mardi 16 juillet 2013

Le généraliste en bout de chaine

Une patiente, femme de ménage de son état  est revenue de chez le chirurgien où je l'avais envoyée pour éventuellement se faire opérer du rachis lombaire ( le disque flirte dangereusement avec la moelle épinière, lui provoquant des sensations peu agréables dans la jambe).
Elle démarre: " Il m'a dit que j'étais foutue, il ne veut pas m'opérer mon dos. Il m'a redit plusieurs fois combien j'étais foutue! Que je n'avais qu'à voir mon généraliste pour prendre des cachets et faire de la kiné. Mon dos c'est comme des amortisseurs usés, on les change sur une voiture, mais pas sur un humain". 
Et le mari acquiesce. 

Je me suis mise en pétard contre ce spécialiste qui démonte le moral de mes patients. Et j'ai programmé des séances de kiné intensive en téléphonant au kiné pour lui expliquer mes desiderata, c'est à dire muscler au maximum la ceinture abdomino-lombaire. 

Un peu plus tard un charmant monsieur revient avec le moral dans les chaussettes: 
" Vous m'avez envoyé chez un neurologue parce que je tremble. J'ai parlé de quelques cas de  Parkinson dans ma famille, et il m'a mis direct sous antiparkinsonien. J'avoue que j'ai eu peur des effets secondaires car je pilote. Et quand j'en ai parlé au neurologue il m'a répondu : " vous oubliez les avions et vous prenez vos cachets à vie". Il a juste oublier de me demander depuis quand je tremble,  ça m'arrive depuis le CM2, j'ai toujours eu une écriture épouvantable, surtout quand je stresse."   

Un bétabloquant ( Avlocardyl indiqué pour les tremblements essentiels) devrait suffire pour lui, et il pourra encore voler à sa guise. 

Messieurs les spécialistes, arrêtez de bousiller le moral de mes patients SVP!   Car en dernier recours le généraliste devient tout-puissant quand le spécialiste a estimé qu'il n'y a plus rien à faire d'autre. 

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