Visite un peu pénible ce midi: je vais chez une patiente qui je le sais, se porte comme un charme. Elle me dit souffrir d'une bricole qui lui interdit de se déplacer. J'y vais , non sans avoir râlé "et comme ça je mangerai en voiture".
Elle commence, volubile comme à son habitude:
"docteur, j'ai ça, et ça et ça..." Je l'examine, trouve trois fois rien... enfin, un petit truc. Elle aurait très bien pu se déplacer mais fait partie des patients d'autrefois qui croient que leur médecin est corvéable à merci ( la prochaine fois, elle fera un effort).
Pendant que je rédige l'ordonnance elle me glisse sa liste de courses "spasfon, doliprane, magné B6, lexomil". Je m'arrête la regarde et lui dis un peu sèchement:
" Vous savez bien que je ne prescris plus de lexomil depuis six ans!
- Mais j'ai de l'angoisse, il me faut mon lexo docteur ( et elle dit cela comme on parle d'un vieil ami, presque tendrement)
- Non! ( Je marque le reste)".
Et en fin de consultation je lâche:
" Avec votre anxiété vous finirez centenaire!"
Et c'est vrai! Elle n'a besoin de rien. Seulement son petit lexo lui permet de gommer le trop de sensations de joies comme de peines, c'est le compagnon incontournable de tous les évènements marquants de sa vie, le seul qui ne le lâchera pas. Et son docteur qui lui refuse ce petit lisseur de caractère! Mais je ne m'en fais pas pour elle, sa famille dont le petit cachet oblong est le compagnon de route depuis longtemps, saura la dépanner comme elle l'a toujours fait sans me demander la permission!
Vous êtes le don quichotte des anti-dépresseurs.
RépondreSupprimerPourquoi tant de haine?
Les effets secondaires vous allez me répondre
En effet vous avez raison mais alors pourquoi vos confrères en prescrive autant?
Soyez comme à votre habitude franche.
Meilleurs voeux à vous et à votre famille.
J'aime bien que les gens soient eux-mêmes et ne dépendent pas de molécules. Des esprits mal tournés rétorqueront que l'on est dépendant de la nourriture (on me l'a déjà sorti), ce n'est pas pareil, ça ne change pas la personnalité.
RépondreSupprimerQuand j'étais en deuxième année j'ai eu la seule cuite de ma vie et les effets ont été mémorables; depuis je lutte contre tout ce qui peut changer les capacités des gens. Juste que beaucoup plus de monde lutte contre l'alcool et l'on oublie les drogues légales. Donc j'en parle.