La réforme de l'hospitalisation d'office suscite la controverse
Le Conseil des ministres a examiné hier le projet de loi de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, sur la psychiatrie. Il doit réformer les conditions de l'hospitalisation d'office et vise, selon Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, à assurer «une meilleure prise en charge des patients». Annoncée en 2008 par Nicolas Sarkozy, après le meurtre d'un étudiant par un malade mental qui avait fugué d'un hôpital psychiatrique, cette réforme est accueillie avec scepticisme par les praticiens. Alain Vaissermann, président du Comité d'action syndicale de la psychiatrie (Casp), regroupant 80% des praticiens (14 000 en France), regrette que «le souci sécuritaire ait gagné le souci sanitaire». Le remplacement de la notion d'hospitalisation par celle de soins sous contrainte est pour lui «une façon d'obliger les gens à se traiter même quand ils sont chez eux».
« Nouveauté désagréable »
Par ailleurs, la loi, qui, selon la ministre, «donne un cadre aux soins ambulatoires sans consentement» irait d'après Alain Vaissermann à l'encontre de la liberté du patient, et ne garantit pas l'efficacité de la prise en charge: «il n'y a pas de meilleur soin qu'un soin consenti».
Autre pierre d'achoppement, la mise en place d'un collège de soignants chargé de fournir un avis au préfet sur la levée d'une hospitalisation d'office. Une nouveauté «désagréable» d'après le praticien, qui remet en question la légitimité de la décision médicale: «Un médecin prend ses responsabilités.» Le psychiatre juge «outrancier de présenter tout malade comme un danger public. Pourquoi alors ne pas enfermer tous les titulaires du permis», sous prétexte que certains chauffards sont potentiellement dangereux ? Jouer de cette manière la carte “du tout sécuritaire” peut être contreproductif », poursuit-il. Avant d'avertir: «D'une part, nous risquons d'être plus frileux sur les sorties. D'autre part, plus on enferme les gens, plus ils veulent s'évader.»
20 minutes, 6/05/2010
Encore une loi très génante pour les droits de l'homme. La médecine ne peut pas soigner et réprimer en même temps. Les consultations médicales devraient être un espace confidentiel, librement consenti de la part du patient... et du médecin.
D'un autre côté qui dit qu'un patient traité est moins dangereux? Il est légumisé peut-être mais quand il oublie ses traitements?
J'ai certains patients dans ma clientèle qui pourraient éventuellement être dangereux. Mais en les comprenant, en les aidant à s'insérer dans la société, l'option agressivité ne s'exprime qu'en paroles. Comme m'a dit un patient " Attention, je pourrais être capable de beaucoup de choses. Vous ne pensez pas que je pourrais casser la gueule à mon patron et même plus?" Si, je le crois, j'ai même eu quelques échos de ses états de nerfs. Et alors, va-y-on lui flanquer une injonction de soin au derrière? Non,
" faut pas pousser" comme on le dit trivialement.
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