vendredi 14 décembre 2012

Le DSM-V, nouvelle bible du diagnostic en psychiatrie, ne fait pas l'unanimité





La, très controversée, nouvelle édition de la bible du diagnostic en psychiatrie, le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-V), a été validée par l'American Psychiatric Association (APA).
(...)
Le manuel sera officiellement lancé lors du congrès annuel de l'APA en mai 2013 et remplacera le DSM-IV qui date de 1994.
Mais, les remaniements du DSM-V sont loin de faire l'unanimité (...)

Les propositions controversées adoptées et rejetées


Les principales critiques évoquées dans les premières versions du DSM-V concernent :
  • l'abaissement des seuils diagnostics pour certains troubles (dépression liée au deuil…) ;
  • les propositions de nouveaux troubles sans preuves scientifiques suffisantes pour les qualifier de troubles spécifiques (troubles de dérégulation dit d'humeur explosive…).
Les critiques, avaient, il y a quelques mois, tiré la sonnette d'alarme pour alerter sur les dangers des sur-diagnostics qui seraient générés par ces changements.
En dépit de ces critiques, il est désormais acté que le DSM-V reconnait le deuil comme un stress psychosocial sévère qui peut précipiter un épisode dépressif majeur débutant rapidement après la perte d'un être cher. Le deuil ne sera donc plus systématiquement exclu du diagnostic de dépression.
Dans le DSM-IV, le diagnostic de dépression ne devait être posé que si les symptômes dépressifs persistaient plus de deux mois après le décès de l'être cher.
Pour le Pr Robbins, avoir retiré l'exclusion du deuil ne permettra malheureusement plus de faire la distinction entre « un deuil normal et une dépression clinique. »
Autre sujet de controverse entériné : le nouveau diagnostic de trouble de dérégulation dit d'humeur explosive « disruptive mood dysregulation disorder. » Il concerne les enfants de plus de 6 ans qui présentent une irritabilité chronique et au moins 3 accès de colère par semaine pendant plus d'un an. Ce diagnostic viserait à réduire les sur-diagnostics de trouble bipolaire chez les enfants.
Mais, pour le Pr Robbins, cette décision aura pour conséquence de « qualifier de pathologiques des enfants normaux.»
En revanche, le « syndrome de psychose atténuée », également critiqué pour le manque de données scientifiques validant le trouble, a été inséré dans la section 3 des désordres qui requièrent des recherches supplémentaires.
Il en va de même pour la cyber-dépendance aux jeux qui avait été proposé comme nouveau critère diagnostic.
Concernant le syndrome d'aliénation parental (quand l'enfant subit la pression de l'un des deux parents visant à détruire l'image de l'autre parent), également proposé comme nouveau diagnostic, il n'a pas été accepté dans les sections 2 et 3, tout comme les troubles de l'hypersexualisation.
Pour le diagnostic de l'autisme, les préoccupations des pétitionnaires ont été entendues. Le DSM-5 rassemblera le syndrome d'Asperger et les troubles autistiques du DSM-IV sous la terminologie de troubles du spectre autistique (TSA). Les TSA incluent également les troubles désintégratifs de l'enfance, et les troubles envahissants de développement.
« Nous sommes rassurés que le comité du DSM-V ait acté que les personnes qui ont actuellement un diagnostic dans le spectre de l'autisme, syndrome d'Asperger inclus, conservent leur diagnostic de trouble du spectre autistique. Cela signifie que personne ne « perdra » son diagnostic à cause des changements de critères diagnostics », a commenté le Pr Geraldine Dawson (directrice scientifique de l'association de patients Autism Speak) pour Medscape.com.

De vives critiques


Interviewé par l'édition internationale de Medscape, le Président du groupe de travail sur le DSM-IV, leDr Allen Frances (Pr émérite du département de psychiatrie, Duke University School of Medicine, Durham, Etats-Unis) qui est un fervent critique de cette nouvelle version du DSM indique que « le DSM-V ouvre la voie à ce que des millions et des millions de personnes actuellement considérées comme normales soient diagnostiquées avec un trouble mental, reçoivent un traitement et une stigmatisation dont ils n'ont pas besoin. »
De son côté, le Pr Robbins se montre inquiet de la pauvreté des essais de terrain qui ont été réalisés pour la plupart des catégories diagnostiques majeures.
Le Dr Frances ajoute sur son blog que « son meilleur conseil aux cliniciens, à la presse et au grand public est de rester sceptique et de ne pas suivre le DSM-5 à la lettre. »
L'une de ses principales préoccupations est que « les vrais problèmes psychiatriques » soient laissés de côté.
Pourquoi un tel fossé entre les experts ?
Le Dr Frances explique qu'il s'agit d'un « conflit d'intérêt intellectuel et non financier ». Il précise : «  le groupe de travail du DSM-5 est composé d'experts qui s'inquiètent plus du patient qui serait laissé de côté que de celui qui serait diagnostiqué à tort. Tous les efforts ont été entrepris pour qu'aucun patient ne soit oublié. »

Sur la liste des changements…


  • abolition du système des « axes ». Jusqu'ici, l'axe 1 regroupait les troubles cliniques (troubles de l'anxiété, de l'humeur, psychotiques…); l'axe 2: les troubles de la personnalité; l'axe 3: les affections médicales générales; l'axe 4: les problèmes psychosociaux et environnementaux; et l'axe 5: l'évaluation globale du fonctionnement. Les 20 chapitres du manuel seront restructurés en fonction des relations apparentes entre les troubles (symptômes, vulnérabilités) ;
  • deux nouveaux diagnostics voient le jour : l'hyperphagie boulimique « Binge eating disorder » et le trouble d'accumulation compulsive « hoarding » ;
  • les troubles d'abus de substance et de dépendance à une substance sont rassemblés en un seul trouble. En outre, l'APA précise que dans le DSM-V, les troubles d'abus de substance légers requerront la présence de 2 à 3 symptômes, alors que dans le DSM-IV les troubles d'abus de substance nécessitaient la présence d'un seul symptôme ;
  • les critères du stress post-traumatique sont modifiés pour s'intéresser davantage aux symptômes comportementaux, aux enfants et aux adolescents. Un quatrième groupe de symptômes s'ajoute aux trois existants ;
  • la dermatillomanie (trouble d'auto-mutilation compulsive à travers des grattages de la peau, grattages de boutons, de cicatrices, de petites aspérités) est incluse dans le chapitre sur les troubles obsessifs compulsifs ;
  • le terme « pédophilie » est remplacé par le terme « trouble pédophilique » ;
  • les critères des troubles d'apprentissage sont élargis ;
  • les 10 troubles de personnalité actuels sont maintenus.

  • http://www.medscape.fr/humeur/articles/1484001/


Evidemment je pense tout un tas de choses concernant ce livre qui tente à mettre dans une case le gros de la population. Ce qui est lamentable, c'est que ce livre est la porte ouverte à tout un tas de prescriptions de psychotropes à des gens qui n'en ont sans doute pas besoin. La vie c'est fait de joies et de peines, de stress, de frustrations et de satisfactions et l'on ne peut pas tous vivre comme dans " le meilleur des mondes". 

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