mardi 22 mars 2011

Alcoolisme...

Les alcooliques, ce n'est pas facile à gérer, et j'ai beau avoir le culte du secret professionnel, à certains moment il y a des failles;
Je suis allée il y a quelques temps chez un alcoolique notoire: il était en train de dégringoler la pente de façon vertigineuse, enchainant arrêt de travail sur arrêt de travail, la femme n'en pouvait plus et le gamin non plus. Je suis entrée, ai apprécié l'état du ménage: malgré ma myopie  prononcée, je peux dire que ce n'était pas complètement propre ni rangé. le patient était avachi sur le canapé, la table pleine de détritus où il était impossible de poser mon ordonnancier sans le tâcher de machins suspects, une lampe était tombée, brisée le patient ayant tenté de s'y accrocher lors d'un faux pas . L'épouse était partie travailler.
Et là je posai mes questions au patient qui me répondit plus ou moins bien.
Par contre au bout de cinq minutes il me déclara: " docteur, j'ai envie de vous et bli et bla...."
Dans la journée même, son épouse épuisée nerveusement du climat familial était au courant de tout par le menu par mes soins. Peut-être cela l'a-t-il aidée à divorcer plus vite, mais la situation n'était plus tenable.

Parfois les enfants m'avertissent: " attention docteur mon père boit et pas qu'un peu". Un peu plus tard je pose des questions à l'intéressé qui me répond: " Boire? Absolument pas, c'est fini tout ça". Et à cause du secret professionnel je suis obligée d'accepter la réponse.

Et un autre, depuis onze ans que je le connais me répond systématiquement " docteur, j'ai arrêté de boire il y a quinze jours, plus une goutte d'alcool". Renseignements pris, c'est vrai car au moment où je le vois, la paie n'est pas encore tombée et le patient a fait la fête avec ses potes en début de moi;  et il vient souvent me voir en fin de mois!

3 commentaires:

  1. Si je comprends bien, si un patient alerte son médecin d'une pathologie genre dépression ou autre chez son ou sa conjoint(e), si cette dernière ne dit rien, vous ne pouvez rien dire ou rien faire, par respect du secret professionnel ? mais n'est ce pas là de la non assistance en personne en danger ?
    car là, je ne comprends pas quel est intérêt de recueillir des données par les enfants et les coinjoints si ce n'est pas pour les exploiter ensuite.

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  2. Mon patient n'est pas en danger de mort, je ne peux pas le faire arrêter de boire de force, de plus il a plusieurs témoins. Et je n'ai pas recueilli volontairement les confidences, les enfants me l'ont dit spontanément.

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  3. On ne peut rien faire pour aider quelqu'un qui refuse de l'aide....on ne pourra jamais empêcher un patient de se suicider si il le souhaite vraiment... c'est la réalité du terrain que la société refuse de voir.

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