dimanche 29 juillet 2012

En garde

Mon petit point à masser sous l'aisselle pour calmer l'asthme ça marche: un jeune patient et sa maman sont allés à la pharmacie pour de la ventoline. Le gamin était en pleine crise d'asthme et la pharmacie a refusé de lui délivrer sous le prétexte qu'il y aurait peut-être autre chose. La seule explication à sa crise est qu'il vivait dans une autre région et qu'il avait oublié son traitement.
Je n'ai même pas cherché ma ventoline de secours  et ai commencé à masser la petite boule douloureuse sous l'aisselle gauche , puis à lui apprendre à respirer ( on gonfle le ventre quand on inspire, on le rentre en expirant). Il est ressorti tout souriant, mais quand même  avec une ordonnance pour les urgences.
Il était temps que quelqu'un lui propose un autre genre de médecine car il démarre une obésité avec tous les corticoîdes qu'il avale, car les crises sont plus fréquentes depuis quelques temps.
J'en ai profité pour lui faire remarquer qu'il avait le diaphragme ( le muscle respiratoire principal) complètement bloqué.
La seule chose frustrante est que je ne le reverrai pas. Tant pis.

CF: http://www.youtube.com/watch?v=sTBri3etsN0

samedi 28 juillet 2012

Quels rapports entre médecine officielle et médecines "parallèles" ?

Si de nombreuses personnes ont recours aux rebouteux dans le Berry, le rapport de ces derniers avec la médecine reste un sujet méconnu.
Rebouteux, sorciers, panseurs de secret, barreurs de feu… Les termes sont nombreux pour désigner ceux dont le don ancestral permet de soulager les maux. Zona, brûlures, désordres internes. Des milliers de personnes en demande d’aide, se tournent vers ceux, qu’on appelait dans le temps, des hérétiques.
Dans le milieu médical, ils ne sont pas nombreux à en parler ouvertement. Les hôpitaux contactés dans le Cher n’ont « pas à leur connaissance » des cas où on aurait fait appel à un rebouteux ou à un barreur de feu dans leur établissement. Heureusement, pour nous, certains n’ont pas tous la même méfiance et admettent assez librement la chose.
« Dans les services de cancérologie, entre 70 et 80 % des patients font appel aux médecines parallèles, explique Laurent Fenoll, oncologue radiothérapeute à la clinique Guillaume-de-Varye à Saint-Doulchard. Même si nous ne conseillons pas tel ou tel rebouteux, s’il y a un vrai bénéfice, en tant que médecin nous n’avons pas à nous y opposer. Pourtant je suis un vrai cartésien, mais ça ne peut apporter qu’un bien au patient, à condition que ce soit gratuit. »
Crainte de la substitution
Une certaine méfiance persiste de la part du milieu médical envers des techniques ancestrales qui sont parfois perçues comme une tentative de substitution à la médecine officielle.
Roland Arrigoni, magnétiseur rebouteux à Bourges et président du groupement international de thérapies ancestrales, refuse et renie toute intention de palier à la médecine. « Nous ne sommes pas là pour soigner, et encore moins guérir. Nous ne devons en aucun cas, je dis bien en aucun cas, insiste-t-il, nous substituer à la médecine professionnelle, qui est par ailleurs, très compétente dans notre pays, ni jouer au docteur. Nos possibilités s’arrêtent là où commence la médecine. Nous ne sommes pas des faiseurs de miracle. » Et pour éviter tout malentendu, Roland Arrigoni applique une déontologie très stricte. « Quand une personne en demande d’aide vient me voir, je m’assure qu’elle est bien suivie par un médecin et je ne prescris jamais de médicament. »
Le chemin est encore long vers une collaboration
Même si aucun médecin, ni rebouteux rencontré, n’a reconnu envoyer ou recevoir des patients d’un côté ou de l’autre, la situation existe bel et bien. Dans d’autres régions de France, comme le Dauphiné, le recours au barreur de feu est assez fréquent. Dans sa thèse publiée en 2009, Nicolas Perret a travaillé sur « la place des coupeurs de feu dans la prise en charge ambulatoire et hospitalière des brûlures en Haute-Savoie en 2007. » Les chiffres sont éloquents. Sur cent trente-quatre soignants interrogés, ils sont 61 % à souhaiter une plus grande collaboration avec les coupeurs de feu et 20 % à penser cela indispensable.
Dans le Berry, les avis sont moins tranchés. « Je n’ai jamais fait appel aux rebouteux ou aux panseurs de secrets, mais je n’y suis pas hostile non plus, témoigne Michel Mrozek, médecin généraliste. En tout cas je pense qu’il ne faut pas légiférer et laisser comme c’est en ce moment, c’est-à-dire, aucune collaboration mais des pratiques parallèles. Les deux démarches sont complètement différentes : la médecine s’appuie sur la science et l’analyse alors qu’eux ont une approche empiriste. »
Même si une collaboration n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, Roland Arrigoni reconnaît qu’il y a tout de même une ouverture générale. « Les gens sont moins hostiles aux rebouteux, conclut-il. Ils disent souvent qu’à défaut de faire du bien, ça ne fera pas de mal. Ici, dans le Berry, même si ce n’est pas mieux accepté, c’est en tout cas mieux compris. »
Alizée Golfier
http://www.leberry.fr/cher/actualite/2012/07/28/quels-rapports-entre-medecine-officielle-et-medecines-paralleles-1231912.html

