mardi 15 mai 2012

Les modes en médecine

Hier je demande à un sexagénaire: " Vous avez des problèmes pour uriner? Oui? Je vous fais un PSA ( marqueur du cancer de la prostate). Car voyez-vous, il ne faut plus les faire systématiquement, ce n'est plus la mode.
- La mode en médecine?
- Oui monsieur".
Et cette petite remarque a évoqué en moi un tas de trucs qui relèvent plus de la mode que du bon sens et du pragmatisme:
- Donner des hormones à toutes les femmes ménopausées comme on l'a fait pendant des années équivalait à dire que la ménopause est une maladie. heureusement non, j'avance doucement vers cet état et cela me déplairait d'être cataloguée comme relevant de traitements systématiques.
- Donner  des benzodiazépines à tous les vieux sous prétexte qu'ils supportent mieux leur état de vieillesse, surtout en maison de retraite n'est pas une réussite: il y a des risques supplémentaires de chutes.  Et concernant cette classe thérapeutique, l'AFSSAPS fait une grand étude sur la corélation possible benzodiazépines-démences en tous genre.
- mettre tous les enfants sur le dos sans se soucier des particularités de chacun est une hérésie: combien de mamans m'ont dit en sourdine " il dort sur le ventre, c'est la seule position qu'il tient sans pleurer".
- Et la diversification alimentaire: autrefois il fallait commencer à trois mois, puis à six mois afin de diminuer les allergies. Maintenant c'est à quatre mois, et j'ai lu une étude russe je crois, disant que plus tôt le bébé est diversifié, moins il développe d'allergies.
- Et les antibiotiques donnés à tout va en prévention, par exemple pour une grippe simple; c'est fini, la Sécu a tiré la sonnette d'alarme parce que des résistances se multiplient.
- Pour les lombalgies autrefois il fallait respecter un repos strict au lit, y compris pour les phlébites, les jeunes accouchées devaient se reposer un temps certain, exit tout ça! Et je n'ai pas parlé de l'allaitement, tantôt honnis, tantôt pratiquement obligatoire sous peine de regard désaprobateurs généraux!
- Quand j'étais jeune et que je souffrais d'un genu valgum ( jambes en X), mes parents sur les conseils du médecins m'avaient harnachée de chaussures orthopédiques " le loup blanc", une vraie torture. Mais c'était la mode. Mon fils actuellement est porteur d'un petit genu valgum et en me renseignant un peu partout, j'ai vu que plus personne n'était favorable au port de chaussures orthopédiques, ou de semelles " ça partira bien tout seul". 

Si on arrêtait avec la mode et traitions les patients juste afin qu'ils vivent mieux, c'est à dire en personnalisant les soins? C'est le boulot du généraliste et pas simple du tout.

1 commentaire:

  1. C'est comme le dépistage systématique du cancer du sein : Les faux positifs enlever un sein sain, ça fait désordre.

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