mardi 20 novembre 2012

Futur marché?


Le Point.fr - Publié le 

Derrière la pathologie se cachent de gros enjeux commerciaux. Une bataille sémantique qui vaut son pesant d'or.

"Est-ce que vous sortez tout nu ? Non ! Souffrez-vous pour autant d'une addiction aux vêtements ? Non ! Eh bien, ce n'est pas parce que vous ne lâchez pas votre téléphone portable que vous souffrez d'une addiction." La logique de Serge Tisseron, psy­chia­tre et psy­cha­na­lyste, se veut implacable. 

 
À voir certains adultes ou adolescents pendus à leur smartphone du matin au soir, connectés à Facebook 24 heures sur 24, nombreux parmi leurs proches sont ceux qui se posent la question d'une "dépendance". Pour Serge Tisseron, il n'existe pas d'addiction avérée au téléphone portable, à Internet et aux réseaux sociaux : "Les critères définissant l'addiction ne sont tout simplement pas établis", explique le spécialiste de l'influence des nouvelles technologies, en référence aux connaissances scientifiques sur le sujet. Un rapport de l'Académie française de médecine de mars 2012 va en effet dans ce sens, recommandant l'utilisation de l'expression moins stigmatisante "pratiques excessives".

Une pathologie derrière la pathologie

Certes, il existe des addictions sans substance, comme celle aux jeux d'argent, mais elle est à ce jour la seule reconnue unanimement par la communauté scientifique. Et, d'un point de vue purement neurologique, les circuits stimulés par l'utilisation de nouvelles technologies ne sont tout simplement pas les mêmes que ceux sollicités dans le cas d'une addiction à un stupéfiant, par exemple, comme l'a étudié Jean-Pol Tassin, spécialiste de la neurobiologie de l'addiction.
Pour Serge Tisseron, le terme "addiction" est tellement galvaudé qu'il est en passe de perdre tout son sens, alors qu'il correspond à un ensemble de signes biologiques bien définis. "S'empêcher de manger du chocolat ou d'aller sur Facebook, c'est contrariant, certes, mais cela n'a rien à voir avec ce dont est capable un alcoolique pour trouver une bouteille !" s'emporte-t-il. Aux parents qui viennent le voir pour remédier à "l'addiction de leur fils", Serge Tisseron répond qu'il faut définir un contrat avec l'adolescent, pour limiter le temps de connexion. Et que si, au-delà de cette durée, le jeune est mécontent de ne pouvoir être connecté, il finira bien par faire autre chose... 
Mais le psychiatre reconnaît que cela ne signifie pas pour autant qu'il n'existe pas de problème. Car les indécrottables qui ne se séparent jamais de leur téléphone portable ou qui ne peuvent rester plus de quelques heures sans s'enquérir de l'actualité de leurs amis Facebook ou sans tweeter une bonne formule peuvent bel et bien être l'objet d'une attitude compulsive, traitée éventuellement par un psychiatre. "Il peut y avoir une pathologie, mais pour la traiter, on doit déterminer et comprendre la pathologie qui est à l'origine de ce trouble, explique Serge Tisseron. En soignant les causes de la pathologie cachée, on peut soigner ses conséquences."

Simple bataille sémantique ?

Et d'illustrer son propos en expliquant que ceux qui sont accros aux nouvelles technologies sont les victimes d'une nouvelle expression de la compulsion : "Comme pour ceux qui nettoient et nettoient encore pour qu'il n'y ait aucune trace de poussière ou ceux qui vérifient plusieurs fois qu'un robinet est bien fermé, utiliser de manière compulsive les nouvelles technologies révèle souvent une angoisse sous-jacente. Internet donne simplement un nouvel aspect à des pathologies anciennes, mais ce n'est pas la pathologie en soi : c'est le lieu qui la révèle." 
"Addiction" ou non : s'agit-il d'une simple bataille sémantique ? Pas seulement. Un réel enjeu économique se cache derrière cette reconnaissance. Car si ces comportements pathologiques liés aux nouvelles technologies étaient officiellement reconnus par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder, DSM), la référence internationale publiée par l'Association américaine de psychiatrie qui classifie les troubles mentaux, leurs traitements médicamenteux deviendraient alors remboursés. Tout le marché du médicament est d'ores et déjà dans les starting-blocks, prêt à dégainer les pilules ad hoc.
Y'en a marre de cataloguer les gens pour leur vendre du médoc, c'est tout ce que j'avais à dire ce soir

6 commentaires:

  1. "La dopamine est le précurseur de l'adrénaline et de la noradrénaline. Les personnes ayant un taux élevé de dopamine auraient davantage tendance à poursuivre des conduites dites « à risque » ou à rechercher ces situations (dont l'usage de « stupéfiants », les jeux de hasard ou les paris)*.

    * New Brain Research: Hunger for Stimulation Driven by Dopamine in the Brain, Science Daily, 1er février 2010, étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences."

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dopamine

    P.S. : D'ailleurs la dopa thérapie peut, donc, induire, comme effet secondaire, des jeux addictif, ainsi qu'une sexualité addictive, entre autre.

    "La dopamine ne se borne pas à être un neuromédiateur important du plaisir. Elle peut être libérée en présence d'une récompense ou d'un signal associé à une récompense après une phase d'apprentissage. Cette libération de dopamine qui suit ce signal conduit l'animal à rechercher activement cette récompense."

    Souce : http://www.centres-pharmacodependance.net/grenoble/orithye/Neurobio/Neurobio.htm

    Conclusion : certains produits (et médications) agissent sur le cerveau.

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  2. Nous sommes donc des animaux car nous dépendons de nos neurotransmetteurs pour vivre CQFD.

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  3. Certes des animaux, mais des animaux supérieurs.

    Nous pensons.

    Mais nous dépendons de nos hormones et des neurotransmetteurs.

    Il y en a même qui disent que les hommes pensent avec leur bite et les femmes avec leur cerveau.

    Je plaisante.

    Cela ne me dérange pas d'être un animal, même pas de "descendre du singe".

    C'est la vie.

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    1. Pouvez-vous prouver que seul l'humain est capable de penser? Ou peut-on aussi dire que l'humain n'arrive pas à comprendre le langage des autres animaux, par là donc de savoir si eux pensent ou non?

      Il y a une citation quie me reste d'une série USA: ! l'Homme n'est pas supérieur à l'animal, tout n'est que vanité".

      Actuellement, nous pensons être les eul capapcble d epenser, mais est-ce la vérité? A une époque on croayait aussi la Terre au centre de l'univers ou qu'elle fut plate comme une crépe.

      Bonne journée à tous

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    2. Le langage des abeilles Karl von Frisch Prix Nobel en 1973 :

      http://www.ina.fr/art-et-culture/arts-du-spectacle/video/VDD09005660/le-langage-des-abeilles.fr.html

      Nous connaissons le langage des abeilles, mais, elles, ne connaissent pas le nôtre.

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  4. http://encyclopedia.thefreedictionary.com/Homo+sapiens

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin

    Sans oublier "l'aphorisme célèbre" :

    "L’homme descend du singe, le singe décent de l’arbre."

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