dormir la tête surélevée ;
- d’éviter les climatiseurs qui assèchent l’air et les muqueuses nasales ;
- de maintenir une atmosphère fraîche (18-20°C) et aérez régulièrement les pièces.
http://www.destinationsante.com/Medicaments-anti-rhume-attention-a-votre-coeur.html

Depuis des années je déconseille avec application tout ce qui est sudafed, actifed et autres antirhumes, tout ce que vendent les pharmacies avec tout autant d'application. Zut, zut, zut. Et ça ne soigne même pas, ça soulage un peu. La preuve c'est que, si une sinusite couve, elle ne sera absolument pas enrayée par de la pseudoéphédrine

mardi 27 novembre 2012

plante pour plante...

Un patient: " Docteur, je voudrais vraiment décrocher du haschich. Vous n'auriez pas quelques chose pour me calmer le temps que j'arrête, des plantes par exemple?"

lundi 26 novembre 2012

Réévaluer les antibiotiques à 48 heures

Une copine travaille en biologie à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Et il parait que sur les murs sont placardés des affiches: " savoir réévaluer les antibiotiques à 48 heures", c'est à dire savoir les arrêter quand cela ne marche pas ou changer. On n'a pas appris cela en cours! Ou bien je suis un dinosaure qui mériterait d'y retourner.
Mais c'est une très bonne chose, cela limite les prises inutiles d'antibiotiques.

vendredi 23 novembre 2012

Relations toujours cordiales avec la Sécu

Dans mon département plusieurs médecins se sont faits épingler par la Sécu pour arrêts de travail hors normes. En particulier l'un d'eux n'a pas eu de chance: son confrère a arrêté brutalement de travailler et il s'est retrouvé brutalement tout seul avec tout un tas de patients en longue maladie, ce qui veut dire multiplication des jours d'arrêt maladie.

Alors un syndicaliste nous a donné ce conseil judicieux: " si cela vous arrive ne restez pas seul dans votre coin, parlez-m'en. Ensuite la Sécu vous donnera le choix entre: 
- Accepter des objectifs de baisses du nombre d'arrêt de travail, mais six mois après cela ne sera pas encore assez et cela sera une spirale infernale;
- Accepter de se mettre sous tutelle, c'est à dire tout patient arrêté par vos soins devra faire valider son arrêt par le médecin de la Sécu. Et je vous garantis que cela encombrera leurs consultations et qu'ils vont craquer!"

Que de bons conseils. Mais cela veut aussi dire qu'entre la Sécu et les médecins un fossé continue de se creuser.

Dapoxétine


Les dessous du traitement de l'éjaculation précoce

Mots clés : Sexologiesexualité
Par figaro icondamien Mascret - le 23/11/2012
L'arrivée prochaine d'un médicament suscite un enthousiasme excessif.
Début 2013, la dapoxétine, sera commercialisé en France le premier médicament de l'éjaculation précoce. Il multiplie par trois l'intervalle entre le début de la pénétration et l'éjaculation. Selon le manuel diagnostic de psychiatrie de référence américain, le trouble est défini par une «éjaculation déclenchée par une stimulation minimum avant, au moment ou juste après la pénétration et survenant de façon constante ou récurrente avant que l'homme ne le veuille» mais sans mention de durée de pénétration.
Néanmoins, 90 % des hommes qui souffrent d'éjaculation précoce ne tiennent pas plus d'une minute après le début de la pénétration et 80 % éjaculent même en moins de 30 secondes. Dans la population générale, la durée médiane est de 5 min 30 à 6 min. Surtout 90 % des éjaculateurs précoces se plaignent d'un manque de contrôle du moment fatidique. Par son mode d'action, la dapoxétine appartient à une famille d'antidépresseurs appelée inhibiteur de la recapture de la sérotonine. Sa durée d'action courte, quelques heures, qui en fait un mauvais antidépresseur devient un avantage ici. IL semble en effet que l'on évite l'effet de sevrage qui existe avec un arrêt trop brutal de cette famille thérapeutique.

Des effets secondaires fréquents

Car il y a bien quelques effets indésirables et, dans les études conduites sur plus de 6000 hommes, 30 % des hommes ont renoncé en cours de traitement, à peine plus que ceux qui recevaient un placebo (traitement inactif). En particulier un homme sur six a ressenti des nausées, environ un sur dix s'est plaint de vertiges ou de migraines, un sur vingt de diarrhées, somnolence ou fatigue. Enfin, on comptait deux fois plus de troubles de l'érection sous traitement que sous placebo.
En fait, le principal mérite de la dapoxétine pourrait bien être de décomplexer les hommes atteint d'éjaculation précoce pour qu'ils osent en parler à un sexologue. Dans la dernière enquête nationale sur la sexualité des français, 6,5 % des hommes disaient souffrir «souvent» de ce trouble et 33 % «parfois». Mais dans ce dernier cas, quatre hommes sur cinq disaient aussi que cela ne leur posait pas de problème. Au-delà des vieilles méthodes encore proposée lors de l'imminence de l'orgasme (arrêt des mouvements de va-et-vient, pression du gland ou de la base de la verge), il existe désormais des approches plus globales qui améliorent la sexualité en dépit du trouble. Rappelons aussi que, dans les études, la majorité des partenaires d'éjaculateurs précoces se disaient tout à fait satisfaite de leur sexualité de couple.
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/11/23/19476-dessous-traitement-lejaculation-precoce

Attention, il est de la même famille que les antidépresseurs paroxétine ( deroxat) et prozac.

