lundi 29 mars 2010

se méfier des odeurs de renfermé

Depuis dix ans je m'occupe d'une grand-mère à domicile, ou plutôt de ses petit-enfants car elle-même n'a besoin de rien. A chaque fois que je rentre dans sa maison je suis surprise pas l'odeur de renfermé alors que la maison semble propre au premier coup d'oeil.
Il y a deux mois j'ai été appelé pour elle-même car elle avait du mal à respirer. Et je dois dire que moi aussi: j'avais beau retenir ma respiration il fallait reprendre mon souffle parfois ce qui était presque un supplice ( je n'exagère pas).
 Cette charmante grand-mère a été hospitalisée et le diagnostic est tombé: candidas albicans c'est à dire champignons ayant envahi tout les poumons avec en prime une fibrose pulmonaire.
Alors j'ai convoqué ses enfants et leur ai anoncé " votre maman a des champignons dans les poumons. Maintenant on peut améliorer la situation. Depuis longtemps je trouve que sa maison sent le renfermé mais je me disais que ce n'était pas mes oignons. Je vous propose de mettre une VMC car, regardez ( je montre le sol): tout est humide!"
Ils n'ont pas pipé mot, (fait juste remarqué qu'ils venaient de retirer la moquette) et j'espère qu'ils ne vont pas être fâchés de ma franchise qui pourra sûrement prolonger la durée de vie de leur maman s'ils suivent mes recommandations.



En réanimation, des prélèvements positifs à Candida sont fréquents en dehors de toute immunodépression. La physiopathologie de ces « infections respiratoires basses à Candida » implique probablement une dissémination bronchique de haut en bas à partir d’une colonisation trachéobronchique chez des patients intubés, éventuellement alcooliques ou diabétiques. Cette colonisation bronchique à Candida est aussi favorisée par une antibiothérapie antibactérienne. Les séries anatomopathologiques convergent toutes vers la distinction de deux entités anatomocliniques distinctes : la vraie pneumonie à Candida survient volontiers chez un patient immunodéprimé, souvent porteur d’un cathéter, dans un contexte de septicémie à Candida ; l’atteinte pulmonaire est alors secondaire à la septicémie et son traitement reste celui de la candidose systémique. Au contraire, la bronchopneumonie à Candida survient chez le malade de réanimation, immunodéprimé ou non, et entre dans le cadre d’une colonisation trachéobronchique, responsable de prélèvements distaux positifs en-dessous ou au-dessus du seuil de significativité. Elle est possiblement associée à la colonisation d’autres sites (urines, tube digestif, peau et muqueuses) ; son traitement s’intègre dans celui de cette colonisation multiple dont on sait qu’elle est un facteur de risque indépendant de candidose systémique secondaire (docteur Azoulay sur scienceDirect.com)

Ma patiente n'est pas alcoolique, tabagique, toxicomane, immunodéprimée, elle allait bien jusqu'à maintenant.

samedi 27 mars 2010

tous déconventionnés?

Hier soirée très intéressante sur les médecins et la liberté de prescription animée par un avocat.
La liberté de prescription, principe souverain dans l'exercice de notre métier qui a une valeur constitutionnelle ( c'est à dire qu'il est au dessus des lois) est une règle inviolable. Malheureusement elle  souffre  malheureusement de plus en plus d'exceptions, par exemple:
- être forcé à vacciner contre la grippe A ( la santé publique prioritaire);
- avoir signé le Capi qui est un contrat de bonnes pratiques médicales: quand on atteint les objectifs on est récompensé.
- Devoir peser le rapport bénéfice-risque pour être le moins nocif;
- être obligé de fournir des soins selon les données acquises de la science.
Pour reparler du Capi, j'ai exposé les arguments qui m'ont fait signer à un confrère et il m'a répondu que sous  le régime stalinien on faisait signer les gens de cette façon ( camarade, tu es un bon citoyen, regarde, tu ne peux avoir que des bénéfices etc).
Alors je réexplique: j'ai signé le Capi, pas pour les avantages que l'on pourrait en retirer (7 euros environ par patient  et par an si on atteint les objectifs qui sont par exemple prescrire plus de mammographies), car je sais très bien que ma pratique n'est pas loin de ces-dits objectifs mais j'ai réfléchi à ça: de toute façon, à être conventionné comme 98% des médecins on perd son indépendance car la Sécu rembourse nos prescriptions et j'estime normal qu'elle ait un oeil sur ses dépenses. Alors un peu plus un peu moins...
Les opposants au Capi me font penser aux gamins dans une cour d'école qui veulent un peu plus de temps de  récréation. Ca a l'air un peu fort, mais le seul moyen d'être libres est de ne plus mettre les pieds dans une école... c'est à dire de tous se déconventionner.
Je sais, tout les confrères vont me tomber dessus en argumentant que le nombre de consultations va drastiquement diminuer. C'est vrai pour un moment, puis les patients auront quand même besoin de nous, et avec la chute du nombre de généralistes installés tout le monde y trouvera son compte.
Tout ça ce sont des pensées... ne me tapez pas trop chers confrères pitié!

