Un patient me quitte, une autre prend sa suite:
"Docteur, ça vous arrive souvent d'avoir des patients comme celui d'avant?
- Oui, pourquoi?
- Eh bien il s'est installé à côté de moi et m'a tenu tout un discours durant dix minutes sur les noirs qui étaient des fainéants, des pauvres types etc. Je suis bien placée pour savoir que non (son mari est noir).
- Je suis désolée pour lui, il n'a pas été du tout futé.
- Et puis je ne vous dis pas, il a traité de Belphégor la patiente qui va suivre.
- Je n'ai pas entendu".
Je suis dans mes petits souliers car ce n'est pas le style du cabinet, en général on s'y côtoie sans agressivité.
La patiente d'après, tout de noir vétue:
" Il est bizarre le patient d'avant, il m'a fait un sourire en me disant des choses tout bas. Qu'a-t-il dit?
- Je ne sais pas trop, heu...
- Mais si, ça n'avait pas l'air forcément sympathique. Qu'est-ce qu'il a dit?
- (je me ratatine un peu) Il vous a traité de Belphégor".
Merci vilain monsieur de m'avoir mis dans une position délicate! Je vous mettrais bien enfermé dans une pièce avec toutes mes relations "différentes" selon vos critères! Mais si j'étais une de ces personnes, je vous répondrais tout simplement "je vous remercie de m'avoir donné votre point de vue. On est en république et on applique la liberté de s'exprimer, reconnue dans la constitution". Le conseil que j'ai donné à ma voilée.
Article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme de 1950:
« 1 - Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations. »
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