jeudi 22 novembre 2012

Changement de modes de garde

Nous avons eu notre réunion de garde; j'ai été surprise de voir débouler les médecins des cantons voisins. Explication: jusqu'à maintenant un médecin de garde travaillait et se déplaçait s'il le fallait dans son canton, à partir de maintenant il n'y aura plus qu'un médecin pour trois ou quatre canton: il sera posté dans un hôpital ou une maison médicale de garde, recevra les patients sur rendez-vous, patients qui auront préalablement été triés par le Samu ( 15) et les patients incapables de se déplacer seront amenés sur place chez le médecin. 
Tout cela pour désengorger les urgences et faire quelques économies ( parce qu'un passage aux urgences coûte plus de 200 euros et un passage chez le spécialiste 39.5 euros pour un adulte)

Et en cours de soirée mes confrères ont pris une décision étonnante: il n'y aura plus qu'un médecin de garde pour la moitié du département les samedi après-midi et dimanche et basta! Je me prépare à sniffer un peu de speed et à avaler des litres de café avant chaque garde car elle promet d'être mouvementée ( blague).

Mon compagnon est fou furieux de tous les médecins qui ne veulent pas faire de gardes, car "ils ont bénéficié des études gratuites ils devraient donner un peu de leur personne à l'état.
- Mais ce n'est pas dans la mentalité mon chéri.
- Et bien il faudra que ça change, dans l'aviation civile par exemple les études sont gratuites et on n'a pas le choix du lieu de travail".

Je ne pense pas forcément comme mon compagnon mais c'est à méditer.

Mais je pense qu'un solution pour désengorger les urgences serait d'embaucher un généraliste aux urgences qui recevrait toutes les rhino, les otites et les maux de dos, les fièvres. Car malheureusement aux urgences  (par exemple N3 HEH Lyon  pour ceux qui connaissent,), on fait une batterie d'examens à tout nouvel arrivant dont 90% ne servent à rien puisque aucune pathologie n'est ciblée: electrocardiogramme à tout le monde, et tous les examens sanguins possibles et imaginables.
Un généraliste pourrait d'abord travailler avec ses dix doigts et ne faire intervenir la cavalerie que si besoin.

mardi 20 novembre 2012

Futur marché?


Le Point.fr - Publié le 

Derrière la pathologie se cachent de gros enjeux commerciaux. Une bataille sémantique qui vaut son pesant d'or.

"Est-ce que vous sortez tout nu ? Non ! Souffrez-vous pour autant d'une addiction aux vêtements ? Non ! Eh bien, ce n'est pas parce que vous ne lâchez pas votre téléphone portable que vous souffrez d'une addiction." La logique de Serge Tisseron, psy­chia­tre et psy­cha­na­lyste, se veut implacable. 

 
À voir certains adultes ou adolescents pendus à leur smartphone du matin au soir, connectés à Facebook 24 heures sur 24, nombreux parmi leurs proches sont ceux qui se posent la question d'une "dépendance". Pour Serge Tisseron, il n'existe pas d'addiction avérée au téléphone portable, à Internet et aux réseaux sociaux : "Les critères définissant l'addiction ne sont tout simplement pas établis", explique le spécialiste de l'influence des nouvelles technologies, en référence aux connaissances scientifiques sur le sujet. Un rapport de l'Académie française de médecine de mars 2012 va en effet dans ce sens, recommandant l'utilisation de l'expression moins stigmatisante "pratiques excessives".

Une pathologie derrière la pathologie

Certes, il existe des addictions sans substance, comme celle aux jeux d'argent, mais elle est à ce jour la seule reconnue unanimement par la communauté scientifique. Et, d'un point de vue purement neurologique, les circuits stimulés par l'utilisation de nouvelles technologies ne sont tout simplement pas les mêmes que ceux sollicités dans le cas d'une addiction à un stupéfiant, par exemple, comme l'a étudié Jean-Pol Tassin, spécialiste de la neurobiologie de l'addiction.
Pour Serge Tisseron, le terme "addiction" est tellement galvaudé qu'il est en passe de perdre tout son sens, alors qu'il correspond à un ensemble de signes biologiques bien définis. "S'empêcher de manger du chocolat ou d'aller sur Facebook, c'est contrariant, certes, mais cela n'a rien à voir avec ce dont est capable un alcoolique pour trouver une bouteille !" s'emporte-t-il. Aux parents qui viennent le voir pour remédier à "l'addiction de leur fils", Serge Tisseron répond qu'il faut définir un contrat avec l'adolescent, pour limiter le temps de connexion. Et que si, au-delà de cette durée, le jeune est mécontent de ne pouvoir être connecté, il finira bien par faire autre chose... 
Mais le psychiatre reconnaît que cela ne signifie pas pour autant qu'il n'existe pas de problème. Car les indécrottables qui ne se séparent jamais de leur téléphone portable ou qui ne peuvent rester plus de quelques heures sans s'enquérir de l'actualité de leurs amis Facebook ou sans tweeter une bonne formule peuvent bel et bien être l'objet d'une attitude compulsive, traitée éventuellement par un psychiatre. "Il peut y avoir une pathologie, mais pour la traiter, on doit déterminer et comprendre la pathologie qui est à l'origine de ce trouble, explique Serge Tisseron. En soignant les causes de la pathologie cachée, on peut soigner ses conséquences."

Simple bataille sémantique ?