envoyé spécial: antidépresseurs

http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php?page=reportage&id_rubrique=1421

Voyez cette émission sur l'épidémie de dépression!

mardi 23 mars 2010

effets secondaire irréversibles

J'ai dans ma clientèle depuis plus d'un an un patient que j'ai sevré " par hasard" de ses anxiolytiques et somnifères; c'est bien simple je lui avais répondu à sa demande de devenir mon patient " je ne signerai que le jour où vous aurez arrêté vos psychotropes. Le patient ayant de la suite dans les idées avait stoppé tout. Depuis il se sent plus éveillé.
Malgré tout je lui trouvais un faciès figé, une certaine lenteur dans les mouvements que j'avais plus ou moins attribuée à son caractère. Pourtant il travaille, il est bien inséré dans la société.
Il m'a ramené son vieux dossier de patient que son ancien médecin a bien voulu lui confier et je l'ai feuilleté. Et je suis tombée sur cette phrase d'un spécialiste en 2003 " je suis surpris par son faciès figé,  ses mouvements raides (roue dentée: on écarte l'avant bras du bras et on ressent des saccades). Le patient m'a déclaré n'avoir jamais pris de neuroleptiques, juste du primpéran et du sibelium (pour les vertiges) pendant un temps assez long".
Et les voilà nos neuroleptiques! Et le patient traîne ses effets secondaires depuis tout ce temps! A priori chez lui c'est irréversible et il doit fonctionner avec ces raideurs et cette lenteur qui le caractérisent.
Raison de plus pour éviter tout ça, y compris le nocertone, traitement de fond des migraines qui fait partie de la même famille. Je n'ai d'ailleurs pas pu écrire Nocertone sur l'ordonnance d'un nouveau patient et lui ai expliqué Vidal en main pourquoi.
Un patient averti en vaut deux!

lundi 22 mars 2010

Silent Hill, le vrai!

Il y a quelques années on avait téléchargé sur Emule (pas très permis, mais bon, on s'est calmé) "Silent Hill", un film d'horreur.
    En fait d'horreur nous étions tombé sur un film où des dames très maquillées avec la bouche charnue et très accueillantes proposaient leurs bons soins à des officiers de marine. Un peu déçu mon compagnon a décidé de télécharger de nouveau le film:  "Silent Hill, le vrai" disaient-ils dans le résumé. Et on l'a ouvert... pour tomber sur un chapelet de jeunes messieurs tous à la queu-leu-leu et très occupés à se faire du bien.  Cet épisode est resté une référence humoristique dans notre famille!
...
Maintenant moins drôle: une mère de famille s'installe en face de moi pour me parler de son fils de 5 ans qui fait des caprices et qui pleure pour rien depuis deux semaines: " ne pensez-vous pas qu'il faudrait voir quelqu'un?" me demande-t-elle.
Je pose des questions au gamin, lui demande si personne ne l'a embêté, ce qui ne va pas etc. puis la mère lâche: " un petit copain de 7 ans a demandé à mon fils qu'il lui suce le pénis". Et c'était il y a un peu plus de deux semaines! Je pose encore des questions  et la mère me raconte que les parents  avaient téléchargé des dessins animés pour les enfants et que sans les voir ils les leur avaient donnés. A part qu'en fait de dessins animés c'était plutôt "Silent Hill, le vrai"! Et ça a donné des idées aux morpions.
...
Parents, si vous téléchargez, au moins visionnez le film!

dimanche 21 mars 2010

Une opportunité: la baisse des généralistes?

