samedi 22 janvier 2011

Au tour des antiparkinsonniens!

Didier Jambart, marié, père de deux enfants, était un homme sans histoire. Conseiller municipal et responsable d’une association sportive dans sa petite ville d’Indre, en Loire-Atlantique, employé comme cadre dans un établissement de la Marine nationale, il était « honorablement connu ». Et un de ces voisins à qui l’on confie, l’été venu, la surveillance du lotissement. « J’ai tout perdu », dit-il d’une voix lente et grave. « On n’a plus d’amis ou de fréquentations, on vit tous les quatre, on ne sort plus. » La vie de Didier a basculé lorsqu’on lui a diagnostiqué une maladie de Parkinson, en 2003. Il a alors 44 ans.

Son neurologue lui prescrit le Requip, un médicament de la classe des agonistes dopaminergiques. Ses effets s’avèrent d’abord positifs, et son médecin augmente régulièrement le dosage. Mais, au cœur de l’été 2004, débute une plongée en enfer. Le cadre modèle, qui n’a jamais joué plus qu’un tiercé le dimanche, se mue en joueur compulsif. PMU, roulette sur Internet, de petites sommes d’abord. « Mais fin 2004 je dépensais 10.000 € par mois ! » Pour financer son addiction, Didier emprunte, cumule les crédits, et finit par dérober des cartes bancaires. A sa famille, ses voisins, ses collègues. « Même aux agents immobiliers qui venaient visiter la maison ! J’étais incontrôlable. » Dans des accès de lucidité, il se dénonce par trois fois à la gendarmerie. Au total, il vole plus de 100.000 €.

Bientôt un autre trouble apparaît, l’« hypersexualité ». Lui qui bénéficie d’une accréditation « secret défense » s’exhibe sur Internet. Il se travestit. Il a, pour la première fois, des relations homosexuelles, qu’il vit dans la honte. Il tente de mettre fin à ses jours. En surfant sur un site canadien, en août 2005, Didier découvre les récits similaires d’autres parkinsoniens. « Je n’avais jamais osé en parler à mon médecin. Je ne faisais pas le lien. Il ne m’a jamais alerté », glisse Didier. Il faudra une hospitalisation au CHU de Nantes pour que le chef de service neurologie stoppe le Requip. A temps : « Ce médicament m’a rendu fou. J’étais sur le point de tuer quelqu’un. Il me fallait de l’argent. » Du jour au lendemain, l’hypersexualité disparaît. Pour le jeu, il faudra quelques mois.

En 2006, lors d’une négociation amiable avec le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK), fabriquant du médicament, et avec le neurologue, les experts confirment que ces troubles sont imputables au Requip. Les responsabilités du laboratoire et du médecin sont établies à 80 % et 20 %. La femme et les enfants de Didier acceptent les 10.000 € proposés par l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux. Didier non. Pour cette vie brisée en dix-huit mois, il a porté plainte en 2008 contre GSK – qui ne souhaite pas s’exprimer – et son neurologue, pour ses prescriptions excessives.

Les avocats du malade, Mes Beguin et Marot, réclament 450.000 € de dommages et intérêts. Ils mettent en cause la « défectuosité » du médicament. Plus précisément, sa notice, qui n’indiquait pas, jusqu’à 2006, ces effets secondaires désastreux. Or, selon eux, pour cette classe de médicament, les agonistes dopaminergiques, ils étaient connus. « Une conférence de consensus l’indiquait dès 2000. GSK prétend que sa molécule, le ropinirole, échappait à la règle ! », argumente Me Beguin. L’audience, prévue le 1er février au tribunal de grande instance de Nantes, déterminera si le laboratoire GSK connaissait ou non ces effets secondaires entre 2003 et 2005, période pendant laquelle il a été prescrit à Didier Jambart. Une centaine de cas similaires ont été rapportés en France. En 2009, l’Agence française de sécurité sanitaire (Afssaps), a invité les médecins à informer les patients des risques d’effets indésirables

Ca se passe mal sur le front du médicament! Ces effets secondaires ne sont connus de la majorité
des médecs que depuis peu.




6 commentaires:

  1. C'est un peu (beaucoup) décourageant...il reste quoi pour se soigner? Vanessa.

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  2. Quand on prend un médicament, il y a toujours des effets secondaires ,non ?
    Maintenant, c'est sur qu'il faut peser le pour et le contre..Si les effets secondaires rendent plus malades que la maladie elle meme, il vaut mieux arreter le médicament!
    Comment peut on penser qu'en avalant des molécules puissantes il puisse n'y avoir aucun effet secondaire toxique ??.....;)
    Le doliprane si couramment consommé est toxique pour le foie ,ai je lu ...

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  3. Quand on prescrit, c'est un acte réfléchi et responsable, après avoir pesé le pour et le contre, en avoir informé le patient, et surtout le prévenir que, si des effets indésirables lui surviennent, qu'il contacte tout de suite le médecin.
    Je n'ai pas vu cet effet-là dans ma clientèle parce qu'il n'est heureusement pas courant. Ce que le patient reproche, c'est qu'on l'ait laissé s'enfoncer dans son délire sans qu'il n'y comprenne rien, que personne ne l'ait prévenu " attention, ce médicament peut provoquer une dépendance pathologique au jeu et une hypersexualié".

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  4. Et après cet exemple malheureux,la plupart du temps, on voudrait nous faire croire à une action "ciblée" des molécules. Le médicament ne ferait que ce pourquoi, il a été développé!!!
    Un remède contre l'asthme s'arrête aux bronches!!! C'est une vision simpliste. J'admets les effets secondaires mais parfois il faut bien avouer qu'ils ne sont pas toujours là où on les attend.
    Pourquoi, la chronologie des événements est-elle laissée de coté? bien qu'il n'y ait pas systématiquement une cause à effet établi; on dirait que le médecin a perdu ce coté "enquête" qui parfois permet de confondre le coupable.

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  5. Je ne mets pas en doute la bonne foi du médecin;..S'il prescrit un médicament c'est qu'il pense que ce sera bénéfique pour le patient.
    Mais les médicaments ne sont pas des bonbons et il y a toujours un risque d'avoir des effets secondaires que le médecin ne peut pas deviner...
    Et je doute fort que sur le vidal ,il y ait inscrit "attention ,ce médicament peut vous transformer en "bete sexuelle" ..;=)

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  6. RE Anonyme :::autant pour moi! je viens de regarder sur google==l'hypersexualité est bien notée ds les effets secondaires.

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