Et d'illustrer son propos en expliquant que ceux qui sont accros aux nouvelles technologies sont les victimes d'une nouvelle expression de la compulsion : "Comme pour ceux qui nettoient et nettoient encore pour qu'il n'y ait aucune trace de poussière ou ceux qui vérifient plusieurs fois qu'un robinet est bien fermé, utiliser de manière compulsive les nouvelles technologies révèle souvent une angoisse sous-jacente. Internet donne simplement un nouvel aspect à des pathologies anciennes, mais ce n'est pas la pathologie en soi : c'est le lieu qui la révèle." 
"Addiction" ou non : s'agit-il d'une simple bataille sémantique ? Pas seulement. Un réel enjeu économique se cache derrière cette reconnaissance. Car si ces comportements pathologiques liés aux nouvelles technologies étaient officiellement reconnus par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder, DSM), la référence internationale publiée par l'Association américaine de psychiatrie qui classifie les troubles mentaux, leurs traitements médicamenteux deviendraient alors remboursés. Tout le marché du médicament est d'ores et déjà dans les starting-blocks, prêt à dégainer les pilules ad hoc.
Y'en a marre de cataloguer les gens pour leur vendre du médoc, c'est tout ce que j'avais à dire ce soir

lundi 19 novembre 2012

Démotivation des médecins

Mon associée a failli craquer hier en garde; normalement un médecin est responsable d'un canton qui regroupe une dizaine de villages autour d'une ville grosso modo. Et notre département est découpé en une dizaine de secteurs.
Et comme plus personne ne veut faire ses gardes elle a reçu des patients de plusieurs cantons, on lui a demandé de faire un constat de décès à deux cantons, évidemment c'était hors de question, de toute façon ce n'est plus une urgence proprement dite.
Mais je comprends que l'on m'accueille comme le messie lorsque j'accepte de pratiquer des constats de décès ( autour de mon village), car en plus c'est gratuit, c'est du service public.

Et je me suis rendue compte depuis quelques mois que les pharmacies s'y mettent aussi: il faut multiplier le nombre de kilomètres pour acheter la moindre boite de dolipranes.

Alors d'un côté la télé et les médias font peur aux patients " au moindre symptome bizarre veuillez consulter votre médecin" " attention c'est peut-être un cancer" etc. et de l'autre le monde médical et paramédical est absolument démotivé.
Je vais à une réunion de garde demain, on verra s'il se profile des solutions.

dimanche 18 novembre 2012

Réunionite et dilution de responsabilité

La mode maintenant est aux réunions. Jusque dans mon cabinet on me propose de participer à une réunion concernant une de mes patientes  pour prendre une décision à son égard: tutelle, curatelle, hôpital psychiatrique ou maison de retraite. 
Car la vieille dame n'est pas facile et ses enfants ont des cernes sous les yeux et les traits tirés depuis quelques temps. Comme ils ont des bonnes idées, il l'ont mis devant le film Tatie Danièle; et bien la seule reflexion qu'elle a eu suite à ça "j'espère ne jamais finir comme elle". Ca m'a fait sourire. Mais au quotidien on serait tenté par l'arsenic ou la mort aux rats.

Bref je n'irai pas prendre une décision collégiale. En fait je pense que c'est ce qui gangrène la France, cette dilution de responsabilité.
Je propose à partir de maintenant que nous voyons les patients à deux, que nous décidions ensembles mon associée et moi. Et pendant qu'on y est un remplaçant pourrait faire partie de la fête: si on fait une erreur cela sera très compliqué de définir les responsabilités. Vous imaginez si pour chaque entorse une discussion se faisait autour?
" Je pense que c'est le ligament latéral interne;
- Je n'en suis pas sûr, peut-être une participation du ménisque.
- on peut faire une IRM?
- mais non, pense aux économies de la Sécu, une radio suffit.
- on n'a pas vu s'il y avait un retentissement sur la cheville"
Et ainsi de suite pendant une heure.

La perte de temps, d'argent... et je pense tout à coup: les médecins doivent gagner un salaire décent car ils prennent des décisions, ils mouillent, ils prennent des responsabilités, parfois lourdes de conséquences. J'ai bien peur que leur couper les ailes ( sauf ceux qui exagèrent) les démotive sérieusement.

samedi 17 novembre 2012

Service après-vente

J'ai une très bonne idée ( encore une) pour faire que les médecins de secteur 2 puissent conserver leurs honoraires libres et que les patients soient contents: c'est le service après-vente.
Dans le cas d'un dermato: OK la consultation est à 70 euros mais il faut que le prurit du patient soit parti, sinon il revient gratos.
Pour le chirurgien: si par exemple il opère un tablier abdominal, s'il y a des retouches à faire ensuite il s'engage à les reprendre à ses frais, au lieu de redemander des honoraires de chirurgie remboursées par la Sécu et complémentées par le patient. 
J'avais écrit dans un post précédent qu'un ostéopathe de la région pratiquait cela et les patients étaient ravis. Pourquoi n'introduirait-on pas cette notion de responsabilisation chez les médecins? Je me doute que beaucoup de généralistes le font: nous savons pratiquer des actes gratuits quand on n'a pas bien évalué le nombre de jours d'arrêts de travail, qu'on n'a pas diagnostiqué une colique nephrétique assez tôt et que le patient revient pas très content.  Et nous, nous le faisons pour 23 euros. 

Et vous les patients, vos spécialistes pratiquent-ils ça?

jeudi 15 novembre 2012

Mes consultations à 23 euros

Dans un dernier post j'étais fatiguée par le battage fait autour du mariage homosexuel. Depuis une idée a germé: pourquoi on n'améliorerait pas le PACS pour qu'il intègre la question des enfants? Tout bêtement et on n'en parle plus. 