Je partage la vision de la médecine de Gilles Johanet, conseiller maitre à la Cour des Comptes, vision très personnelle exprimée dans Le Généraliste du 19/3/2010:

" Pour lui, la baisse attendue des effectifs de généralistes est ainsi "une opportunité historique". Et, loin d'être une catastrophe, le passage de 55 000 à 35 000 généralistes dans les dix ans serait le moment idéal pour organiser de vrais transferts de compétence avec les paramédicaux. " Dans le domaine de la santé, nous vivons depuis des décennises sur une gestion extensive de la ressource, qui confine au gaspillage concernant la démographie. Saisissons cette occasion unique pour changer de paradigme.
gilles Johanet est persuadé de proposer là une opération gagnant-gagnant. Pour la collectivité, d'abord, qui pourrait réaliser à coût constant un transfert "impossible à réaliser avec 55 000 praticiens". Pour les généralistes, ensuite qui gagneraient à recentrer leur activité. " Ils ont un handicap par rapport aux autres spécialités, ils n'ont pas de nomenclature. Or, à partir du moment où l'on rémunère de la même façon la piqûre et le bilan clinique, comment voulez-vous payer correctement les actes à forte valeur ajoutée?".
L'ancien patron de la Sécu juge inquiétante la désaffection des jeune spour la médecine libérale et très révélatrice les réticences à confier la récente campagne de vaccination aux médecins généralistes. " On est quand même le seul pays du monde où l'on envisage la vaccination à 22 euros (*). C'est un schéma perdant-perdant" martèle-t-il! Le généraliste qui est le seul en Europe à avoir un périmètre aussi large d'intervention aurait donc intérêt à déléguer définitivement tout un pan de son activité aux paramédicaux (...).

Enfin, quelqu'un nous dit que nous aurions coûté trop cher si nous avions vacciné! Ce monsieur n'est pas hyppocrite et j'apprécie beaucoup son raisonnement. Depuis longtemps je pense qu'il y a assez de médecins, mais s'il y avait plus d'infirmières pour vacciner à sa place et une sécrétaire attachée à chaque médecin au moins il aurait plus le temps de se recentrer sur la médecine pure.

FERNANDEL " LE TANGO CORSE "

un petit bijou!

vendredi 19 mars 2010

petits mot d'affection

Grosse semaine avec en plus bébé qui se réveille presque chaque nuit; la vie d'un médecin de campagne n'est pas de tout repos. D'autant que je n'arrête pas de refouler des nouveaux patients en expliquant que j'en ai déjà plus que la moyenne national ( mais pas du canton, on travaille tous). Le seul argument comme je l'ai encore dit à une patiente, qui me fait flancher est " docteur, on vous promet qu'on ne vous embêtera jamais, on n'est pas malade".
Et le collaborateur qui tarde à pointer le bout de son nez...

Mais certains patients me font oublier tous ces soucis: quand ils m'appellent " mon petit",  " ma petite" (ça c'est un patient qui s'efforce de grossir ma cave de ses meilleurs vins)  " ma grande" (ça c'est celui qui m'a offert un poulet), " ma fille" " mon cher docteur" ( ça c'est celui qui m'a offert des oeufs) etc. Et quand une certaine patiente veut me parler de son état de santé, c'est "ma pauvre" à tout bout de champ. C'est tout mignon, tous ces gentils patients me connaissent maintenant depuis bientôt dix ans.

mercredi 17 mars 2010

histoire d'anticoagulants

Je suis allée en garde voir une personne venue directement d'Afrique pour se faire opérer d'une prothèse de hanche à ses frais ( cela existe encore et la note est assez salée).  La pauvre a joué de malchance: quand elle est sortie de l'hôpital la famille avait demandé à ce que les examens de sang concernant la décoagulation ( INR) soient transmis à leur médecin... qui était en vacances.
J'ai demandé à voir le maximum de comptes rendus car la patiente me paraissait d'une  couleur  jaune qui n'augurait rien de bon ( ce qui n'était pas évident avec le soleil qui se couchait, l'unique lampe avec un abat-jour jaune et la couleur de peau chocolat!). J'ai fait de plus mettre la fille à côté pour comparer les couleurs de peau; la mère ne pouvant pas sortir de son lit.
L'INR était aux environs de 4.5 depuis huit jours (sans que ça n'émeuve personne) ce qui est à grand risque de saignements. Le labo avait envoyé au médecin qui était donc en vacances et qui de toutes façon n'aurait pas pu lire les résultats, une grève de la poste sévissant pendant une semaine. Et l'infirmière n'avait pas été rappelée.
Retour à la case départ, l'hôpital, en espérant que la note ne sera pas trop salée.
---
Et deux heures après, j'ai examiné une patiente qui semblait  faire une embolie pulmonaire.  Au départ j'étais supposée diagnostiquer une dépression dûe à l'arrêt intempestif d'un antidépresseur ( que ces "chiens de médecins hospitaliers" venaient d'arrêter lors d'un séjour pour double embolie pulmonaire) . En effet la patiente se sentait oppressée et m'avait appelée pour lever sa boule d'angoisse dans la poitrine qui lui empêchait de respirer correctement. C'était le jour anticoagulants: elle n'était pas du tout surveillée depuis deux à trois semaines et j'ai soupçonné une récidive d'embolie pulmonaire. Et une autre aux urgences!
Preuve que ces produits sont à manipuler avec grand soin et qu'il faut surveiller les patients comme du lait sur le feu.

