La mode maintenant est aux réunions. Jusque dans mon cabinet on me propose de participer à une réunion concernant une de mes patientes pour prendre une décision à son égard: tutelle, curatelle, hôpital psychiatrique ou maison de retraite.
Car la vieille dame n'est pas facile et ses enfants ont des cernes sous les yeux et les traits tirés depuis quelques temps. Comme ils ont des bonnes idées, il l'ont mis devant le film Tatie Danièle; et bien la seule reflexion qu'elle a eu suite à ça "j'espère ne jamais finir comme elle". Ca m'a fait sourire. Mais au quotidien on serait tenté par l'arsenic ou la mort aux rats.
Bref je n'irai pas prendre une décision collégiale. En fait je pense que c'est ce qui gangrène la France, cette dilution de responsabilité.
Je propose à partir de maintenant que nous voyons les patients à deux, que nous décidions ensembles mon associée et moi. Et pendant qu'on y est un remplaçant pourrait faire partie de la fête: si on fait une erreur cela sera très compliqué de définir les responsabilités. Vous imaginez si pour chaque entorse une discussion se faisait autour?
" Je pense que c'est le ligament latéral interne;
- Je n'en suis pas sûr, peut-être une participation du ménisque.
- on peut faire une IRM?
- mais non, pense aux économies de la Sécu, une radio suffit.
- on n'a pas vu s'il y avait un retentissement sur la cheville"
Et ainsi de suite pendant une heure.
La perte de temps, d'argent... et je pense tout à coup: les médecins doivent gagner un salaire décent car ils prennent des décisions, ils mouillent, ils prennent des responsabilités, parfois lourdes de conséquences. J'ai bien peur que leur couper les ailes ( sauf ceux qui exagèrent) les démotive sérieusement.
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