lundi 5 août 2013

Histoires de benzodiazépines

Elles me sautent dessus, surtout quand mes confrères sont tous en vacances, alors je raconte.

Je suis allée chez une patiente qui m'a tenu ce discours: 
 " Bonjour docteur, j'ai l'impression que je vais mourir, j'ai des fourmis dans les jambes, j'ai des sueurs. J'avais un mal de dos il  y a une semaine qui va mieux, mais maintenant je me sens incapable de me déplacer.
- Que prenez-vous comme médicaments?
- De l'Ixprim pour les fortes douleurs. 
- Et en général?
- Du Témesta 2.5 mg ( le plus gros dosage) mais le médecin que j'ai vu m'a demandé de l'arrêter car cela ne convenait pas avec Ixprim qu'il m'a prescrit il y a une seamine.  Je le prends depuis 25 ans.
- Allons, ne vous inquiétez pas, c'est le sevrage du Témesta."

Je sentais que la patiente n'était pas convaincue, alors j'ai sorti la notice où il y a pourtant tout marqué: " ne pas interrompre brutalement ce médicament car des effets de sevrage sont possibles".  Et je rajouterais même plus "sont obligatoires dans  100%  des cas  pour les gros dosages et les périodes de prises longues". 
On n'arrête pas le Témesta  à la Cosaque, surtout quand on a plus de 60 ans!

Ce que je ne comprends pas, c'est que pour les médicaments essentiels, comme la Cortisone et la chimiothérapie, tous les effets secondaires sont détaillés, souvent les patients aussi connaissent assez bien les effets secondaires des betabloquants ( antihypertenseurs), et par contre avalent les benzodiazépines sans se poser de questions. 
A moins que ma patientèle soit obsédée comme je le suis par la lecture des notices; la preuve, c'est qu'ils arrivent quelques fois en ayant découvert qu'un de leur maux est dû à un médicament, avant que je le trouve moi-même! 
Ce n'est pas vexant, "l'élève est meilleur que le maitre".


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