mardi 16 mars 2010

Joute verbale

Ce matin j'arrive chez une patiente; son mari m'ouvre car son épouse n'est pas très en forme. Ce patient m'avait quittée car j'avais osé ne pas le prendre alors qu'il était venu avec son épouse qui avait rendez-vous et pas lui. Et il me l'a assez reprochée.
Je demande à l'épouse de coucher sur son lit pour l'examiner mieux et j'ajoute en tournant la tête: " pas vous monsieur, vous avez choisi un autre médecin" (car je sais très bien qu'il parlera à la place de son épouse et qu'elle ne pourra pas en placer une et je veux être un peu tranquille avec elle) . Et lui " Eh oui, j'en ai pris un plus compétent que vous. Maintenant ma femme fait ce qu'elle veut".
Un peu plus tard il remarque " nous vivons dans un pays de cons" et j'embraye " alors c'est que vous en êtes un, monsieur". Et à la fin il ajoute " oui, mon médecin est vraiment très compétent" et moi " attention, si vous me chatouillez encore j'ai de la repartie".
Nous nous sommes pourtant quittés avec un sourire. Néammoins, il avait apparemment quelques scrupules car il m'a lancé alors que j'étais dans le jardin " nous ne nous sommes rien dits docteur, c'est entre nous!". Et moi avec un sourire: " Pas de problème monsieur, je préfère que les choses soient dites en face plutôt que par derrière!"
Son épouse continuera à me consulter et lui à l'accompagner pour me titiller. Mais moi, je ne vis pas avec le bougre. Peut-être possède-t-elle certaines armes qui le font filer doux?

dimanche 14 mars 2010

carence dans les hôpitaux psy

Après avoir visité 21 services de santé accueillant des patients hospitalisés sous contrainte, le contrôleur général des lieux de privation de liberté dresse un constat de carence des activités thérapeutiques au sein de ces structures:
- le plus souvent passifs devant la télévision, les patients s'y plaignent d'ennui, sans faire un choix de programme.
- dans quelques unités on propose des jeux de cartes, de société ou du baby-foot;
- pas de droit à la cafétéria ni à la bibliothèque pour la plupart;
Il paraît qu'il n'y aurait pas assez de personnel spécialisé, les médecins n'inclueraient pas les activités dans le projets thérapeutiques.
- pas de possibilité de fumer car pas d'accès aux espaces extérieurs, ce qui est source de stress;
- recours aux entraves systématique selon des patients;
Et la suspension de peine pour raison médicale reste limitée avec des délais d'expertise souvent très longs (plus d'un mois) y compris pour des patients en fin de vie.
- des caméra sont des certaines chambres d'isolement. (tité du quotidien du médecin du 12/3/2010)

J'ai encore en tête la réfléxion de Jean-Marie Ployé (auteur de Neuf Mois chez les Fous) qui disait: "certains patients venant de la prison voisine n'avaient qu'une hâte, c'est d'y retourner tellement c'était l'enfer".
Je pense qu'un espace grillagé avec un ballon de foot ne pourrait que défouler ces patients... et une petite cour, pas grand chose pour pouvoir fumer et respirer l'air du dehors.

Suspicion de grippe A

Hier je reçois un couple. L'épouse m'avait téléphoné auparavant " docteur, mon mari a la grippe A sûrement, nous avons téléphoné à l'hôpital, ils ont répondu qu'un généraliste pouvait le prendre en charge. J'ai un fils de 11 mois, j'ai peur pour lui".
Quand je les ai vu, le mari portait un masque qui lui couvrait tout le visage. Je n'ai pu m'empêché " vous allez m'enlever tout cela monsieur".
Et je l'ai éxaminé; je penchais pour une infection pulmonaire d'après les symptômes, mais toujours cette suspicion de grippe A: j'ai dû alors faire un certificat pour l'employeur, un arrêt de travail d'une semaine, prescrit un antibiotique, demander une prise de sang avec la sérologie grippe A, demander une radio pulmonaire et enfin rassurer les patients qui ont fini par me regarder comme si je venais de la planête Mars... alors que je ne suis que David Vincent (les envahisseurs)!
Je pensais que ses bêtises étaient finies, mais dans certaines boites ça continue. Par contre il n'y a rien de prévu en cas de suspicion de peste ou de choléra.
J'ai quand même évité la prescription de Tamiflu! Les patients ayant vu de plus sur internet que ce n'était pas la panacée. Ouf!

