samedi 25 mai 2013

Savoir dire non

Savoir dire non, voilà quelque chose que l'on ne nous apprend pas à la fac. On peut argumenter que cela devrait être la base, que l'on devrait pouvoir naturellement savoir dire non. 
Seulement quand on a le savoir et la liberté de prescrire, dire non devient parfois difficile. On veut que les patients soient satisfaits, parfois on n'ose pas dire non de peur que le patient file chez le confrère ( cette dernière possibilité est de moins en moins vraie, tellement qu'il manque de médecins dans nos campagnes).
Mais aussi on veut ce qui est bon pour le patient.

les cas de conscience se posent quand par exemple:
_ une femme fumeuse de 40 ans qui demande la pilule 2è génération à cors et à cris, difficile de lui refuser quand elle assure qu'aucune autre pilule ne lui convient. 
_Une femme aux antécédents familiaux cardiovasculaires  demande Jasminelle car cette dernière  soigne aussi son acné ( et Jasminelle a beaucoup d'effets secondaires potentiels)
- un type de 50 ans demande une cure demande une cure pour l'arthrose, assortie d'un papier pour faire un marathon;
- un patient demande un arrêt pour sa femme malade qui ne peut pas s'occuper de ses enfants. La question ne se pose évidemment pas quand on me demande un arrêt pour déménager.
- une patiente demande un calmant car elle vient de faire une fausse couche, de perdre son mari, découvre que son mari la trompe etc.

C'est facile de dire oui, on fait taire parfois un peu sa conscience pas du tout par l'appât du gain, c'est 23 euros, pas de quoi fouetter un chat. Parfois, j'en ai un peu honte, on plie devant la détermination du patient, et ça c'est à travailler en s'inscrivant à des groupes de pairs ou des groupes Balint.  Et le fait d'avoir une associée  m'aide à dire non quand je suis sûre qu'elle m'appuiera et vice versa.

Et puis à la face on ne nous a pas appris à dire "NON madame, je pense que ce n'est pas bon pour vous".  Redire aux étudiant "qu'on n'est pas des épiciers et que nous sommes les commandants à bord" est fondamental.

Au fait, pourquoi on ne s'entrainerait pas en TP, il y a un étudiant-médecin et un étudiant-patient, l'un a une demande farfelu, l'autre apprend à dire NON. Ca serait ludique et formateur.

Je pense que la question à se poser devant toute demande qui sort un peu du classique est " Est-ce que je m'aimerai toujours autant devant la glace ce soir?"

Et je ne juge pas celui qui plie " que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre", je ne jette rien du tout, même pas une tomate, peux pas!

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