Un de mes patients suicidaire après une mauvaise nouvelle est parti de chez lui en emmenant une corde et prévenant son épouse: " si tu veux me récupérer vivant, débrouille-toi pour me retrouver vite". Elle a appelé les flics qui ont retrouvé le candidat au Grand Passage. Il l'ont emmené aux urgences, ont discuté un peu avec lui et l'ont laissé aux mains de l'équipe d'urgence; puis mon patient est resté durant une heure et demi tout seul dans une salle.
" J'aurais pu me sauver dix fois si j'avais voulu.
- Mais au moins y a-t-il quelqu'un dans ce fichu hôpital qui a pris le temps de vous écouter?
- Oui, les policiers, mais ils m'ont cassé les pieds à me demander les mêmes choses.
- Et comment êtes-vous ressorti?
- Un ami est venu me chercher. Le médecin urgentiste m'avait menacé: "vous trouvez quelqu'un en vitesse sinon on vous place en psychiatrie".
- Vous avez eu un traitement?
- Non, ils m'ont dit de reprendre contact avec le médecin traitant".
Etrange, mais de plus en plus courant des prises en charge comme celles-ci.
Et si la psychiatrie veut conquérir une certaine crédibilité auprès du grand public, il faudrait qu'on arrête d'amalgamer psychiatrie-punition et psychiatrie-soin. Ça fait un mélange fâcheux.
C'est évident que présenté comme ça, le choix a été tout de suite fait pour mon patient.
Il aurait eu besoin de quelques jours tranquille avec une oreille attentive, empathique et compatissante afin qu'il reprenne pied.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire