lundi 26 juillet 2010

Lamentable

Du boulot comme un lundi d'hiver!!! Mais comme dans ma tête je garde le rythme d'été où je passe un peu de temps avec chaque patient, le temps de repas et de café se réduit à peau de chagrin.
Ce matin j'ai reçu une toute jeune femme embauchée en CDD dans une grosse entreprise depuis trois ans. Elle paraissait totalement bouleversée:
" Docteur, je dois travailler dans la boite jusqu'en fin août et je ne veux plus y retourner car je dois prendre le temps de trouver un nouveau travail".
Présenté comme ça, ça n'incite pas à répondre à la demande mais j'ai voulu comprendre:
" Ah bon?
- Bien oui, j'ai toujours eu des bonnes appréciations pendant trois ans ( elle me les présente sous forme de liasse) et voilà la dernière!"
Et je lis  - Arrive en retard au travail;
            - ne s'adapte pas;
            - laisse travailler les autres et ne fait pratiquement rien d'elle-même;
            - caractère peu compatible avec une structure comme celle de cette entreprise.
Rien que ça! J'ai feuilleté les  appréciations antérieures: "vive" "dynamique", " prend son travail à coeur", qui ne variaient pas d'un iota.
J'ai alors demandé à la patiente: " et la DRH, elle était comment quand elle vous a remis cette feuille?
- Elle ne me regardait pas, préferant le sol et ses aspérités sans doute; elle avait l'air stressée.
- Alors ne vous bilez pas! le rapport ne vient pas d'elle mais on a dû l'inciter à le faire.
- J'en suis sûre, ils veulent virer tous les CDD, et les remplacer par des CAE!
- Vous ne savez pas " qui veut noyer son chien l'accuse de la rage?"
- C'est vrai. Ce qui est vrai aussi est qu'ils n'ont personne en aoùt et c'est pour cela qu'ils ne me virent pas avant".

En voilà une technique peu délicate, introvertissante et maladroite! La patiente n'a peut-être plus de job mais est repartie avec le sourire et l'envie de porter plainte... et n'aura j'espère plus envie de prendre un peu de xanax (benzodiazépine) pour oublier.

Encore une fois je me trouve entre le psychologue, le coach et l'assistante sociale (car on a parlé de ses conditions de vie aussi) : le psycoachsocial pourrait-on l'appeler, un nouveau métier où ceux qui le pratiqueraient ne seraient assurément pas au chômage!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire