mardi 17 septembre 2013

Un coeur en béton

Une de mes patientes, 93 ans a réellement une bonne santé et le cœur bien accroché; elle est grabataire et tout un monde s'active autour d'elle à son domicile du matin au soir.
Or il y a quelques temps elle a été hospitalisée par l'aide soignante (?) qui lui trouvait mauvaise mine. L'hôpital l'a gardé deux semaines afin d'être absolument sûr de ne pas passer à côté d'un vrai problème. Puis il l'a rendu à sa famille.
J'ai été appelée un mois après. Pour faire court elle prenait à domicile un traitement pour le coeur (Cordarone, pour le régulariser) qu'ils lui ont arrêté à l'hôpital et que les aides-soignantes se sont empressées de lui remettre dans le pilulier.  Et idem pour un ou deux autres traitements. De plus on lui avait prescrit de l'héparine en injection pour la dé-coaguler durant un mois, évidemment à renouveler ad vitam eternam. 

Je fais quoi moi devant le fait accompli? J'examine la patiente, elle va toujours aussi bien que possible. Je me fâche tout rouge envers les aides-soignantes qui prennent des décisions cavalières, les infirmières qui ne contrôlent pas , la famille qui " fait sa sauce" , la pharmacie qui n'a pas tout délivré selon les souhaits de tous ces accompagnants ? Les bras m'en sont tombés, et zut.  

Elle a été réhospitalisée par la famille il y a deux semaines pour des douleurs abdominales (une cystite) et cette fois-ci l'interne du service  m'a appelé pour avoir des précisions. C'est qu'elle a été mise au courant de tout la pauvre: que j'étais la cinquième roue du carrosse, que les traitements étaient donnés "artistiquement" par l'entourage et qu'il fallait qu'elle soit ferme sur l'ordonnance, et que la patiente était vraiment une force de la nature pour supporter de tels changements. 

On peut se demander en conclusion si tous ces médicaments sont utiles pour la survie des patients, surtout nonagénaires. Et ça coûte cher à la Sécu.

... Et je lis ce soir:

La vieillesse en pleine overdose



Selon une enquête de l’hôpital Pompidou que «Libé» s’est procurée, les plus de 80 ans avalent en moyenne plus de dix produits par jour.
A ce niveau, on ne peut plus parler de soins, on pourrait presque évoquer du gavage. Comment qualifier autrement le fait qu’aujourd’hui, en France, une personne de plus de 80 ans prend en moyenne plus de 10 médicaments par jour, alors que rien, médicalement, ne le justifie ?
Ainsi va l’addiction médicamenteuse. Dans quelques jours, lors du congrès de la Société française de gériatrie, va être présentée une étude sur «La consommation médicamenteuse des sujets âgés en France en 2011» (1). Les résultats, totalement inédits et que Libération a pu se procurer, sont ahurissants, car ils pointent une consommation hors de tout contrôle.
«Hit-parade». La réalité est impressionnante : passé 80 ans, ils sont plus de 90% à consommer des médicaments. «Le nombre moyen de médicaments est de dix, le nombre de classes thérapeutiques moyen est de cinq», expose le professeur Olivier Saint-Jean, chef de service à l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, qui a coordonné ce travail. «Or, insiste-t-il, au-delà de trois à quatre molécules prises ensemble, on ne sait plus trop leur métabolisme, c’est-à-dire leur façon de réagir. Et, surtout, à partir de cinq médicaments, le risque d’accident médicamenteux augmente considérablement.» N’oublions pas que 10% des hospitalisations en France sont liées à des accidents médicamenteux. Bref, il y a un danger évident :«Le pourcentage de sujets âgés à risque d’accident médicamenteux dépasse donc les 80% après 80 ans.»

Je suis fort  heureuse que l'on commence à s'en rendre compte, 

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    pas en accord avec vous ou l'article. Que les gens à n#importe quel âge prennent trop de médicaments, cela existe mais montrer le doigt qu'uniquemment chez les personnes agées (cela existe) est un avant signe pour mettre en marche la démédicalisation des personnes âgées et les laisser mourrir en se donnant de bon sentiments.

    Je pense que dans votre exemple, ce qui est bien plus en cause est un problème de communication et un dysfonctionnement manifeste du systhème. Lorsqu'une personne agée ou malade nécessite des soins, des attendtions de son entourage, il faut inclure ses proches, son médecin traitant et surtout toujours aller chez les mêmes médecins spécialistes.

    J'ai maintennat deux personnes dont je m'occupe dans ma petite famille - certes le traitement frole les 10 médicaments mais eux sont toujours vu par les mêmes médecins spécialistes qui communiquent avec le MG via lettre et le compte rendu cardiaque, nous est confie pour le remettre directement au MG. Le MG vient 2 fois par semaine à la maison pour contrôler que tout aille bien. Visite chez l'ophtalmologue - toijours le même, en cas de soucis il demande un avis si tel ou tel examen peut être realisé (l'angiographie pose des problèmes par son produit à injecter), je tiens informer chacun des médecins traitant des résultats chez son confrère et surtout de tout changement ou adaptation de médicament (une lettre peut se perdre ou venir plus tard, deux fois vaut mieux qu'une fois pas du tout), le Mg aussi bien par le méddcin qui change la prescription que par moi qui prend les ordonnances.

    Alors un changement en profondeur sur la prise encharge médicale chez des gens à partir d'une tranche d'âge, d'abord le systhème avec tous les protagonistes doit se remettre en cause.

    Bonne journée
    Certes, c'est plus complexe et surtout l#entourage du patient doit être inclut et cela pas mal de professionels ne veulent point - surtout en France. Je me souviens que trop bien de eur attitudes dans les années 1990 avec mon père. Vingt ans plus tard, en Allemagne, cela semble un peu mieux accepter et pris en compte. en tout cas, le Mg est bien contente que je sois là et surtout me fasse confiance.

    Donc avant de parler de surmédicalisation penser aussi qu'un certain président a dit que le problème est que les gens deviennet trop vieux!. Comment cela est-il devenu possible? grace au progrès méedicaus- Vous même voulez-vous être soigner ou laisser faire la nature seule une fois atteint un certain age ou un certain degré de maladie? Qui en décide la tranche age, le niveau de maladie?

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