samedi 22 mars 2014

Prescrire en conscience

C'est extrêmement dur de définir la responsabilité d'un médicament dans la survenue et l'aggravation d'une maladie. Comment peut-on prouver qu'un tel médicament a provoqué telle maladie?  Les patients laissent tomber ne sachant comment faire. Et je soupçonne que certains médecins aussi, car en gros on n'est pas sûr, il y a toujours une interrogation. 
Le chirurgien qui se loupe, on peut lui tirer dessus, il y a une cible, un lien de cause à effet, une imputabilité certaine. 
Mais le médecin qui a prescrit un médicament provoquant un effet secondaire grave à un patient, c'est plus vicieux.
Ex: j'ai prescrit durant des années conjointement avec un urologue, de la furadantine à une patiente pour éviter les infections urinaires; la patiente a fini par mourir de fibrose pulmonaire ( le poumon qui n'est plus élastique). C'est marqué dans les effets secondaires. Mais la furadantine a un nom tout mignon, de plus les labos ne vont surtout pas mettre en avant cet effet indésirable. Et puis ce n'était qu'un comprimé par semaine, du pipi de chat.  Et puis comment peut-on savoir s'il n'y a pas une autre cause, comme avoir élevé des canaris? 

Une autre de mes patiente démarre une insuffisance rénale terminale, enfin on y est presque. Durant des années elle s'est bourré d'ibuprofène, ce qui n'a rien arrangé. Et actuellement pour pallier à ses douleurs diffuses elle continue à en avaler, c'est facile, c'est pas cher, c'est en vente libre, ça soulage vite... et la dialyse est proche. 

Prescrire est un acte grave, qui doit être fait en conscience et responsabilité, et ce n'est pas parce qu'il suffit d'écrire juste avec un stylo en trente secondes que cela doit être fait " à la va vite", " prenez ça monsieur, ça va vous soulager et ne revenez pas m'ennuyer trop vite avec vos problèmes". 



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