Un de mes confrères est opposé à tout cela. Alors quand ses patients, au courant de ses convictions,  atterrissent chez moi à l'occasion ils me racontent des tas de choses: ils sont allés voir un étiopathe, un magnétiseur, un kinésiologue, un chamaniste  etc etc. C'est le confrère qui serait surpris s'il savait tout ça!
Mais, comme l'article le souligne, les patients estiment très utile quand ils sont en soins anticancéreux de consulter ces gens-là, car le cancérologue se contente de soigner le cancer et basta, ce qui est déjà merveilleux, mais il manque un petit quelque chose pour améliorer tout l'état général. A ce propos je rêverais d'un généraliste tout simple qui sillonne les services de cancéro et les salles de radiothérapies  pour soigner tous les petits bobos, qui prenne du temps pour chacun. S'il y a une place, j'envoie ma candidature.

mercredi 25 juillet 2012

Viol ou pas viol?

Plusieurs fois j'avais alerté une maman, puis son mari sur le fait que je trouvais leur gamine un peu trop délurée, toute mignonne malgré le jeune âge: " avez-vous parlé à votre fille de certaines choses de la vie?
- On ne parle pas de ça à la maison docteur.
- Et la contraception?"
La réponse du mari: " c'est mon épouse qui s'en occupe", l'épouse " c'est un sujet tabou". Et j'avais insisté, pressentant un problème futur, insistant lourdement avec mes gros sabots ( héritage du grand-père :)) sur l'opportunité d'une contraception.
Peine perdue, aucun ne voulait voir grandir la fifille et accepter qu'elle puisse devenir femme.
Et ce qui devait arriver arriva: la mère m'a appelé hier en panique:
" Docteur, ma fille s'est fait violer. Il faut vite une prise de sang pour détecter toutes les maladies qu'elle aurait pu contracter.
- Quand?
- Il y a six jours, il faut la voir tout de suite.
- Je regrette, je ne peux pas, demain. Le plus important est le test du Sida, ensuite une éventuelle grossesse mais il n'y a pas urgence et c'est moins grave. Mais au fait, c'est à vous que j'ai pris la tête concernant votre fille?"
Folle furieuse je pense,  elle n'a pas daigné honorer mon rendez-vous ce jour. Ce qui me fait poser un tas de questions dont était-ce vraiment un viol?  Je ne demande qu'à poser la question à la jeune fille quand je la verrai.

mardi 24 juillet 2012

Le bazar

Dure la rentrée, d'autant plus que la plupart des confrères sont en vacances et comme personne ne tient le planning de leurs congés et qu'ils ne se concertent pas non plus pour décaler leurs vacances selon les besoins de la population ( moi non plus d'ailleurs), c'est le bazar et les patients courent en tout sens dans le canton dans l'espoir de se faire examiner.

Donc ce jour je reçois un petit môme qui n'a pas l'air facile; il profite du fait que sa maman soit malade pour s'exprimer pleinement. Il court en tous sens, envoie la carte vitale sur une poutre qui traverse mon cabinet, touche à tout. Et me voilà à faire la mariole juchée sur une chaise pour la récupérer. Je pensais naïvement que lorsque la consultation de la maman serait finie je n'en entendrais plus parler: mais si, il avait envoyé une petite voiture sous la mienne et il a fallu que je recule ma voiture devant une salle pleine!  Zut, j'ai oublié de vanter les grandes vertus de son propre  médecin! Pourvu qu'il y retourne quand même rapidement.
Je pense que les patients ont été soulagés de ma célérité afin que le petit môme puisse rentrer rapidement chez lui.


dimanche 22 juillet 2012

de retour de vacances

De retour de vacances! Arrivée à Roissy à 4 heures du matin, premiers patients à 9h; autant dire que les pathologies n'avaient pas intérêt à être compliquées. Mais on y arrive. Ca m'a juste rappelé mon état d'épuisement les jours qui suivaient les gardes. Dans mon jeune temps en effet les repos compensateurs n'existaient pas et c'était "marche ou crève", mais tellement formateur! Merci les urgences N3 ( à HEH pour les connaisseurs) qui m'ont tellement appris!

dimanche 8 juillet 2012

Education alimentaire?

