mardi 24 avril 2012

Consommateurs de benzodiazépines au long cours : qu’en pensent leurs médecins généralistes prescripteurs ?

Auteurs: Canévet JP, Bonnaud Antignac A, Mollet V, Le Mauff P.exercer 2012;101:52-8.
Rubrique: Recherche
N° 101 - Pages 52 à 58
Résumé:
Contexte. Malgré les recommandations, les traitements prolongés par benzodiazépines sont fréquents.
Objectifs. Explorer le processus décisionnel de ces prescriptions par les généralistes et un éventuel sentiment de perte d’autonomie professionnelle face à la demande, et la difficulté à aborder la vie psychique des patients.
Méthode. Au cours de deux focus-groups, 14 généralistes de Loire-Atlantique et Vendée ont répondu à des questions sur leurs pratiques de prescription et leurs perceptions de difficultés éventuelles.
Résultats. Tous les médecins ont déclaré connaître les règles de prescription des benzodiazépines. Les motifs de prescription étaient souvent intuitifs. Certains minimisaient avec force la notion de dépendance. La demande des patients bénéficiait d’une volonté de compréhension. Elle était le plus souvent interprétée à la fois comme une souffrance et comme une dépendance. Cette ambiguïté permettait aux participants d’argumenter la prescription sur le terrain médical, en négociant des compromis avec le patient dans une perspective de réduction des risques. Ils se disaient démunis face aux difficultés du sevrage et exprimaient un sentiment d’incompétence pour la relation d’aide, malgré un élan compassionnel envers des patients supposés en souffrance.
Conclusion. Ces contradictions dans les renouvellements répétés de benzodiazépines illustrent le symbole d’une relation d’aide que ni le médecin ni le patient ne souhaitent interrompre par le sevrage. Ce point de vue partagé témoignait d’une résistance au sentiment reconnu de perte d’autonomie professionnelle. Il réfute les soupçons de démission face à la demande des patients.

J'ai décidé de stopper les benzodiazépines chez mes patients en 2003. Que cela m'a-t-il valu?
- Une petite chute de patientèle ( mon nouveau banquier s'était permis une grimace devant ma déclaration 2035, autant dire que les rapports qui ont suivi n'ont pas été des plus cordiaux, puis j'ai changé de banque);
- Un stress épouvantable car je recevais un patient dépendant par jour ( stilnox, temesta, lysanxia etc.) et je devais convaincre chacun;
- le rejet de plusieurs confrères de la ville voisine face à mes pratiques;
- L'amitié de quelques autres confrères (" continue ce que tu penses, tu t'en fiches des autres");
- un malaise grandissant face au docteur Cravate et à ses patients: ceux-ci jouaient sur les deux tableaux: ils le consultaient pour les traitements, et moi pour la kiné et deux ou trois autres trucs;
- L'envie de créer un blog, pour faire partager mes expériences et prendre du recul.

Actuellement un ou deux myolastan trainent sur mes ordonnances, surtout pour des douleurs cervicales importantes et c'est tout. Le fait de signer un contrat de médecin traitant a aussi été une aide énorme, car en prévenant les patients que je ne prescrirais pas de benzodiazépines, il n'y a pas d'ambiguité.
Actuellement une jeune femme sous stilnox se débat pour l'arrêter ( elle a un nouvel amour, un nouveau travail, la vie est belle), et nous utilisons la technique de la lime à ongle: un passage un jour, deux le suivant, puis trois, etc. puis plus de comprimé!
Un fichu travail d'arrêter son somnifère...



2 commentaires:

  1. Les Psychotropes sont, comme les antibiotiques, des médicaments absolument indispensable.

    Mais il faut savoir les manier.

    Les Antipsychotiques (AP1G et AP2G) sont indispensables chez les Schizophènes et, en phase maniaque ou hypomaniaques, chez le Bipolaires.

    Les Antidépresseurs sont indispensables dans les dépressions et les troubles anxieux.

    Enfin, anxiolytiqyes et hypnotiques ont une utilité moindre, pour moi, j'en donne trés peu, mais cela m'arrive, rarement, il est vrai.

    Quand à la dépendance aux psychotropes, il y a une règle à respecter, ne jamais arrêter brutalement le traitement.

    En France 1 malade sur 2 reçoit des Psychotropes alors qu'il n'en a pas besoin, et 1 malade sur deux n'en reçoit pas alors qu'il en a besoin.

    Pourquoi cet acharnement contre les psychotrope ?

    C'est pas parce que l'on se tape une dépression cognée, qu'on est addictif.

    Le vrai problème, c'est qu l'on n'apprend pas la Psychiatrie aux MG !

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  2. Vous qui avez l'habitude des sevrages, vous ne pourriez pas faire un post sur "comment se sevrer sans trop de douleur " ? ;)
    La lime à ongles ,c'est bien au début ,mais quand on en est au 30èm passage de la lime et qu'il reste encore presqu'une moitié de cachet,...OUI, c'est du travail !!!;)!!
    Je préparais une douzaine de noctran , et je passais une soirée à limer ,limer pour éviter d'avoir à faire ce fastidieux travail tous les soirs.. Puis viens le moment de la "moitié"..Là ,on ne lime plus , on casse en
    deux le cachet ...Mais il faut continuer ensuite à limer le 1/2 cp ...et c'est reparti pour des soirées de limage ...Là ,il me reste la moitié d'un quart ..j'arrive au bout , 13 mois ont passé ! Je me suis débrouillée seule , en piochant sur internet . Je voyais bien que mon médecin fuyait la chose .!! Peut etre que c'est la méthode ?? Eviter de parler sevrage avec le patient?
    De toute façon, il n'y a que le patient qui ressent les effets ..Au fond, je préferais faire à ma façon, à MON rythme ,suivant la réponse de mon corps et de mon moral .

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