mercredi 22 septembre 2010

Anorexie et boulimie

J'ai vraiment la phobie de provoquer une anorexie ou une boulimie chez un patient; quand je vois des enfants rondelets ou trop maigres, je suis de plus en plus hésitante sur le fait de faire des reflexions et j'attends que les parents m'en parlent. J'ai voulu écrire tout ce qui suit car j'ai trois anorexiques en ce moment ( dont je ne connais pas bien les conditions familiales, et donc je ne parle pas forcément pour elles) et des tas de boulimiques.
Autour de moi j'ai des tas d'exemples d'adultes qui ont subi des régimes jeunes, dont les familles considéraient que manger était un acte grave, qu'il y avait des rêgles:
" Il faut toujours finir son assiette"
" si tu ne le manges pas maintenant je te le ressers ce soir et demain matin et ainsi de suite jusqu'à ce que tu plies"
" tu manges ce qu'on te donne"
" mon pédiatre a dit que mon bébé était un peu gros, je ne lui donne que les quantités prescrites mais il pleure toujours" ( ça, je l'ai entendu, à quoi j'ai répondu " quand vous avez faim vous allez au frigo". J'ajouterai que les relations mère-bébé ne peuvent que se dégrader avec ce genre de privation.)

Une solution que je propose mais qui n'est pas toujours appliquée est que les parents fassent des courses intelligentes, c'est à dire qu'ils ne s'attardent pas au rayon biscuits, bonbon, charcuterie, plats préparés et qu'il y ait en permanence des fruits, noix, noisettes à portée de main, du chocolat noir ou à la rigueur au lait dans les placards, et du pain complet, plus des yaourts dans le frigo.  C'est à dire il m'est très difficile d'entendre d'une maman d'un gosse de 10 ans " mon gamin mange n'importe quoi" alors que c'est elle qui fait les courses.
Et pour les maman de bébés rondelets, il y a façon de les truander, c'est à dire de leur filer plus de protéines, de fibres que de gras et de sucre.

1 commentaire:

  1. Bonsoir, je suis votre blog avec attention depuis quelques temps déjà. Je voudrais réagir par rapport à votre article. J'ai été anorexique pendant de nombreuses années, de l'âge de 12 ans à l'âge de 22 ans. Je n'ai jamais eu de problèmes de poids avec d'avoir cette maladie et aucun médecin ne m'avait fait de réflexion à ce propos. Donc ce que vous pouvez dire ou ne pas dire a peu d'impact dans le déclenchement de la maladie. Après, concernant la personne malade que vous êtes chargée d'accompagner, je pense qu'il ne faut pas focaliser sur le poids, car c'est occulter tout le reste, qui est sous-jacent. C'est vrai que lorsqu'une personne est en danger, la tendance est grande de se concentrer sur les aspects somatiques mais essayez de creuser le fond du problème. C'est là que ce que vous direz ou ne direz pas aura son importance.
    Surtout ne jamais dire à une anorexique que c'est dachau, qu'elle sort d'un camp/ qu'il y a plus maigre qu'elle car elle, elle tient encore debout/que vous soigniez des gens qui EUX ont des vraies maladies....
    Ce que je dis tombe sous le sens, mais bon, ces paroles, je les ai entendues dans des cabinets médicau et pour le coup, ça, ça fait des ravages.

    Pour l'histoire familiale, je suis entièrement d'accord avec vous, ayant une maman qui a toujours eu une relation conflictuelle à l'alimentation et qui m'a privée, de peur que je ne grossisse. Combiné avec le sport à outrance....
    Là encore, aborder l'histoire familiale est difficile mais c'est nécessaire pour comprendre. Ca prend un peu de temps, plus que le quart d'heure de consultation ordinaire. Et puis, on ne parvient pas à tirer le fil de l'histoire tout de suite mais je pense que ça vaut la peine.

    Bon courage,

    Amina, 26 ans et guérie ;-)

    RépondreSupprimer