vendredi 12 mars 2010

Pas de cancer

je regarde ce matin les résultats de scanner d'une patiente qui sortait d'une grosse infection pulmonaire. L'examen n'est pas rassurant " masse dans le lobe inférieur gauche, ganglions", bref les commentaires ne sont guère optimistes.
Je commence:
- Bon, madame, il va falloir aller voir un pneumologue rapidement pour faire un diagnostic plus précis et éventuellement un traitement.
- Ah non docteur, ce n'est pas ce que vous croyez! J'ai une infection et c'est tout.
- madame, je vais appeler le radiologue pour savoir ce qu'il a voulu dire par là".
Je l'appelle, il me confirme que l'histoire est ennuyeuse et qu'il faut faire quelque chose. je réitère ma demande à la patiente de voir un spécialiste.
" je vous ai dit docteur que ce n'est pas un cancer! De toute façon si c'en était un je ne me soignerais pas".
Et le fils intervient " voyons docteur, les symptômes sont apparus soudainement, c'est une pneumonie".
Voilà, je n'avais qu'à aller me rhabiller, moi et mon beau mais terrible diagnostic. Mais j'ai quand même prévenu un spécialiste en qui elle a confiance et qui prendra contact avec elle.

jeudi 11 mars 2010

Amour amour...

J'avais envoyé une de mes patientes déprimée depuis un bon moment chez un homéopathe afin qu'il la remette en état; il l'a vu plusieurs fois, a donné ses granules sans réelle amélioration chez la patiente et en a conclu qu'elle était vraiment déprimée et que son état justifiait du séroplex (antidépresseur) et du xanax. Elle les a pris une semaine avec un tas d'effets secondaires dont des tremblements généralisés et des contractures musculaires, en plus d'une envie de pleurer continuelle. Et elle est revenue chez moi en disant " je reviens vers vous docteur, faites quelque chose".
C'est qu'elle est amoureuse ma patiente, du genre amour impossible et on aura beau la gaver de médicaments, d'homéopathie et d'autres médecines alternatives, rien n'y fera. mais je ne perds pas espoir, si seule la psychothérapie de soutien peut l'aider, on la pratiquera autant de temps que son état le nécessitera... ou jusqu'à ce que son amour se re-concrétise.
Certaines peines, certains malaises ne peuvent pas s'effacer avec de la chimie, cela serait trop simple; comme ce gosse par exemple qui souffre de tics d'autant plus intensément que sa maman est souffrante et qui se calme quand elle va bien.  Tout cela ne se médicalise pas!

mercredi 10 mars 2010

déremboursements

Bientôt 200 médicaments ne vont plus être remboursés qu'à 15%. Il s'agit entre autres de:
noctran, mépronizine (somnifères)
valium, (benzodiazépine)
équanil, ( calmant)
phénergan, (somnifère et antiallergique)
myolastan, (décontractant musculaire benzodiazépinique)
des laxatifs (laxamalt) , des antiulcéreux, des antiseptiques (biseptine), des antispasmodiques (carbosymag), des vasodilatateurs (torental) etc.
Encore un effort et l'on s'attaquera au stilnox, au témesta et au prozac!
Depuis que les veinotoniques et les vitamines ne sont plus remboursés ils sont beaucoup moins utilisés, preuve que l'offre crée la demande.
Et moi depuis des années je me nourris de vitamines quand je suis malade donc je paie. Certaines mauvaises langues argumenteront que je ne suis jamais malade... mais j'ai eu deux bébés! Et pendant 4 jours systématiquement à la maternité après l'accouchement on me mettait du doliprane dans le pilulier que je laissais, et les infirmières m'en faisaient la remarque. J'avais ma botte secrète: de l'homéopathie dans mon tiroir. Le méchant Lawrence de Grange-Blanche (lol) peut faire des tas de remarques là-dessus, je suis sûre que cela m'a aidée.
On n'a qu'à dérembourser le doliprane et on verra s'il n'est pas moins consommé... excusez-moi je n'ai rien dit. Mais c'est vrai que certaines douleurs peuvent passer toutes seules si l'on est un peu patient.

