mercredi 16 mars 2011

Mediator: comment réformer le système du médicament


Le Pr Philippe Even, explique les huit principes érigés pour réformer le système du médicament français.

(...)
Le document de 85 pages comprend deux volets: un audit et des propositions. Pour leur audit, les deux professeurs ont entendu une quinzaine de personnes issues de la Haute autorité de santé, de l'Agence sanitaire des produits de santé (Afssaps), de l'industrie du médicament... "Le constat, explique le Pr Even, c'est que les 3000 experts français ne sont pas des experts. Leur niveau moyen est médiocre et pas à la hauteur de la mission confiée: l'évaluation de la toxicité des médicaments que prennent 65 millions de Français..."

Les propositions de réforme des deux professeurs, fidèles au rapport de l'Igas, s'articulent autour de huit grands principes.

1 - L'éthique. Le rapport préconise de privilégier les malades d'aujourd'hui et de demain aux industriels. Cette considération passe nécessairement par un "mariage public/privé". "Il faut une coopération effective entre la recherche d'Etat et la recherche privée, qui finance les études", détaille Philippe Even.
C'est vraiment bien de remettre le patient au coeur des préocupations, ce qui est lamentable est qu'il faille resituer la place du patient dans le soin. Enfin c'est dit.

2 - Fonctionnalisme. Derrière ce terme barbare, un concept simple: l'adaptation des structures aux missions. Pour éviter la paralysie des institutions, "la règle à appliquer c'est: une agence pour une mission", détaille le coauteur du rapport.
En décortiquant les différents rapports sortis ces dernière années, j'ai déjà fait la remarque qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits.  Autre point que je trouve fondamental c'est que quelqu'un prenne la responsabilité de quelque chose, au lieu de faire des réunions en tout genre, si bien que la responsabilité se trouve diluée. Et si je convoquais le docteur Cravatte et le remplaçant pour prendre collégialement une décision pour faire opérer un de mes patients par exemple? Quelle perte de temps!

3 - Médicalisation. Dans le système actuel, les postes à responsabilités sont rarement occupés par des personnes ayant une formation médicale. "La direction des agences doit impérativement être confiée à des médecins qui connaissent les problèmes techniques et les médicaments sur lesquels ils sont amenés à statuer."
C'est un minimum. 

4 - Compétences. Le rapport prône l'amélioration des compétences des médecins généralistes et des experts des agences de santé. Les médecins de terrain devraient, selon les deux professeurs, suivre une formation thérapeutique au cours de leur formation initiale. Puis une formation continue, tout au long de leur carrière, "pour se tenir au courant des nouveaux traitements". "Dans le système actuel, soit les médecins ne sont pas informés, soit ils sont informés par les laboratoires", déplore le Pr Even.
Qu'elle est choquante la phrase en gras! J'ai appris le tricot peut-être pendant mes études? Ou peut-être étais-je occupée à prendre des cafés agréablement avec tout beau mâle croisé sur le chemin?

"Quant aux 3000 experts incompétents, ils pourraient être remplacés par une vingtaine ou une quarantaine d'experts de très haut niveau, détachés temporairement des universités et recrutés et rémunérés à la hauteur de leur mission", tranche le coauteur du rapport. Pour mesurer la valeur de nos experts, le Pr Philippe Even a analysé l'intérêt de la communauté scientifique pour leurs travaux. "Il est nulle", conclut-il sans appel.

5 - Indépendance. Souvent mise en cause, l'indépendance des experts médicaux doit être garantie. Pour recenser les conflits d'intérêts, les professeurs proposent que les experts fassent des "déclarations" sur les montants perçus et sur les conditions dans lesquelles ces sommes sont attribuées - à titre personne ou pour aider le fonctionnement du laboratoire. La réforme du médicament prévoit également "d'écarter ou de sanctionner, sur le modèle du système américain, les experts rémunérés à titre personnel".

6 - Exigence. A l'égard des industries pharmaceutiques et de leurs études cliniques. "Ces dernières ne sont pas toujours de qualité, déplore le Pr Even. Elle mérite une attention très vive et très particulière."

7 - Responsabilité. D'après le rapport, les compte-rendus de séance sont "peu fidèles" et "de nombreux membres ignorent presque tout du dossier sur lequel ils votent, et même de la pathologie en cause". Pour endiguer ce phénomène, le rapport prône que les décisions prises soient "motivées" et que les experts soient "responsables", c'est-à-dire qu'ils signent leurs décisions. "Il n'y a pas de qualité sans responsabilité de ceux qui prennent les décisions", conclut Philippe Even.
allez lecteurs, apprenez que les décideurs n'y connaissent souvent rien! Et le médecin qui veut faire une médecine réfléchie doit piocher dans d'autres sources que celles qu'il a ( dictionnaire vidal, recommandations de la HAS) et que c'est parfois en contradiction avec le bon sens. 

8 - Réactivité. La commission de pharmacovigilance agit selon une procédure "extraordinairement lente", déplorent les professeurs. "La France est toujours à la traîne pour retirer un médicament du marché, comme ce fut le cas pour le buflomédil, le Mediator, l'hormone de croissance..." Philippe Even préconise donc de raccourcir le circuit pour éviter que les démarches au sein des agences prennent des mois, voire des années.
Mais messieur, pour racourcir le circuit, encore faudrait-il que la pharmacovigilance soit accessible facilement par chaque généraliste! Et je refourgue mon portail de pharmacovigilance sur l'ordinateur de tous les médecins


Ces recommandations mises à plat, la réforme du système du médicament aura-t-elle lieu? Le Pr Even, "conseiller amical" du ministre de la Santé, garde bon espoir. La détermination de Nicolas Sarkozy et de son ministre de tutelle, Xavier Bertrand, le laisse penser qu'un changement en profondeur est possible.


http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/mediator-comment-reformer-le-systeme-du-medicament_972857.html

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