Une revenante: "Bonjour docteur, j'étais pendant un an et demi avec un autre médecin mais je préfère revenir vous voir et faire des kilomètres en plus. Le médecin que je voyais est en quelque sorte un "monsieur 23 euros" qui est complètement désabusé et en qui je n'ai plus confiance. En particulier je suis allée le voir car j'étais stressée et il m'a consulté trois minutes, fait une ordonnance de déroxat, ce que je sais que vous n'aimez pas.
- Vous l'avez pris?
- Je ne vous cache pas que je l'ai pris une semaine, puis je me suis sentie comme des contractures de partout, stressée et l'ai arrêté.
- Et ensuite?
- Je suis retournée le voir pour ma fille et il m'a dit "Vous n'êtes pas revenue pour le renouvellement de votre déroxat?" " Non docteur je ne le prends pas, je n'ai pas confiance". "Mais vous avez confiance en moi?" "Ca n'a rien à voir, c'est le médicament, je ne suis pas bien avec". "Alors ce n'est pas la peine de me revoir si vous ne prenez pas votre traitement, au revoir".
Si j'ai pu, ne serait-ce que faire réfléchir les patients concernant les médicaments qu'on leur prescrit je suis absolument ravie. Mon livre et ce blog ont cette ambition. Et j'aurais bien mérité cette article que l'on a fait sur moi dans l'express: "la généraliste rebelle".
Je pense qu'il leur manque le dialogue pour que ces choses-là s'améliorent.
RépondreSupprimer"Le dialogue est une communication entre deux ou plusieurs personnes ou groupes de personnes visant à produire un accord. Il doit y avoir au minimum un émetteur et un récepteur. Une donnée émise, c'est le message. Un code, c'est la langue et/ou le jargon. Un objectif, c'est le but du message. Il se fait par signaux (auditifs ou visuels)". (source wikipédia)
Quel comportement adopter quand un patient diabétique hypertendu et dyslipidémique ne prend pas ses médicaments.
RépondreSupprimerIl est vrai qu'à vous lire, puisque les médicaments sont dangereux, il vaux mieux ne pas le traiter.
Mais assez rapidement ce patient ne risque t-il pas d'aller dans le mur.
Pour ce qui est des psychotropes, médicaments qui n'ont pas bonne presse, ne pas traiter par IRSS un patient atteint d'attaques de paniques avérées, ne risque t-il pas de tomber dans l'intempérance alcoolique et de sombrer dans la dépression, quelques années plus tard (10 ans en moyenne), avec les risques suicidaires que cela peut comporter.
Le drame de la médecine et des médecines douces, c'est que quand on est VRAIMENT malade et qu'il y a, un traitement, VRAIMENT, efficace, ne pas traiter, par le traitement adapté, devient... criminel.
Il faut soigner "en fonction des données acquises de la science", et ce, depuis l'Arrêt Mercier, Cass. Civ. 1, 20 mai 1936...
L'acte de soin est un contrat, un contrat synallagmatique... impliquant médecin et malade.
Par contre, quand on n'est pas VRAIMENT malade...
Un patient atteint par un État Dépressif Majeur, cela se soigne par antidépresseur, pas par des bonnes paroles.
A mon avis, la médecine nécessite technicité rigoureuse, souplesse et humanité.
Il y a plusieurs points dans votre commentaire:
RépondreSupprimer- le patient doit avoir la notion bénéfice-risque et quand elle est bien acquise il prend son traitement... s'il est plus efficace qu'il ne lui apporte d'effets secondaires. C'est au médecin de le convaincre de prendre son antidiabétique ou son antihypertenseur en prévention.
- Pour les psychotropes, les irrs, a-t-on fait des études en double aveugle concernant ces fameuses attaques de panique? J'avais appris ( mais peut-être ne sont-ce que des mauvaises langues) que des labos avaient éliminés des études aux conclusions négatives au profit des autres.
- Il ne me semble pas qu'une personne simplement stressée par la vie corresponde au profil ayant besoin d'irss.
- en terme de psychiatrie, de mental humain, les dernières données acquises par la science sont encore embourbées si j'ose dire: depuis vingt ans dans le Quotidien du médecin je lis " on aurait trouvé le gène de l'hyperactivité, de la schizophrénie, de ci, de ça, on a trouvé le traitement pour les toxicomanies ( à l'héroine), le vaccin pour la toxicomanie à la cocaïne): evidemment moi en théorie je suis ravie des avancées obtenues... puis ça se dégonfle plus vite qu'un ballon de baudruche: donc tout est à découvrir dans le domaine de l'esprit, de la pensée, de l'émotionnel.
"Toute l'excellence de leur art consiste en un pompeux galimatias, en un spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets".
RépondreSupprimerLe Malade imaginaire
Personnellement, je ne fais pas de dichotomie entre les médicaments du cerveau et ceux du corps.
RépondreSupprimerPourquoi le cerveau et son fonctionnement seraient-ils au-dessus de ceux du corps ; comment fonctionnent les médicaments en anesthésiologie si ce n'est qu'en agissant sur le système nerveux par le biais des neurotransmetteurs ?
Comment fonctionnent les médicaments antiparkinsoniens, et ceux de la maladie d'Alzheimer si ce n'est qu'en agissant sur les neurotransmetteurs ?
Comment agissent les alcaloïdes de Datura stramonium, si ce n'est, outre le fait que les alcaloïdes tropaniques possèdent la faculté de détruire les doryphores, comment expliquer qu'ils agissent au niveau d'un neurotransmetteur, l'acétylcholine.
Ce qui est intéressant dans l'histoire, c'est qu'autrefois on pensait aimer par son cœur, alors que l'on sait, maintenant, que l'on aime avec son cerveau, si ce n'est que par une action sur les neurotansmetteurs. Un certain Jean Didier Vincent en a fait un livre, d'ailleurs : "La Biologie des passions".
Il semble me souvenir que le premier neuroleptique, la chlorpromazine agit sur un neurotransmetteur : la dopamine : la chlorpromazine agit au niveau des récepteurs dopaminergiques D2.
Comment expliquer pourquoi Henri Laborit partagera le prix Albert Lasker (petit Nobel Américain) avec Lehman et Deniker en 1957 ?
Mais, après tout, on est en droit de ne pas aimer cette spécialité qu'est la psychiatrie...
Mais, alors, pourquoi ce blocage sur la psychiatrie ?
ANONYME