Non je n'ai pas oublié le blog mais je suis en vacances dans une île très accueillante de la Méditerranée.
J'ai eu le temps de penser à un truc:

Comme j'ai déjà insisté dans ce blog sur l'éducation à la santé, il faudrait apprendre dans les écoles à lire les étiquettes sur les aliments: par exemple les jeunes filles voulant faire un régime ne regardant que les calories d'un aliment sans faire gaffe à la différence glucide-lipide-protides ( que je pense elles apprennent distraitement), mais surtout vérifier les colorants, les E machin truc, s'il y a du glutamate ( dans la nourriture chinoise), de l'aspartame, de lire si il y a des acides gras trans ( industriels) ou cis ( bien meilleurs pour la santé) et j'en passe. On pourrait en écrire un livre. Et puis que l'on discute ouvertement des régimes dangereux et meurt-de-faim dans les lycées, leur expliquer que les modes changent, et qu'il faut se méfier comme la peste des régimes miracles ( même un de mes amis-confrères avec la tête pourtant sur les épaules  m'a proposé le régime Ducan pour perdre quelques kilos, moi qui ne cours pas après la viande et qui ne veux pas fatiguer mes reins inutilement). 
Mon compagnon quand je lui ai fait part de cette fabuleuse idée, a argumenté: 
" Mais encore faudrait-il qu'ils s'y intéressent, je connais un tas de types de 40 ans qui s'en foutent et préfèrent mener la grande vie".
A cela j'argumente qu'ils sont en constat d'échec:  ils n'ont pas réussi à soigner leur corps aussi bien que leur voiture (!), alors ils justifient cela en disant qu'ils s'en foutent. J'ai des tas de patients comme ça qui partent battus, surtout après un premier infartus " docteur, donnez-moi les médicaments et ne me cassez pas les pieds avec le régime. Je veux vivre bien". 


mercredi 4 juillet 2012

Gabégie

Passons-nous trop sur le billard ? Seuls 72% des actes médicaux sont "pleinement justifiés", estiment les médecins qui attribuent, à 85%, les actes superflus à la demande des patients, selon un sondage TNS publié mercredi. Selon l'enquête effectuée sur un échantillon national de 803 médecins, (hospitaliers, spécialistes et généralistes libéraux), interrogés par internet du 27 avril au 4 mai, l'opinion des différents médecins est assez proche sur l'inutilité de certains actes.
Les médecins généralistes libéraux sont les plus catégoriques et estiment que, de façon générale, 68% seulement des actes se justifient, devant les médecins hospitaliers (74%) et les spécialistes libéraux (76%).
Pour leur propre discipline, l'ensemble des médecins estiment à 20% que les actes sont "souvent" justifiés, à 56% qu'ils le sont "parfois" et 24% "très rarement". Chez les généralistes, les réponses sont de 27%, 59% et 14%.
Les patients le demandent
Interrogés sur les raisons de ces actes superflus, les avis des médecins sont plus partagés. Ils se retrouvent pour désigner d'abord "la demande des patients" à 85% (93% pour les généralistes), puis en second lieu "la peur du risque judiciaire" à 58% (60% pour les hospitaliers), ce qui est lié également aux patients puisque ce sont eux qui portent plainte.
D'autres motifs font l'objet de réponses plus divergentes: "problème de formation des médecins" (39%), "absence de référentiels partagés par les professionnels" (37%, mais 49% parmi les médecins exerçant depuis moins de 10 ans), "absence de contrôle des pratiques" (27%, mais 42% parmi les hospitaliers et 15% chez les généralistes).
Le sondage a été commandé par la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les hôpitaux publics. Son président Frédéric Valletoux estime mercredi dans Le Figaro que ce sondage "montre la maturité des acteurs du système de santé". Selon lui, "il ne faut pas imaginer que les 28% d'actes dont les médecins doutent de l'utilité puissent tous être supprimés". "Sinon, ajoute-t-il, "nous aurions une médecine froide, mécanique, sans humanité." Mais, poursuit-il, il vaut mieux lutter contre ces actes que de décider leur déremboursement.


Ben, y'a du boulot encore... Je me souviens d'une patiente qui souffrait d'une infection du gros orteil: un premier chirurgien avait décidé de "tout couper", et j'avais demandé un deuxième avis. L'autre chirurgien a employé des antibiotiques hospitaliers et tout s'est bien passé.

