jeudi 22 août 2013

Médicaments : le bazar

Un antiacnéique servant de contraceptif, des benzodiazépines utilisées contre des douleurs chroniques : les derniers retraits de médicaments ont mis en lumière des dérives d’usage qui perdurent.
La France n’est pas seulement un pays gros consommateur de médicaments – 48 boîtes par personne et par an –, c’est aussi un pays où l’on consomme mal les médicaments.
Plusieurs affaires récentes ont ainsi mis en lumière des détournements d’usage qui ont duré des années avant que les autorités sanitaires ne réagissent. L’exemple le plus dramatique de ce détournement reste bien sûr le Mediator, indiqué dans le traitement du diabète mais utilisé comme coupe-faim pendant trente-trois ans. Il pourrait avoir fait 1 800 victimes. L’antiacnéique Diane 35 a, lui, été prescrit comme contraceptif pendant 26 ans alors qu’il n’avait pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cela en France. Ici, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) ne reconnaît que 4 décès et 125 cas de thrombose imputable au médicament. Après sa suspension en mai, la France devra reprendre la commercialisation de Diane 35 à la demande de la commission européenne.
Mais les conditions de sa prescription seront renforcées.
Avec le Myolastan, il n’y avait pas de risque de dépendance, assure un rapport du centre de pharmacovigilance de Bordeaux.

46 ans pour un déremboursement

C’est pourquoi c’était la seule benzodiazépine à ne pas avoir de durée limitée de prescription. C’était aussi le médicament le plus consommé – 3 millions d’utilisateurs – jusqu’à son déremboursement en 2011. Ce décontractant musculaire était bien prescrit, lui, dans le cadre de son AMM. Il a juste fallu 38 ans pour estimer qu’il avait un service médical rendu insuffisant et 46 ans pour juger que sa balance bénéfices/risques était défavorable en raison de risques de réactions cutanées graves. Son retrait, le 8 juillet – comme tous les médicaments contenant du tétrazépam – devrait logiquement faire baisser la consommation de benzodiazépines qui concerne un Français sur cinq. Face aux risques que représente cette catégorie de médicaments – des études montrent une augmentation des démences –, l’agence du médicament a entrepris un rappel de leur « bon usage ».
C’est aussi la progression des prescriptions de Ritaline depuis 2004 qui ont amené l’ANSM à rappeler, en juillet, les risques des médicaments contenant du méthyphénidate utilisé contre les troubles de l’attention et l’hyperactivité (TDAH). Une centaine de médicaments font actuellement l’objet d’une surveillance renforcée en Europe – ils sont signalés par un triangle noir –, tandis qu’en France, l’ANSM a entrepris une campagne de révision systématique des médicaments dont l’AMM est antérieure à 2005. Selon le pharmacologue Bernard Bégaud, les effets secondaires des médicaments sont responsables de 18 000 décès annuels en France, dont un tiers correspond à des prescriptions non justifiées.

C'est vrai que c'est le bazar et des tas de gens, comme le professeur Zarifian  s'en rendent compte et hurlent depuis des dizaines d'années au gaspillage et aux médicaments donnés sans conscience.
Le Myolastan j'en ai un peu prescrit car dans les douleurs cervicales avec contractures il avait son utilité. En plus pas un de mes patients n'était dépendant. Mais il était de la classe des benzodiazépines, donc avec un risque accru de démence et d'Alzheimer. Alors bye bye.
Et tout ce bazar peut inciter les patients à rechercher dans les médecines alternatives des solutions. Alors je propose aux médecins de les connaitre, de se créer un carnet d'adresse rien qu'avec des correspondants fiables et professionnels, que ce soit en reflexothérapie plantaire ou massages, ou acupuncture et autres pratiques...  Ce qui doit primer évidemment est le bénéfice du patient ( non de son portefeuille malheureusement, j'ai l'habitude de dire " cela ne peut vous causer aucun effet secondaire, sauf au niveau de votre porte-feuille).



3 commentaires:

  1. Remplaçante en zone franchement pauvre avec énormément de patients à la CMU,je me trouve souvent confrontée à ce dilemne:les patients ne veulent que des traitements remboursés alors que les médecines alternatives sans effets indésirables ne le sont pas.Ne pensez-vous pas que ceci explique la surconsommation de médicaments en France?

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  2. Oui, et c'est lamentable: rembourser l'euphytose et dérembourser le Lexomil, voilà qui ferait du bien à ces patients.

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  3. Oui, et c'est lamentable: rembourser l'euphytose et dérembourser le Lexomil, voilà qui ferait du bien à ces patients.

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