Un sujet est aussi extrêmement gênant dans le paysage journalistique: c'est la grève de mes confrères chirurgiens et spécialistes du secteur 2.  Je suis dans une région à fort taux de chômage et quand un patient s'étonne qu'on ne nous augmente pas, nous les généralistes de secteur 1, je suis presque gênée car je sais que beaucoup de mes patients aimeraient gagner ce que je gagne. 
Alors 150 euros pour une consultation de nutrition c'est un peu hallucinant. Et dans mon coin les consultations  de 70 euros ne sont pas rares, que ça soit en ophtalmo, dermatologie ou autre. Mais mes malheureux patients sont un peu captifs car ces spécialistes se trouvent déjà à 25 km. Mais les mutuelles paient donc tout va bien.

J'adorerais faire payer plus cher mes consultations longues, notamment celle de ce père de famille victime de harcèlement de la part de son supérieur, car on a décortiqué ensembles un dossier sur le harcèlement qu'une charmante assistante sociale avait concocté à mon intention; le patient a découvert que son harceleur possédait beaucoup des caractéristiques énoncées et qu'il pouvait partir en guerre!

Les stratagèmes du "harceleur"  (doctissimo)

Ce qui rend le "harceleur" particulièrement nuisible, c’est qu’il n’agit jamais à découvert et exerce son impitoyable violence à "bas bruit". Avant même d’avoir compris ce qui lui arrive, sa victime ne peut plus s’exprimer, ni se défendre car ce qu’elle subit est impalpable, indicible.
En public, le "harceleur" use de son charme et de ses grandes facultés d’adaptation pour gagner l’auditoire et provoquer sa victime en toute impunité, par petites touches à peine perceptibles : sous-entendus humiliants, humour sarcastique, faux-semblants de civilité, de brimades à répétition, agressions non verbales (gestes, regards méprisants, soupirs)...
Ses propos, ses reproches sont souvent si flous qu’ils laissent la place à toutes les interprétations possibles ; il manie le demi-mensonge et le paradoxe à merveille et ne s’explique jamais directement sur rien. Il ne communique pas car lui seul sait ce qu’il y a à dire et à penser...
Donc le patient est reparti gonflé à bloc avec le plan de bataille suivant: noter jour après jour les petites phrases assassines et autres comportements pas convenables du harceleur, se rapprocher de la médecine du travail et d'un syndicat, et surtout prendre du recul avec un petit arrêt de travail, et contacter toutes les anciennes victimes pour en faire des alliées, des témoins

dimanche 11 novembre 2012

Ce que je pense du mariage gay

Rien ne m'énerve plus que cette affaire du mariage homosexuel qui tombe comme un cheveu sur la soupe dans le cortège des problèmes que les français et le monde ont à régler. Personnellement je trouve que ça amuse le bon peuple et pendant ce temps des décisions sont prises à notre détriment ( cf TVA). Heureusement il y a la télé que cela arrange bien certains qu'elle abrutisse les masses. Donc que l'on ne me demande pas mon opinion sur le mariage homosexuel, si d'aucun se posaient la question, je ne répondrai pas.
Et c'est vraiment dommage que cela prenne le temps que l'on aurait pu passer à se poser les vrais questions: que vont devenir nos enfants? Auront-ils une chance d'avoir un monde meilleur sans craindre de se faire aggresser ( ou fouiller comme mon grand) à chaque coin de rue?

Je peux dire par contre que je trouve lamentable que mon petit garçon de trois ans et demi doive avoir 27 autres copains dans sa classe; je pensais le mettre dans la fosse aux lions le premier mois. Il se trouve que ça lui convient car il n'embête personne et il vaque à ses occupations  sans aide particulière, une chance.

Et les médias qui tapent sans mesure sur les médecins pratiquant des dépassements d'honoraires exorbitants:  il se trouve qu'un de mes patients a été opéré du dos par le médecin de Johnny ( clinique Monceau) et il a été ravi de donner 1000 euros de dépassement d'honoraires car il retravaillait au bout  de 10 jours et dansait au bout de 15.
Les dépassements importants ne concernent qu'une minorités et ces médecins sont connus de la Sécu et des mutuelles. Alors posons-nous la vraie question: ce médecin vaut-il le salaire qu'il demande?  Par contre il serait complètement honnête qu'il soit payé au résultat et que parfois il doive rembourser une opération complètement ratée. Mais je me crois peut-être dans le monde des bisnounours.


vendredi 9 novembre 2012

Histoires de priorité

Il y a trois semaines , un de mes patients non fumeur, abstinent a senti monter en lui une grande angoisse, a senti sa poitrine se serrer et des grosses gouttes de sueur perler sur son front; alors ses collègues lui ont conseillé " Que t'arrive-t-il? Tu n'es jamais stressé! Viens, on va faire un peut de yoga". Et il en a fait une heure sous leur supervision bienveillante; il s'est senti mieux, juste avec une petite pointe de stress résiduelle. Le soir à 19 heures quand même, il a voulu se rassurer en venant chez moi, dés fois que.
Je l'ai examiné, ai palpé dans tous les sens, ai cherché une douleur intercostale éventuelle et en ai conclu: "non monsieur, je ne pense pas que ça soit de l'angoisse ni une douleur articulaire, c'est un infarctus. Vous n'y avez pas pensé? 
- Non docteur.
- Je vous donne un papier, vous filez aux urgences". Et dans la lettre "cher confrère, je vous adresse en urgence monsieur Gerbille pour une suspicion d'infarctus". 
Je l'ai laissé partir. Mais dans la soirée me taraudait un soupçon de culpabilité: aurais-je dû appeler le SAMU? 
Je n'aurais pas dû m'en faire pour ça: à peine arrivé chez lui il a estimé que le plus urgent était de prendre un  repas bien copieux. A 22h30 pourtant, je suppose qu'il avait relu ma lettre, il s'est pointé aux urgences, où ils n'ont pas pris de gants pour lui parler, premièrement de son infarctus, deuxièmement de sa perte de chance potentielle à venir si tard. 

