Ce matin je suis allée en visite chez une nonagénaire; même si parfois j'estime que je me déplace pour rien, sa courtoisie, ses petites histoires et sa vivacité me font oublier ma légère ronchonnerie. Il y a trois mois elle s'est malheureusement cassé le col du fémur, à la place duquel il a été posé une prothèse totale de hanche.
Elle m'accueille avec une agressivité peu commune:
" Docteur, ne me faites plus jamais aller à l'hôpital de A!
- Pourquoi?
- Il n'ont pas été sympa avec moi. Je ne me souviens plus mais ils se sont plaints auprès de ma famille de me grossièreté. Vous savez que certains ne veulent plus me voir depuis cela!
- Madame, je suis sûre que c'était les effets de l'anesthésie. Je sais que vous n'êtes pas comme ça.
- Oui, j'étais complètement perdue. D'ailleurs lorsque je suis rentrée je ne savais plus que c'était chez moi. Oh, ne m'envoyez plus à cet hôpital!
- Vous savez qu'à votre âge, 20% des fracturés du col décèdent! Vous avez de la chance d'avoir retrouvé votre chez vous. Le kiné vient?
- Oui. Mais qu'ils aillent se faire foutre tant qu'ils sont, crie-t-elle, Je me sens aggressive en ce moment, je ne comprends pas ce qui m'arrive.
- L'anesthésie madame, ce n'est pas vous, c'est l'anesthésie".
Tout en me racontant tout cela elle range et re-range les papiers disséminés sur la table, ouvre des tiroirs, pour finalement se révéler incapable de me trouver ma dernière ordonnance ( doliprane et Daflon pour les jambes).
Elle avait l'air tellement désespérée que je lui ai planté un bisou sur chacune de ses joues fripées. J'espère l'avoir aidée.
Elle n'aurait pas fait un delirium cette brave dame ?
RépondreSupprimerJe suis sûre que non car sa fille fait les courses et contrôle en conséquence tous les aliments liquides ou solides des placards.
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