lundi 2 août 2010

Sécurisons tout et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes

Comment veut-on que les patients aillent bien si l'on ne leur offre que du bâton et non la carotte?
 On empêche de plus en plus à mes patients de travailler car on est dans une zone qui délocalise à tout va, et après l'on s'étonnera que les cabinets médicaux soient remplis mais pas la supérette, ni le café, ni le square.
Qu'est-ce que je réponds quand la caissière de la supérette me dit "c'est très calme"? Systématiquement " pas chez moi". Pourtant je voudrais bien avoir le temps d'aller à la piscine, de faire des risettes au Petit Ange, travailler moins pour gagner moins, pour voir le sourire renaitre sur le visage de mes patients!
Et moi ce qui me mine, ce sont les menacesde démantèlement des camps de Roms, les interdictions du voile ( qui fleurissent dans mon coin par provocation), l'état d'esprit qui s'installe insidieusement:
" Nous allons mal, la France va mal, démantelons les camps de Roms, peut-être que ..., sécurisons tout et on sera protégé, facilitons l'hospitalisation sous contrainte qui pourra se faire avec l'accord d'un seul psy et nous vivrons enfin sans risque, retirons la nationalité française au délinquants et on sera peinards dans notre beau pays etc."
Qu'est-ce que l'on va encore inventer pour sécuriser?
Au sujet des malades mentaux, les professionnels ne cessent de clamer en haut qu'une qu'une infime minorité deviennent des criminels avérés. Mais on pense sûrement là-haut que cela rassurera le bon peuple de faciliter leur internement. Il ne faut cependant pas oublier que ces malades mentaux sont des personnes en souffrances, mais avant tout des citoyens et qu'ils ont des droits. Je me réfère à cette lamentable histoire:

Il y a quelques jours, Coumba Tall a cassé des verres dans son appartement. Un mélange de maladresse et de nervosité. « Ce geste de ma mère, comme ses cauchemars, montre qu’elle reste traumatisée par ce qu’ils lui ont fait. elle voit d’ailleurs un psychologue », explique Amadou, l’un des fils de cette femme de 52 ans, victime d’une douloureuse et stupéfiante méprise le 29 juin à Rouen (Seine-Maritime).



A la suite d’une erreur de saisie informatique, cette patiente, qui quittait le centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen, a été orientée à tort vers un établissement psychiatrique. Plus grave, les ambulanciers d’une petite société privée l’ont brutalisée au cours du transport alors qu’elle tentait d’expliquer qu’il s’agissait d’un malentendu.


Le 29 juin, cette femme de ménage, en arrêt maladie à cause d’une tendinite, éprouve brutalement des difficultés respiratoires. « Ma mère est arrivée aux urgences du CHU à midi, relate Amadou. Ils lui ont fait des examens, fixé un rendez-vous avec un pneumologue puis l’ont laissée sortir. Ma sœur est partie la chercher en voiture. » En arrivant, la fille ne trouve pas sa mère dans la salle d’attente des urgences. Elle restera sans nouvelles pendant près de deux heures, loin d’imaginer que sa mère a été conduite en psychiatrie. « Deux ambulanciers sont arrivés aux urgences et ont apostrophé ma mère en lui disant qu’ils la cherchaient partout depuis une demi-heure, relate Amadou. Très insistants, ils lui ont demandé de monter à l’arrière de l’ambulance, en expliquant qu’ils la ramenaient chez elle. »


Coumba n’a aucune raison de se méfier. En chemin, elle s’aperçoit que le véhicule ne prend pas le bon trajet. La quinquagénaire proteste. « Ils lui ont dit Ta gueule, tais-toi, poursuit le fils. Ma mère a pris peur et s’est levée. Un ambulancier est passé à l’arrière et a plaqué maman au sol, un genou sur le cou, une contention totalement inappropriée et douloureuse. Elle en porte encore des traces. »


Ce n’est qu’à l’arrivée à l’hôpital psychiatrique que tout le monde s’est rendu compte de la méprise. « C’est inadmissible, nous avons porté plainte pour violences en réunion », insiste Amadou Tall, dont la mère a dû être hospitalisée après le traumatisme et consulte, depuis, un psychologue.


S’il reconnaît une « erreur », le CHU tient à se démarquer du comportement brutal des ambulanciers. « Il y a eu une faute grave, l’ambulancier a été mis à pied et est convoqué aujourd’hui pour un entretien préalable de licenciement », indique la directrice de la société d’ambulance, effondrée par un tel dérapage. « Ce n’est pas ma conception de notre métier », soupire-t-elle, préoccupée aussi par les menaces qu’elle reçoit depuis la révélation de cette histoire.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/conduite-par-erreur-en-psychiatrie-et-molestee-28-07-2010-1014440.php

les malades mentaux ne sont pas des sous-hommes!
 

3 commentaires:

  1. Tous ces cliché sécuritaires ont quelque chose de ridicule, et j'ai toujours envie de dire aux partisans du "retirons la nationalité française au délinquants et on sera peinards " que beaucoup de délinquants n'ont pas des origines étrangères : de quel pays auront-ils la nationalité ? Corse ? Bretagne ? Savoie ?

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  2. oui,mais difficile de nier que la population d'origine etrangere est surrepresentée dans les actes criminels ou delictueux.
    il s'agit d'un probleme de societé.

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  3. Intolérable et inadmissible le comportement de ces ambulanciers. Le DE sera très certainement licencié pour faute grave mais l'auxiliaire ne devrait pas être inquiété sévèrement puisque tous les gestes et décisions qu'ils soient ou non éxécutés par le DE doit en assumer les conséquences légales(si toutefois ce n'était pas un équipage en faux binôme, c'est-à-dire avec deux DE au lieu d'un DE + un AA)

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