Mais je suis très mauvaise langue: "que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre". Quand j'ai perdu les eaux pour mon premier accouchement j'ai ressenti le désir irrésistible d'aller prendre un bain en expliquant à mon mari que c'était la bonne chose à faire en priorité!

Il y a la médecine, et il y a le ressenti. 


jeudi 8 novembre 2012

troubles de la communication ville-hôpital

Il y a quelques jours j'ai reçu une personne âgée qui se plaignait de partout; en tout premier on pense "syndrome méditerranéen" ( très macho et très raciste comme raisonnement =  bonnes femmes un peu hystériques), puis polyarthrite, quand sa fille a rajouté " elle a de la fièvre". En me penchant plus sur son cas, j'ai vu que toutes les articulations du corps étaient gonflée, et qu'elle toussait.
Alors j'ai fait le diagnostic brillant ( en me disant au fond de moi " que je suis bonne" évidemment): " C'est une infection à streptocoque.
- C'est drôle, c'est comme l'année dernière où elle a été hospitalisée dix jours pour une pneumonie à streptocoque.
- C'est bien simple, vous recontactez le pneumologue, un cardiologue ( ces petites bêtes peuvent jouer sur le coeur) et pour ne pas perdre de temps je lui donne des antibiotiques dans les fesses".

Aujourd'hui une femme avec un accent roumain prononcé  m'appelle " Docteur Vincent?
- Oui.
- Je reçois madame Stepto ce jour, je ne vois pas pourquoi. Je suis pneumologue.
- Je vous l'ai envoyé car je pensais à une pneumonie à streptocoque qu'elle a déjà eu il y a un an.
- Mais je ne vois pas ce que je peux faire, c'est un rhumatologue qu'il faut qu'elle voit. A-t-elle fait une culture des crachats?
- Non, et j'ai peur d'avoir décapité l'infection avec mes injections.
- En effet, il aurait fallu l'hospitaliser, faire des ponctions articulaires, des prélèvements aux pics de fièvre etc. Maintenant les articulations sont pratiquement normales!
- Madame, j'ai paré au plus pressé , j'ai mes dix doigts et c'est trop difficile d'avoir un spécialiste rapidement. Désolée de l'avoir soignée".

Dans l'absolu j'y suis allée sans filet. 
Mais à ma décharge: 
- deux mois de délai pour le moindre cardiologue, il a fallu que j'aille pleurer un rendez-vous moi-même pour raccourcir le délai;
- j'ai déjà voulu hospitaliser un patient piqué par un tique ( maladie de Lyme), qui souffrait énormément, que les urgences ont refoulé par deux fois! Quand il est devenu paralysé il a enfin pu être accepté. 

Ou on se débrouille seul, ou on travaille en collaboration, mais avec un tel bazar (lire "histoires d'urgences" du dr Pelloux) on prend la première option qui n'est pas très confortable. Encore une fois on ne travaille qu'avec ses dix doigts, sa vue, son pif et les cours qu'on a dans une case enfouie au fond de sa mémoire.

mardi 6 novembre 2012

salles de shoot bis

J'ai demandé à certains patients ce qu'ils pensaient des salles de shoot; certains n'en avaient jamais entendu parler, d'autres pensaient que c'est une blague, certains se positionnent fortement contre et quelques uns, notamment dans ceux qui ont touché au cannabis y  sont légèrement favorables. 
Et j'ai donné un argument qui fait unanimité: dépenser entre 300 000 euros et 1 million pour chaque salle, il y a beaucoup d'abus.
Les crêches sont surchargées, les écoles aussi mais il y a encore de l'argent à dépenser. Je ne peux pas croire que tous les toxico-dépendants soient insensibles à cela. 

Par exemple attendre une plombe aux urgences pour une douleur abdominale épouvantable, et après le passage du médecin, s'entendre dire qu'il faudra encore attendre trois heures, c'est insupportable. Il faudrait un peu de personnel pour des soins plus rapides et efficaces. C'est comme ça qu'une de mes patientes a traîné sa sigmoidite ( inflammation de l'intestin) quatre jours; elle s'était fait aussi refouler par le médecin du quartier qui avait sa consultation chargée.  Faut vraiment avoir de la chance ou du piston pour être soigné convenablement.

dimanche 4 novembre 2012

Epidémie de Ritaline

Peut-être certains ont pensé que j'avais une dent contre la ritaline dans mon ancien blog, une marotte en quelque sorte qui m'occupait à défaut d'autre chose. Je n'avais pas assez à m'occuper de mon fils et mon mari me délaissait, et j'avais fini tous mes Maxime Chattam et mes Stephen King etc. Alors la ménagère insatisfaite se défoulait sur son clavier pendant ses longues heures perdues. 

