lundi 25 octobre 2010

Patients suspicieux

 Seuls 40% des patients à risque sont déjà vaccinés contre 80% d'habitude à la même époque.

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière ne connaît pas le succès traditionnel. Selon les chiffres que s'est procurés Europe 1, à peine 40% des patients à risque - les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants, et les personnes fragiles - sont déjà vaccinés contre 80% habituellement à la même période de l'année. En cause, la défiance contre la grippe H1N1 dont la souche a été intégrée au vaccin.

"Une grosse réticence vis-à-vis du vaccin H1N1"
"La plus grosse crainte, c'est que dans le vaccin de cette année, il y a à la fois la grippe saisonnière et la souche de la grippe H1N1", explique Grégoire Chouraki, pharmacien à Tourcoing. "On s'aperçoit que les gens sont favorables à un vaccin contre la grippe saisonnière mais ont une grosse réticence vis-à-vis du vaccin H1N1. Ils ont l'impression que l'an dernier ils se sont faits vacciner pour rien" et ne veulent pas recommencer cette année, analyse le pharmacien.

Pour Bruno Lina, le directeur du centre national de référence de la grippe, les patients sont devenus très méfiants. Ils ne croient plus en l'efficacité du vaccin et sont très réticents à se faire piquer. "Les médecins passent plus de temps que d'habitude à expliquer l'intérêt de cette vaccination", indique-t-il.

Beaucoup de patients viennent en consultation avec des idées reçues erronées sur le vaccin, notamment la dangerosité de la souche inactivée du H1N1, explique Bruno Lina. Face à ses idées, "les médecins sont démunis", s'alarme-t-il.

Certains spécialistes avaient prévenu l'an dernier du risque de tenir un discours trop alarmiste face au virus H1N1. Aujourd'hui, les patients ont plus peur du vaccin que de la grippe elle même. Le problème, dit Bruno Lina, c'est que pour des personnes à risques; ne pas se vacciner peut être dangereux. Chaque année, rappelle-t-il, la grippe saisonnière tue 2.000 à 3.500 personnes.

Je vis cela tous les jours ou presque dans mon cabinet: il faut que je dédramatise le vaccin tout en restant neutre afin de leur laisser le pouvoir de choix éclairé. Mes premières réticences envers le vaccin antigrippal datent de 2000, je venais de m'installer et j'ai pratiqué une injection à une personne âgée et le type est décédé trois jours après. Ce n'était peut-être qu'une coïncidence mais cela refroidit sérieusement. Je reste quand même neutre.

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