Une de mes patientes nonagénaires se plaignait il y a deux ans, durant les fortes chaleurs d'essouflement, de gonflements des jambes. En écoutant son coeur j'avais entendu un souffle un peu important. Elle était de plus démente.
Quoi faire?
Une prise de sang, un peu de lasilix ( diurétique) et c'était reparti. Et dans la foulée je n'avais pas oublié de prévenir la famille que leur mamy souffrait d'insuffisance cardiaque et que des examens complémentaires seraient bienvenus en théorie mais pas absolument obligatoires vu l'état d'autonomie et de démence qu'elle présentait. .
Alors la vieille dame a tenu avec le Lasilix, ne se plaignant plus de rien.
Sa famille a souhaité qu'elle se rapproche: elle se trouve maintenant à 300 km de là.
Ne la connaissant pas, le nouveau médecin a pratiqué sur elle toute la batterie d'examens: cardiologue, échographie cardiaque etc. et s'est attiré les foudres de la famille! Mais maintenant la mamy prend son Lasilix et on sait pourquoi, on a appliqué la médecine par les preuves, Evidence based medecine, EBM. Youpi!
Et je me sens toujours un peu fatiguée et un peu désavouée aussi. On peut pratiquer l'Evidence based medecine, mais pas à tort et à travers. Et le but en gérontologie est que la vieillesse se passe le plus sereinement possible à mon avis.
On m'avait déjà sorti l'argument d'EBM lors de l'épisode de la grippe A, ça sera sans moi, ou quand cela pourra se faire à bon escient.