Mais la situation est grave: dans le magazine Prescrire de Novembre 2012 je lis: "Methylphénidate (ritaline) abus en Europe
... Son potentiel d'abus et de dépendances est connu de longue date... 
De 2005 à 2010, la consommation de methylpénidate en Europe a fortement augmenté, avec un bond de la consommation de ce médicament au Danemark ( plus 525% ), aux Pays-Bas (plus 222%), en Allemagne (plus 216%) et en France (plus 167%).

Est-ce une épidémie d'hyperactivité ou une épidémie de Ritaline? Il est temps que tout le monde se pose la question et pas seulement quelques médecins qui militent contre les conflits d’intérêt et deux ou trois pèlerins qui se sentent concernés.


samedi 3 novembre 2012

Nocivité du Vastarel

J'ai reçu une circulaire hier de l'ansm ( (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé):
" Cher confrère, ( je vais résumer): ne prescrivez plus de produits apparentés au Vastarel (ou Trimétazidine indiqué dans l'angine de poitrine, les vertiges et les acouphènes, les troubles du champ visuel etc.) sauf dans l'angine de poitrine car elle peut induire ou aggraver des symptomes parkinsoniens qui doivent être recherchés ... un syndrome des jabes sans repos, des tremblements, une instabilité postural, doit conduire à l'arrêt définitif du vastarel".

Encore un scandale en puissance car cela faisait des années que le magazine Prescrire pointait du doigt ce médicament. Alors vous qui avez des mamies ou des papis  souffrant du Parkinson, interrogez-les sur leur prise passée de Vastarel. Personnellement j'en ai plusieurs dans ma clientèle. Et c'est parfois les mêmes qui ont pris de l'agréal, des hormones pour la ménopause. Y'en a qui les cumulent.

vendredi 2 novembre 2012

Syndrome de la page blanche

Le syndrome de la page blanche ce soir... mais maintenant que je ne suis plus anonymes pour tout le monde je ne peux pas raconter d'histoires croustillantes, épouvantables, graveleuses ou rigolotes concernant mes patients. Mais peut-être celle-ci: j'étais bien enceinte de 5 mois lorsqu'une patiente me déclare:
" Ca y est docteur, j'en ai marre des hommes, je pense que je vais passer pour les femmes. Et, demande-t-elle avec un charmant sourire aguicheur , vous n'y avez jamais pensé docteur?"

Un patient est allé voir une de mes consoeur du canton: " Pourriez-vous me prendre comme patient?
- Oui, mais pour trois mois car je pars en retraite.
- Et vous n'avez pas de successeur?
- Ah, ah, ah, qui voudrait aller dans ce trou paumé?"
Voilà, encore une. 

jeudi 1 novembre 2012

Hyperactivité

J'ai reçu ça:


Troubles de l'attention / hyperactivité


Tout petits, certains enfants font preuve d'une inquiétante activité : ils bougent sans cesse, même lorsqu'ils dorment, et jamais leur regard ne se fixe plus d'une seconde sur la même chose !

Leurs mains, leurs pieds, leur tête, sont constamment en mouvement. Ils attrapent (et cassent !) tout ce qui passe à leur portée.

Si leurs parents parviennent, à grand peine, à garder patience, il n'en va pas de même des nourricespuéricultrices et autres maîtresses de maternelle.

Parce qu'elles ont la charge d'un groupe de petits enfants, ce qui est en soi exténuant, la présence au milieu d'eux d’un bambin aussi remuant compromet leurs efforts pour maintenir le calme et organiser des activités ordonnées.

Lorsqu'elles ont épuisé leur arsenal de douceur, de promesses, puis de menaces et de punitions, elles n'ont pas d'autre choix que de convoquer les parents, pour d'abord rechercher une explication familiale au problème (« Votre enfant n'est-il pas victime de maltraitances à la maison ? ») et ensuite, quand la piste s'est révélée vaine, dispenser de savants conseils éducatifs (« Mettez-vous à son écoute », « Faites preuve de fermeté... »).

Enfin, lorsqu'il faut se rendre à l'évidence que rien de tout cela ne marche, l'ultime recours est de déclarer que votre enfant est probablement malade, et que c'est donc sur les étagères d'une pharmacie que se trouve la solution à son problème.

L'enfer commence

Pour les parents qui arrivent à la fin de ce cycle, c'est en fait l'enfer qui commence.

Ils vont devoir faire avaler à leur malheureux petit des produits chimiques qui ne font rien d'autre que modifier sa personnalité.

Les médicaments contre le Trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (abrégé en TDA/H) contiennent en effet des psychostimulants.

Il s'agit de la Ritaline, du Concerta, de la Déxédrine ou encore de l'Adderrall, qui contient des dérivés d'amphétamine, une substance que les habitués des rave-party connaissent sous le nom de « ecstasy ».

Ils ont une impressionnante liste d'effets indésirables, allant des changements d'humeur aux insomnies, en passant par la dépression et les accès de panique. Dans tous les cas, ils ne « guérissent » pas le trouble et n'empêchent pas sa persistance à l'âge adulte.

Hyperactivité et troubles de l'attention ne sont pas des maladies

3 à 5 % des enfants occidentaux sont diagnostiqués comme souffrant du Trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDA/H), considéré par la médecine comme une « maladie neurologique ».

Mais il faut bien réaliser que, contrairement à d'autres maladies neurologiques comme la maladie d'Alzheimer, il n'y a aucun test psychométrique, biologique ou physique, comme un scanner du cerveau par exemple, qui permette de diagnostiquer le TDA/H.

