samedi 10 avril 2010

oméga 3 et hyperactivité

Entrevue avec David Servan-Schreiber : le médecin qui guérit naturellement



Par Cécile Gladel


On connaît David Servan-Schreiber comme « Monsieur Oméga-3 », mais ce n’est pas son seul cheval de bataille. Dans son livre Guérir, paru en 2003, le célèbre médecin et psychiatre décrit comment éliminer la plupart des maladies sans médicaments ni psychanalyse. Possible? Oui, grâce à une alimentation saine, le sport et la gestion de ses émotions. Rencontre avec un homme fort sympathique.

Vous prêchez par l’exemple?

Absolument. Je pratique ce que je recommande et je me sens mieux. Ça fait aussi du bien aux personnes qui l’essayent. La preuve, ce sont les nombreux courriels qu’elles m’envoient. C’est touchant, puisque je suis devenu médecin afin de soulager la souffrance. J’ai écrit ce livre, car personne n’en parlait. Aucun brevet n’existe pour la respiration, le mouvement des yeux, le poisson, le jogging, donc il n’y a pas d’argent à gagner en répandant ce message. Personne ne s’en empare pour en faire son métier.

Saine alimentation, sport, gérer ses émotions, c’est essentiel?

Oui. Gérer ses émotions n’est pas suffisant, même s’il y a plusieurs aspects : le EMDR (l’intégration neuroémotionnelle par les mouvements oculaires), la cohérence cardiaque, qui est très similaire au yoga et à la méditation, la communication non violente. Chacun de ses points est un pilier qui sert à gérer nos émotions.

Le livre a été bien reçu… parce que vous êtes médecin?

Non, ce n’est pas tout. Ce livre a contribué à retirer le mur de silence autour de ces principes, car j’avais et j’ai encore un parcours de scientifique irréprochable. Parler d’acupuncture et de respiration avec 350 références scientifiques, c’était la nouveauté. Ça donne une crédibilité et oblige les médecins à faire attention.

Est-ce que l’avenir passe par une combinaison des médecines traditionnelles et alternatives?

Bien sûr. D’ailleurs, depuis 2002 à l’Université Laval, et ailleurs maintenant, il existe la Chaire Lucie et André Chagnon pour l’avancement d’une approche intégrée en prévention. Elle incarne l’idée que ça n’a aucun sens aujourd’hui d’avoir une médecine purement fondée sur les médicaments et la chirurgie, et qui ne prendrait pas en compte les méthodes naturelles de traitement démontrées être efficaces.

N’y a-t-il pas une réticence de la part des médecins?

C’est tout à fait normal que les médecins soient sceptiques. Ils sont payés pour être ceux qui décident de la séparation du bon grain de l’ivraie. Mais tous les médecins ont envie de traitements efficaces, rapides et sans effets secondaires. Il faut simplement leur montrer que ça peut être fait avec des méthodes naturelles.

Finalement, les oméga-3 sont vraiment essentiels?

Aucun doute, ce sont des acides gras essentiels. Ils sont absolument indispensables au fonctionnement de l’organisme et du cerveau. Un manque joue sur l’ensemble des maladies de ce début du 21e siècle : les problèmes cardiovasculaires, de mémoire et de concentration, l’irritabilité, l’agressivité et même l’arthrite. On peut remédier à ces maladies en ramenant les oméga-3 dans notre alimentation. C’est extraordinaire. Contrairement aux autres grands déficits nutritionnels, les problèmes reliés aux carences en oméga-3 mettent du temps à se développer. Si vous manquez de vitamine C, en quatre semaines vous avez le scorbut, en deux mois vous êtes mort. Quand on arrête de prendre des omega-3, les problèmes se développent sur une période de 20 ans.

Doit-on absolument prendre des suppléments?

Non, pas si on les intègre dans notre alimentation. Tout le monde doit corriger son alimentation et manger du poisson deux fois par semaine. Par contre, si l’on a des problèmes de santé, comme un infarctus ou des problèmes émotionnels, il faut y aller plus fort. Introduire des suppléments est alors nécessaire.

Est-ce que les enfants hyperactifs devraient prendre des oméga-3 au lieu du Ritalin?

Ça me parait essentiel d’essayer. Si ça suffit, il est préférable de corriger leur problème grâce aux oméga-3 qu’avec le Ritalin. Il y a une étude d’Oxford qui démontre la correction d’une grande partie du problème de ces enfants quand on leur prescrit des suppléments à base d’oméga 3. La première chose à recommander est qu’ils mangent du poisson, mais pas panné ou frit. Car ça, c’est pire que de ne pas en manger.

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