jeudi 19 juin 2014

psychiatrie punition.

Un de mes patients suicidaire après une mauvaise nouvelle est parti de chez lui en emmenant une corde et prévenant son épouse: " si tu veux me récupérer vivant, débrouille-toi pour me retrouver vite". Elle a appelé les flics qui ont retrouvé le candidat au Grand Passage. Il l'ont emmené aux urgences, ont discuté un peu avec lui et l'ont laissé aux mains de l'équipe d'urgence;  puis mon patient est resté durant une heure et demi tout seul dans une salle. 
" J'aurais pu me sauver dix fois si j'avais voulu. 
- Mais au moins y a-t-il quelqu'un dans ce fichu hôpital qui a pris le temps de vous écouter? 
- Oui, les policiers, mais ils m'ont cassé les pieds à me demander les mêmes choses. 
- Et comment êtes-vous ressorti? 
- Un ami est venu me chercher. Le médecin urgentiste m'avait menacé: "vous trouvez quelqu'un en vitesse sinon on vous place en psychiatrie". 
- Vous avez eu un traitement? 
- Non, ils m'ont dit de reprendre contact avec le médecin traitant". 

Etrange, mais de plus en plus courant des prises en charge comme celles-ci. 
Et si la psychiatrie veut conquérir une certaine crédibilité auprès du grand public, il faudrait qu'on arrête d'amalgamer psychiatrie-punition et psychiatrie-soin. Ça fait un mélange fâcheux. 
C'est évident que présenté comme ça, le choix a été tout de suite fait pour mon patient.  
Il aurait eu besoin de quelques jours tranquille avec une oreille attentive, empathique et compatissante afin qu'il reprenne pied. 


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