Un autre point: on a instauré la Sécu obligatoire pour tous il y a 20 ans. Cela partait d'une intention louable, celle de protéger tous les français et ceux résidant en France. Le problème est que 20 ans après on est toujours obligé de cotiser à la Sécu alors qu'on en est de notre poche pour tout ce qui concerne notre santé ( et même quand on est enceinte il faut s'acquitter du euro par consultation et de 50 ct par boite).
On file vers un système qui ne conviendra plus à personne... alors qu'on nous serine " le trou de la Sécu" sur tous les tons.

mardi 9 mars 2010

statines et diabète

 S'il restait un doute sur la nature du lien entre traitement par statine et incidence du diabète, la méta-analyse de 13 essais randomisés de bonne qualité, publiée dans la Lancet, devrait y mettre fin. Le traitement par statine est effectivement associé à une incidence accrue de 9 % du diabète, un chiffre assez homogène dans tous les essais. « Soit 1 cas supplémentaire de diabète pour 225 personnes traitées par statine durant 4 ans » estiment les investigateurs.


Cela ne remet pas en cause l'usage des statines en prévention CV. En revanche, cela remet en cause l'usage aveugle, tous azimuts des statines chez les personnes à faible risque — Pr Moulin« Il est bien rare qu'une action thérapeutique n'entraîne aucun effet secondaire, il ne faut pas être naïf » commente pour heartwire le Pr Philippe Moulin (endocrino-diabétologue, Lyon).


« Mais globalement, et c'est un point fondamental, cela ne remet pas en cause l'usage des statines en prévention cardiovasculaire. En revanche, cela remet en cause l'usage aveugle, tous azimuts des statines chez les personnes à faible risque. Dans cette seconde situation, il faut se reposer des questions sur le rapport risque/bénéfice. »


Une méta-analyse avec des données nouvelles pour sept essais cliniques


Les investigateurs ont passé en revue les essais randomisés contrôlés avec des statines, publiés dans Medline, Embase et le registre Cochrane, entre 1994 et 2009. Seules les études portant sur plus de 1000 patients, avec un suivi identique dans les deux groupes et une durée d'au moins un an ont été retenues. Les essais avec des sujets dialysés ou transplantés étaient exclus, de même que ceux comparant deux statines entre elles.


Sur les 13 essais cliniques retenus, 6 seulement avaient déjà évalué l'incidence du diabète. Pour les 7 autres, les auteurs de la méta-analyse ont demandé aux différentes équipes d'investigateurs de procéder à l'évaluation de l'incidence du diabète dans leurs essais respectifs.


« C'est une méta-analyse intéressante car elle apporte un éclairage complémentaire, ce n'est pas une simple compilation de ce que l'on savait déjà » commente le Pr Moulin. « Il y avait déjà eu de petites alertes ponctuelles mais comme l'effet est faible, il fallait un méta-analyse pour atteindre une puissance suffisante et voir l'effet global. »


Sur les 91 140 participants aux 13 essais retenus, 4278 ont développé un diabète au cours d'un suivi médian de 4 ans : 2226 sous statine et 2052 sous traitement comparatif. Soit une augmentation de l'incidence du diabète sous statine de 9 % (OR :1,09 IC 95 % : 1,02-1,17), avec une faible hétérogénéité entre les essais. L'analyse en métarégression fait ressortir un risque plus élevé dans les essais ayant les populations les plus âgées. En revanche, l'IMC à l'inclusion et les variations du LDL cholestérol ne modifient pas significativement le surrisque de diabète.
http://www.theheart.org/article/1049243.do

Ca, c'est une surprise de taille; en nutrithérapie j'avais déjà appris qu'il ne fallait pas donner des statines à tort et à travers et privilégier les oméga 3, le régime méditerranéen avec ses légumes, son ail et son huile d'olive.
Et quand j'ai lu ça j'ai pensé à tous mes patients de la cinquantaine, qui ayant fait un infarctus et se retrouvant avec des statines ont développé un diabète. j'avais mis cela sur le dos de la bonne nourriture et de la sédentarité, quoique les patients auxquels je pense ont un travail et une famille ce qui les occupe pas mal.
On va refaire des dossiers pour la pharmacovigilance.