Pas de fessée

Donner la fessée, un risque pour le cerveau des enfants"> Les personnes qui ont reçu des fessées lorsqu'elles étaient enfants ont plus de risques de souffrir d'affections mentales une fois adultes, selon une étude canadienne parue lundi. "


Adeptes de la fessée, réfléchissez-y à deux fois avant de donner une tape sur le derrière de votre enfant. Selon une étude canadienne publiée lundi, cette punition corporelle augmenterait le risque de problèmes mentaux, que ce soit des désordres comportementaux ou des problèmes d'alcool ou de drogue.
L'étude, menée auprès de 653 adultes par une équipe de chercheurs canadiens, visait à examiner uniquement l'effet des fessées et châtiments corporels légers sur des problèmes psychologiques ultérieurs, en excluant les sévices sévères (qui laissent des bleus ou causent des blessures) ou de nature sexuelle. Les résultats montrent que les personnes ayant reçu des fessées ont entre 2% et 7% de risques supplémentaires de présenter des pathologies mentales une fois adultes.
La fessée accroît le comportement agressif
Ces chiffres, publiés dans la revue américaine Pediatrics, peuvent paraître anecdotiques mais ils démontrent que les punitions corporelles semblent accroître le risque de problèmes ultérieurs, selon les experts, d'autant que la moitié des Américains se rappellent avoir reçu des fessées dans leur enfance. "Cette étude est importante, elle ouvre un débat sur l'éducation des enfants", estime Victor Fornari, directeur du département de psychiatrie infantile au North Shore-Long Island Jewish Health System à New York. Les chiffres mis en évidence "ne sont pas très élevés, mais ils démontrent que les punitions corporelles sont un facteur de risque pour souffrir de problèmes mentaux une fois adulte", ajoute Victor Fornari en commentant cette étude à laquelle il n'a pas participé.

Les recherches précédentes sur le sujet avaient déjà démontré à plusieurs reprises que les enfants victimes de châtiments corporels souffraient davantage de désordres mentaux une fois adultes, et étaient plus enclins à présenter un comportement agressif que les enfants ne recevant pas de fessées. Toutefois, ces études se penchaient sur le cas de personnes ayant reçu des sévices plus sévères. Trente-deux pays dans le monde ont interdit les punitions corporelles pour les enfants, mais pas les Etats-Unis ni le Canada.

Voilà, c'est dit, de toute façon donner une fessée à un enfant est un aveu d'échec.

lundi 2 juillet 2012

Bébé médecin

Mon petit bout de trois ans s'entraine au travail de médecin: il joue parfois au docteur, et alors qu'il auscultait une peluche voici ce que la nounou a entendu: " bon t'es pas mort, ton coeur bat". Rentré à la maison il n'a de cesse d'ouvrir sa malette de médecin  pour en sortir une seringue avec laquelle il pique chaque personne qui passe dans les fesses; un thermomètre frontal qu'il pose sur le front, un thermometre classique qu'il veut enfiler ( comme Knock)...., un sthétoscope qu'il pose sur le dos en disant " respire", et une pince avec laquelle il veut arracher les poils de son père!

Et chaque jour on doit se faire examiner. Quand on s'est fait mal il est plein de bons sentiments " tu vas guérir maman". Et lorsque c'est lui qui a une douleur il me demande en pleurnichant " Fais comme Barbarella ( une copine magnétiseuse)".  Alors je fais une passe ( au pif!) au dessus de la zone endolorie et il conclut " ça va, c'est fini".
Hier il a un peu toussé " Maman, je veux des médicaments, je suis malade".
J'ai un petit stagiaire tout trouvé!

dimanche 1 juillet 2012

Evidemment je conseille aux gens de boire avec modération, sinon ça finit par leur griller le cerveau, faire fuir leur famille, les mettre au chômage et perdre leur permis.
Mais malgré tout je les aime bien ces patients qui abusent de la bouteille: la plupart sont drôles, m'offrent des petits cadeaux, des peluches pour le bébé, des fleurs, des petits pots de pâté, des chocolats etc. , et la conversation est facile avec eux. ( je passerai sur celui qui me matait et me faisait remarquer à chaque consultation si j'avais un string ou pas). Ils me promettent sans cesse qu'il vont arrêter et l'un d'eux me dit régulièrement depuis douze ans: " je viens d'arrêter depuis une semaine".
 On m'a demandé plusieurs fois pourquoi je ne souhaitais pas de toxicomanes dans ma clientèle: je ne suis pas à l'aise avec eux et donc  notre contrat de médecin traitant serait mis à mal.  Pourtant j'ai écrit une thèse pour comprendre ce fléau et ceux qui sont tombés dedans, la preuve le titre était: " Personalité du toxicomane et sevrage". Las: pas possible, je mets trop d'affectif là-dedans.