C'est pourquoi cette « maladie » est avant tout fondée sur l'opinion du médecin, sur l'idée qu'il se fait de la façon dont devrait se comporter un enfant normal. Le diagnostic de TDA/H est d'ailleurs généralement fait à la suite de difficultés scolaires, autrement dit d'une incapacité de l'enfant à s'astreindre aux contraintes de l'enseignement collectif, parce qu'il est sans cesse en train de remuer et d'être intéressé par tout ce qui l'entoure, au lieu d'écouter sagement le professeur.

Ce qui nous amène à une très intéressante réflexion sur l'origine réelle du TDA/H.

Les enfants hyperactifs à l'époque de Cro-magnon

Imaginez-vous que vous viviez, non en 2012, mais il y a 20 000 ans, dans une tribu de chasseurs-cueilleurs, et que vous ayez donné naissance à un enfant « souffrant » de TDA/H.

Au lieu de rester bien tranquillement dans votre case, cet enfant n'a de cesse que de partir dans la forêt, tout explorer autour de lui. Absolument infatigable, il s'active du matin au soir à pêcher dans les rivières, grimper aux arbres pour cueillir des fruits, gratter la terre pour déterrer des racines, quand il n'est pas en train de traquer tous les malheureux volatiles, lièvres et marcassins qui passent à sa portée.

Eh bien je prétends que, loin d'être une malédiction pour votre famille, vous seriez absolument RA-VI d'avoir un enfant « hyperactif » !! Par contre, vous auriez été toute la journée sur le dos de cet autre enfant, calme, obéissant et désespérément occupé à faire des dessins sur les murs de votre caverne...

Il en va de même si vous aviez été un paysan du Danube, au Moyen-Âge. Dès 3 heures du matin, votre petit hyperactif aurait été debout pour traire les vaches. A 5 heures, vous l'auriez retrouvé en train de nettoyer l'écurie. A 7 heures, il aurait été aux champs, puis se serait emparé de la hache pour couper du bois, serait allé tirer de l'eau du puits, et ainsi de suite jusqu'à tard dans la nuit.

Ce qui signifie que ce n'est pas un hasard si cette « maladie » a fait son apparition tout récemment. Au Canada, le nombre de prescriptions de Ritaline a été multiplié par 5 de 1990 à 1997 (1). Il a aussi doublé entre 2001 et 2008. (2) Aux Etats-Unis, ce sont déjà 15 % des garçons de 11 ans  blancs qui sont considérés comme touchés, et qui par conséquent prennent des médicaments contre le TDA/H. (3)

Pendant des centaines de milliers d'années, les individus « hyperactifs » ont été une bénédiction pour leur famille, et les sociétés humaines étaient parfaitement adaptées pour les accueillir. Ils rendaient service à tout le monde !

Mais aujourd'hui où tous les enfants de 3 ans sont soumis au même rythme uniforme de l'école maternelle, les petits hyperactifs sont devenus des perturbateurs, des empêcheurs d'enseigner en rond. Alors on leur donne des médicaments pour les forcer à entrer dans le moule des crèches, des garderies, des écoles, et des petits appartements des grandes villes.

Droguer les enfants pour améliorer leurs notes ??

Bien souvent, la prise de médicaments contre le TDA/H est causée par l'angoisse des parents face aux mauvaises notes de leur enfant. Cette angoisse peut bien sûr être communiquée à l'enfant lui-même, qui prend l'habitude de prendre ces médicaments qui, effectivement, améliorent la capacité de concentration, du moins provisoirement.

Le problème est que, selon les témoignages d'anciens malades accros à l'Adderall, ce médicament vous permet de travailler et de vous concentrer avec l'efficacité d'un robot, mais vous devenez indifférent aux aspects physiques, émotionnels et sociaux de l'existence, ainsi qu'à vos anciennes passions.

Cela pose un grave problème pour le développement affectif des enfants qui ont pris ce médicament à l'âge de 8 ou 9 ans, et qui ne savent absolument pas quels sentiments ils auraient éprouvés, quels intérêts ils auraient développés, s'ils n'avaient pas été sous influence.

Si vous avez un enfant hyperactif et que vous voulez l'aider à l'école

Maintenant, je comprends que, puisque la préhistoire est terminée, il faut bien trouver une solution pour que votre enfant hyperactif ne soit pas trop malheureux dans notre société. Mais avant de recourir aux médicaments, des changements de régime alimentaire, une meilleure gestion des émotions, et une moindre exposition aux toxines peuvent déjà améliorer considérablement le comportement de votre enfant – et ses notes à l'école.

De plus en plus, des observations scientifiques montrent que nourrir correctement votre flore intestinale avec des bactéries bienfaisantes que l'on trouve dans les nourritures fermentées de façon traditionnelle (et dans les probiotiques) est très important pour le bon fonctionnement du cerveau, ce qui inclut le bien-être psychologique et l'égalité d'humeur. Le Dr Natasha Campbell-McBride a démontré la puissance et l'efficacité de cette théorie. Dans sa clinique de Cambridge, en Angleterre, elle traite les enfants et les adultes souffrant de TDA/H mais aussi d'autisme, de problèmes neurologiques, psychiatriques, immunitaires et digestifs grâce à un programme nutritionnel qu'elle a développé, le GAPS (Gut and Psychology Syndrome, ou syndrome intestinal et psychologique). La théorie qui sous-tend le GAPS est expliquée dans son livre, Gut and Psychology Syndrom, qui n'existe malheureusement pas en version francophone. (4)

Dans une interview donnée au Dr Joseph Mercola, le Dr Lendon Smith, un expert mondial du traitement naturel du TDA/H, explique :

