jeudi 8 novembre 2012

troubles de la communication ville-hôpital

Il y a quelques jours j'ai reçu une personne âgée qui se plaignait de partout; en tout premier on pense "syndrome méditerranéen" ( très macho et très raciste comme raisonnement =  bonnes femmes un peu hystériques), puis polyarthrite, quand sa fille a rajouté " elle a de la fièvre". En me penchant plus sur son cas, j'ai vu que toutes les articulations du corps étaient gonflée, et qu'elle toussait.
Alors j'ai fait le diagnostic brillant ( en me disant au fond de moi " que je suis bonne" évidemment): " C'est une infection à streptocoque.
- C'est drôle, c'est comme l'année dernière où elle a été hospitalisée dix jours pour une pneumonie à streptocoque.
- C'est bien simple, vous recontactez le pneumologue, un cardiologue ( ces petites bêtes peuvent jouer sur le coeur) et pour ne pas perdre de temps je lui donne des antibiotiques dans les fesses".

Aujourd'hui une femme avec un accent roumain prononcé  m'appelle " Docteur Vincent?
- Oui.
- Je reçois madame Stepto ce jour, je ne vois pas pourquoi. Je suis pneumologue.
- Je vous l'ai envoyé car je pensais à une pneumonie à streptocoque qu'elle a déjà eu il y a un an.
- Mais je ne vois pas ce que je peux faire, c'est un rhumatologue qu'il faut qu'elle voit. A-t-elle fait une culture des crachats?
- Non, et j'ai peur d'avoir décapité l'infection avec mes injections.
- En effet, il aurait fallu l'hospitaliser, faire des ponctions articulaires, des prélèvements aux pics de fièvre etc. Maintenant les articulations sont pratiquement normales!
- Madame, j'ai paré au plus pressé , j'ai mes dix doigts et c'est trop difficile d'avoir un spécialiste rapidement. Désolée de l'avoir soignée".

Dans l'absolu j'y suis allée sans filet. 
Mais à ma décharge: 
- deux mois de délai pour le moindre cardiologue, il a fallu que j'aille pleurer un rendez-vous moi-même pour raccourcir le délai;
- j'ai déjà voulu hospitaliser un patient piqué par un tique ( maladie de Lyme), qui souffrait énormément, que les urgences ont refoulé par deux fois! Quand il est devenu paralysé il a enfin pu être accepté. 

Ou on se débrouille seul, ou on travaille en collaboration, mais avec un tel bazar (lire "histoires d'urgences" du dr Pelloux) on prend la première option qui n'est pas très confortable. Encore une fois on ne travaille qu'avec ses dix doigts, sa vue, son pif et les cours qu'on a dans une case enfouie au fond de sa mémoire.

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