samedi 16 janvier 2010

Aveux de patients

Une jeune femme inconnue se présente devant moi, jolie mais vraiment boulotte: "docteur, il faudrait que vous me renouveller mon antidépresseur et mon lexomil".
Comme d'habitude, je lui réponds que je ne prescris pas et lui demande de raconter son histoire: en gros, du stress, du stress, du stress depuis la jeunesse. Elle insiste un peu, s'étonnant de trouver un médecin qui lui dit "non".
Je fais les recommandations d'usage, ne jamais arrêter d'un coup, donc voir son médecin ou se faire avancer à la pharmacie avant de le revoir. J'insiste là-dessus, n'ayant pas envie de gérer une crise de manque chez quelqu'un que je ne pense revoir que très occasionnellement.
Et au bout d'un quart d'heure elle ajoute " je n'ai peut-être pas besoin de l'antidépresseur, je l'ai arrêté il y a un mois".
Et elle, elle me l'a dit au bout d'un quart d'heure!
Alors qu'un patient à qui je conseillais de stopper son neuroleptique prescrit par son médecin de sa boite, durant un an, en fait ne l'avait jamais pris: il avait peur que son accident de travail ( agression au travail) ne soit pas reconnu s'il avouait ne pas le prendre.

5 commentaires:

  1. Quelque chose m'echappe...
    Je comprends bien que vous refusiez de prescrire le Lexomil à vos patients, mais comment pouvez vous leur dire d'aller se le faire avancer à la pharmacie sachant que ce medicament est listé et qu'il ne peut en aucun cas être délivré sans ordonnance?
    Une façon de refiler "la patate chaude" au pharmacien, qui de cette façon en cas de problème sera responsable?
    Aucun pharmacien digne de ce nom n'acceptera une telle démarche ...
    Il faudrait être cohérente!

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  2. Je vais être très claire sur un point: je n'ai pas écrit de ma main le mot "lexomil" depuis pratiquement six ans. Ce n'est pas non plus au pharmacien de prendre la responsabilité de lui donner une boite, je suis d'accord. La chose qu'il peut faire est de téléphoner à son médecin habituel pour voir s'il a le droit de donner une boite.
    Les médicaments que je prescris je les assume y compris leurs effets secondaires.

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  3. Non seulement ce n'est pas au pharmacien d'avancer la boite , mais je trouve que dire au patient d'aller à la pharmacie pour se le faire avancer c'est en quelque sorte "banaliser" le produit.
    Le patient à qui vous suggerez un dépannage à la pharmacie sera sans doute tenté par un dépannage à chaque fois(d'autant que le produit est peu cher)
    La consommation de benzodiazépines en France est quand même un problème de santé publique ...

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  4. Les patients ne m'ont pas attendus pour banaliser le produit. Des patients refilent très habituellement le lexomil qu'ils ont en trop pour des amis ou leur famille.
    Je suis d'autant plus consciente que c'est un problème de santé publique que juste deux de mes patients sont accros à ce produit ( qu'ils obtiennent par d'autres voies que mes prescriptions).
    Dr Vincent

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  5. A propos du Lexomil 6 mg
    "Le traitement doit être aussi bref que possible. L'indication sera réevaluée régulièrement surtout en absence de symptômes. La durée globale ne devrait pas excéder 8 à 12 semaines pour la majorité des patients, y compris la période de réduction de la posologie (voir rubrique mises en garde et précautions d'emploi)". source doctissimo.

    Pour résumer, si cette patiente prennait ce traitement depuis une période supérieure aux indications notées ci-dessus, alors, je considérerais, quant à moi, que toutes les solutions n'avaient pas été abordée avec elle pour "accompagner" de manière satisfaisante cette personne. Vous appelez ça comme vous voulez !

    Ce texte montre au contraire que cette jeune femme avait "juste" besoin d'un coup de pouce pour se convaincre qu'elle n'avait plus besoin de Lexomil !

    Et dans ce cas, le sujet de ce texte dévie non plus dans l'intérêt du patient mais sur le sujet de la formulation politiquement (ou médicalement) correct... (ce que je comprends ici parfaitement !)

    A bon entendeur.

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