lundi 8 mars 2010

Productions

Dans mon coin c'est la grêve de la poste pour une durée illimitée. je peux comprendre leur grêve, étant donné que j'ai plusieur facteurs dans ma clientèle mais cela va poser à court terme un problème: les résultats d'examens sont dans la nature, les courriers de spécialiste aussi. Internet n'est pas encore adopté par tous les médecins et nous ne recevons encore aucun courriel.
Cela n'empêche pas le télephone de marcher heureusement;  j'ai eu l'occasion d'admirer en visite le seau rempli de la nuit d'une patiente diarrhéique; celui-ci trônait en plein dans l'entrée pour que je ne risque pas de le louper, je l'ai aussi contourné. Il y a des fois où je suis heureuse d'être myope comme une taupe et de ne mettre mes lunettes que pour conduire!
Il y a une semaine j'ai aussi eu droit au résultat d'expectoration d'une patiente bronchitique; evidemment en dehors de la couleur verte je n'ai rien distingué, par contre j'ai fait un "eh bien" très inspiré et la patiente s'est montrée fort soulagée de m'avoir présenté ses productions.

dimanche 7 mars 2010

Les médicamenteurs de Stephane Horel

Avec son record mondial de quarante boîtes de médicaments par personne et par an, la France serait peuplée de goinfres de pharmacie.

Principale réplique des autorités à cette " surconsommation ", la " responsabilisation" des patients. Les cancéreux, diabétiques, cardiaques et autres insuffisants rénaux ne feraient vraiment aucun effort ! Et qu'en est-il des autres "responsables" ? Des pouvoirs publics qui supervisent le marché très particulier des médicaments et commandent 94 millions de doses de vaccins contre la grippe A? Des médecins qui ont parfois la main lourde quand ils rédigent leurs ordonnances? Des laboratoires pharmaceutiques qui n'ont pas vocation à faire de la charité publique? Cette enquête sur le parcours des médicaments dans les méandres du système français, depuis leur évaluation au suivi des effets secondaires, révèle de drôles de surprises.

Installée à tous les étages de l'Etat - des instances qui décident des autorisations de mise sur le marché jusqu'aux cabinets des médecins et des ministres -, l'industrie pharmaceutique semble avoir gagné la bataille d'influence. Et trop souvent, notre système de santé est pris au piège d'intérêts économiques qui n'ont plus grand-chose à voir avec la santé de tous.  (Décitre)

samedi 6 mars 2010

pomme de terre transgénique

La commission européenne a donné son feu vert pour la culture dans l’union européenne d’une pomme de terre génétiquement modifiée. Le parti communiste français demande que la France interdise la culture et la commercialisation d’un tel produit.



Même si certains prétendent le contraire, nous n’avons pas suffisamment de recul pour connaître les impacts des OGM sur notre organisme. C’est une question de santé publique et de sécurité sanitaire. De plus, la culture d’un tel produit entraînera forcément une contamination des milieux naturels, c’est alors toute la biodiversité de notre environnement qui est menacée. Comme cela a déjà pu être le cas avec quelques semences commercialisées par de grands groupes internationaux dans certains pays.


Le PCF exige que la France applique la « clause de sauvegarde » et soumette tout nouvel OGM au même moratoire qui avait suspendu la culture du maïs OGM MON 810.


Parti communiste français
Paris, le 4 mars 2010.
...
Cette information alerte  l'opinion publique, le PCF comme d'autres. C'est vrai que cette dérive est inquiétante et que nous ne savons pas quelle planête nous allons laisser à nos enfants. Dans mes jours de grande imagination je me dis que nos enfants se créeront un organisme capable d'ingurgiter toutes ces nouvelles choses créées de toutes pièces et qu'ils développeront des sens et des potentialités que l'on a du mal à imaginer, sauf si l'on est écrivain de science-fiction. 
Evidemment je serais prète à signer toute pétition demandant l'interdiction de modifications de ce genre.