« Lorsque j'ai développé ma connaissance de la nutrition, j'ai remarqué que si les médicaments stimulants avaient un effet calmant (comme c'est le cas avec la TDA/H), cela signifiait que l'enfant n'avait pas assez de norépinéphrine (une hormone et un neuro-transmetteur) dans le système limbique, et que je pouvais aider avec un bon régime alimentaire et des compléments qui pourraient activer les enzymes dans le cerveau qui fabriquent ce neurotransmetteur.
  • Si l'enfant a déjà fait des infections dans les oreilles, j'arrête les produits laitiers et je lui donne du calcium – 1000 mg – avant le coucher. (Selon le Dr Mercola, arrêter les produits laitiers est une bonne chose, mais pas donner du calcium ; il considère que donner un complément de magnésium est beaucoup plus efficace) ;
  • Si l'enfant est exagérément chatouilleux, je lui donne du magnésium – 500 mg est une dose sûre pour un enfant comme pour un adulte ;
  • S'il a une personnalité du type « Dr Jekyll et Mr. Hyde » (changements d'humeur brutaux), cela signifie qu'il souffre d'hypoglycémie intermittente et qu'il a besoin de grignoter toute la journée pour conserver un bon taux de sucre sanguin. Lui faire augmenter sa consommation de protéine et baisser sa consommation de glucide pour stabiliser son taux. Pas de produits à base de farine blanche, ni de sucre.
  • S'il ne se souvient pas de ses rêves, il a besoin de vitamine B6 – 50 mg par jour ;
  • S'il a déjà fait de l'eczéma, ou s'il a la peau sèche et écailleuse, il doit prendre des acides gras essentiels (oméga-3) ;
  • S'il a des cernes sombres sous les yeux, c'est qu'il mange quelque chose auquel il est intolérant : lait, blé, maïs, chocolat, œufs, agrumes. »

Autres thérapies à essayer avant de donner des médicaments contre l'hyperactivité à votre enfant

  • Diminuez fortement ou éliminez de son alimentation le sucre et en particulier le fructose ;
  • Evitez de lui donner de la nourriture industrielle, en particulier celle qui contient des colorants, des arômes artificiels, et des conservateurs. Cela inclut les plats préparés et les charcuteries, y compris les saucisses type Knacki ;
  • Remplacer les boissons gazeuses, jus de fruit et lait par de l'eau ou des tisanes sans sucre. C'est très important car ces boissons sont l'une des principales sources de fructose dans l'alimentation des enfants aujourd'hui ;
  • Assurez-vous que votre enfant reçoit d'importants et réguliers apports de bactéries saines, issues de nourritures fermentées biologiques ou des probiotiques de haute qualité ;
  • Donnez à votre enfant beaucoup d'aliments riches en oméga-3, donc de l'huile de colza, des poissons gras et assurez-vous qu'il a un bon équilibre oméga-3/oméga-6 ;
  • Mettez autant de légumes bios que possible dans son régime alimentaire, à la fois pour réduire son exposition aux polluants et pour augmenter ses apports en nutriments essentiels (vitamines et minéraux) ;
  • Réduisez la part de céréales dans son alimentation, surtout de blé. Même le blé entier peut avoir des effets néfastes sur l'équilibre mental, parce qu'il contient de grandes quantités d'agglutinine de germe de blé (AGB) qui ont une action neurotoxique. Le blé inhibe aussi la production de sérotonine, un neuro-transmetteur qui agit sur l'humeur, et dont l'essentiel de la production a lieu dans vos intestins, pas dans votre cerveau. Essayez d'abord d'éliminer le blé pendant une à deux semaines puis observez si vous remarquez une amélioration radicale du comportement de votre enfant.
  • Evitez les édulcorants artificiels de toutes sortes ;
  • Faites faire à votre enfant autant d'exercices et d'activités de plein-air que possible ;
  • Faites lui prendre le soleil pour maintenir un taux optimal de vitamine D. Les scientifiques sont actuellement en train de s'apercevoir que la vitamine D joue un rôle dans le cerveau, car ils ont récemment découvert la présence de récepteurs de la vitamine D dans la moelle épinière et le système nerveux central. La vitamine D pourrait contribuer au processus de détoxification du cerveau. Si une exposition suffisante au soleil n'est pas possible dans votre région, donnez-lui des compléments de vitamine D3 ;
  • Aidez votre enfant à analyser et canaliser ses émotions. Des exercices de relaxation sont nécessaires mais vous pouvez contribuer à son calme intérieur en adoptant une attitude positive avec lui. Le Dr Smith pense que les parents devraient dire à leurs enfants des choses positives au moins deux fois plus souvent qu'ils ne leur donnent des ordres ou ne leur posent des questions. Si vous criez et grondez plus souvent que vous ne lui parlez de façon bienveillante, cela peut contribuer à entretenir son excitation.
  • Limitez son exposition aux métaux et produits chimiques toxiques en remplaçant les produits d'hygiène, les détergents et les nettoyants d'intérieurs par des produits naturels. Des métaux comme l'aluminium, le cadmium, le plomb et le mercure sont courants dans des milliers de produits alimentaires, objets et produits domestiques, et produits industriels. La présence de ces métaux toxiques dans le corps de votre enfant peut interférer avec d'innombrables phénomènes physiologiques, avec bien sûr des conséquences possibles sur son humeur et son comportement.

Jean-Marc Dupuis   http://www.santenatureinnovation.fr/quels-problemes-de-sante/autres/troubles-de-lattention-hyperactivite