vendredi 8 novembre 2013

Peur du procès

Un de mes confrères m'a avoué " j'ai toujours la peur du procès".
C'est vrai que le nombre des procès contre les médecins a augmenté, mais dans des proportions ridicules par rapport  à d'autres pays. Néanmoins je comprends que cela puisse effrayer certains.

Si je peux me permettre de légers conseils:
- d'abord évidemment on fait de son mieux, on essaie de se former, d'avoir une vie personnelle riche, de ne rien laisser passer... mais malgré tout, il y a toujours le risque car d'abord on n'est pas infaillible, ensuite les êtres humains n'étant pas des voitures en série, c'est relativement complexe et différent avec chaque patient. 
Et si on se sent pouilleux, on n'a pas décelé un cancer tout de suite, qu'on a prescrit Le médicament qui a rendu le patient malade, une seule arme: la franchise, la communication franche et directe. Cela aide à désamorcer 95% des conflits et des procès. 
Ce que veut la plupart du temps le patient, c'est comprendre, pourquoi son papa est mort aussi vite sur la table d'opération, pourquoi sa mère est décédée suite à une chute dans une maison de retraite etc. Si on les prend de haut, qu'on ne veut rien lâcher, là les patients vont en justice. 

Et puis on peut s'entraider aussi: je remercie tous ceux qui m'ont couverte quand j'ai fait des bourdes, genre remettre un patient au lit après qu'il soit tombé: il avait une fracture du col du fémur engrenée ( il marchait encore!),  faire une suture à la main sans penser à vérifier  si le tendon n'était pas sectionné etc. Et à  mon tour je tais des chutes en maison de retraite ( qui n'ont pas de conséquence fâcheuse) ou des diagnostics loupés: quand les médecins sont de bonne foi, que les infirmières des maisons de retraite font de leur mieux pour que les patients soient bien traités, on s'entraide en se promettant que l'on fera mieux plus tard. 
Sinon tout le monde serait en justice tout le temps.

1 commentaire:

  1. Le secret du bonheur, reconnaitre son erreur.

    J'ai failli tuer un patient avec un anticoagulant, le PREVISCAN*, je l'ai fait hospitalisé en reconnaissant mon erreur auprès de son épouse, je m'en suis sorti.

    Sans procès.

    Mais j'en frémis encore.

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