jeudi 4 mars 2010

Nouveau patient

Un nouveau patient arrive; je suis sûre de l'avoir déjà vu quelque part et je me souviens juste qu'il est sympathique. C'est un patient sans médecin fixe depuis que le sien est parti en retraite. je l'examine, renouvelle son traitement ( qui ne choque pas au vu de l'âge et la silhouette du gaillard) puis il me demande:
" Comment faire pour être votre patient docteur? Je suis un copain de --- et je souhaiterais être avec vous.
- Eh bien, il faut une feuille de la Sécu et la signer. Mais il faut savoir que je ne  prescris pas de prozac ni de lexomil, ni de stilnox.
- Je ne prends rien de tout cela docteur, Dieu merci!
- bon ( dis-je avec un sourire) si vous n'avez pas de vices alors...
-( il prend brusquement l'air géné)  Il faut juste que je vous dise docteur, quand je suis avec les potes parfois je dérape un peu côté alcool, mais chez moi rien du tout, ma femme veille".
  Qu'il est sympathique ce patient! Il m'a tout avoué et cela pourra me servir éventuellement pour mieux le prendre en charge. Mais ce qu'il n'avait pas capté, c'est que je l'avais déjà vu à l'oeuvre dans un repas de village et j'avais admiré sa descente!

mercredi 3 mars 2010

remboursement grippe A

La ville de Villeurbanne (Rhône) compte demander à l'Etat le remboursement des frais engagés pour la vaccination contre la grippe H1N1, a annoncé lundi la mairie.

80.000 euros. C'est la coquette somme que la commune de Villeurbanne compte demander à l'Etat. Cet argent permettrait à la municipalité de rentrer dans les 96.400 euros de frais occasionnés par la mise en place de la vaccination contre la grippe A, explique un communiqué confirmant l'information parue dans le journal Le Progrès.

La ville de Villeurbanne met en avant les dépenses de gardiennage et de nettoyage du site, la mobilisation du personnel administratif et la consommation en énergie. Elle doit envoyer prochainement un courrier dans ce sens à la préfecture.

Entre le 12 novembre et le 30 janvier, le centre de vaccination de la commune a vacciné environ 10.000 habitants de Villeurbanne et de la commune voisine de Vaulx-en-Velin. (Source Europe 1/AFP)
(SFR)
 
J'ai calculé moi, combien je devrais demander à l'état: 44 euros , l'équivalent d'une demi-heure d'explication chaque jour, multiplié par 20 jours par mois, fois trois mois font: 2640 euros, fois chaque médecin si je pense aux potes. j'ai oublié le temps passé à me plaindre sur le blog.
Chiche, je demande?

Délocalisations

Une entreprise en pleine expansion dans mon secteur encore qui est racheté par une grosse boite américaine: celle-ci veut les brevets, veut les clients mais n'est pas du tout intéressée par les employé très qualifiés pourtant. Et elle va de plus être délocalisée, créant plus de chômage. Ca finit par être routinier et c'est lamentable.
Les patients ne vont pas forcément faire de dépression mais au moins vont subir du stress. Et comme m'a dit l'une: " attendez-vous docteur à me voir souvent pour des arrêts, la motivation n'y est plus et je ne suis pas au meilleur de ma forme".
Et après le médecin de la Sécu se plaint qu'il y a trop d'arrêts de travail: qu'il se penche sur les conditions du-dit travail: j'ai connu des employés qui, ne voulant pas trop se mettre en arrêt maladie, faire uniquement de la présence sur leur lieu de travail, boire des cafés, cloper et aller sur internet... pendant que dehors on faisait brûler des pneus et on faisait le maximum de bruit en martelant des casseroles avec des louches dés qu'un cadre pointait son nez... de temps en temps un plus fou que les autres lançait une bombe fumigène dans les bureaux. Mais tout le monde pointait en entrant et en partant et était payé en fonction de ce seul geste. 
Difficile à croire?  Les témoignages se recoupaient et mon compagnon a failli être indirectement victime de leur grogne: lors d'une manif ils avaient déversé de l'essence sur la chaussée ce qui a fait déraper plusieurs voitures dont la sienne... et cela faisait la une des journaux.
Sinon nous sommes peinards dans la région juste avec deux-trois arbres déracinés par la tempête, on ne devrait se plaindre de rien.


lundi 1 mars 2010

Sexualisation des nourrissons

La mère du jeune Moustique, fils de mon compagnon va être nourrice agréée. Pour ce faire, non seulement la maison doit être aux normes, les casiers judiciaire de  tous les membres de la famille demandés, mais en plus le jeune Moustique treize ans, va devoir suivre un cours de sensibilisation à la pédophilie!
Ca me choque un peu car si les jeunes n'y pensaient pas trop cela met l'accent dessus, cela met surtout l'accent sur le fait qu'un petit nourrisson puisse être exceptionnellement un objet sexuel, cela le sexualise.
Evidemment cela existe, il faut être vigilant, mais de là à généraliser cela c'est un peu fort.
Heureusement Moustique est très attiré par les filles de son âge et "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes".